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Os de lune par J. Carroll

Fiche de Os de lune

Titre : Os de lune
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 1987
Traduction : D. Michel-Chich, N. Duport
Editeur : Gallimard

Première page de Os de lune

« Le « garçon à la hache » habitait à l’étage du dessous. Nous nous connaissions car il promenait toujours un horrible petit chien que je ne manquais jamais de caresser quand je la croisais dans l’entrée de l’immeuble.

Ses photos révèlent un physique passe-partout à l’exception de ses lunettes presque toujours sales, le genre brumeux et poisseux qui vous donne envie de sortir votre mouchoir pour les nettoyer.

« Un brave garçon. » Pourquoi la presse utilise-t-elle toujours ce genre d’expression ? « Toutes les connaissances du meurtrier le décrivent comme un brave garçon, attaché à ses parents, un bon scout qui passait ses loisirs à collectionner les timbres d’Asie. »

Même Danny, mon adorable mari, fut de cet avis après avoir lu les détails, pourtant horribles. « Il avait l’air d’un brave type, tu ne trouves pas, Cullen ? Le “garçon à la hache”. Mon Dieu, quel surnom ! »

Extrait de : J. Carroll. « Os de Lune. »

L’arnaqueur par W. Tevis

Fiche de L’arnaqueur

Titre : L’arnaqueur
Auteur :  W. Tevis
Date de parution : 1959
Traduction : M. Duhamel
Editeur : Gallimard

Première page de L’arnaqueur

« Armé d’un volumineux trousseau de clés, Henry, noir et voûté, ouvrit la porte. Il venait de monter par l’ascenseur. Il était neuf heures du matin. L’énorme panneau de bois sculpté, teinté à l’origine façon acajou, avait tourné à l’ébène au bout de soixante années de fumées et de poussière. Henry poussa la porte, mit en place le butoir du bout de son pied bot et entra en boitillant dans la salle.

Il était inutile d’allumer, à cette heure, car les trois immenses fenêtres qui occupaient tout un pan de mur étaient orientées au soleil levant. Par-delà, c’était le plein jour, et un vaste secteur du centre de Chicago. Henry actionna le cordon de tirage et les lourds rideaux se replièrent de chaque côté des fenêtres en un drapé d’une élégance crasseuse, sur un panorama de buildings grisâtres, coupé de tranches de ciel d’un bleu virginal. »

Extrait de : W. Tevis. « L’arnaqueur. »

Les îles du soleil par I. R. MacLeod

Fiche de Les îles du soleil

Titre : Les îles du soleil
Auteur : I. R. MacLeod
Date de parution : 2005
Traduction : M. Charrier
Editeur : Gallimard

Première page de Les îles du soleil

« Ce soir, comme presque tous les dimanches soirs, un message de ma relation m’attend sur le mur du troisième box des toilettes publiques pour hommes de Christ Church Meadow. Il fut un temps où nous testions la craie, mais tout est nettoyé si régulièrement, de nos jours, qu’on nous l’effaçait souvent. Depuis, nous nous débrouillons en plantant l’ongle du pouce dans la peinture moelleuse.

L’édicule est devenu tellement propre et net qu’il ne ressemble plus guère à des toilettes publiques : rouleaux de papier sur tous les dévidoirs, lavabos immaculés, lunettes au bois poli, ancien combattant installé dans une cabine vitrée, à lire John Bull(1) en fumant des Capstan Full Strength. Toutefois, il est parti, à présent. Le tintement résonnant des cloches appelant à l’office du soir traverse la minuscule fenêtre en verre givré : huit heures passées, déjà. »

Extrait de : I. R. MacLeod. « Les îles du Soleil. »

La vitesse de l’obscurité par E. Moon

Fiche de La vitesse de l’obscurité

Titre : La vitesse de l’obscurité
Auteur : E. Moon
Date de parution : 2003
Traduction : L. du Breuil
Editeur : Gallimard

Première page de La vitesse de l’obscurité

« Des questions, toujours des questions. Ils n’attendent même pas les réponses. Ils se ruent sur moi et me bombardent de questions ; chaque minute n’est qu’un matraquage de questions qui m’ôte toute sensation pour ne laisser qu’une douleur semblable à celle de l’épine qui s’enfonce sous des coups de marteau.

Et des ordres. Si ce n’est pas : « Lou, c’est quoi ? », c’est : « Dis-moi quel est cet objet. » Une boule. La même boule, cent fois de suite ; une boule moche, une boule horrible, une boule d’ennui, une boule dure, sans intérêt. Cette boule sans intérêt ne m’intéresse pas.

Puisqu’ils ne m’écoutent pas, pourquoi leur parlerais-je ?

J’ai mieux à faire que de leur parler. Tout ce qui dans ma vie a eu de la valeur, je l’ai gagné au prix du silence, en leur cachant mes pensées profondes et en disant ce qu’ils voulaient entendre. »

Extrait de : E. Moon. « La vitesse de l’obscurité. »

Ventus par K. Schroeder

Fiche de Ventus

Titre : Ventus
Auteur : K. Schroeder
Date de parution : 2000
Traduction : M. Charrier
Editeur : Gallimard

Première page de Ventus

« Le manoir de Castor, l’Inspecteur du sel, s’étirait au sommet de la colline tel un chat somnolent. Ses murailles couvertes de lierre n’avaient jamais été attaquées ; les tours qu’elles protégeaient s’étaient faites moins anguleuses au fil des siècles, tandis que lichen et oiseaux s’y installaient peu à peu. La vaste demeure représentait l’élément le plus important de la vie de Jordan Maçon, après ses parents ; dans un de ses plus précoces souvenirs, assis au pied de l’enceinte, il regardait travailler son père.

En ce matin limpide du début d’automne, perché en équilibre instable au bord d’un échafaudage, à huit mètres du sol, il examinait le trou apparu tout récemment dans la muraille. Le jeune homme suivit du doigt le joint séparant deux pierres ; le mortier, sombre et granuleux, avait la même consistance que celui dont s’était servi un de ses ancêtres pour réparer le rectorat après un orage, deux cents ans plus tôt. »

Extrait de : K. Schroeder. « Ventus. »

Permanence par K. Schroeder

Fiche de Permanence

Titre : Permanence
Auteur : K. Schroeder
Date de parution : 2002
Traduction : J.-P. Pugi
Editeur : Gallimard

Première page de Permanence

« La découverte qui a rendu le voyage interstellaire réalisable et l’expansion de notre civilisation inévitable date de 1997, même si nul n’en a eu alors conscience.

Maria Teresa Ruiz, astrophysicienne à l’Universidad de Chile, cherchait des naines blanches lorsqu’elle a relevé une anomalie à trente années-lumière de la Terre : une tête d’épingle rouge à peine visible et isolée dans la constellation de l’Hydre. Son spectre ne révélait aucune présence d’oxyde de titane qui aurait permis de la cataloguer en tant que naine rouge. Contre toute logique, Ruiz trouva dans son atmosphère la signature bien particulière du lithium… incompatible avec un statut d’étoile véritable. Elle baptisa cet objet Kelu-1, et ce fut la première naine brune « errante » jamais répertoriée.

Gliese 229B et Teide 1 avaient été découvertes deux ans plus tôt, à quelques semaines d’intervalle. »

Extrait de : K. Schroeder. « Permanence. »

Psychohistoire en péril 2 par D. Kingsbury

Fiche de Psychohistoire en péril 2

Titre : Psychohistoire en péril 2
Auteur : D. Kingbury
Date de parution : 2001
Traduction : J.-P. Pugi
Editeur : Gallimard

Première page de Psychohistoire en péril 2

« Les occultations et les phases des lunes jumelles de Timdo tenaient une place prééminente dans les thèmes astraux locaux. D’une des galeries les plus hautes du monastère en gradins de l’Héphaïstion, Hiranimus les trouvait tout simplement très belles. C’était à juste titre que les poètes de Coron vantaient leur beauté. La grosse sphère d’un rose délicat de Succube et celle réduite par la distance de Devineresse. Une multitude de serviteurs célestes s’étaient réunis dans le ciel pur de ces montagnes pour assister à leur défilé majestueux.

L’hôte du monastère était accoudé à une balustrade au-dessus et au-dessous de gargouilles grandes comme un homme dont les dégorgeoirs évacuaient l’eau des nombreux gradins. Toutes représentaient des monstres qui lorgnaient le ciel. »

Extrait de : D. Kingsbury. « Psychohistoire en péril, II. »

Psychohistoire en péril 1 par D. Kingsbury

Fiche de Psychohistoire en péril 1

Titre : Psychohistoire en péril 1
Auteur : D. Kingbury
Date de parution : 2001
Traduction : J.-P. Pugi
Editeur : Gallimard

Première page de Psychohistoire en péril 1

« On a dénombré de nombreux interrègnes locaux pendant les sept cents siècles d’errances interstellaires attestées de l’humanité et les six cents siècles écoulés depuis la découverte des premiers propulseurs hyper-luminiques rudimentaires. Mais un seul effondrement à l’échelle galactique nous stupéfie par son ampleur et sa portée. Il n’épargna aucun secteur de l’Œcumène.

Bien des gens qualifient de funeste l’interrègne obscurantiste qui a séparé le premier Empire galactique du second – de la révolte de Nacréome, en l’an 12116 de l’Ère galactique, à la Pax Pscholaris de 13157 E. G. –, mais ce fut en réalité une période de renaissance, voire de grands progrès scientifiques… pour de nombreuses planètes… et tout particulièrement à la Périphérie, sur Lointaine…

Nous devons aux chercheurs impériaux qui y étaient en exil la capsule atomique de la taille d’une noisette… le transmutateur dont le concept était révolutionnaire… le lévitateur… »

Extrait de : D. Kingsbury. « Psychohistoire en péril, I. »

Parade nuptiale par D. Kingsbury

Fiche de Parade nuptiale

Titre : Parade nuptiale
Auteur : D. Kingbury
Date de parution : 1982
Traduction : M. Lederer
Editeur : Gallimard

Première page de Parade nuptiale

« Le Premier Prophète Tae ran-Kaïel était mort depuis longtemps, mais il continuait à vivre dans le ventre de ses agressifs descendants. Même les plus jeunes d’entre eux avaient mangé un morceau de sa chair au cours d’un banquet funéraire que le clan célébrait encore autour des bruyantes tables de jeu des temples Kaïel.

Tae, déjà très âgé, avait été dépouillé de sa peau, puis son corps, farci de mie de pain parfumée aux insectes, avait été mis à mariner avant d’être rôti à la broche. Au soir du premier haut jour de la semaine du Crâne dans l’année de la Mante, alors que les braises du feu étaient devenues aussi ternes que Geta-sol pris dans une tempête de sable, on l’avait découpé au rythme lancinant des mélopées et servi avec une sauce épicée, relevée encore par une cuillerée du sang de chacun de ses quatre-vingt-trois fils et de ses soixante-dix filles. Durant toute la nuit, les Kaïel en deuil avaient témoigné leur loyauté par des chansons, des discours, des cadeaux et même, au point culminant de la cérémonie, par des plaisanteries désabusées sur la nature un peu trop coriace de sa chair. »

Extrait de : D. Kingsbury. « Parade nuptiale. »

L’expérience de la nuit par M. Béalu

Fiche de L’expérience de la nuit

Titre : L’expérience de la nuit
Auteur : M. Béalu
Date de parution : 1945
Editeur : Gallimard

Première page de L’expérience de la nuit

« Jamais je n’étais venu dans ce quartier. Une populace dépenaillée encombrait les trottoirs, toute une marmaille mal débarbouillée se poursuivait dans la rue. Au numéro que je cherchais, un grand nombre de plaques, de toutes dimensions et de toutes couleurs, indiquaient les noms et les étages des locataires. Enfin, sur un carré de papier jauni par les intempéries, je pus lire : A. FOHAT, OCULISTE, 4e étage. Comme je pénétrais sous la porte cochère, une grosse femme habillée d’un caraco à la mode d’un autre siècle surgit de l’ombre humide pour me dévisager. Sans prendre garde à cette apparition, je grimpai, au fond de la cour, les degrés maculés d’un escalier. A chaque marche palière, de fausses entrées étaient peintes sur les murs moisis, simulant un étage, et il me fallut bientôt redescendre pour compter avec plus d’attention les paliers où s’ouvraient de vraies portes. »

Extrait de : M. Béalu. « L’experience de la nuit. »