Étiquette : Gallimard
Du sel sous les paupières par T. Day

Fiche de Du sel sous les paupières
Titre : Du sel sous les paupières
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2012
Editeur : Gallimard
Première page de Du sel sous les paupières
« Tout en traits fins, comme les portraits gravés sur les pièces de monnaie, six visages veillaient ce soir-là sur les rues de Cork : Michael « Big Fellow » Collins, Cathal Brugha, Joe O’Reilly, Harry Bolland, Robert
Barton et Pierce Beasley — tous hauts dirigeants du Sinn Fein ou de l’I.R.A., tous condamnés à mort par la justice de l’Empire, pour meurtre et activités séditieuses. Ne manquait à cette galerie de portraits qu’Eamon De Valera, le président du Dail Eireann, « réfugié » aux États-Unis depuis la mi-mai 1919.
Toute la journée, sans doute pour célébrer le cinquième anniversaire de l’insurrection de Pâques et la naissance de l’Armée républicaine irlandaise, les soldats anglais, notamment les Black and Tans coiffés de leur fameux béret noir, avaient collé des affiches de mise à prix sur les murs de brique ou blanchis à la chaux, les hautes portes des bâtiments consacrés, les troncs des plus gros arbres et sur certaines vitrines. »
Extrait de : T. Day. « Du Sel Sous Les Paupières. »
L’homme qui voulait tuer l’Empereur par T. Day

Fiche de L’homme qui voulait tuer l’Empereur
Titre : L’homme qui voulait tuer l’Empereur (Tome 2 sur 2 – La voie du sabre)
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2005
Editeur : Gallimard
Première page de L’homme qui voulait tuer l’Empereur
« Impassible, assis dans la position du Bouddha, le seigneur Ichimonji Daigoro observe les corps que ses serviteurs viennent d’allonger devant lui, à une coudée de ses genoux : trois cadavres enveloppés dans des soieries provenant de la lingerie seigneuriale. Non loin, bée un sac de toile épaisse, de ceux qu’on utilise pour entreposer le riz durant l’hiver. Dans ce sac écru, mouillé de rouge brunissant, ont été rassemblées les têtes tranchées, rictus et sang coagulé, des sept samouraïs à qui Daigoro avait confié la sécurité de son épouse enceinte, Yuna, et celle de leurs enfants en bas âge, Riuji et Sadako. Ces samouraïs avaient pour mission d’accompagner Yuna jusqu’à la forteresse de son père, Bunraku Izechi. Ils ont échoué, fauchés par une patrouille impériale.
Sans doute parce que Daigoro ne pleure pas, sa concubine Shirôzaemon Reiko inonde de ses larmes salées l’estrade de teck sur laquelle s’alignent en un même rang les blancs tatamis servant de sièges au seigneur et à sa suite. »
Extrait de : T. Day. « L’homme qui voulait tuer l’empereur – La voie du sabre. »
La voie du sabre par T. Day

Fiche de La voie du sabre
Titre : La voie du sabre (Tome 1 sur 2 – La voie du sabre)
Auteur : Thomas Day
Date de parution : 2002
Editeur : Gallimard
Première page de La voie du sabre
« Je me prénomme Mikédi comme mon grand-père paternel ; je suis le fils du Seigneur Nakamura Ito et de la noble dame Suki originaire de la petite ville de Kawanoe, sur la côte orientale du Poisson-Chat Kyushu.
J’ai vu le jour sous les premiers bourgeons de cerisier de l’année du serpent bicéphale. Cette année-là, l’Empereur-Dragon Tokugawa Oshone venait de fêter sa cent soixante-huitième année de règne. Je suis né le jour même de sa victoire éclatante sur l’envahisseur portugais, le 7 mars 1614 si je me réfère au calendrier de ces barbares, exactement trente-huit jours et deux mille cent soixante-dix-sept ans après la naissance du prince Siddhartha Gautama qui devint notre Bouddha.
Au moment où je trace sur la feuille ces kana qui précèdent le début réel de mon récit, je n’ai pas encore trente ans, et je sais pertinemment que je ne les atteindrai jamais. Je demeure dans une des mille cavernes qui percent les flancs des monts veillant sur la petite ville de Nagano. »
Extrait de : T. Day. « La voie du sabre – La voie du sabre. »
Les larmes d’Icare par D. Simmons

Fiche de Les larmes d’Icare
Titre : Les larmes d’Icare
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard
Première page de Les larmes d’Icare
« Laissant le clair de lune derrière lui, le vol 001 de la Pan Am plongea dans la masse sombre des nuages pour entamer sa descente vers New Delhi. Baedecker jeta un coup d’œil par le hublot de bâbord et sentit l’attraction terrestre s’exercer sur lui, accentuant son angoisse d’ancien pilote réduit en cet instant crucial à l’état de simple passager. Le train d’atterrissage toucha le tarmac en douceur et Baedecker consulta sa montre. 3 h 47 heure locale. Son regard glissa vers l’aile, et des particules de douleur dansèrent dans son crâne lorsqu’il vit défiler derrière les feux de position les immeubles et les châteaux d’eau découpés en ombres chinoises. Le lourd 747 obliqua brusquement sur la droite pour se diriger vers son aire de stationnement. »
Extrait de : D. Simmons. « Les larmes d’Icare. »
Les fosses d’Iverson par D. Simmons

Fiche de Les fosses d’Iverson
Titre : Les fosses d’Iverson
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1988
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard
Première page de Les fosses d’Iverson
« Nous autres Américains avons le chic pour transformer nos hauts lieux nationaux en monuments au mauvais goût et à la vulgarité. Peut-être parce que nous sommes une nation trop jeune et dépourvue du sens de l’histoire ; peut-être parce que notre territoire – à l’exception de celui des Etats confédérés – n’a jamais eu à subir un bombardement, une occupation ou une invasion (non, je ne compte pas ce que les Anglais ont fait à Washington City… rares furent les Américains qui le remarquèrent, plus rares encore ceux qui s’en soucièrent), et que le sens du sacrifice en est un peu absent.
Il existe pourtant certains hauts lieux qui résistent aux assauts de la vulgarité. Il est difficile de visiter le mémorial Lincoln durant la nuit sans se sentir dans la peau de Mr. Smith débarquant au Sénat. La première fois que j’ai visité ce lieu à minuit, j’ai été affligé durant trois jours d’un bégaiement à la James Stewart. »
Extrait de : D. Simmons. « Les Fosses d’Iverson. »
L’épée de Darwin par D. Simmons

Fiche de L’épée de Darwin
Titre : L’épée de Darwin
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2000
Traduction : G. Abadia
Editeur : Gallimard
Première page de L’épée de Darwin
« Le téléphone sonna quelques minutes après 4 heures du matin.
– Toi qui aimes les accidents, Dar, il faudrait que tu voies celui-là.
– J’aime les accidents, moi ? Première nouvelle !
Il n’avait pas demandé qui c’était. Il avait reconnu tout de suite la voix de Paul Cameron, bien qu’ils ne se soient pas vus depuis plus d’un an.
Cameron faisait partie de la police de la route de Californie basée à Palm Springs.
– D’accord, lui dit l’officier de police. Disons que tu aimes les énigmes.
Dar se tourna pour regarder la montre.
– Pas à quatre heures huit du matin, grommela-t-il.
– Celui-là vaut le coup.
La voix résonnait dans l’écouteur, comme si c’était une liaison radio ou un téléphone portable. »
Extrait de : D. Simmons. « L’épée de Darwin. »
Le chant de Kali par D. Simmons

Fiche de Le chant de Kali
Titre : Le chant de Kali
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1985
Traduction : B. Emerich
Editeur : Gallimard
Première page de Le chant de Kali
« — Bobby, n’y va pas, me disait mon ami. Ça n’en vaut pas la peine.
C’était en juin 1977. J’étais venu du New Hampshire à New York en vue de fignoler avec le rédacteur en chef de Harper’s pour qui je travaillais les détails de mon voyage à Calcutta. Ensuite je décidai d’aller rendre visite à mon ami, Abe Bronstein. Après plusieurs heures passées dans les hauteurs des bureaux de Harper’s surplombant Madison Avenue, le petit building de quartier qui abritait notre modeste revue littéraire avait l’air bien pitoyable.
Abe était dans son bureau tout encombré. Il était seul et préparait la publication du numéro d’automne de Voices. Malgré les fenêtres ouvertes, il régnait dans la pièce une odeur rance : celle du cigare éteint que mâchonnait Abe.
— Bobby, ne va pas à Calcutta, me répéta-t-il. Laisses-en un autre y aller à ta place. »
Extrait de : D. Simmons. « Le chant de Kali. »
L’échiquier du mal 2 par D. Simmons

Fiche de L’échiquier du mal 2
Titre : L’échiquier du mal 2
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard
Première page de L’échiquier du mal 2
« Le Centre mondial de diffusion de la Bible, vingt-trois bâtiments d’un blanc étincelant dispersés sur un terrain de plus de soixante hectares, se trouvait à huit kilomètres au sud de Dothan. Le centre du complexe était le palais de l’Adoration, une monstruosité de verre et de granit, un amphithéâtre climatisé et somptueusement moquetté capable d’accueillir six mille fidèles dans le confort le plus total. Les huit cents mètres en courbe du boulevard de la Foi étaient pavés de briques dorées, argentées et blanches représentant respectivement des dons de cinq mille, mille et cinq cents dollars. Les visiteurs qui survolaient le boulevard de la Foi, peut-être à bord d’un des trois jets privés du Centre, pensaient souvent à un large sourire blanc orné de plusieurs dents en or et d’une rangée de plombages en argent. Le sourire devenait chaque année plus large et plus doré. »
Extrait de : D. Simmons. « L’échiquier du mal – Tome 2. »
L’échiquier du mal 1 par D. Simmons

Fiche de L’échiquier du mal 1
Titre : L’échiquier du mal 1
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1989
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Gallimard
Première page de L’échiquier du mal 1
« Saul Laski gisait parmi les morts en sursis dans un camp d’extermination et pensait à la vie. Saul frissonnait dans le noir et le froid, s’efforçant de se rappeler les détails d’un matin de printemps la lumière dorée qui caresse les branches des saules ployant au-dessus du ruisseau, le champ de pâquerettes blanches derrière les bâtiments en pierre de la ferme de son oncle.
Le baraquement était plongé dans un silence que venaient seulement troubler les quintes de toux rauque et les mouvements furtifs des Musselmänner, les morts-vivants, qui cherchaient vainement un peu de chaleur dans la paille froide. Un vieillard fut secoué par une toux spasmodique signalant la fin d’une longue lutte désespérée. Il serait mort à l’aube. Ou s’il survivait à la nuit, il n’aurait pas la force d’aller dans la neige répondre à l’appel du matin, ce qui signifiait qu’il serait mort avant midi. »
Extrait de : D. Simmons. « L’échiquier du mal – Tome 1. »
Vengeance par D. Simmons

Fiche de Vengeance
Titre : Vengeance (Tome 1 sur 3 – Joe Kurtz)
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 2000
Traduction : G. Abadia
Editeur : Gallimard
Première page de Vengeance
« Tard dans l’après-midi, un mardi, Joe Kurtz tapa à la porte de l’appartement d’Eddie Falco.
— Qui c’est ? demanda Eddie, juste derrière.
Kurtz s’écarta et répondit quelque chose d’inintelligible.
— Hein ? demanda Eddie. Qui c’est, bordel ?
Kurtz renouvela ses borborygmes d’un ton d’urgence.
— Merde ! fit Eddie en tournant le verrou.
Pistolet à la main, il entrebâilla la porte, mais sans défaire la chaîne de sécurité.
Kurtz enfonça la porte d’un coup de pied, arrachant la chaîne avec sa fixation. Il fonça sur Eddie, qu’il entraîna au milieu de la pièce. Falco le dépassait d’une demi-tête et lui rendait au moins quinze kilos, mais Kurtz avait l’avantage de l’élan.
Eddie abaissa son Browning 9 mm. Sans cesser d’entraîner son adversaire plus grand que lui vers le mur opposé où le store en bois de la fenêtre était baissé, Kurtz avait mis son bras en travers du torse d’Eddie, dont il broyait le bras de sa main droite, à la base du biceps. Il glissa vivement sa main gauche sur le Browning. »
Extrait de : D. Simmons. « Vengeance – Joe Kurtz. »