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Journal d’un mort par M. Béalu

Fiche de Journal d’un mort

Titre : Journal d’un mort
Auteur : M. Béalu
Date de parution : 1947
Editeur : Gallimard

Sommaire de Journal d’un mort

  • Le visiteur de la nuit
  • La cheminée
  • Irène
  • Le mort vivant
  • Supplices

Première page de Journal d’un mort

« Je ne dors plus. J’ai renoncé à chercher le sommeil. Le soir, enfoui dans mon fauteuil j’attends que les vagues me recouvrent. Quand elles commencent à rapprocher les murs, quand un flottement s’empare des objets de la chambre, le scaphandrier entr’ouvre lentement la porte. Une eau verte ruisselle de ses formes pesantes, s’étale sur le tapis, saute au plafond. Il avance maladroitement comme au fond de la mer. Puis ouvrant son gant de caoutchouc il dépose sur ma table un caillou. Ce caillou phosphorescent étincelle dans l’ombre de plus en plus épaisse. Je ne vois plus que lui. La nuit a pour centre ce caillou blanc.
Quelquefois le visiteur de la nuit vient sans son scaphandre. Je suis alors pris d’un grand tremblement. C’est que toujours dans ce cas il met sous mes yeux le livre et toujours ouvert exactement à la page. Le livre est un Memento couvert de toile noire comme ceux à usage commercial et la page est celle du jour. La dernière fois j’ai pu lire ! lundi 28 avril, saint Aimé. Justement ce jour-là je n’avais aimé personne. En effet sous cette mention il n’y avait rien, la page était un désert de blancheur. »

Extrait de : M. Béalu. « Journal d’un mort. »

Sukran par J.-P. Andrevon

Fiche de Sukran

Titre : Sukran
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1989
Editeur : Gallimard

Première page de Sukran

« Je me suis planté devant la terrasse du Zénith et j’ai déballé mon instrument. J’ai fait ça discrètement, comme toujours, pour ne pas effaroucher les consommateurs, ni les mateurs. Le Zénith est un crunch dont la façade doit bien faire cinquante mètres de large. C’est un de ces nouveaux rapid-food qui ont fleuri juste après la guerre, ou peut-être bien pendant, et qui affichent une anglophonie de surface pour paraître chrétiens en face du débordement arabe gangrenant toute la côte en général et Marseille en particulier.

Mais je n’ai pas à entrer dans ces considérations de géopolitique profonde, même si je suis un enfant de cette géopolitique-là. Il était neuf heures du soir, ou un peu plus. Le ciel était vert au-dessus de la ville, avec des moirures jaunes vers l’ouest, où en principe le soleil se couche si aucun incident cosmique n’a changé cette vieille habitude. C’est une bonne heure, pas à cause des considérations poétiques que les couleurs célestes peuvent vous précipiter dans l’âme, mais parce qu’il y a foule à toutes les terrasses et dans toutes les places et rues piétonnes du Nouveau-Frioul. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Sukran. »

Le travail du furet par J.-P. Andrevon

Fiche de Le travail du furet

Titre : Le travail du furet
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2015
Editeur : Gallimard

Première page de Le travail du furet

« Le panneau de propagande du ministère Pop proclamait :

CONDITIONS DE VIE SAINES
MORTALITÉ EN RECUL !

Au cours de la dernière décennie,
grâce aux efforts du ministère de la Population :

  • 5,8% de décès par cancers en moins
  • 9,1% de décès par maladies
    cardio-vasculaires en moins
  • 7,8% de décès par maladies virales en moins

Le baratin se poursuivait, grandiose, sur une dizaine d’autres lignes, mais je n’ai pas lu jusqu’au bout. J’étais bien content pour ceux qui n’étaient pas décédés de tout ça, mais pour l’instant ce n’était pas vraiment mon problème.

Mon problème était même plutôt inverse. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le Travail Du Furet. »

Gandahar par J.-P. Andrevon

Fiche de Gandahar

Titre : Gandahar (Tome HS sur 6 – Gandahar)
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1997
Editeur : Gallimard

Sommaire de Gandahar

  • Les hommes-machines contre Gandahar
  • Le château du dragon
  • Un quartier de verdure

Première page de Les hommes-machines contre Gandahar

« Myrne Ambisextra, souveraine du royaume de Gandahar, envoya chercher Sylvin Lanvère au milieu de l’après-midi. La journée était douce, à vrai dire ni plus ni moins belle que les 743 autres journées qui partageaient l’année à Gandahar : le royaume, ancré sur la face boréale de Tridan, vaste planète à l’axe vertical et à la translation lente, ne connaissait pour toute saison que la tiédeur d’un éternel automne.

Automne plus que printemps, sans doute. Mais Gandahar était un vieux royaume où la vie semblait un peu endormie, l’activité réduite à son strict minimum. À côté des mondes scientifiques de Pons et d’Arcanciel, où grondaient jours et nuits les machines d’acier, à côté de Stribulle, univers guerrier, Gandahar aurait pu même paraître décadent. Mais qu’importait à ses habitants ? Leurs journées, sous le règne affable d’Ambisextra, semblaient n’être qu’une seule fête champêtre jamais achevée, où les plaisirs du sport, du jeu, de la table et de l’amour emplissaient à ras bord chaque minute, chaque seconde de la coupe de la vie. Tout simplement, à Gandahar, régnait le bonheur. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Gandahar. »

Les armées du jour par B. Hambly

Fiche de Les armées du jour

Titre : Les armées du jour (Tome 3 sur 3 – Le cycle de Darwath)
Auteur : B. Hambly
Date de parution : 1983
Traduction : F. Maillet, S. Guillot
Editeur : Gallimard

Première page de Les armées du jour

« La nuit était paisible. Le vent, qui s’était abattu avec une rare violence sur les montagnes glacées du nord, s’était transformé vers le crépuscule en un timide murmure entre les sombres pins qui emplissaient le sinueux Val de Renweth. À minuit, même ce murmure s’était tu. Les branches noires demeuraient immobiles d’un bout à l’autre de la vallée, lentement recouvertes de givre dans le froid grandissant. Une respiration humaine, à peine visible dans la clarté sans âme des rares étoiles hautaines et lointaines, restait suspendue telle une nuée de diamants autour du visage ou se figeait sur les lèvres en gelée blanche. Dans ce froid perçant, même les loups demeuraient terrés ; le silence s’étendait d’une falaise à l’autre, presque palpable dans ce monde glacial et désolé.

Pourtant, sous les arbres enténébrés, quelque chose avait bougé.

Rudy Solis en avait la certitude. »

Extrait de : B. Hambly. « Le cycle de Darwath – Les armées du jour. »

Les murs des ténèbres par B. Hambly

Fiche de Les murs des ténèbres

Titre : Les murs des ténèbres (Tome 2 sur 3 – Le cycle de Darwath)
Auteur : B. Hambly
Date de parution : 1983
Traduction : F. Maillet, S. Guillot
Editeur : Gallimard

Première page de Les murs des ténèbres

« La scène se passait au Shamrock Bar, à San Bernardino, un samedi soir orageux. La pluie tambourinait doucement contre la vitre, et les lumières criardes se reflétaient sur le trottoir mouillé, au-dehors. Deux motards barbus et une blonde diaphane jouaient au billard dans l’arrière-salle. Rudy Solis liquida sa deuxième bière de la soirée et regarda autour de lui. Il avait perdu quelque chose – à moins qu’on ne le lui ait arraché –, mais il ne se rappelait plus de quoi il s’agissait. Ne subsistait plus qu’une douleur sourde.

Il était fauché et pas encore assez soûl. Derrière le comptoir, Billy May allait et venait le long du rayon garni de verres à moitié vides et de bouteilles de bière, les yeux barbouillés de noir, suivie à la trace par son reflet dans le miroir taché de chiures de mouches ; la dentelle rouge de son soutien gorge dépassait du décolleté de son chandail. Le miroir révélait la faune habituelle du samedi soir, des gens que Rudy connaissait depuis l’école secondaire et même, pour certains, depuis son enfance : Peach McClain, le Hell’s Angel le plus gros du monde, avec sa nana ; Crazy Red, le prof de karaté ; Big Bull, et la bande de l’usine sidérurgique. »

Extrait de : B. Hambly. « Le cycle de Darwath – Les murs des ténèbres. »

Les forces de la nuit par B. Hambly

Fiche de Les forces de la nuit

Titre : Les forces de la nuit (Tome 1 sur 3 – Le cycle de Darwath)
Auteur : B. Hambly
Date de parution : 1982
Traduction : F. Maillet, S. Guillot
Editeur : Gallimard

Première page de Les forces de la nuit

« Gil savait que ce n’était qu’un rêve. Elle n’avait aucune raison d’avoir peur – le danger, le chaos, la terreur aveugle et l’angoisse cauchemardesque qui emplissaient la nuit hurlante n’avaient rien de réel, elle le savait ; cette ville à l’architecture sombre et insolite, cette foule d’hommes et de femmes paniqués qui la bousculaient dans leur fuite sans la voir, n’étaient que la manifestation saisissante de son subconscient surchargé des spectres qui s’évanouiraient avec le jour.

Tout cela, elle le savait ; et pourtant, elle avait peur.

Il lui semblait se trouver au pied d’un escalier de marbre vert, en face d’une cour carrée entourée de hauts bâtiments aux toits pointus. Des gens affolés passaient près d’elle en la bousculant, la repoussaient contre le socle gigantesque d’une statue de malachite sans paraître remarquer sa présence ; hommes et femmes haletants, aux yeux égarés, aux visages terrifiés d’une lividité cadavérique sous la lueur froide de la lune à son dernier quartier. »

Extrait de : B. Hambly. « Le cycle de Darwath – Les forces de la nuit. »

Seeker par J. McDevitt

Fiche de Seeker

Titre : Seeker
Auteur : J. McDevitt
Date de parution : 2005
Traduction : M. Zachayus
Editeur : Gallimard

Première page de Seeker

« 1398, CALENDRIER DE RIMWAY
 
Wescott sut qu’il était un homme mort. Et il y avait encore moins d’espoir pour Margaret ou sa fille. Bien qu’il eût suivi les instructions en restant à l’intérieur, il gisait maintenant sous des tonnes de glace et de roc. Tout autour de lui, en perdition dans les ténèbres qui lui semblaient l’ensevelir, il entendait pleurer et crier.
Il tremblait de froid, le bras droit écrasé, coincé sous une poutre effondrée. Il ne sentait plus la douleur, ni son bras.
Il repensa à Delia. Elle avait toute la vie devant elle… et pourtant, elle avait dû être emportée elle aussi. Il laissa couler ses larmes. Elle avait tant voulu venir.
Fermant les yeux, il tenta de se résigner. De se retrouver à bord du Falcon, où Margaret et lui s’étaient rencontrés. Des années si précieuses qu’elles en étaient inestimables. Il avait su que le jour viendrait où il souhaiterait revenir en arrière et tout recommencer. »

Extrait de : J. McDevitt. « Seeker. »

Les révoltés de la Bounty par J. Verne

Fiche de Les révoltés de la Bounty

Titre : Les révoltés de la Bounty
Auteur : J. Verne
Date de parution : 1879
Editeur : Gallimard

Première page de Les révoltés de la Bounty

« L’ABANDON
Pas le moindre souffle, pas une ride à la surface de la mer, pas un nuage au ciel. Les splendides constellations de l’hémisphère austral se dessinent avec une incomparable pureté. Les voiles de la Bounty pendent le long des mâts, le bâtiment est immobile, et la lumière de la lune, pâlissant devant l’aurore qui se lève, éclaire l’espace d’une lueur indéfinissable.
La Bounty, navire de deux cent quinze tonneaux monté par quarante-six hommes, avait quitté Spithead, le 23 décembre 1787, sous le commandement du capitaine Bligh, marin expérimenté mais un peu rude, qui avait accompagné le capitaine Cook dans son dernier voyage d’exploration.
La Bounty avait pour mission spéciale de transporter aux Antilles l’arbre à pain, qui pousse à profusion dans l’archipel de Tahiti. Après une relâche de six mois dans la baie de Matavaï, William Bligh, ayant chargé un millier de ces arbres, avait pris la route des Indes occidentales, après un assez court séjour aux îles des Amis. »

Extrait de : J. Verne. « Les Révoltés de la Bounty. »

Pas de panique ! par N. Gaiman

Fiche de Pas de panique !

Titre : Pas de panique !
Auteur : N. Gaiman
Date de parution : 2002
Traduction : M. Pagel
Editeur : Gallimard

Première page de Pas de panique !

« L’acide désoxyribonucléique, communément appelé ADN, constitue la base génétique fondamentale de tous les êtres vivants. La structure de l’ADN fut découverte et décryptée, en même temps que sa fonction, à Cambridge, Angleterre, en 1952, puis dévoilée au monde en 1953.

Cet ADN-là n’était cependant pas le premier à apparaître à Cambridge. Un an plus tôt, le 11 mars 1952, Douglas Noël Adams y était venu au monde, dans un ancien asile des pauvres victorien(1) – d’une mère infirmière et d’un père étudiant en théologie qui comptait entrer dans les Ordres mais finirait par y renoncer devant l’insistance de ses amis à le convaincre de l’inanité du projet.

Les parents de Douglas quittèrent Cambridge alors qu’il avait six mois. Il avait cinq ans lorsqu’ils divorcèrent. »

Extrait de : N. Gaiman. « Pas de panique !. »