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Le double corps du roi par T. Day et U. Bellagamba

Fiche de Le double corps du roi

Titre : Le double corps du roi
Auteur : Thomas Day et Ugo Bellagamba
Date de parution : 2003
Editeur : Gallimard

Première page de Le double corps du roi

« Nous y sommes, Général. C’est ici que tout va se jouer », annonça Argo de Thrace.

Ce dernier avait arrêté sa monture juste avant l’ombre portée par les monts arasés au cœur desquels s’ouvrait le défilé d’Alankhar.

Sans prendre la peine de commenter la remarque de son officier en second, ou de jeter un coup d’œil à la petite troupe qui les escortait, le général Déléthérion posa la main droite sur le pommeau de la selle et stoppa sa chimère en tirant sur les rênes. La monture cristalline obéit instantanément, s’immobilisant aux côtés de celle d’Argo ; quand cela serait nécessaire, un claquement de langue suffirait à la faire repartir. L’officier en second tendit une gourde à son général, mais ce dernier l’ignora. »

Extrait de : U. Bellagamba et T. Day. « Le Double Corps Du Roi. »

La maison aux fenêtres de papier par T. Day

Fiche de La maison aux fenêtres de papier

Titre : La maison aux fenêtres de papier
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2009
Editeur : Gallimard

Première page de La maison aux fenêtres de papier

« C’est une sorte de rituel entre nous, de temps à autre, Wei me demande : « À quoi ressemble votre esprit, aujourd’hui ? »

Au fil des semaines que nous avons passées l’un au contact de l’autre, ma réponse a évolué ; ce qui ne m’empêche aucunement de me souvenir de la première fois que nous avons eu cette discussion, sur la plage, alors que le soleil disparaissait derrière les reliefs d’Amami. Je me souviens au mot près de ce que je lui ai dit et de ce qu’il m’a répondu. À cette époque, nos rapports étaient différents, embryonnaires, faussés en un sens. Un gouffre nous séparait. C’est fou à quel point les êtres peuvent changer en quelques semaines. Il leur suffit de se battre, côte à côte, de perdre des êtres qui leur sont chers, de faire des choix sur lesquels nul ne pourra revenir, de tomber puis de se relever. C’est ce qui nous est arrivé, à tous les deux. Entre le 9 août et le 3 octobre de cette cruelle année. »

Extrait de : T. Day. « La maison aux fenêtres de papier. »

L’instinct de l’équarrisseur par T. Day

Fiche de L’instinct de l’équarrisseur

Titre : L’instinct de l’équarrisseur – Vie et mort de Sherlock Holmes
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2002
Editeur : Gallimard

Première page de L’instinct de l’équarrisseur

« Parce que Madame Smith, sa gouvernante, avait pris un congé exceptionnel pour rendre visite à un neveu à Salisbury, que Touie était au lit avec un ventre rendu capricieux par sa toute récente grossesse et que l’atmosphère calme de la maison, bien que propice au travail, était devenue rapidement trop pesante, Arthur quitta le refuge de son cabinet médical tôt dans l’après-midi, après avoir embrassé sa femme et lui avoir administré un placebo contre les nausées ― craignant qu’un traitement plus puissant ne nuise à l’enfant qu’elle portait.

Dans les heures qui suivirent, il fit une longue promenade qui le mena de Southsea au centre-ville de Portsmouth, puis au pub The hammer and the fox où il vida une bonne pinte de bièrecrémeuse. »

Extrait de : T. Day. « L’instinct de l’équarrisseur. »

L’automate de Nuremberg par T. Day

Fiche de L’automate de Nuremberg

Titre : L’automate de Nuremberg
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2006
Editeur : Gallimard

Première page de L’automate de Nuremberg

« Il fallait bien que cela arrive un jour, et je commence donc mon cinquième journal par la conclusion logique des événements précédemment relatés pages 91 à 128 du quatrième volume de mes mémoires et interrogations ; ainsi, l’histoire d’amour et de haine qui lie, depuis les toutes premières années du siècle, Napoléon Bonaparte à la Russie (victoires d’Austerlitz et d’Iéna, signature du traité de Tilsit, catastrophique campagne de 1812 soldée par le passage tragique de la Berezina, siège de Paris, contre-offensive de 1815 et victoire d’Aix-la-Chapelle), cette histoire semble aujourd’hui, 13 septembre 1824, trouver son point final dans la chute de Moscou et la signature du traité de Nijni (cette grosse bourgade située à l’est de Moscou et dotée d’une académie militaire, où le tsar Alexandre et sa suite, dont je fais encore partie pour quelques heures, se sont réfugiés alors que les troupes françaises approchaient de la capitale). »

Extrait de : T. Day. « L’automate de Nuremberg. »

Du sel sous les paupières par T. Day

Fiche de Du sel sous les paupières

Titre : Du sel sous les paupières
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2012
Editeur : Gallimard

Première page de Du sel sous les paupières

« Tout en traits fins, comme les portraits gravés sur les pièces de monnaie, six visages veillaient ce soir-là sur les rues de Cork : Michael « Big Fellow » Collins, Cathal Brugha, Joe O’Reilly, Harry Bolland, Robert
Barton et Pierce Beasley — tous hauts dirigeants du Sinn Fein ou de l’I.R.A., tous condamnés à mort par la justice de l’Empire, pour meurtre et activités séditieuses. Ne manquait à cette galerie de portraits qu’Eamon De Valera, le président du Dail Eireann, « réfugié » aux États-Unis depuis la mi-mai 1919.

Toute la journée, sans doute pour célébrer le cinquième anniversaire de l’insurrection de Pâques et la naissance de l’Armée républicaine irlandaise, les soldats anglais, notamment les Black and Tans coiffés de leur fameux béret noir, avaient collé des affiches de mise à prix sur les murs de brique ou blanchis à la chaux, les hautes portes des bâtiments consacrés, les troncs des plus gros arbres et sur certaines vitrines. »

Extrait de : T. Day. « Du Sel Sous Les Paupières. »

L’homme qui voulait tuer l’Empereur par T. Day

Fiche de L’homme qui voulait tuer l’Empereur

Titre : L’homme qui voulait tuer l’Empereur (Tome 2 sur 2 – La voie du sabre)
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2005
Editeur : Gallimard

Première page de L’homme qui voulait tuer l’Empereur

« Impassible, assis dans la position du Bouddha, le seigneur Ichimonji Daigoro observe les corps que ses serviteurs viennent d’allonger devant lui, à une coudée de ses genoux : trois cadavres enveloppés dans des soieries provenant de la lingerie seigneuriale. Non loin, bée un sac de toile épaisse, de ceux qu’on utilise pour entreposer le riz durant l’hiver. Dans ce sac écru, mouillé de rouge brunissant, ont été rassemblées les têtes tranchées, rictus et sang coagulé, des sept samouraïs à qui Daigoro avait confié la sécurité de son épouse enceinte, Yuna, et celle de leurs enfants en bas âge, Riuji et Sadako. Ces samouraïs avaient pour mission d’accompagner Yuna jusqu’à la forteresse de son père, Bunraku Izechi. Ils ont échoué, fauchés par une patrouille impériale.

Sans doute parce que Daigoro ne pleure pas, sa concubine Shirôzaemon Reiko inonde de ses larmes salées l’estrade de teck sur laquelle s’alignent en un même rang les blancs tatamis servant de sièges au seigneur et à sa suite. »

Extrait de : T. Day. « L’homme qui voulait tuer l’empereur – La voie du sabre. »

La voie du sabre par T. Day

Fiche de La voie du sabre

Titre : La voie du sabre (Tome 1 sur 2 – La voie du sabre)
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2002
Editeur : Gallimard

Première page de La voie du sabre

« Je me prénomme Mikédi comme mon grand-père paternel ; je suis le fils du Seigneur Nakamura Ito et de la noble dame Suki originaire de la petite ville de Kawanoe, sur la côte orientale du Poisson-Chat Kyushu.

J’ai vu le jour sous les premiers bourgeons de cerisier de l’année du serpent bicéphale. Cette année-là, l’Empereur-Dragon Tokugawa Oshone venait de fêter sa cent soixante-huitième année de règne. Je suis né le jour même de sa victoire éclatante sur l’envahisseur portugais, le 7 mars 1614 si je me réfère au calendrier de ces barbares, exactement trente-huit jours et deux mille cent soixante-dix-sept ans après la naissance du prince Siddhartha Gautama qui devint notre Bouddha.

Au moment où je trace sur la feuille ces kana qui précèdent le début réel de mon récit, je n’ai pas encore trente ans, et je sais pertinemment que je ne les atteindrai jamais. Je demeure dans une des mille cavernes qui percent les flancs des monts veillant sur la petite ville de Nagano. »

Extrait de : T. Day. « La voie du sabre – La voie du sabre. »

Les larmes d’Icare par D. Simmons

Fiche de Les larmes d’Icare

Titre : Les larmes d’Icare
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard

Première page de Les larmes d’Icare

« Laissant le clair de lune derrière lui, le vol 001 de la Pan Am plongea dans la masse sombre des nuages pour entamer sa descente vers New Delhi. Baedecker jeta un coup d’œil par le hublot de bâbord et sentit l’attraction terrestre s’exercer sur lui, accentuant son angoisse d’ancien pilote réduit en cet instant crucial à l’état de simple passager. Le train d’atterrissage toucha le tarmac en douceur et Baedecker consulta sa montre. 3 h 47 heure locale. Son regard glissa vers l’aile, et des particules de douleur dansèrent dans son crâne lorsqu’il vit défiler derrière les feux de position les immeubles et les châteaux d’eau découpés en ombres chinoises. Le lourd 747 obliqua brusquement sur la droite pour se diriger vers son aire de stationnement. »

Extrait de : D. Simmons. « Les larmes d’Icare. »

Les fosses d’Iverson par D. Simmons

Fiche de Les fosses d’Iverson

Titre : Les fosses d’Iverson
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1988
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard

Première page de Les fosses d’Iverson

« Nous autres Américains avons le chic pour transformer nos hauts lieux nationaux en monuments au mauvais goût et à la vulgarité. Peut-être parce que nous sommes une nation trop jeune et dépourvue du sens de l’histoire ; peut-être parce que notre territoire – à l’exception de celui des Etats confédérés – n’a jamais eu à subir un bombardement, une occupation ou une invasion (non, je ne compte pas ce que les Anglais ont fait à Washington City… rares furent les Américains qui le remarquèrent, plus rares encore ceux qui s’en soucièrent), et que le sens du sacrifice en est un peu absent.

Il existe pourtant certains hauts lieux qui résistent aux assauts de la vulgarité. Il est difficile de visiter le mémorial Lincoln durant la nuit sans se sentir dans la peau de Mr. Smith débarquant au Sénat. La première fois que j’ai visité ce lieu à minuit, j’ai été affligé durant trois jours d’un bégaiement à la James Stewart. »

Extrait de : D. Simmons. « Les Fosses d’Iverson. »

L’épée de Darwin par D. Simmons

Fiche de L’épée de Darwin

Titre : L’épée de Darwin
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2000
Traduction : G. Abadia
Editeur : Gallimard

Première page de L’épée de Darwin

« Le téléphone sonna quelques minutes après 4 heures du matin.

– Toi qui aimes les accidents, Dar, il faudrait que tu voies celui-là.

– J’aime les accidents, moi ? Première nouvelle !
Il n’avait pas demandé qui c’était. Il avait reconnu tout de suite la voix de Paul Cameron, bien qu’ils ne se soient pas vus depuis plus d’un an.
Cameron faisait partie de la police de la route de Californie basée à Palm Springs.

– D’accord, lui dit l’officier de police. Disons que tu aimes les énigmes.
Dar se tourna pour regarder la montre.

– Pas à quatre heures huit du matin, grommela-t-il.

– Celui-là vaut le coup.
La voix résonnait dans l’écouteur, comme si c’était une liaison radio ou un téléphone portable. »

Extrait de : D. Simmons. « L’épée de Darwin. »