Étiquette : Gallimard
Carmen par Prosper Mérimée

Fiche de Carmen
Titre : Carmen
Auteur : Prosper Mérimée
Date de parution : 1845
Editeur : Gallimard
Première page de Carmen
« J’avais toujours soupçonné les géographes de ne savoir ce qu’ils disent lorsqu’ils placent le champ de bataille de Munda dans le pays des Bastuli-Pœni, près de la moderne Monda, à quelque deux lieues au nord de Marbella. D’après mes propres conjectures sur le texte de l’anonyme, auteur du Bellum Hispaniense, et quelques renseignements recueillis dans l’excellente bibliothèque du duc d’Ossuna, je pensais qu’il fallait chercher aux environs de Montilla le lieu mémorable où, pour la dernière fois, César joua quitte ou double contre les champions de la république. Me trouvant en Andalousie au commencement de l’automne de 1830, je fis une assez longue excursion pour éclaircir les doutes qui me restaient encore. Un mémoire que je publierai prochainement ne laissera plus, je l’espère, aucune incertitude dans l’esprit de tous les archéologues de bonne foi. En attendant que ma dissertation résolve
enfin le problème géographique qui tient toute l’Europe savante en suspens, je veux vous raconter une petite histoire ; elle ne préjuge rien sur l’intéressante question de l’emplacement de Monda. »
Extrait de : Prosper Mérimée. « Carmen. »
Les racines du mal par M. G. Dantec

Fiche de Les racines du mal
Titre : Les racines du mal
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de parution : 1995
Editeur : Gallimard
Première page de Les racines du mal
« Andréas Schaltzmann s’est mis à tuer parce que son estomac pourrissait.
Le phénomène n’était pas isolé, tant s’en faut : cela faisait déjà longtemps que les ondes cosmiques émises par les Aliens faisaient changer ses organes de place. Son cerveau était soumis à un tir de barrage de radiations destinées à le transformer, lui aussi, comme tous les autres, en un robot sans conscience au service de l’inhumaine machinerie.
Depuis des années les nazis et les habitants de Vega s’étaient installés dans son quartier, et il était certain qu’ils ne s’en tenaient pas là. Partout, et jusqu’aux plus hautes arcanes de l’État, le complot des Créatures de l’Espace étendait ses ramifications destructrices. Andréas pouvait s’en rendre compte chaque jour, en regardant les émissions de télévision. Il y avait cet animateur de jeu qui complotait contre le Pape, et le Premier ministre Balladur dont tout laissait croire qu’il transformait les gens en poupées. »
Extrait de : Maurice G. Dantec. « Les racines du mal. »
La sirène rouge par M. G. Dantec

Fiche de La sirène rouge
Titre : La sirène rouge
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de parution : 1993
Editeur : Gallimard
Première page de La sirène rouge
« Le 17 avril 1993, quelques minutes avant que sa vie ne bascule tout à fait, Hugo Cornelius Toorop avait contemplé son visage dans la glace. Il y avait vu une longue tête un peu mélancolique, avec des sourcils en accents circonflexes. Ses yeux noirs brillaient comme deux billes laquées, sur des cernes qui mettraient sans doute un peu de temps à s’estomper. Deux rides faisaient leur apparition au coin de ses paupières. Elles s’étaient notablement accentuées, depuis peu.
Toute l’opération s’était pourtant déroulée à peu près comme convenu. Les armes avaient été livrées à ce qu’il restait de la République bosniaque. Cela n’avait pas été sans mal. Il avait même fallu éviter les navires de guerre occidentaux qui avaient établi un blocus militaire contre toute l’ex-Yougoslavie, depuis novembre précédent. Comme le disait Ari Moskiewicz, « les notions de bien et de mal ne font pas partie des subtilités enseignées à l’ENA ». »
Extrait de : Maurice G. Dantec. « La sirène rouge. »
Là où tombent les anges par M. G. Dantec

Fiche de Là où tombent les anges
Titre : Là où tombent les anges
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de parution : 1995
Editeur : Gallimard
Première page de Là où tombent les anges
« Il faisait une putain de chaleur et j’étais en train de me dire que je haïssais le mois de juin et les baies vitrées.
C’était pas vraiment à cause de la clim en rideau depuis des jours, ni même à cause des loyers en retard qui s’accumulaient, par simple je-m’en-foutisme, ni du courrier assez sec du proprio que j’avais trouvé dans la messagerie, en allumant la console d’un coup de zappeur.
Non, j’avais simplement vue plongeante sur le carrefour, derrière lequel se dressaient les bâtiments de la nouvelle université. Les baies vitrées n’étaient pas programmables dans l’arcologie Youri Gagarine à l’époque, et la disposition de mon bureau ne m’en faisait pas rater une miette. »
Extrait de : Maurice G. Dantec. « Là où tombent les anges. »
Babylon babies par M. G. Dantec

Fiche de Babylon babies
Titre : Babylon babies
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de parution : 1999
Editeur : Gallimard
Première page de Babylon babies
« Vivre était donc une expérience incroyable, où le plus beau jour de votre existence pouvait s’avérer le dernier, où coucher avec la mort vous garantissait de voir le matin suivant, et où quelques règles d’or s’imposaient avec constance: ne jamais marcher dans le sens du vent, ne jamais tourner le dos à une fenêtre, ne jamais dormir deux fois de suite au même endroit, rester toujours dans l’axe du soleil, n’avoir confiance en rien ni en personne, suspendre son souffle avec la perfection du mort vivant à l’instant de libérer le métal salvateur. Quelques variables pouvaient à l’occasion s’y glisser, la position du soleil dans le ciel, le temps qu’il faisait, et à qui on avait affaire.
De là où il se trouvait, accroupi au sommet du talus qui longeait le sentier, Toorop surplombait sa victime. À l’ouest, le soleil baissait sur l’horizon, laquant d’un jaune orange volcanique la terre ocre du haut Sin-kiang. L’air était sec, encore vibrant de la chaleur accumulée pendant toute la journée, et d’une pureté irréelle. C’était le temps idéal pour tuer quelqu’un. »
Extrait de : Maurice G. Dantec. « Babylon Babies. »
Villa vortex par M. G. Dantec

Fiche de Villa vortex
Titre : Villa vortex (Tome 1 sur 2 – Liber mundi)
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de parution : 2003
Editeur : Gallimard
Première page de Villa vortex
« Nul n’aurait pu prédire que le siècle commencerait très précisément avec la Fin des Temps. Pas plus moi qu’un autre.
D’ailleurs, qui prédit encore quelque chose ?
Pourtant, certains d’entre nous avaient eu, durant un bref moment, la vision d’une Apocalypse imminente, alors que les festivités de l’An 2000 illuminaient les fuseaux horaires les uns après les autres, dans la féerie télégénique de la culture globale.
La peur, à l’époque, venait d’une banale conversion des systèmes informatiques planétaires au changement de date. Un terrible « bogue » menaçait, peut-être, le système circulatoire cybernétique des sociétés de troisième type.
Les agences de sécurité du monde entier furent mises en alerte, des milliers d’ingénieurs travaillèrent jour et nuit contre le temps désormais cadencé par le quartz des microprocesseurs.
Mais l’An 2000 passa, et rien ne se produisit. »
Extrait de : Maurice G. Dantec. « Villa Vortex – Liber mundi. »
Laboratoire de catastrophe générale par M. G. Dantec

Fiche de Laboratoire de catastrophe générale
Titre : Laboratoire de catastrophe générale (Tome 2 sur 3 – Journal)
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de parution : 2001
Editeur : Gallimard
Première page de Laboratoire de catastrophe générale
« À cette assertion, profonde, de Heidegger, il convient de ne répliquer qu’après une mûre réflexion.
Dans le doute, et sans éclaircissement définitif, nous poserons juste la question ainsi :
Et si c’était la vérité qui était la mise en œuvre de l’art ?
Ne serait-elle pas même l’art de la mise en œuvre ?
Ce n’est pas parce qu’une proposition repose sur trois termes quelle échappe aux lois de la dialectique, même si celles-ci s’avèrent bien souvent infondées.
La puissance d’une démonstration est proportionnelle au nombre de tautologies quelle est en mesure
de briser. »
Extrait de : Maurice G. Dantec. « Laboratoire de catastrophe générale – Journal. »
Le théâtre des opérations par M. G. Dantec

Fiche de Le théâtre des opérations
Titre : Le théâtre des opérations (Tome 1 sur 3 – Journal)
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de parution : 1999
Editeur : Gallimard
Première page de Le théâtre des opérations
« Arrivée au Canada, le 6 décembre 1998, avec ma petite famille.
Ça y est, nous sommes des émigrés.
Le lendemain, on célèbre le 57e anniversaire de Pearl Harbor, et aujourd’hui correspond à la date du massacre de l’École polytechnique, en 1989.
Bienvenue en Amérique.
Les premiers jours sont instables, sous un ciel bleu d’une pureté douloureuse, surtout au crépuscule, comme s’il nous rappelait ce que nous avons quitté. Le fait d’avoir coupé les ponts avec la mère patrie et l’ouverture subséquente de notre mental au nouvel espace américain nous a projetés dans une drôle de zone dépressionnaire, comme dans l’œil d’un cyclone en formation.
Devenir américain. Réaliser l’impossibilité et la nécessité de la tâche dans le même mouvement de la pensée. »
Extrait de : M. G. Dantec. « Le théâtre des opérations – Journal. »
L’invention du professeur Costigan par J. Sohl

Fiche de L’invention du professeur Costigan
Titre : L’invention du professeur Costigan
Auteur : Jerry Sohl
Date de parution : 1953
Traduction : F. Grove
Editeur : Gallimard
Première page de L’invention du professeur Costigan
« La neige l’accueillit à son retour. Une neige de janvier crissante, poudreuse, glacée. Il l’apercevait au travers des vitres du taxi et par avance en redoutait le contact.
C’était la neige typique de Chicago et Devan Traylor savait ce que cela signifiait. À l’image de la cité, elle était envahissante, infiltrant un froid perçant par les trous de serrure, se glissant jusque sous les portes pour déposer sur le plancher d’humides témoins de sa présence. C’était le genre de temps qui mobilisait tous les hommes de corvée disponibles dans la ville pour lutter contre l’enneigement et garder les rues ouvertes à la circulation des voitures.
Une voix féminine pleine d’anxiété l’avait rappelé d’urgence de la Floride. Des événements importants, voire menaçants étaient sur le point d’éclater. »
Extrait de : J. Sohl. « L’invention du professeur Costigan. »
Le monde Narnia par C. S. Lewis

Fiche de Le monde Narnia
Titre : Le monde Narnia
Auteur : C. S. Lewis
Date de parution : 1998
Traduction : C. Dutheil de la Rochère, A.-M. Dalmais, P. Morgaut
Editeur : Gallimard
Sommaire de Le monde Narnia
- Le neveu du magicien
- Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique
- Le cheval et son écuyer
- Le Prince Caspian
- L’odyssée du Passeur d’Aurore
- Le fauteuil d’argent
- La dernière bataille
Première page de Le monde de Narnia
« C’est une histoire qui s’est passée il y a très longtemps, à l’époque où votre grand-père était un petit garçon. Une histoire très importante, car c’est elle qui permet de comprendre comment les échanges entre notre monde et le pays de Narnia ont commencé.
A cette époque, Sherlock Holmes vivait encore à Baker Street. A cette époque, si vous aviez été un petit garçon, vous auriez porté un uniforme de collégien au col empesé tous les jours, et les écoles étaient souvent plus strictes qu’aujourd’hui. En revanche, les repas étaient meilleurs. Quant aux bonbons, je ne vous dirai pas à quel point ils étaient exquis et bon marché, sinon je vous mettrais l’eau à la bouche pour rien. Onûn, à cette époque vivait à Londres une petite fille qui s’appelait Polly Plummer. »
Extrait de : C. S. Lewis. « Le Monde de Narnia – L’intégrale. »