Étiquette : Bragelonne

 

Le fiel par M. Gaborit

Fiche de Le fiel

Titre : Le fiel (Tome 2 sur 3 – Les chroniques des féals)
Auteur : M. Gaborit
Date de parution : 2001
Editeur : Bragelonne

Première page de Le fiel

« Le roi contemplait l’horizon brumeux de son royaume à travers une vaste fenêtre circulaire tendue d’une membrane cristalline. Les artisans charognards avaient jadis exploité la matière brute de l’œil d’une Tarasque pour dresser le précieux organe dans l’axe du lit royal, afin que tous puissent admirer leur cité jusqu’aux lointaines frontières du fleuve des Cendres.

La main osseuse du roi se porta à la rencontre de l’œil mort et effleura les montants de bronze qui rayonnaient à sa surface. Sous ces tiges froides couraient d’invisibles veinules pour maintenir en vie le cœur de la relique, une lentille de la taille d’une assiette. Le roi aimait ainsi venir à son contact depuis la périphérie du cercle et découvrir le relief invisible de ses facettes ainsi que le souffle tiède de la vie qui coulait à l’intérieur. »

Extrait de : M. Gaborit. « Le Fiel – Les chroniques des féals. »

Coeur de phénix par M. Gaborit

Fiche de Coeur de phénix

Titre : Coeur de phénix (Tome 1 sur 3 – Les chroniques des féals)
Auteur : M. Gaborit
Date de parution : 2000
Editeur : Bragelonne

Première page de Coeur de phénix

« Les dernières lueurs du jour incendiaient la ligne d’horizon. L’enfant observait avec mélancolie le spectacle du brasier mourant. Déjà, une brise légère et froide coulait le long de la plaine, entraînant des lambeaux de brume puisés à la rivière proche. Réprimant un frisson, le jeune garçon, penché à la lucarne de la roulotte, pouvait presque entendre le cours d’eau en contrebas…

— Il commence à faire froid, souffla une voix douce.

L’enfant ne se retourna pas, devinant que le regard tendre de sa mère s’était levé des pages de son livre pour se poser sur lui. Enveloppée dans une couverture de laine, elle lisait à l’éclat vacillant d’une bougie, scrutant l’usure de la cire comme le compte à rebours de la nuit. Assise dans un fauteuil de cuir brun qu’elle tenait d’un vieil échevin, elle lui signalait, fidèle, l’instant où il fallait se mettre au lit. Mais son fils
préférait continuer à observer le crépuscule.
 »

Extrait de : M. Gaborit. « Coeur de phoenix – Les chroniques des féals. »

Wonderful par D. Calvo

Fiche de Wonderful

Titre : Wonderful
Auteur : D. Calvo
Date de parution : 2001
Editeur : Bragelonne

Première page de Wonderful

« L’enregistrement paraît vieilli, craquelé.
« Maintenant, nous avons plus de recul. J’ai désormais à l’esprit l’image vague et merveilleuse d’une vie se répandant lentement depuis ce grain de poussière du système solaire jusqu’à l’immensité inerte de l’espace sidéral tout entier. Mais cela n’est qu’un rêve lointain. Il se peut que la destruction des Martiens ne soit qu’un court répit. C’est peut-être à eux, et non à nous, que l’avenir appartient. Comme il m’est étrange d’être assis maintenant dans ma paisible étude de Princeton, écrivant le dernier chapitre de ce récit commencé dans une ferme déserte de Grovers Mill. Comme il m’est étrange de voir indistinctement, depuis la fenêtre, la flèche bleue de l’université dans l’avril brumeux. Comme il m’est étrange de regarder les enfants jouer dans la rue. Comme il m’est étrange de voir des jeunes gens batifolant sur la pelouse, où l’herbe nouvelle du printemps apaise les dernières cicatrices noires de la terre meurtrie. Étrange de voir des curieux entrer dans le musée où les vestiges d’une machine martienne sont présentés au public. Étrange de se rappeler le moment où je l’ai vue pour la première fois, brillante et bien définie, froide et silencieuse, à l’aube de ce dernier grand jour. »

Extrait de : D. Calvo. « Wonderful. »

Héroïne d’un jour par E. Moon

Fiche de Héroïne d’un jour

Titre : Héroïne d’un jour (Tome 4 sur 4 – Heris Serrano)
Auteur : E. Moon
Date de parution : 1997
Traduction : M. Fazi
Editeur : Bragelonne

Première page de Héroïne d’un jour

« Esmay Suiza s’était décrassée de son mieux avant de se présenter devant l’amiral sur son vaisseau, mais la mutinerie puis la bataille lui avaient laissé peu de temps. Elle s’était douchée et avait nettoyé son uniforme, mais ce n’était pas sa tenue de cérémonie : la bataille à bord du Mépris avait criblé de trous les cloisons intérieures et causé d’innombrables départs de feu, dont l’un avait pris dans le compartiment de rangement des officiers subalternes. Esmay était restée propre, mais n’avait pas dormi correctement depuis le début de cette histoire. Elle savait que ses yeux étaient injectés de sang et irrités par l’épuisement, que ses mains tremblaient. L’impression la tenaillait, contractant son estomac, que faire de son mieux ne suffirait pas.

L’amiral Serrano ressemblait au capitaine Serrano en plus âgée, même charpente svelte et compacte, même peau mate. Ici, les cheveux noirs étaient striés de mèches d’argent et quelques rides marquaient le large front, mais elle dégageait une énergie crépitante tout juste contenue. »

Extrait de : E. Moon. « Héroïne d’un jour – Heris Serrano. »

Couleurs gagnantes par E. Moon

Fiche de Couleurs gagnantes

Titre : Couleurs gagnantes (Tome 3 sur 4 – Heris Serrano)
Auteur : E. Moon
Date de parution : 1995
Traduction : M. Fazi
Editeur : Bragelonne

Première page de Couleurs gagnantes

« Les conspirateurs se divisent en deux parfums de base, songea Ottala. Les Vanille un peu fades, souvent aisés, qui se réunissent dans des salles de conférence ou salles à manger confortablement meublées, dont l’atmosphère respire les parfums hors de prix, les liqueurs et la bonne chère. Les Chocolat plus complexes, souvent pauvres, qui se retrouvent dans les arrière-salles miteuses de commerces en faillite et d’entrepôts lugubres, où l’air charrie des odeurs de moisi, de produits chimiques dangereux et de corps mal lavés. Quand les Vanille juraient, c’était avec l’intuition de prendre un risque, comme si les jurons risquaient de leur éclater dans la bouche en leur blessant la langue, tels des ballons de mauvaise qualité. Les Chocolat juraient sans y penser et leur discours y gagnait en texture, tant les expressions familières y étaient enrobées comme des noisettes dans des friandises. »

Extrait de : E. Moon. « Couleurs gagnantes – Heris Serrano. »

Double jeu par E. Moon

Fiche de Double jeu

Titre : Double jeu (Tome 2 sur 4 – Heris Serrano)
Auteur : E. Moon
Date de parution : 1994
Traduction : M. Fazi
Editeur : Bragelonne

Première page de Double jeu

« — Bien sûr, nous avons un léger problème, dit lady Cecelia tout en confiant son étole à sa domestique.
La pluie cinglait les fenêtres sous les assauts du vent, dans un concert de sifflements et de crépitements.
— Oui ?
Heris Serrano considéra sa patronne d’un air méfiant. L’expression « léger problème » était devenue entre elles une rengaine beaucoup trop fréquente. Heris était contrariée par les petits détails insignifiants qui avaient retardé leur voyage. Ils auraient dû prendre le départ deux jours plus tôt pour rejoindre Rockhouse Major. Le vaisseau et l’espace commençaient à lui manquer. Par ailleurs, plus tôt ils atteindraient Rockhouse, plus tôt ils seraient débarrassés de ce jeune agitateur de prince, qu’on placerait alors sous la responsabilité de quelqu’un d’autre.
— Encore un problème de nombre. »

Extrait de : E. Moon. « Double jeu – Heris Serrano. »

Partie de chasse par E. Moon

Fiche de Partie de chasse

Titre : Partie de chasse (Tome 1 sur 4 – Heris Serrano)
Auteur : E. Moon
Date de parution : 1993
Traduction : M. Fazi
Editeur : Bragelonne

Première page de Partie de chasse

« Quittant la chambre de son hôtel, petit mais respectable, situé en bordure des docks de Rockhouse Station, Heris Serrano rejoignit le poste d’amarrage de son nouveau vaisseau avec la conviction d’avoir l’air d’une idiote. Comme personne ne riait tout haut, elle en déduisit que les spectateurs avaient choisi de garder pour plus tard leurs ricanements, plutôt que de risquer une confrontation immédiate sur la plage avec un ancien officier des Forces spatiales de métier.

Heris évitait de croiser le regard moqueur des passants du quartier commercial. Les oreilles lui brûlaient ; elle sentait les regards braqués dans son dos. Elle n’aurait pas modifié son allure militaire même si elle avait pu marcher autrement. Elle faisait partie des FSM depuis sa naissance et même bien avant, fille d’officiers, petite-fille et nièce d’amiraux, dans une famille qui produisait des militaires aussi loin que la mémoire pouvait remonter. »

Extrait de: E. Moon. « Partie de chasse – Heris Serrano. »

Le temps des grandes chasses par J.-P. Andrevon

Fiche de Le temps des grandes chasses

Titre : Le temps des grandes chasses
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1973
Editeur : Bragelonne

Première page de Le temps des grandes chasses

« Les doigts fins et translucides de l’aurore se posèrent sur la joue et l’épaule de Réda qui dormait.

Roll, qui était le premier à avoir émergé du sommeil, regarda la chair brune de sa compagne prendre peu à peu consistance dans l’eau violette qui baignait la case. Il faisait frais sous le toit d’humus où poussaient les larges feuilles à croissance rapide de la plante argoune. À travers les branches mal jointes de la paroi, trois ongles de lumière rosée s’étaient étirés et jouaient sans méchanceté sur la peau de la jeune fille endormie, commençant à la tirer doucement de l’inconscience nocturne.

Bientôt, une flèche de lumière ricocha sur l’une de ses paupières. Réda plissa le nez, éternua. Un petit nuage de poussière dorée s’éleva paresseusement au-dessus d’elle, puis s’éteignit en atteignant la zone d’ombre. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le Temps des Grandes Chasses. »

La guerre des Gruulls par J.-P. Andrevon

Fiche de La guerre des Gruulls

Titre : La guerre des Gruulls
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1971
Editeur : Bragelonne

Première page de La guerre des Gruulls

« La planète, baignant dans une atmosphère épaisse et chaude, était recouverte sur la plus grande partie de ses terres émergées par des forêts verdoyantes qui se piquetaient au printemps d’une florai­­­son éphémère mais multicolore. Peu d’animaux féroces y gîtaient, sauf quelques fauves rapides, coureurs et sauteurs qui, en vertu d’une écologie bien ordon­née, se nourrissaient exclusivement de bêtes malades rabattues parmi les troupeaux de bovidés à six pattes qui se déplaçaient, suivant le rythme des saisons, à travers la forêt des trois grands continents.

C’était un monde jeune, magnifique, paisible. L’Homme, dans son insatiable course à travers une galaxie dont il ne connaissait encore qu’un minuscule recoin, l’avait trouvé à son goût. Des colons étaient venus y planter maisons, y défrichaient bon an mal an leurs quelques arpents de terre. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « La Guerre des Gruulls. »

Le chasseur et son ombre par G. R. R. Martin, G. R. Dozois et D. Abraham

Fiche de Le chasseur et son ombre

Titre : Le chasseur et son ombre
Auteur : G. R. R. Martin, G. R. Dozois et D. Abraham
Date de parution : 2004
Traduction : F. Rose, J.-D. Brèque
Editeur : Bragelonne

Première page de Le chasseur et son ombre

« Ramon Espejo se réveilla flottant dans un océan d’obscurité. Pendant quelques instants, il resta détendu et inconscient, se laissant aller en paix, puis son identité lui revint de manière décousue, comme une pièce rapportée.

Il n’éprouvait aucun plaisir à se rappeler qui il était en émergeant de ce néant insondable et chaud. Bien qu’à peine réveillé, il sentait le poids de sa propre essence lui peser sur le cœur. Dans son esprit résonnaient le désespoir, la colère, une sourde inquiétude lancinante, qui lui parvenaient comme un bruit de gorge émanant d’une pièce voisine. Durant une période de béatitude, il n’avait été personne ; à présent il redevenait lui-même. Son premier acte vraiment conscient fut de nier la déception qu’il éprouvait à être.

Il était Ramon Espejo. Il travaillait comme prospecteur à Nuevo Janeiro. Il était… Il était… »

Extrait de : G. R. R. Martin, G. R. Dozois et D. Abraham. « Le chasseur et son ombre. »