Étiquette : Dumoulin

 

Mettez-vous à ma place par G. Morris Dumoulin

Fiche de Mettez-vous à ma place

Titre : Mettez-vous à ma place
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1965
Editeur : Fleuve noir

Première page de Mettez-vous à ma place

« Franchement, je leur trouvais de sales gueules, à ces deux types… Non que j’aie coutume de juger les gens Sur la mine. J’ai des tas de copains, dans des tas de milieux, qui ont ce que vous appelleriez de sales gueules ! Oreilles en chou-fleur, narines aplaties, cicatrices, vous voyez le genre ? Mais croyez-moi, les plus sales gueules ne sont pas toujours celles qui donnent dans le patibulaire,. Et ce n’était pas le cas de ces deux gaziers. Ce qui me gênait en eux n’avait rien à voir avec leur physique…
En fait, ils étaient plutôt beaux garçons, mis avec une certaine recherche, et comptaient parmi les clients les plus calmes de l’établissement. Mais je  n’étais pas arrivé depuis trois heures que je les avais déjà isolés du lot, classés dans une  catégorie à part. Si ces gars là étaient des amateurs de neige ordinaire alors moi, j’étais enfant de chœur ! »

Extrait de : G Morris Dumoulin. « Mettez-vous à ma place. »

La frontière indécise par G. Morris

Fiche de La frontière indécise

Titre : La frontière indécise
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1983
Editeur : Fleuve noir

Première page de La frontière indécise

« S’il y a une chose qui me surprend toujours, c’est de retrouver, après des mois ou des années, tel ou tel endroit exactement semblable à ce qu’il était quand je l’ai vu pour la dernière fois, avec les objets toujours à la même place et les gens toujours occupés aux mêmes tâches immuables.

Qui paraissent, tout à coup, futiles et dérisoires… En particulier lorsqu’il vous est arrivé, dans l’intervalle, tant de choses impossibles à oublier. Tragiques. Irréversibles.

La gendarmerie du canton de Kaisersbrück n’a pas changé. Ce ne sont certainement pas les mêmes avis, au tableau d’affichage, à droite de l’entrée, mais rien ne ressemble plus à une circulaire officielle qu’une autre circulaire officielle. »

Extrait de : G. Morris. « La frontière indécise. »

L’invasion silencieuse par G. Morris

Fiche de L’invasion silencieuse

Titre : L’invasion silencieuse
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 2007
Editeur : Rivière blanche

Première page de L’invasion silencieuse

« La visite de Robbie ne surprit pas Cédric. D’abord parce qu’il l’attendait. Ensuite parce que c’était l’heure à laquelle Robbie se manifestait volontiers, cette heure indécise, au seuil de la nuit, entre veille et sommeil, où l’esprit délicieusement engourdi va bientôt abdiquer, pour quelques heures, la maîtrise de ses pensées. De ses fantômes et de ses fantasmes.
Consciemment ou non, Cédric avait souhaité la présence de Robbie, et Robbie était là, fidèle au pacte d’amitié qui les liait. Fidèle à son habitude, aussi, de redisparaître, à peine apparu, et de réapparaître, alternativement, durant un temps variable. Comme s’il n’était pas tout à fait là, ou comme s’il se livrait, par jeu, à une sorte de cache-cache, oscillant du visible à l’invisible. Jusqu’à ce que son image enfin stabilisée acquît sa pleine consistance. Et que s’engageât leur dialogue. »

Extrait de : G. Morris. « L’invasion silencieuse. »

Psychosphère par G. Morris

Fiche de Psychosphère

Titre : Psychosphère (Tome 2 sur 2 – Sister)
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1992
Editeur : Fleuve noir

Première page de Psychosphère

« Et pourtant, ils tournent !
La phrase absurde tourne elle aussi, dans ma tête, alors que je contemple une fois de plus, non sans un obscur sentiment de honte, le spectacle désormais familier qui se déroule au-dessous de nous.
Et pourtant, ils tournent !
C’est un nommé Galilée qui en a fait un mot historique, vers notre XVIe ou XVIIe siècle. En parlant de la Terre : « Et pourtant, elle tourne! » A une époque où c’était dangereux, où c’était sacrilège d’affirmer que la Terre tournait sur elle-même et autour de cette chose lointaine appelée soleil. »

Extrait de : G. Morris. « Psychosphere – Sister. »

Terre ! Terre ! par G. Morris

Fiche de Terre ! Terre !

Titre : Terre ! Terre ! (Tome 1 sur 2 – Sister)
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir

Première page de Terre ! Terre !

« Dans l’enchaînement paralogique de tout mauvais rêve, se glisse, tôt ou tard, une scène plus horrible ou plus absurde que les autres. Qui dépasse les possibilités d’adaptation du dormeur à cette réalité parallèle et l’expulse de son cauchemar, le cœur emballé, la respiration brève.
Celui que je viens de faire devait être un modèle du genre. Même si je suis incapable, après la bataille, de m’en remémorer une bribe !
Bataille il y avait, pourtant, j’en jurerais, affrontement de quelque adversaire ou force maléfique puisque j’en émerge tendu, tordu sur ma couche avec les deux bras levés en parade instinctive. Curieux réflexe de conservation, inexplicable en dehors d’un contexte trop vite évaporé, et qui retombe aussitôt, lourdement, sous l’effet de la gravité artificielle. Me laissant oppressé, baigné de sueur froide. »

Extrait de : G. Morris. « Terre ! Terre ! – Sister. »

Secteur diable par G. Morris

Fiche de Secteur diable

Titre : Secteur diable (Tome 3 sur 3 – Liouwa le Grégarite)
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1983
Editeur : Fleuve noir

Première page de Secteur diable

« Lestée de cinquante kilos de ferraille, en plus des quatre-vingts que représentent mon propre poids de chair et d’os, la malle a coulé comme un bloc de pierre.

Elle s’est retournée au cours de sa descente et gît maintenant, à l’envers, par trente mètres de fond, dans la rocaille limoneuse.

Le couvercle n’est pas étanche et presque aussitôt, l’eau commence à filtrer dans le petit mètre cube d’air respirable laissé – très provisoirement – à ma disposition.

Non que j’éprouve la moindre inquiétude.

J’étais déjà sorti de mes chaînes alors que la malle pendait encore au bout des siennes. »

Extrait de : G. Morris. « Secteur diable – Liouwa le Grégarite. »

Vecteur dieu par G. Morris

Fiche de Vecteur dieu

Titre : Vecteur dieu (Tome 2 sur 3 – Liouwa le Grégarite)
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1980
Editeur : Fleuve noir

Première page de Vecteur dieu

« Comme il avait prié, une éternité auparavant, pour une cause qui lui paraissait, aujourd’hui, bien futile, Liouwa le Grégarite éleva, vers le Dieu des Terriens, cette prière fervente :

— Seigneur, rendez à Carole le Facteur Vie qu’elle a si généreusement sacrifié pour moi, pour sa planète… Et si je ne dois pas la revoir en vie, Dieu des Terriens, Seigneur, ôtez-moi la mémoire, je n’ai pas mérité l’enfer !

Puis, ce moment de faiblesse passé, pieusement, religieusement, il reprit sa lutte ingrate, son combat impossible contre la mort.

Car elle était morte, il ne pouvait pas en douter. Morte au sens humain, donc irrémédiablement perdue, inaccessible selon les critères humains. »

Extrait de : G. Morris. « Vecteur Dieu – Liouwa le Grégarite. »

Facteur vie par G. Morris

Fiche de Facteur vie

Titre : Facteur vie (Tome 1 sur 3 – Liouwa le Grégarite)
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Facteur vie

« Rien ne l’avait fait prévoir, aucun signe dans le ciel, aucune mention dans les horoscopes, aucune angoisse prémonitoire chez les personnes directement concernées, bref, pas le moindre soupçon de psychose annonciatrice, et cependant, l’épidémie commença, par ce beau soir d’été tout pareil aux autres, dans le cadre enchanté de ce territoire à vocation essentiellement alcoolique du Sud-Ouest de la France.

Epidémie, bien sûr, n’est pas le mot, car épidémie sous-entend microbes, contagion, multiplication en chaîne du nombre des victimes.

Là, rien de semblable, mais c’est le nom que les mass media, massifs médiateurs de l’opinion publique, donnèrent à l’événement, et quand les mass media baptisent un événement, bien malin qui peut, ensuite, lui ôter son étiquette ! »

Extrait de : G. Morris. « Facteur vie – Liouwa le Grégarite. »

La vie, la mort confondues… par G. Morris

Fiche de La vie, la mort confondues…

Titre : La vie, la mort confondues… (Tome 3 sur 3 – Les villes corolles)
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1982
Editeur : Fleuve noir

Première page de La vie, la mort confondues…

« Les enfants jouaient au soleil.
Morgane retourna la phrase dans sa tête et ne put réprimer un frisson tandis que la vieille angoisse, la vieille souffrance à présent révolues, mais jamais oubliées – gravées, indélébiles, au plus profond d’elle-même comme de tous les vivants, les survivants du Grand Holocauste – lui tordaient cruellement les entrailles.
Les enfants jouaient au soleil.
Une image simple. Une belle image. Une constatation, une sensation rassurante de tout l’être subitement gonflé d’une tendresse indicible qui eussent – en d’autres temps – fait partie de l’expérience quotidienne. »

Extrait de : G. Morris. « La Vie, la mort confondues… – Les villes corolles. »

… ou que la mort triomphe ! par G. Morris

Fiche de … ou que la mort triomphe !

Titre : … ou que la mort triomphe ! (Tome 2 sur 3 – Les villes corolles)
Auteur : Gilles-Maurice Dumoulin
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de … ou que la mort triomphe !

« Mo-o-o-o-o-o-o-o-o…
Caverneux. Sinistre.
Mooooooooo… Mooooooooo…
Hallucinant. À la limite du supportable.
Mooooooooo…
Atroce, martelé sur un rythme régulier, monotone, le cri rebondissait en échos lugubres sur les arêtes vives des structures alvéolaires de bétoplast.
Et ce n’était pas exactement :
Mooooooooo…
Plutôt quelque chose d’intermédiaire entre le « mô » très fermé de « maudit » et le « ma » plus sourd, plus grave, de « maléfique ». »

Extrait de : G. Morris. « …Ou que la mort triomphe ! – Les villes corolles. »