Étiquette : Brutsche
Une lumière entre les arbres par A. Brutsche
Fiche de Une lumière entre les arbres
Titre : Une lumière entre les arbres
Auteur : A. Brutsche ( J.-P. Andrevon )
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de Une lumière entre les arbres
« — Ça fleurit un jour sur la Butte,
Ça pousse on ne sait trop comment,
Et de cabrioles en culbutes
Ça tombe dans les bras d’un amant…
Ils chantaient tous les quatre à mi-voix cette vieille et charmante chanson de Bruant. Ils l’aimaient bien, cette chanson ; elle avait le parfum d’une époque qui était peut-être injustement appelée belle, mais qui avait pour elle le charme et le mystère de ce qui est passé, et qu’un flou pittoresque auréolait d’une lumière trouble qui en faisait tout le prix. La butte Montmartre, le Moulin Rouge, Bruant, Renoir, Zola, Toulouse-Lautrec… tous ces noms qui n’avaient pas toujours de points communs entre eux, et souvent des écarts de date importants, se mélangeaient dans leur commémoration d’un temps révolu, dont les points de repère étaient quelques airs faciles à retenir, quelques tableaux ensoleillés, certaines gravures où l’on voyait des messieurs en gibus, des dames à larges robes, des fiacres, des bicyclettes grêles et surtout, surtout… pas d’automobiles ! »
Extrait de : A. Brutsche (J.-P. Andrevon). « Une lumière entre les arbres. »
Un froid mortel par A. Brutsche
Fiche de Un froid mortel
Titre : Un froid mortel
Auteur : A. Brutsche ( J.-P. Andrevon )
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir
Première page de Un froid mortel
« — Et si on s’arrêtait là ? fit Françoise.
Alain leva son pied de l’accélérateur et jeta un coup d’œil vers la gauche. De l’autre côté de la route, un bâtiment gaiement coloré s’élevait, d’architecture moderne, entouré de pelouses. Un motel nouvellement construit, sans doute, pensa Alain, qui ne se souvenait pas avoir vu la construction auparavant. Derrière la DS, une voiture corna nerveusement. Alain hésita, obliqua vers la droite jusqu’à serrer au plus près l’accotement, ralentit encore.
— Pourquoi, tu connais ? dit-il en jetant un regard rapide vers son épouse.
— Non, répondit Françoise en ramenant en arrière ses longs cheveux bruns, d’un geste élégant des bras qui tendit brusquement sa poitrine ferme sous son léger pull bordeaux. Mais j’ai soif, et puis il n’est pas si tard. On pourrait bien s’arrêter… »
Extrait de : A. Brutsche (J.-P. Andrevon). « Un froid mortel. »
Le reflux de la nuit par A. Brutsche
Fiche de Le reflux de la nuit
Titre : Le reflux de la nuit
Auteur : A. Brutsche ( J.-P. Andrevon )
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le reflux de la nuit
« Pierre Merlin se hâtait lentement vers le cimetière. Il avait relevé le col de son imperméable sur son cou, et son chapeau était enfoncé fermement sur son crâne, protégeant ses cheveux qui commençaient à s’éclaircir sur l’occiput et sur le haut des tempes. Il avait mis les mains dans les poches de son imper, et allait de son pas qui se voulait pressé mais qui, curieusement, faisait rouler et tanguer sa haute silhouette dégingandée comme s’il avait été un navire fortement mâté qui faisait du surplace malgré la houle.
La soirée était fraîche, grise, un rien pluvieuse. La pluie ne se décidait pas à venir franchement battre le pavé, et les toits, et le chapeau de Pierre Merlin. Ce n’était qu’une humidité dans l’air, qui traînait, indécise, s’engouffrait dans les bronches avec son lot d’oxyde de carbone, d’hydrocarbures, d’anhydrides sulfureux. »
Extrait de : A. Brutsche (J.-P. Andrevon). « Le reflux de la nuit. »