Étiquette : Denoël
Cleer par L. L. Kloetzer
Fiche de Cleer
Titre : Cleer
Auteur : Laurent Kloetzer et Laure Kloetzer
Date de parution : 2010
Editeur : Denoël
Première page de Cleer
« Laissez-moi vous rappeler que nous sommes à la recherche de profils atypiques. Je connais votre goût pour l’excellence, je sais comment vous choisissez chacun de vos collaborateurs et je n’entends pas revenir sur des procédures parfaitement fonctionnelles.
Pendant ces quelques semaines, je veux ouvrir un créneau, une porte particulière que ne pourront emprunter que ceux qui la verront. Ceux qui la passeront devront convenir en tout point aux exigences du Groupe. Ils devront en être la quintessence. Ils seront parfaits.
Tout à la fois, ils devront présenter des défauts, des failles, des lignes de doute. Que le pur se mêle à l’impur, que la perfection soit entachée… Allions ce que nous désirons et ce que nous repoussons de tout notre être. »
Extrait de : L. L. Kloetzer. « Cleer. »
Anamnèse de Lady Star par L. L. Kloetzer
Fiche de Anamnèse de Lady Star
Titre : Anamnèse de Lady Star
Auteur : Laurent Kloetzer et Laure Kloetzer
Date de parution : 2013
Editeur : Denoël
Première page de Anamnèse de Lady Star
« Le nom de la fille a émergé vers la fin de la nuit. Victor l’a mentionné comme une piste possible d’investigation mais personne n’avait l’air d’y croire. Il y avait quelques photos, une vidéo bizarre tournée dans une brasserie du VIe arrondissement sur laquelle on voyait un siège vide. Elle se nommait Kirsten Lie, était censée être la maîtresse d’Aberlour, vague égérie, vague artiste, vague mannequin. Et c’était une-putain-d’Elohim. Callixte a récupéré le dossier, à lui d’en savoir plus et d’agir en conséquence.
Un fait curieux : Callixte a rêvé d’elle. Maintenant que le soleil tombe par la fenêtre entrouverte et que Flamininia se frotte à ses jambes en réclamant de l’attention, le rêve a du mal à se fixer mais un point reste certain, Kirsten Lie s’y trouvait. Callixte va se faire un café, regarde vaguement l’actualité de son profil, allume la radio pour peupler son appartement de voix connues. L’heure est précieuse. Il ouvre la porte-fenêtre, craignant comme toujours que la chatte, dans sa joie de sortir sur le balcon, ne se précipite dans la rue cinq étages en contrebas. Est-elle suicidaire ? »
Extrait de : L. L. Kloetzer. « Anamnèse de Lady Star. »
Les continents perdus par T. Day
Fiche de Les continents perdus
Titre : Les continents perdus
Auteur : Thomas Day
Traduction : J.-D. Brèque
Date de parution : 2005
Editeur : Denoël
Sommaire de Les continents perdus
- Le prométhée invalide par W. J. Williams
- Tirkiluk par I. R. MacLeod
- Apartheid, Supercordes et Mordecai Thubana par M. Bishop
- Le train noir par L. Shepard
- Le pays invaincu par G. Ryman
Première page de Le prométhée invalide
« Mary se réveilla dans la salle commune de l’auberge, à l’issue d’un bref songe de roses et de mort. Une fois pleinement lucide, elle se rappela que des églantines poussaient sur la tombe de sa mère et se demanda si elle n’avait pas été visitée par l’esprit de celle-ci.
C’était sur la tombe de sa mère que son amant lui avait appris son intention de l’enlever. Et c’était là que tous deux avaient fait l’amour pour la première fois.
Mary se croyait enceinte. Son amant la croyait dans l’erreur. Les choses en étaient là.
Mieux valait ne pas y penser, conclut-elle. Battant des cils pour chasser le sommeil, elle se redressa sur son siège, dans la salle commune de l’auberge du Caillou, et décida d’étudier sa grammaire italienne à la lueur d’une bougie. »
Extrait de : T. Day. « Les Continents Perdus. »
Le styx coule à l’envers par D. Simmons
Fiche de Le styx coule à l’envers
Titre : Le styx coule à l’envers
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1990
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Denoël
Sommaire de Le styx coule à l’envers
- Le styx coule à l’envers
- Vanni Fucci est bien vivant et il vit en Enfer
- Passeport pour Vietnamland
- Deux minutes quarante-cinq secondes
- Métastases
- Douce nuit, sainte nuit
- Mémoires privés de la pandémie des stigmates de Hoffer
- Les fosses d’Iverson
- Le conseiller
- Photo de classe
- Mes copsa mica
- A la recherche de Kelly Dahl
Première page de Le styx coule à l’envers
« J’aimais beaucoup ma mère. Après son enterrement, après que l’on eut descendu le cercueil, la famille rentra à la maison pour attendre son retour.
Je n’avais que huit ans à l’époque. De la cérémonie obligée je ne me rappelle pas grand-chose. Je me rappelle que le col de ma chemise de l’année précédente était bien trop serré et que la cravate, chose toute nouvelle pour moi, me faisait l’effet d’un nœud coulant autour du cou. Je me rappelle que cette journée de juin était trop belle pour une réunion aussi solennelle. Je revois oncle Will qui n’arrêtait pas de boire ce matin-là et la bouteille de Jack Daniel’s qu’il avait sortie dans la voiture sur le chemin du retour. Je revois la figure de mon père. »
Extrait de : D. Simmons. « Le Styx coule à l’envers. »
L’homme qui rétrécit par R. Matheson
Fiche de L’homme qui rétrécit
Titre : L’homme qui rétrécit
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1956
Traduction : J. Chambon, C. Elsen
Editeur : Denoël
Première page de L’homme qui rétrécit
« Il crut d’abord à un raz de marée. Puis il se rendit compte que le ciel et l’océan restaient visibles en transparence ; il s’agissait en fait d’un rideau d’embruns qui se précipitait sur le bateau.
Il prenait un bain de soleil sur le toit de la cabine et c’était par pure coïncidence qu’il s’était soulevé sur un coude et avait vu la chose approcher.
« Marty !» cria-t-il. Pas de réponse. Il traversa précipitamment le bois surchauffé et se laissa glisser sur le pont. « Hé ! Marty ! »
Le rideau d’embruns n’avait rien de menaçant, mais un obscur instinct lui commandait de l’éviter. Il contourna la cabine à toute vitesse, grimaçant sous la douleur qu’infligeaient à ses pieds nus les planches brûlantes. Engagé dans une véritable course.
Qu’il perdit. Un instant en plein soleil, voilà qu’il se retrouvait l’instant suivant aspergé par un crachin tiède et diamantin.
Et puis plus rien. Il resta un instant immobile, couvert de gouttelettes étincelantes, à regarder le nuage glisser sur l’eau. Soudain, il frissonna et baissa les yeux. Il ressentait un curieux picotement sur la peau. »
Extrait de : R. Matheson. « L’homme qui retrecit. »
Cauchemar cathodique par R. Matheson
Fiche de Cauchemar cathodique
Titre : Cauchemar cathodique
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1993
Traduction : F. Reichert
Editeur : Denoël
Première page de Cauchemar cathodique
« — Alors, est-ce que ça va marcher ?
Alan sourit. Peut-être était-elle réellement incroyable, comme tout le monde s’accordait à le dire. Il n’était pas assis à côté d’elle depuis cinq minutes que déjà c’était parti comme en 14 : le grand numéro, haute voltige et chapeau claque.
— Votre nouveau pilote ? On va voir.
Alan afficha un visage crispé. Ça frôlait le film d’horreur, les séances avec cette bonne femme. Rien que sa façon de s’asseoir, les yeux écarquillés.
Scrutant.
À coup sûr, le décor n’était pas vraiment grandiose. Jamais qu’un petit appart’ clés en main dans un quartier couci-couça de la ville. Le boudoir tout entier avait un petit côté appartement de rencontres pour partouzes d’échangistes, style Vegas éclaté, et velours omniprésent. »
Extrait de : R. Matheson. « Cauchemar cathodique. »
Salut l’Amérique ! par J. G. Ballard
Fiche de Salut l’Amérique !
Titre : Salut l’Amérique !
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1981
Traduction : E. Gille
Editeur : Denoël
Première page de Salut l’Amérique !
« Il y a de l’or, Wayne, de la poudre d’or partout ! Réveillez-vous ! C’est vrai que les rues d’Amérique sont pavées d’or ! »
Par la suite, en aidant à échouer le SS Apollo contre l’antique jetée de la Cunard à l’extrême pointe de Manhattan, Wayne devait se rappeler avec un certain amusement l’excitation de McNair quand il avait fait irruption dans la soute à voiles. Le jeune chef mécanicien, parfois mauvais coucheur mais généralement timide, gesticulait avec frénésie devant Wayne et sa barbe brillait comme une lanterne trop lumineuse.
« Wayne, c’est tout ce qu’on avait rêvé ! Regardez rien qu’une fois, même si ça doit vous aveugler ! »
Il manqua de faire basculer Wayne de son hamac. Se retenant d’une main au plafond de métal, Wayne contempla la barbe enflammée de McNair. Une lumière cuivrée fantasmagorique inondait la soute à voiles, l’environnant de piles de tapis dorés, comme s’ils avaient mis le cap droit dans l’œil d’un ouragan radioactif.
« McNair, attendez ! Allez voir le Dr Ricci ! Vous êtes peut-être… ! »
Extrait de : J. G. Ballard. « Salut l’Amérique ! »
Les chasseurs de Vénus par J. G. Ballard
Fiche de Les chasseurs de Vénus
Titre : Les chasseurs de Vénus
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1980
Traduction : M. Demuth
Editeur : Denoël
Sommaire de Les chasseurs de Vénus
- Trois, deux, un, zéro !
- Les tombes du temps
- La plage douze
- Passeport pour l’éternité
- Perte de temps
- Temps de passage
- Les chasseurs de Vénus
- Comme un souvenir
- Un après-midi à Utah Beach
- Le zoom de 60 minutes
Première page de Trois, deux, un, zéro !
« Vous allez sans doute me demander comment je me suis aperçu de l’existence de ce pouvoir fou, fantastique ? Comme au docteur Faust, m’a-t-il été accordé par le Diable lui-même en échange de mon âme ? Ou bien l’ai-je gagné par l’effet de quelque talisman étrange : patte de singe, œil d’idole retrouvé dans un coffre antique ou légué par un vieux marin agonisant ? À moins que je ne l’aie découvert par hasard au cours de mes recherches sur les mystères abominables d’Eleusis et de la messe noire, et que sa puissance horrifique ne me soit apparue dans des nuages d’encens et de vapeurs sulfureuses ?
Non, rien de tout cela. En fait, ce pouvoir m’a été révélé de manière purement fortuite, durant une journée comme les autres. Il m’est venu entre les mains comme l’art du point de dentelle. Et en vérité, il s’est manifesté si discrètement, si graduellement, que je n’en ai pas eu immédiatement conscience. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Les chasseurs de Vénus. »
Le monde englouti par J. G. Ballard
Fiche de Le monde englouti
Titre : Le monde englouti
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1962
Traduction : M.-F. Desmoulin
Editeur : Denoël
Première page de Le monde englouti
« Bientôt, il ferait trop chaud.
Il était un peu plus de huit heures ; du balcon de l’hôtel, Kerans observait le soleil se lever derrière les bosquets touffus de gymnospermes géants qui envahissaient les toits des grands magasins abandonnés à quelque quatre cents mètres de là, sur la rive est de la lagune. On ressentait pleinement l’implacable ardeur du soleil, même à travers la masse vert olive des frondes. Les durs rayons réfractés qui frappaient ses épaules et sa poitrine nues faisaient perler les premières gouttes de sueur et il mit une paire d’épaisses lunettes de soleil pour se protéger les yeux. Le disque solaire ne formait plus une sphère aussi nette, mais une grande ellipse étalée qui, à l’orient, se déployait sur l’horizon, comme une boule de feu colossale ; son reflet dans la lagune transformait la surface de plomb éteint en une carapace de cuivre éblouissant.
Dans moins de quatre heures, vers midi, l’eau semblerait brûler.
D’habitude, Kerans se levait à cinq heures et arrivait à la station d’essais biologiques assez tôt pour travailler au moins quatre à cinq heures avant que la chaleur ne devienne insupportable. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Le monde englouti. »
La vie et rien d’autre par J. G. Ballard
Fiche de La vie et rien d’autre
Titre : La vie et rien d’autre
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 2008
Traduction : M. Charrier
Editeur : Denoël
Première page de La vie et rien d’autre
« Je suis né à l’Hôpital général de Shanghai le 15 novembre 1930, au terme d’un accouchement difficile. Ma mère, frêle Anglaise aux hanches étroites, me le décrivait des années plus tard avec complaisance, comme s’il fallait y voir le signe de la muflerie générale du monde. Elle racontait souvent au dîner que j’avais la tête terriblement déformée à la naissance, ce qui expliquait de toute évidence à ses yeux ma personnalité rebelle d’adolescent, puis de jeune homme (d’après mes amis médecins, ce genre de déformation n’a rien de remarquable). Ma sœur, Margaret, est venue au monde en septembre 1937 grâce à une césarienne, mais jamais je n’ai entendu ma mère s’exprimer sur la signification plus large de l’événement.
Notre famille habitait le 31, Amherst Avenue, dans les faubourgs ouest de Shanghai, à environ huit cents mètres de la concession internationale, quoique à l’intérieur de la vaste zone placée sous le contrôle de
la police municipale. »
Extrait de : J. G. Ballard. « La vie et rien d’autre. »