Étiquette : Gallimard

 

Les menhirs de glace par K. S. Robinson

Fiche de Les menhirs de glace

Titre : Les menhirs de glace
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1984
Traduction : L. Carissimo
Editeur : Gallimard

Première page de Les menhirs de glace

« Je butai sur le premier signe avant-coureur de la mutinerie alors que nous approchions de la frange intérieure de la première ceinture d’astéroïdes. Bien sûr, je ne compris pas sur le moment ce que cela signifiait ; ce n’était qu’une porte fermée.

Nous appelons cette première ceinture la Zone, parce que les astéroïdes qui la composent sont faits de basalte achondrite, sans aucune utilité pour les mineurs. Mais nous allions bientôt arriver parmi les chondrites carbonées et j’étais descendue ce jour-là à la ferme pour m’occuper des préparatifs. Je donnai un peu plus de lumière aux algues, car dans les semaines à venir, quand les barges sortiraient débiter les rochers, il y aurait une déperdition appréciable d’oxygène et nous aurions besoin de plus de chlorelles pour aider à équilibrer les échanges gazeux. »

Extrait de : K. S. Robinson. « Les menhirs de glace. »

Rien ne brûle en enfer par P. J. Farmer

Fiche de Rien ne brûle en enfer

Titre : Rien ne brûle en enfer
Auteur : Philip José Farmer
Date de parution : 1998
Traduction : L. Devaux
Editeur : Gallimard

Première page de Rien ne brûle en enfer

« Ces derniers temps, mes plus atroces cauchemars sont à propos de l’argent.

J’étais dans le bureau du directeur de la Banque Nationale Pourrie. Je suppliais : « Monsieur, si vous repoussez la date de remboursement de mon prêt, je vous cire les pompes et j’embrasse votre gros cul lisse et brillant. S’il vous plaît ! »

Le directeur avait l’air assez vieux pour être à l’origine du Big Bang. Ses yeux, même s’il lui en manquait un, je le savais, étaient cachés par des lunettes de soleil bleu ciel. La plus grande partie de son costume, lui aussi bleu ciel, disparaissait sous une énorme barbe blanche. Sur le bureau géant en cendre de bois derrière lequel il était assis, se trouvait une statuette de sainte Fric, Notre-Dame-des-Recettes. Tout près, trônait un téléphone en forme de Bugs Bunny. Il n’arrêtait pas de sonner, mais le vieil homme n’y prêtait aucune attention. »

Extrait de : P. J. Farmer. « Rien ne brûle en Enfer. »

Les amants étrangers par P. J. Farmer

Fiche de Les amants étrangers

Titre : Les amants étrangers
Auteur : Philip José Farmer
Date de parution : 1961
Traduction : M. Deutsch, N. Fischer
Editeur : Gallimard

Première page de Les amants étrangers

« Très loin, quelqu’un murmurait : « Il faut que je parte. Il doit bien y avoir une issue. »
Hal Yarrow se réveilla en sursaut et se rendit compte que c’était lui qui avait parlé. Pourtant, les paroles prononcées ne correspondaient pas au rêve dont il émergeait.
Qu’avait-il voulu dire en marmonnant ces mots ? Et quel était cet endroit? Avait-il véritablement voyagé dans le temps ou s’agissait-il d’un rêve subjectif? Le souvenir demeurait si vif que Hal peinait à réintégrer l’univers ambiant.
Un coup d’œil sur l’homme assis à ses côtés lui éclaircit l’esprit. Il se trouvait dans la malle de Sigmenville, en 550 apr. S. — 3050 apr. J.-C., ancien style, lui souffla son cerveau d’érudit —, non sur une planète étrangère à des années-lumière d’ici, comme dans son rêve, et encore moins face au glorieux Isaac Sigmen, le Précurseur, réel soit son nom. »

Extrait de : P. J. Farmer. « Les Amants étrangers. »

Les seins de glace par R. Matheson

Fiche de Les seins de glace

Titre : Les seins de glace
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1954
Traduction : F. M. Watkins
Editeur : Gallimard

Première page de Les seins de glace

« Il faisait plutôt frisquet, ce jour-là, je m’en souviens. Le ciel était légèrement couvert ; les falaises paraissaient grisâtres sous leur voile de brume. C’est sans doute pour ça qu’il n’y avait pas foule sur la plage. De plus nous étions en semaine, avant les vacances scolaires. Le mois de juin, quoi ! Tout compte fait, vous voyez le tableau : une immense étendue de sable où nous étions seuls, elle et moi.

J’avais commencé par lire. Mais ça devenait rasant. Abandonnant mon livre, je restai assis, les bras noués autour des genoux, à me régaler du point de vue.

Elle portait un maillot une pièce. Elle devait faire dans les un mètre soixante-cinq. Mince, mais bien roulée. Elle paraissait fascinée par les vagues. Ses cheveux blonds, coupés court, voletaient légèrement sous la brise. »

Extrait de : R. Matheson. « Les seins de glace. »

Le jeune homme, la mort et le temps par R. Matheson

Fiche de Le jeune homme, la mort et le temps

Titre : Le jeune homme, la mort et le temps
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1975
Traduction : R. Blunden
Editeur : Gallimard

Première page de Le jeune homme, la mort et le temps

« La route de Long Valley défile sous mes pneus. Belle journée ; soleil radieux, ciel bleu. Je longe des barrières peintes en blanc. Un cheval m’examine. Les verts pâturages de la région de Los Angeles. La route monte et descend. Dimanche matin. Paisible. Des poivriers bordent la route, leur feuillage caressé par la brise.

La sortie ne doit plus être loin. Fini, Bob et Mary, fini leur maison, mon petit bungalow au fond du parc ; fini Kit qui venait me rendre visite pendant que je travaillais, cognait des sabots, soupirait, hennissait, gémissait, puis, n’ayant pas réussi à attirer mon attention, cognait son museau contre le mur dans l’espoir d’obtenir quelque friandise. Fini, tout ça.

La descente finale et le dernier cassis de ralentissement. Devant moi, l’autoroute de Ventura et le vaste monde. Adios Amigos peint sur le panneau surplombant le portail. Adieu, Hidden Hills. »

Extrait de : R. Matheson. « Le jeune homme, la mort et le temps. »

Jour de fureur par Richard Matheson

Fiche de Jour de fureur

Titre : Jour de fureur
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1953
Traduction : F.-M. Watkins
Editeur : Gallimard

Première page de Jour de fureur

« 1 h du matin

Le clair de lune brillait sur sa figure, pendant qu’il jouait une marche funèbre. Mais il n’y avait pas de piano. Rien que l’étroit lit de camp sur lequel il était allongé ; en guise de matelas, une simple couverture brune pliée en deux. Sa tête reposait sur un mince oreiller. Le rayon de lune qui tombait de biais sur son corps éclairait ses mains maigres qui jouaient du Chopin sur ses cuisses. La salle était silencieuse, mais la musique résonnait dans sa tête.

Vincent avait une abondante chevelure noire en désordre et des yeux sombres. Vingt-six ans. Sa figure semblait avoir été sculptée par un artiste qui n’avait pas su s’arrêter une fois son œuvre achevée et qui, cherchant la perfection, avait taillé jusqu’à l’extrême finesse des oreilles et des narines diaphanes, des lèvres et un menton fragiles comme du verre, prêts à se briser au moindre choc ; le tout d’un blanc d’albâtre, d’ivoire. »

Extrait de : R. Matheson. « Jour de fureur. »

Je suis une légende par R. Matheson

Fiche de Je suis une légende

Titre : Je suis une légende
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1954
Traduction : N. Serval
Editeur : Gallimard

Première page de Je suis une légende

« Lorsque le ciel  – comme c’était le cas ces jours-ci  – était nuageux, Robert Neville ne se rendait pas toujours compte de l’approche du soir, et parfois ils auraient pu envahir les rues avant qu’il ne fût rentré chez lui.

S’il avait eu l’esprit plus précis, il aurait pu calculer approximativement le moment de leur arrivée ; mais il avait gardé la vieille habitude de s’en remettre à la couleur du ciel. Par temps couvert, cette méthode n’était pas sûre et c’est pourquoi, ces jours-là, il préférait ne pas s’éloigner de sa demeure…

Il fit le tour de la maison, une cigarette collée au coin de la bouche, et examina chaque fenêtre pour s’assurer qu’aucune planche ne manquait : après certains assauts particulièrement violents, il arrivait que plusieurs fussent fendues ou à demi arrachées. Il lui fallait alors les remplacer, et il détestait cela. Aujourd’hui, une seule manquait. « Curieux », pensa-t-il… »

Extrait de : R. Matheson. « Je suis une légende. »

De la part des copains par R. Matheson

Fiche de De la part des copains

Titre : De la part des copains
Auteur : Richard Matheson
Date de parution : 1960
Traduction : B. Martin
Editeur : Gallimard

Première page de De la part des copains

« La sonnerie du téléphone retentit dans l’entrée.
— Qui peut bien nous appeler à une heure pareille ? demanda Helen en se redressant devant la machine à laver la vaisselle.
— Tu as envie de jouer aux devinettes ? Je donne tout de suite ma langue au chat, répliqua Chris.
Helen lui fit une grimace.
— Tu es en grande forme ce soir !
— On fait ce qu’on peut !
— On peut peu !
Souriante, Helen sortit de la cuisine et traversa le living-room où le tapis assourdissait le bruit de ses mules. Dans l’entrée, la sonnerie stridente tintait toujours. Elle songea qu’on aurait dû la faire poser dans la cuisine. »

Extrait de : R. Matheson. « De la part des copains. »

La trilogie du béton par J. G. Ballard

Fiche de La trilogie du béton

Titre : La trilogie du béton – intégrale
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 2015
Traduction : R. Louit, G. Fradier
Editeur : Gallimard

Sommaire de La trilogie du béton

  • Crash !
  • L’île de béton
  • I. G. H.

Première page de Crash !

« Vaughan est mort hier dans son dernier accident. Le temps que dura notre amitié, il avait répété sa mort en de multiples collisions, mais celle-là fut la seule vraie. Lancée vers la limousine de l’actrice, sa voiture a franchi le garde-corps du toboggan de l’aéroport de Londres et plongé à travers le toit d’un car rempli de voyageurs. Les corps broyés en grappes des touristes, comme une hémorragie du soleil, étaient toujours plaqués sur les sièges de vinyle lorsque je me suis frayé un chemin parmi les techniciens de la police, une heure plus tard. Cramponnée au bras de son chauffeur, l’actrice Elizabeth Taylor, avec qui Vaughan avait depuis tant de mois rêvé de mourir, se tenait à l’écart sous les feux tournants de l’ambulance. Quand je me suis penché au-dessus de Vaughan, elle a porté une main gantée à sa gorge.
Voyait-elle, dans la position du corps, la formule de mort que Vaughan avait conçue pour elle ? Les dernières semaines de sa vie, Vaughan ne pensait qu’à la mort de l’actrice, à ce sacre des blessures qu’il avait mis en scène avec la dévotion d’un chef du protocole. »

Extrait de : J. G. Ballard. « La trilogie de béton : Crash, L’île de béton, I.G.H. »

Crash ! par J. G. Ballard

Fiche de Crash !

Titre : Crash ! (Tome 1 sur 3 – Béton)
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1973
Traduction : R. Louit
Editeur : Gallimard

Première page de Crash !

« Vaughan est mort hier dans son dernier accident. Le temps que dura notre amitié, il avait répété sa mort en de multiples collisions, mais celle-là fut la seule vraie. Lancée vers la limousine de l’actrice, sa voiture a franchi le garde-corps du toboggan de l’aéroport de Londres et plongé à travers le toit d’un car rempli de voyageurs. Les corps broyés en grappes des touristes, comme une hémorragie du soleil, étaient toujours plaqués sur les sièges de vinyle lorsque je me suis frayé un chemin parmi les techniciens de la police, une heure plus tard. Cramponnée au bras de son chauffeur, l’actrice Elizabeth Taylor, avec qui Vaughan avait depuis tant de mois rêvé de mourir, se tenait à l’écart sous les feux tournants de l’ambulance. Quand je me suis penché au-dessus de Vaughan, elle a porté une main gantée à sa gorge.

Voyait-elle, dans la position du corps, la formule de mort que Vaughan avait conçue pour elle ? Les dernières semaines de sa vie, Vaughan ne pensait qu’à la mort de l’actrice, à ce sacre des blessures qu’il avait mis en scène avec la dévotion d’un chef du protocole. »

Extrait de : J. G. Ballard. « Crash ! – Béton. »