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Méphista et la lanterne des morts par Maurice Limat

Fiche de Méphista et la lanterne des morts
Titre : Méphista et la lanterne des morts (Tome 4 sur 13 – Méphista)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1970
Editeur : Fleuve noir
Première page de Méphista et la lanterne des morts
« Je suis prisonnier.
Où suis-je ? Comment en ai-je été réduit à un tel sort ? Je ne sais.
C’est effroyable. Je ne sais plus rien.
Sinon que je suis enfermé. Est-ce le terme exact ? Je ne l’affirmerais pas. Disons que je ne suis plus maître de mes mouvements.
Et mes pensées ? En suis-je maître ?
Cela non plus, je n’oserais l’affirmer…
Que m’est-il arrivé ? Je me pose une infinité de questions qui, pour l’instant, demeurent sans réponses.
Je ne sais pas où je suis.
Je ne sais même plus qui je suis.
Si seulement je pouvais me rendre libre. En fait, il me semble qu’aucun obstacle ne s’oppose vraiment à mes mouvements.
Le drame, c’est que je ne sais pas si je fais des mouvements. Je me trouve dans une prison. Oui, cela, c’est une certitude.
Mais quelle prison ?
Est-ce une étroite cellule ou, au contraire, une étendue immense, infinie, dans laquelle je pourrais m’ébattre à l’aise ?
Il m’est difficile de me prononcer. Je ne puis délimiter l’endroit indéterminé en lui-même, où je suis retenu. »
Extrait de : M. Limat. « Méphista et la lanterne des morts. »
Méphista et le clown écarlate par Maurice Limat

Fiche de Méphista et le clown écarlate
Titre : Méphista et le clown écarlate (Tome 3 sur 13 – Méphista)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1970
Editeur : Fleuve noir
Première page de Méphista et le clown écarlate
« — Du courage, mon vieux.
Le père entendait cette phrase pour la cinquantième fois de la journée.
Une phrase qui l’exaspérait, dans sa banalité, sa platitude. Mais il se disait, ou plutôt il se serait dit, s’il avait encore eu la force d’analyser les choses, qu’à leur place, il n’aurait pas parlé différemment.
Lui aussi, quand ses amis, ses parents avaient eu un deuil, il les avait quittés de cette façon, après la visite.
La visite de la mort, pénible, ennuyeuse. Une de ces corvées auxquelles on ne saurait se soustraire.
Il ne savait même plus qui s’en allait. Il y en avait tant eu, de ces gens…
Dans les petites villes, où tout le monde se connaît, lorsque la camarde frappe à une porte, on se découvre des amis inconnus. Des amis qui redeviendront, quelques jours plus tard, aussi froids, aussi distants, aussi indifférents que d’ordinaire.
Mais, tous, ils se croient obligés de venir, de dire des mots, toujours les mêmes, de faire des gestes convenus.
Et puis, quand ils ont envoyé sur le corps un peu d’eau bénite, prononcé les phrases d’usage, ils s’en vont. On les reverra le jour de l’enterrement. »
Extrait de : M. Limat. « Méphista et le clown écarlate. »
Méphista contre Méphista par Maurice Limat

Fiche de Méphista contre Méphista
Titre : Méphista contre Méphista (Tome 2 sur 13 – Méphista)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1969
Editeur : Fleuve noir
Première page de Méphista contre Méphista
« Martine s’éveilla en sursaut. Tout de suite, elle frissonna. Il était plus de six heures. Elle avait dû s’endormir une heure plus tôt, après être restée éveillée une partie de la nuit.
Olga n’était toujours pas là.
Le lit, jumeau du sien, n’était pas défait. Un petit jour sale et triste frappait aux carreaux et la chambre, en dépit des efforts des deux jeunes filles, demeurait lugubre.
Jamais elles n’avaient pu obtenir la moindre réussite depuis leur arrivée à Paris, depuis que les deux camarades d’enfance avaient mis leurs espoirs en commun.
Une incroyable malchance s’acharnait sur les deux Lilloises.
Il y avait un an que cela durait.
Martine, plus prudente, plus réservée, cherchait à faire carrière dans le secrétariat, avec le secret espoir de devenir un jour public-relations de quelque grande firme. »
Extrait de : M. Limat. « Méphista Contre Méphista. »
Méphista par Maurice Limat

Fiche de Méphista
Titre : Méphista (Tome 1 sur 13 – Méphista)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1969
Editeur : Fleuve noir
Première page de Méphista
« L’auto était garée près des Buttes-Chaumont. Impossible de trouver une place devant les bâtiments de l’O.R.T.F. La rue Carducci, la rue des Alouettes, les artères adjacentes sont trop étroites, trop encombrées.
Teddy Verano arrivait donc à pied, jetant un regard vague et navré sur la laideur des murs de cette gigantesque usine où se brassent les milliards d’images destinées à distraire, à informer et à éduquer le peuple de France.
— Le studio 26 ?
Dans la vaste cage vitrée qui sert de loge, on lui expliqua aussi précisément que possible. Il était déjà venu, d’ailleurs, et ne se perdit qu’au minimum dans les allées immenses, sous les hauts porches sans grâce, dans les couloirs aux murs glacés.
Enfin, un ascenseur confortable et réconfortant, tiède et silencieux, l’emporta vers les étages.
Il déboucha sur le plateau, sous l’œil réprobateur d’un nombre impressionnant de personnes qui n’avaient évidemment rien à faire en un pareil lieu et dont la présence ne devait qu’importuner le metteur en scène, les cameramen et surtout les artistes astreints à vivre, à aimer, à souffrir, sous quatre-vingts paires d’yeux. »
Extrait de : M. Limat. « Méphista. »
Les idoles du Lynx par Maurice Limat

Fiche de Les idoles du Lynx
Titre : Les idoles du Lynx (Tome 2 sur 2 – Luxman)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les idoles du Lynx
« Deux ombres se glissent dans le couloir. Il fait très sombre. C’est l’heure du repos à bord.
Rien que la clarté, ou le semblant de clarté, des veilleuses qu’alimente le néon magnétisé.
Silence. Les deux êtres retiennent leur souffle et ils sont équipés de telle sorte qu’ils n’éveillent pas le moindre bruit.
Tout, hors sans doute les cosmatelots de quart, dort à bord du grand vaisseau spatial.
À un certain moment, un de ces deux inconnus discrets, plus que discrets (et ils ont sans doute de bonnes raisons pour l’être), chuchote quelques mots à l’oreille de son compagnon. L’autre se contente de hocher la tête, signe approbatif dans toutes les races de toutes les galaxies.
Ce qui signifie qu’à la question, la réponse équivaut exactement à : « Ne t’inquiète pas. Je l’ai. Et il est en bon état de fonctionner. »
Ils avancent encore. »
Extrait de : M. Limat. « Les Idoles du Lynx – Luxman. »
L’homme de lumière par Maurice Limat

Fiche de L’homme de lumière
Titre : L’homme de lumière (Tome 1 sur 2 – Luxman)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’homme de lumière
« Je…
Puis-je encore dire « je » ? Oui, sans doute. Je vis…
Ce n’est pas un cauchemar. La réalité.
D’ailleurs je marche, j’en ai parfaitement conscience.
Les philosophes assurent qu’on « est » puisqu’on « pense ». Moi je crois simplement que je suis parce que je marche.
Où ? Et vers quoi ? Toute la question est là !
Ah ! ces couloirs… Ils ne finiront donc jamais de s’étendre devant moi ! Cela me donne une impression affreuse. Une idée d’éternité. Comme si je devais désormais, sans fin, inlassablement, à jamais, marcher dans ces couloirs qui n’aboutissent nulle part !
Pourtant, je dois aboutir. Au bout du couloir, il y a…
La lumière est lugubre. C’est toujours comme ça partout dans ce lieu sinistre. Mais tout à l’heure, je le sais, les autres, mes camarades, mes compagnons d’horreur et de misère, constateront brusquement que cette clarté vient de baisser sensiblement. Alors ils sauront ! »
Extrait de : M. Limat. « L’Homme de Lumière – Luxman. »
Le septième mage par Maurice Limat

Fiche de Le septième mage
Titre : Le septième mage (Tome 2 sur 3 – Luc Delta)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1968
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le septième mage
« Monsieur Trois examinait la chose, son monocle électronique rivé dans l’orbite, ce qui lui donnait cet air bizarre, démodé, dont se gaussaient les internes et les infirmières.
L’appareil optique, irradiant d’un subtil et invisible laser, lui permettait de sonder l’objet.
Il le tournait et le retournait entre ses doigts, toussotant, hochant la tête, comme lorsque la solution l’embarrassait.
Monsieur Un le rejoignit à grandes enjambées. Il était immense, sec, nerveux. Mais monsieur Un était un aussi grand biologiste que monsieur Trois s’égalait aux plus grands chirurgiens.
— Alors ? fit monsieur Un, sarcastique, vous pensez toujours qu’il s’agit d’un fossile.
— Et quoi d’autre ? riposta monsieur Trois d’un ton aigre. Vous ne me ferez jamais croire que c’est là une manifestation artistique, une idole d’un autre monde.
Monsieur Deux et monsieur Quatre les rejoignaient. »
Extrait de : M. Limat. « Le Septième nuage – Luc Delta »
Les sirènes de Faô par Maurice Limat

Fiche de Les sirènes de Faô
Titre : Les sirènes de Faô (Tome 1 sur 3 – Luc Delta)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1968
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les sirènes de Faô
« Une formidable explosion d’hilarité salua la mine déconfite du client.
Il avait avancé la main pour prendre le verre que cette splendide fille venait de lui offrir, tout en la couvant du regard.
Et ses doigts n’avaient rencontré que le vide. Il n’y avait rien.
Ni verre ni, bien entendu, contenu.
Elle, souriante, gracieuse dans sa tenue d’hôtesse de la compagnie Trans-astres, évoluait entre les tables.
Elle portait avec grâce et légèreté le plateau où s’alignaient les verres colorés, semblables à celui qui venait de jouer un si vilain tour à ce brave monsieur, pas encore remis de sa stupeur, qui faisait les frais de la joie ambiante, et qui, maintenant, regardait la jeune fille avec cette moue de reproche des hommes qui n’osent pas se mettre vraiment en colère après une jolie femme. »
Extrait de : M. Limat. « Les sirènes de Faô. »
Le serpent de rubis par Maurice Limat

Fiche de Le serpent de rubis
Titre : Le serpent de rubis (Tome 38 sur 39 – Bruno Coqdor)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le serpent de rubis
« Un cercle-en-ciel s’était formé. Le gracieux phénomène atmosphérique n’était pas rare sur Hôr, en raison de sa position exceptionnelle, au centre de la constellation d’Ophiucus. La petite planète évoluait sous l’impulsion d’un système binaire et les deux soleils, qui lui faisaient exécuter une trajectoire fantaisiste, paraissaient se divertir à jouer du moindre rideau de pluie.
Il avait justement plu, ce matin-là, sur l’océan d’Opale et sur le littoral. Et les rayons de l’astre double, glissant à travers l’écharpe humide, avaient une fois de plus créé deux arcs-en-ciel inversés dont la juxtaposition donnait un magnifique cercle aux tons éclatants.
La brise marine dispersait les nuées. Les dernières des treize lunes caracolant autour de Hôr s’éteignaient et le jour, le grand jour triomphant se levait sur ce petit monde. »
Extrait de : M. Limat. « Le serpent de rubis – Bruno Coqdor. »
Et la pluie tomba sur Mars par Maurice Limat

Fiche de Et la pluie tomba sur Mars
Titre : Et la pluie tomba sur Mars (Tome 37 sur 39 – Bruno Coqdor)
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1986
Editeur : Fleuve noir
Première page de Et la pluie tomba sur Mars
« Mlle l’ingénieur en chef arpentait le bureau d’un pas nerveux. Plus que nerveux, aurait-on pu
dire.
Elle s’arrêta un instant, face à la vaste baie. Devant elle, s’étendait à l’infini, désespérément morne, la lande martienne aux reflets rougeâtres, ces terrains d’immensité rouillés depuis des millénaires, ces rocs où domine l’oxyde de fer qui donne à la planète sa célèbre couleur rouge.
Sur sa gauche, elle pouvait apercevoir les premiers glaciers. Les contreforts initiaux de cet amoncellement monstrueux de glace constituant la calotte polaire du sud martien. Et au-dessus, le ciel. Blanchâtre, laissant apparaître des étoiles apparemment fixes en raison de la ténuité de l’atmosphère. Une atmosphère qui existait cependant, ce qu’avaient pu constater, quelques décennies plus tôt, les premiers pionniers. Il n’en fallait pas moins des poumons solides et un entraînement particulier pour vivre sur Mars. Et y travailler, comme on était en train d’y travailler lors de cette mission qui représentait la première étape de la plus formidable entreprise de tous les temps. »
Extrait de : M. Limat. « Et la pluie tomba sur Mars – Bruno Coqdor. »