Étiquette : Couton

 

Roublard par T. Pratchett

Fiche de Roublard

Titre : Roublard
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 2012
Traduction : P. Couton
Editeur : L’Atalante

Première page de Roublard

« Où nous faisons la connaissance de notre héros, où notre héros fait la connaissance d’une orpheline de l’orage et se confronte à monsieur Charlie, un quidam qui passe pour un scribouillard

Il pleuvait de telles hallebardes sur Londres qu’on aurait cru voir danser des embruns ; chaque goutte se démenait pour prendre l’avantage sur ses congénères en attendant de s’écraser par terre. C’était un déluge. Égouts et canalisations débordaient, vomissaient – régurgitaient en quelque sorte – débris de gadoue, de vase et de saletés, chiens, chats et rats crevés, voire pire ; restituaient au monde des hommes tout ce dont ils avaient cru se débarrasser ; se bousculaient, gargouillaient et se ruaient vers la Tamise gonflée, toujours accueillante ; rompaient ses digues, bouillonnaient et tournoyaient comme une soupe innommable cuisant dans un chaudron ignoble ; le fleuve suffoquait comme un poisson à l’agonie. »

Extrait de : T. Pratchett. « Roublard. »

Le monde merveilleux du caca par T. Pratchett

Fiche de Le monde merveilleux du caca

Titre : Le monde merveilleux du caca de Mlle Félicité Bidel
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 2012
Traduction : P. Couton
Editeur : L’Atalante

Première page de Le monde merveilleux du caca

«  Vimaire jeta un coup d’œil à la couverture. Le titre en était Le monde merveilleux du caca. Quand il fut hors de vue de Sybil, il le feuilleta prudemment. Bon, d’accord, il fallait accepter que le monde avait évolué et que les contes de fées modernes ne parlaient sans doute plus de petits êtres ailés scintillants. Alors qu’il tournait les pages une à une, il lui vint à l’esprit que celui ou celle qui avait écrit l’histoire savait forcément qu’elle allait faire rire les gamins comme le petit Sam à leur en donner mal au ventre. L’épisode de la descente du fleuve le fit presque sourire. Mais les passages scatologiques étaient émaillés de détails intéressants sur les fosses septiques, les cagoinsandriers, les maîtres des basses œuvres, sur la crotte de chien qui permettait de fabriquer le meilleur cuir, et autres renseignements qu’on ne croyait pas utile de connaître, mais qui, sitôt entendus, s’ancraient dans la tête.

L’ouvrage était apparemment du même auteur que Pipi, et, si le petit Sam avait dû voter pour le meilleur livre jamais écrit, son choix se serait porté sur Pipi. Son enthousiasme était peut-être d’autant plus accru qu’un diablotin farceur peu courant chez Vimaire le poussait à accompagner sa lecture du bruitage d’efforts adéquat. »

Extrait de : T. Pratchett. « Le monde merveilleux du caca. »

Disque-monde le nouveau vade-mecum par T. Pratchett et S. Briggs

Fiche de Disque-monde le nouveau vade-mecum

Titre : Disque-monde le nouveau vade-mecum
Auteur : T. Pratchett et S. Briggs
Date de parution : 2003
Traduction : P. Couton, T. Couton
Editeur : L’Atalante

Première page de Disque-monde le nouveau vade-mecum

« Les cogitations de Stephen Briggs

Quand je reviens sur les années écoulées depuis mon avant-propos du premier vade-mecum, je suis effaré de voir tout ce qui s’est passé.

Ce premier avant-propos disait : Il y a neuf ans j’étais un fonctionnaire qui tâtait du théâtre en amateur (euh… je le suis toujours). Bon, d’accord, rien n’a vraiment changé de ce côté-là. Mais beaucoup par ailleurs.

Un grand nombre de lecteurs le savent, j’ai basculé à la renverse dans le Disque-monde, comme si je m’étais adossé à une vieille porte délabrée dans un jardin clos de murs pour me retrouver soudain dans un monde magique de neige, de faunes et de lions bienveillants. Je n’avais pas prévu d’y atterrir, mais je suis rudement heureux de ce qui m’est arrivé. »

Extrait de : T. Pratchett et S. Briggs. « Disque-monde le nouveau vade-mecum. »

Drame de troll par T. Pratchett

Fiche de Drame de troll

Titre : Drame de troll (Tome 2 sur 7 – Nouvelles du Disque-monde)
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 1992
Traduction : P. Couton
Editeur : L’Atalante

Première page de Drame de troll

« LE VENT qui soufflait des montagnes charriait de fins cristaux de glace.

II faisait trop froid pour neiger. Par ce temps-là, les loups descendent dans les villages, les arbres au cœur des forêts éclatent sous le gel.

Par ce temps-là, les gens censés restent chez eux, au coin du feu, à se raconter des histoires de héros.

C’était un vieux cheval. Et un vieux cavalier. L’animal ressemblait à un porte-toasts emballé sous film plastique ; si l’homme ne vidait pas les étriers, c’était, semblait-il, parce qu’il n’en trouvait pas la force. Malgré le vent d’un froid mordant, il ne portait rien d’autre qu’un kilt de cuir riquiqui et un bandage crasseux autour d’un genou.

II se décolla de la bouche le mégot mouillé d’une cigarette et se l’écrasa sur la main. »

Extrait de : T. Pratchett. « Nouvelles du Disque-Monde – Drame de Troll. »

Johnny et la bombe par T. Pratchett

Fiche de Johnny et la bombe

Titre : Johnny et la bombe (Tome 3 sur 3 – Johnny Maxwell)
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 1996
Traduction : P. Couton
Editeur : Pocket

Première page de Johnny et la bombe

« APRÈS LES BOMBES

Il était neuf heures du soir dans la Grand-Rue de Blackbury.

Il faisait nuit ; de temps en temps la clarté de la pleine lune filtrait à travers des serpentins de nuages fatigués. Le vent soufflait du sud-ouest et un nouvel orage avait éclaté qui avait fraîchi l’air et rendu les pavés glissants.

Un agent de police déambulait lentement et posément le long de l’artère.

Ici et là, à condition de se tenir tout près, on aurait pu distinguer un très léger rai lumineux autour d’une fenêtre occultée. De l’intérieur parvenaient les échos tranquilles de citadins vivant leur vie : les notes assourdies d’un piano sous des doigts répétant inlassablement leurs gammes, les murmures et les éclats de rire occasionnels de la TSF.

Devant certaines vitrines s’entassaient des sacs de sable. Une affiche à l’extérieur d’une boutique exhortait la population : Ensemble, arrachons la victoire, comme s’il s’agissait d’une mauvaise herbe ou d’une dent cariée. »

Extrait de : T. Pratchett. « Johnny Maxwell – Johnny et la bombe. »

Johnny et les morts par T. Pratchett

Fiche de Johnny et les morts

Titre : Johnny et les morts (Tome 2 sur 3 – Johnny Maxwell)
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 1993
Traduction : P. Couton
Editeur : Pocket

Première page de Johnny et les morts

« Johnny ne sut jamais vraiment pourquoi il s’était mis à voir les morts.

D’après l’alderman (En Angleterre, l’alderman est à la fois une sorte de conseiller municipal et un juge de paix. (N.d.E.)), sans doute qu’il était trop flemmard pour s’en empêcher.

Chez la plupart des gens, le cerveau leur interdit de voir ce qui risquerait de les troubler, qu’il disait. Il disait aussi qu’il était bien placé pour le savoir car il avait passé toute sa vie (1822-1906) à ne rien remarquer.

D’après Bloblotte Johnson, en théorie le meilleur ami de Johnny, c’était parce qu’il était dingue.

Mais d’après Pas-d’man, qui lisait des livres médicaux, c’était sûrement parce qu’il n’arrivait pas à fixer ses idées comme les gens normaux. Les gens normaux ignorent presque tout ce qui se passe autour d’eux, si bien qu’ils peuvent se concentrer sur des choses importantes comme, disons, se lever, aller aux toilettes et vivre leur vie. Alors que Johnny, lui, il ouvrait les yeux le matin et recevait tout l’univers en pleine figure. »

Extrait de : T. Pratchett. « Johnny Maxwell – Johnny et les morts. »

Le sauveur de l’humanité par T. Pratchett

Fiche de Le sauveur de l’humanité

Titre : Le sauveur de l’humanité (Tome 1 sur 3 – Johnny Maxwell)
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 1992
Traduction : P. Couton
Editeur : Pocket

Première page de Le sauveur de l’humanité

« LE HÉROS AUX MILLE VIES

Johnny se mordit la lèvre et se concentra.

D’accord. Débouler à fond la caisse, laisser un missile se pointer tout seul — bip, bip, bip, bibibi-bip — sur le premier chasseur, lâcher le missile — chtonk —, vider les canons sur le chasseur — flap, flap, flap, flap —, toucher le chasseur n° 2 et bousiller ses boucliers au laser — biiiiz — pendant que le missile —poujff — élimine le chasseur n° 1, piquer, tourner les canons, mitrailler le chasseur n° 3 au moment où il vire — flap, flap, flap —, reprendre le chasseur n° 2 dans le collimateur en haut de la remontée, lâcher un missile — chtonk >— et le mitrailler avec…

Fouit, fouit, fouit.

Le chasseur n° 4 ! Il s’amenait toujours en dernier, mais quand on le poursuivait tout de suite, les autres avaient le temps de faire demi-tour et on se retrouvait dans leur ligne de mire.

Il était déjà mort six fois. Et il n’était que cinq heures. »

Extrait de : T. Pratchett. « Johnny Maxwell – Le sauveur de l’Humanité. »

La couronne du berger par T. Pratchett

Fiche de La couronne du berger

Titre : La couronne du berger (Tome 41 sur 41 – Annales du Disque-monde)
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 2015
Traduction : P. Couton
Editeur : L’Atalante

Première page de La couronne du berger

« UNE COURONNE DANS LE CAUSSE
 
Il était né dans les ténèbres de la mer Circulaire ; d’abord banal et mol objet flottant ballotté d’une marée à l’autre. Il s’était cuirassé d’une coquille, mais, dans son monde houleux et tumultueux rôdaient des bêtes gigantesques capables de la forcer en un clin d’œil. Il avait survécu malgré tout. Sa petite vie aurait pu se poursuivre ainsi longtemps jusqu’à ce que le ressac et d’autres objets flottants y mettent un terme, mais il y avait eu la mare.

C’était, en haut d’une plage, une mare à la température agréable que des tempêtes venues du Moyeu réalimentaient régulièrement en eau ; l’animal s’y était nourri de bestioles encore plus petites que lui et il avait grandi jusqu’à en devenir le roi. Il aurait pu grandir encore sans l’été de canicule où l’eau s’était évaporée sous les rayons ardents du soleil.

Le petit animal avait donc péri, mais il en était resté la carapace, et elle gardait en elle une graine d’intelligence. La violence de la grande marée suivante l’avait emportée sur le littoral, où elle s’était déposée pour ensuite rouler d’un bord à l’autre avec les galets et autres détritus de la tempête. »

Extrait de : T. Pratchett. « Annales du Disque-monde – La couronne du berger. »

Déraillé par T. Pratchett

Fiche de Déraillé

Titre : Déraillé (Tome 40 sur 41 – Annales du Disque-monde)
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 2013
Traduction : P. Couton
Editeur : L’Atalante

Première page de Déraillé

« IL EST DIFFICILE de comprendre le néant, mais le multivers en est farci. Le néant se déplace partout, toujours à l’avant-garde d’on ne sait quoi, et, dans le grand nuage d’inconnaissance, il aspire à devenir quelque chose, à s’échapper, se remuer, éprouver des émotions, changer, danser et connaître des expériences riches d’enseignement – bref, être vraiment quelque chose, quoi.

Et voilà que l’occasion se présentait alors qu’il dérivait dans l’éther. Le néant avait évidemment entendu parler du quelque chose, mais ce quelque chose-ci était différent, oh oui, alors il s’y insinua et descendit en vol plané, prêt à toute éventualité, pour atterrir par bonheur sur le dos d’une tortue, une tortue immense, et s’empresser de devenir encore plus vite quelque chose. C’était un esprit élémentaire ; le néant valait mieux que ça, et il s’en saisit d’un coup ! L’appât avait joué son rôle. »

Extrait de : T. Pratchett. « Annales du Disque-monde – Déraillé. »

Coup de tabac par T. Pratchett

Fiche de Coup de tabac

Titre : Coup de tabac (Tome 39 sur 41 – Annales du Disque-monde)
Auteur : T. Pratchett
Date de parution : 2011
Traduction : P. Couton
Editeur : L’Atalante

Première page de Coup de tabac

« L’expérience que les gobelins ont du monde se résume au culte, ou peut-être la religion, d’Unggue. En bref, il s’agit d’une religion extrêmement complexe fondée sur le caractère sacré des sécrétions corporelles. Sa doctrine dit en substance : tout ce qui est expulsé de l’organisme d’un gobelin en a forcément d’abord fait partie intégrante et requiert donc qu’on le vénère et qu’on l’entrepose soigneusement afin de le rendre, l’heure venue, à son propriétaire quand il rejoindra sa dernière demeure. En attendant, on conserve la matière dans des pots unggues, remarquables récipients sur lesquels je reviendrai ultérieurement.

Les esprits chagrins se diront qu’aucun être vivant ne peut mener à bien une telle tâche à moins de jouir d’une grosse fortune, d’un espace de stockage considérable et de voisins accommodants.

Aussi la plupart des gobelins s’en tiennent-ils en réalité au Unggue Had – ce que nous pourrions qualifier de forme commune plus souple d’Unggue –, qui englobe le cérumen, les rognures d’ongle de doigt comme d’orteil et la morve. L’eau, en principe, n’est pas reconnue comme unggue mais comme un élément qui traverse l’organisme sans jamais en faire partie : les fidèles font valoir que le liquide ne présente pour ainsi dire pas de différence entre l’entrée et la sortie (ce qui donne un triste aperçu de la fraîcheur de l’eau qu’ils consomment dans leurs tanières souterraines). »

Extrait de : T. Pratchett. « Annales du Disque-monde – Coup de tabac. »