Étiquette : Denoël
Le haut-lieu et autres espaces inhabitables par Serge Lehman

Fiche de Le haut-lieu et autres espaces inhabitables
Titre : Le haut-lieu et autres espaces inhabitables
Auteur : Serge Lehman
Date de parution : 2008
Editeur : Denoël
Sommaire de Le haut-lieu et autres espaces inhabitables
- Le haut-lieu
- Le gouffre aux chimères
- La chasse aux ombres molles
- Superscience
- Origami
- La régulation de Richard Mars
Première page de Le haut-lieu
« L’instant d’avant, l’univers semblait replié sur lui-même, immobile et silencieux, et la pénombre était si dense qu’on l’eût prise pour une chose vivante. Puis, tout s’anima brusquement. Une sonnette émit un bourdonnement, six étages plus bas. La gâche d’une porte d’entrée céda avec un claquement sonore. Des pas résonnèrent sur le dallage. Des voix murmurèrent.
L’ascenseur se mit en marche. C’était un très vieux modèle. Le contrepoids, une lourde masse de fer tapissée de graisse et de poussière, oscilla un instant avant de plonger dans le puits obscur, suivi par une pluie de mouches mortes. Il croisa la cabine entre le troisième et le quatrième étage, tandis que les mouches rebondissaient sur le toit et les vitres latérales en produisant de petits bruits secs, ping ! ping ! ping !
La cabine s’arrêta au sixième. Aucune des deux portes n’était équipée de système automatique et les passagers durent livrer bataille contre les ressorts rouillés de la première avant de pouvoir ouvrir la seconde.
La femme sortit d’abord. Souriante, elle se glissa entre les battants en faisant attention à ne pas froisser son tailleur et prit pied sur le palier avec assurance. »
Extrait de : S. Lehman. « Le Haut-Lieu et autres espaces inhabitables. »
Obsidio par Johan Heliot

Fiche de Obsidio
Titre : Obsidio
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2003
Editeur : Denoël
Sommaire de Obsidio
- Les maux blancs
- Retour aux sources
- Obsidio
Première page de Les maux blancs
« Sur la route du sang.
Un lézard vert et or file dans les fourrés.
L’homme en blanc (un costume de tweed à la mode anglaise, des mocassins vernis, un panama penché sur le côté du crâne) s’arrête. Avec sa gueule ravinée, il ressemble à Chet Baker vieux, à un ange torturé. Mais la comparaison est impossible. D’une part Chet Baker n’est pas vieux, nous sommes en 1955, il est encore le séraphin improbable qui pose en couverture de l’album Young Chet. Il ne connaît pas les canaux d’Amsterdam où l’attend la camarde. D’autre part, l’homme en blanc est jeune à cette époque, il n’a pas trente ans.
Le sang sur la route forme une flaque d’écarlate, qui contraste vivement avec le bitume noir. Garée sur le-bas-côté, une DeSoto cabossée, année quarante-huit ou quarante-neuf les ailes empoussiérées. La vitre du conducteur est constellée d’étoiles. L’homme en blanc en compte cinq, allumées au passage d’autant de balles brûlantes. »
Extrait de : J. Heliot. « Obsidio. »
Les vaisseaux d’Omale par Laurent Genefort

Fiche de Les vaisseaux d’Omale
Titre : Les vaisseaux d’Omale (Tome 5 sur 6 – Omale)
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2014
Editeur : Denoël
Première page de Les vaisseaux d’Omale
« La porte couina lorsque Siléo Rouhaia l’entrebâilla puis la referma après s’être glissé dans sa maison. La nuit était tombée depuis longtemps, aussi s’efforçait-il de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller ses enfants. Il posa son cartable au pied de l’armoire de l’entrée, ôta son manteau et son chapeau orné de la cocarde verte des professeurs laïcs. Puis il pénétra dans la salle à manger.
La pièce était aussi dénudée qu’une cellule monastique. Siléo s’était toujours enorgueilli de cette comparaison : l’instruction devait être un sacerdoce, et les enseignants, des apôtres de la connaissance. Les volets étaient clos, de sorte que de l’extérieur il n’avait pu discerner la lueur du bougeoir qui découpait le bureau calé dans un coin de la pièce. Ni la fillette en chemise, penchée sur un gros livre. Ses jambes maigres battaient sans bruit contre les pieds de la chaise. En entendant le plancher grincer, elle releva son visage rond encadré de cheveux d’un noir profond. Aussitôt, elle s’éclaira d’un sourire. »
Extrait de : L. Genefort. « Les vaisseaux d’Omale. »
Inferno par Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle

Fiche de Inferno
Titre : Inferno
Auteur : Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle
Date de parution : 1973
Traduction : M. et J. Perrin
Editeur : Denoël
Première page de Inferno
« Cameron envoya un baiser d’adieu à Madeleine qui se pencha par la fenêtre du train pour lui crier :
— Téléphone-moi, je viendrai te chercher.
— Ce n’est pas la peine, tu sais.
Le train s’ébranlait lentement, avançant à la vitesse d’un homme au pas, puis accélérant progressivement. Cameron espérait pouvoir le prendre lui aussi le lendemain, peut-être le surlendemain, ou seulement… Il détestait rester à Londres, inactif, surtout lorsque son séjour dépendait de crises plus ou moins vagues à Whitehall. Mais il fallait tout de même bien attendre jusqu’au bout. Il jeta un coup d’œil à sa montre qui indiquait 19 h 35, et se demanda pourquoi le gouvernement ne décidait pas de décimaliser les unités de temps.
Et puis il songea à son dîner. Selon l’usage, il aurait dû le prendre en compagnie de quelque persona grata. Mais qui pouvait-on réellement qualifier de grata, en ces temps ? Il finit par choisir le restaurant Wheeler dans Old Compton Street, prit le métro jusqu’à Leicester Square et fit le reste du chemin à pied. »
Extrait de : F. Hoyle et G. Hoyle. « Inferno. »
Au plus profond de l’espace par Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle

Fiche de Au plus profond de l’espace
Titre : Au plus profond de l’espace
Auteur : Fred Hoyle et Geoffrey Hoyle
Date de parution : 1974
Traduction : J. A. Bourcy
Editeur : Denoël
Première page de Au plus profond de l’espace
« J’étais assis à mon bureau et je feuilletais les dernières pages de mon journal intime. Il y avait maintenant presque trois ans que j’étais revenu de notre mission réussie, avec Achernard, et que j’avais lâché une bombe au lithium dans le Soleil pour détourner une attaque des Yéla. La bombe au lithium avait provoqué une explosion solaire si fantastique qu’elle avait non seulement grillé les vaisseaux yéla, mais que, même à présent, le système solaire était bombardé par des particules mortelles à haute énergie.
Ce qu’aucun de nous n’avait réalisé à l’époque, c’était que notre proche espace allait être inhabitable pendant si longtemps. Même Achernard, notre allié en provenance de la Grande Ourse, finissait par désespérer de pouvoir un jour rejoindre sa flotte de navires qui attendait quelque part au fond de l’espace, en dehors du système solaire. Il trouvait affreusement déprimant de ne pouvoir communiquer avec les siens du fait que tous les signaux radio, dans le système solaire, étaient désormais absorbés par le torrent d’électrons qui balayait l’espace interplanétaire. »
Extrait de : F. et G. Hoyle. « Au plus profond de l’espace. »
Deux soleils pour Artuby par Bernard Villaret

Fiche de Deux soleils pour Artuby
Titre : Deux soleils pour Artuby
Auteur : Bernard Villaret
Date de parution : 1971
Editeur : Denoël
Première page de Deux soleils pour Artuby
« Au moment de commencer ce récit, j’éprouve bien des scrupules. Peut-être en est-il toujours ainsi pour celui qui se propose d’écrire la biographie d’un grand homme, alors que les événements n’ont pas encore été figés par l’histoire.
Pourrai-je saisir avec exactitude les motifs profonds qui ont poussé Jan Artuby vers sa prodigieuse épopée ? Saurai-je traduire le caractère à la fois pur et explosif de ce héros exemplaire qui galvanisa les foules par ses paroles, ses œuvres et ses actes, ces foules qui le placeront peut-être dans leur mémoire aux côtés d’Alexandre le Grand, du Christ et de Léonard de Vinci…
Serai-je capable enfin de cerner sa personnalité insolite – monolithique de la jeunesse à la mort – mais en vérité faite tout entière de contrastes. Durant sa brève existence, ne fut-il pas déchiré entre ses deux passions, l’art et la liberté, auxquelles vint s’ajouter un troisième amour – terrestre celui-là et peut être le plus grand – qu’il entraîna avec lui dans sa fulgurante apothéose ! »
Extrait de : B. Villaret. « Deux soleils pour Artuby. »
Mémo par André Ruellan

Fiche de Mémo
Titre : Mémo
Auteur : André Ruellan
Date de parution : 1984
Editeur : Denoël
Première page de Mémo
« Paul mord la nuque du rat. La bête s’immobilise. Il la saisit par les pattes et lui ouvre l’abdomen d’un autre coup de dents. Puis il en arrache et mâche les viscères sanglants. Il avale. Il s’attaque à une cuisse. La peau et le pelage se refusent à son avidité. Il se contente des petits muscles
Brandissant le cadavre déchiqueté, il entonne une mélopée sauvage et se met à danser.
Autour de lui s’étend une savane hérissée d’objets dépourvus de sens : tables de céramique, cloisons vitrées. Les graminées s’y mêlent, plus vraies qu’eux et seules familières. Tout est transparent, même cette muraille qui ne cache pas l’horizon, même cet écran blanc au-dessus de sa tête, écran dont se rit le ciel bleu panaché de nuages gris.
Il lance au loin les reliefs de son repas, s’essuie les mains sur la toison qui couvre son corps nu. Elle se confond avec des vêtements que son esprit rejette. Il n’y prend pas garde. Il se met en marche dans la savane. Il avance courbé en avant, balançant lourdement sa légère mâchoire. »
Extrait de : A. Ruellan. « Mémo. »
La chute des familles par Phillip Mann

Fiche de La chute des familles
Titre : La chute des familles
Auteur : Phillip Mann (Tome 2 sur 2 – Paxwax)
Date de parution : 1987
Traduction : M. Lederer
Editeur : Denoël
Première page de La chute des familles
« Sur un promontoire rocheux, au-dessus d’une mer tumultueuse aux teintes grises et blanches, se tenait accroupie une petite créature. Elle ressemblait à un dôme de cire rouge. Elle s’appelait Odin.
Des abîmes s’ouvraient entre les vagues qui déferlaient et se fracassaient contre le promontoire dans des geysers d’écume. Le vent emportait les embruns vers l’intérieur des terres. L’eau glacée aspergeait la petite créature, glissait sur elle et cascadait le long de la falaise.
Odin se sentait mieux. La gifle des embruns salins et la morsure du vent atténuaient la douleur qu’il éprouvait au plus profond de lui-même.
Des jours durant, il était demeuré là pendant que la tempête battait les rochers du rivage. Le vent, maintenant, faiblissait. Quelques pâles rayons de soleil filtraient à travers les nuages. Les énormes vagues allaient bientôt faire place à une forte houle. Mais jamais la mer ne serait calme ; ce n’était pas dans la nature du monde d’Odin. Déjà une nouvelle tempête se formait dans la mer du Sud, parmi les amas de blocs de glace, et d’ici peu elle se déchaînerait sur les terres et emplirait de bonheur les Gerbès qui vivaient près de la côte. »
Extrait de : P. Mann. « La chute des familles. »
Le talion du cheikh par George Alec Effinger

Fiche de Le talion du cheikh
Titre : Le talion du cheikh (Tome 3 sur 3 – Marîd Audran)
Auteur : George Alec Effinger
Date de parution : 1991
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël
Première page de Le talion du cheikh
« Nous sommes au début du XXIIe siècle, quelque part au Moyen-Orient. Marîd Audran, le « Maghrebi », est un détective privé un peu véreux, un rien porté sur les amphétamines et le gin-bingara, qui officie dans le quartier chaud du Boudayin, entre les pontes et les putes, les caïds et les camés. Mais, à vouloir trop finasser, il s’est fait prendre à son propre jeu et s’est retrouvé intégré au système que, jusque-là, il méprisait. Contraint de troquer son indépendance contre un poste de flic (dans la journée) et (en dehors des heures ouvrables) de tenancier de boîte et de bras droit de « Papa » Friedlander bey, le grand parrain de la cité, Marîd se retrouve embringué dans une sordide histoire de règlements de comptes entre le boss et son ennemi héréditaire, Reda Abou Adil, qui s’est juré de prendre sa place. »
Extrait de : G. A. Effinger. « Le talion du cheikh. »
Privé de désert par George Alec Effinger

Fiche de Privé de désert
Titre : Privé de désert (Tome 2 sur 3 – Marîd Audran)
Auteur : George Alec Effinger
Date de parution : 1989
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël
Première page de Privé de désert
« En ce début de XXIIe siècle, dans le quartier chaud d’une capitale du Moyen-Orient, Marîd Audran, le « Maghrebi », a bien des problèmes : détective privé de son état, il a su jusque-là naviguer habilement entre prostituées et proxénètes, trafiquants et pontes du milieu. Et s’il avoue un léger penchant pour les paradis artificiels des pilules de soléine ou de triamphés, il a toujours jalousement refusé de recourir à l’amplification bioélectronique, ces mamies (Modules d’Aptitudes Mimétiques Enfichables) et papies (Périphériques d’APprentissage Intégré Électroniques) qu’on se branche directement dans le crâne et qui permettent de changer à loisir de personnalité. »
Extrait de : G. A. Effinger. « Privé de désert. »