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Frankenstein ou le Prométhée moderne – M. Shelley
Fiche de Frankenstein ou le Prométhée moderne
Titre : Frankenstein ou le Prométhée moderne
Auteur : M. Shelley
Date de parution : 1818
Traduction : A. Morvan
Editeur : Gallimard
Première page de Frankenstein ou le Prométhée moderne
« Je suis genevois de naissance et ma famille est l’une des plus éminentes de cette république. Mes ancêtres furent longtemps conseillers et syndics, et mon père avait occupé plusieurs emplois publics avec honneur et en gagnant l’estime de tous. Tous ceux qui le connaissaient le respectaient pour son intégrité et pour son attention infatigable au bien public. Il se consacra sans relâche durant sa jeunesse aux affaires de son pays ; un certain nombre de raisons l’avaient empêché de se marier tôt et ce n’est que lorsque sa vie fut sur le déclin qu’il prit femme et devint père de famille.
Comme les circonstances entourant son mariage témoignent de son caractère, je ne puis m’empêcher de les rapporter. L’un de ses amis intimes était négociant ; d’abord prospère, il tomba dans la pauvreté à la suite de nombreux mécomptes. Cet homme, qui s’appelait Beaufort, était d’une nature fière et roide ; il ne pouvait accepter de vivre dans la pauvreté et dans l’oubli en un pays où son rang et sa magnificence l’avaient naguère rendu si éminent. »
Extrait de : M. Shelley. « Frankenstein ou Le Prométhée moderne. »
Les masques de sang par F. Colin
Fiche de Les masques de sang
Titre : Les masques de sang (Tome 3 sur 3 – Les étranges soeurs Wilcox)
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2011
Editeur : Gallimard
Première page de Les masques de sang
« C’était un soir de neige comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. Londres frissonnait, étourdie par la tempête, et les traces des passants, à peine dessinées sur les trottoirs, s’effaçaient tels les mots d’un poème d’enfant. Jamais l’hiver n’avait paru aussi cruel, et jamais aussi délectable, pour le jeune garçon, la perspective de demeurer cette nuit dans sa chambre sous les toits avec une histoire pour seule compagnie.
« Le fantôme étendit un moment sa sombre robe devant lui comme une aile, puis, la repliant, lui fit voir une chambre éclairée par la lumière du jour, où se trouvaient une mère et ses enfants. »
Heureux, le jeune garçon referma son livre : Un chant de Noël, Charles Dickens. Ailleurs, loin sur l’océan, celle à qui son destin serait un jour lié aurait pu découvrir ces lignes elle aussi, et frémir d’un même plaisir, si des larmes ne l’avaient empêchée de poursuivre sa lecture ; mais cela, évidemment, Wilfred Garrison l’ignorait – tout comme il ignorait encore, en cet instant, l’existence de ladite jeune fille. »
Extrait de : F. Colin. « Les étranges soeurs Wilcox – Les masques de sang. »
L’ombre de Dracula par F. Colin
Fiche de L’ombre de Dracula
Titre : L’ombre de Dracula (Tome 2 sur 3 – Les étranges soeurs Wilcox)
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2010
Editeur : Gallimard
Première page de L’ombre de Dracula
« Telle une ancre sondant les ténèbres, la nacelle du dirigeable se balançait au-dessus des champs, fauchant le blé d’hiver plus sûrement que la mort elle-même.
Une lune rongée de nuages trônait, clouée à la nuit cendreuse. Engoncé dans son pardessus à col de fourrure, Lord Ciceley ne sentait pas le froid mais frissonnait chaque fois qu’il levait les yeux au ciel. Rajustant le bandeau qui masquait son œil gauche, il se tourna vers la forêt et, d’un geste, invita ses acolytes à le rejoindre au centre de la plaine. Trois hommes émergèrent des sous-bois. Vêtus de noir, ils avançaient à pas rapides en levant haut leurs lanternes. L’un d’eux, qui s’était approché de la nacelle du Béhémoth, l’attrapa au vol et la stabilisa. Le deuxième en ouvrit le portail.
– Aidez-moi à grimper, souffla le lord au troisième. »
Extrait de : F. Colin. « Les étranges soeurs Wilcox – L’ombre de Dracula. »
Les vampires de Londres par F. Colin
Fiche de Les vampires de Londres
Titre : Les vampires de Londres (Tome 1 sur 3 – Les étranges soeurs Wilcox)
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2009
Editeur : Gallimard
Première page de Les vampires de Londres
« A l’ombre de son pilier, il l’observait intensément, seule et perdue au milieu de la cohue, et son sourire brillait telle une lame. Qui pouvait dire quelles sombres pensées agitaient son esprit ? Soudain, il rajusta son haut-de-forme et, dans un froissement de cape, fendit la foule pour la rejoindre. Dix heures, indiquait l’immense horloge cuivrée de la gare de Saint-Pancras. Inquiète, la jeune femme balayait le grand hall du regard, se laissant docilement bousculer par les voyageurs pressés. Elle ne le sentit pas approcher.
-Je suis ici.
Il venait de surgir dans son dos. Elle ne put retenir une exclamation de surprise.
-Dieu soit loué : j’ai cru un moment que vous m’aviez abandonnée.
Il lui caressa la joue. « Ne prononce pas le nom de Dieu. » Elle avait revêtu l’une des longues robes de soie noire qu’il lui avait offertes et un manteau de daim cintré, noir lui aussi, serrait sa taille de guêpe.
Souriant, il passa ses doigts bagués d’argent dans le flot ondoyant de sa chevelure. »
Extrait de : F. Colin. « Les étranges soeurs Wilcox – Les vampires de Londres. »
Solaris de S. Lem
Fiche de Solaris
Titre : Solaris
Auteur : S. Lem
Date de parution : 1961
Traduction : J.-M. Jasienko
Editeur : Gallimard
Première page de Solaris
« À dix-neuf heures, temps du bord, je me dirigeai vers l’aire de lancement. Autour du puits, les hommes se rangèrent pour me laisser passer ; je descendis l’échelle et pénétrai à l’intérieur de la capsule.
Dans l’habitacle étroit, je pouvais difficilement écarter les coudes. Je fixai le tuyau de la pompe à la valve de mon scaphandre, qui se gonfla rapidement. Désormais, il m’était impossible de faire le moindre mouvement ; j’étais là, debout, ou plutôt suspendu, enveloppé de mon survêtement pneumatique et incorporé à la carapace métallique.
Je levai les yeux ; au-dessus du globe transparent, je vis une paroi lisse et, tout en haut, la tête de Moddard, penchée sur l’ouverture du puits. Moddard disparu, ce fut brusquement la nuit ; le lourd cône protecteur avait été mis en place. J’entendis, huit fois répété, le bourdonnement des moteurs électriques qui tournaient les écrous, puis le sifflement de l’air comprimé dans les amortisseurs. »
Extrait de : S. Lem. « Solaris. »
Congo Pantin par P. Curval
Fiche de Congo Pantin
Titre : Congo Pantin
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1995
Editeur : Gallimard
Première page de Congo Pantin
« Souvenirs de Congo
Au loin, Paris en alerte brillait de ses faisceaux laser. Ils balayaient le ciel, prêts à détecter toute approche suspecte. Congo Pantin sourit à la lune qui se levait aux confins lugubres de la zone. Ses dents se détachaient en jaune sur son visage de plâtre. Au ciel, dans un contre-jour d’orage, les derniers rayons du soleil foraient les nuages bistre d’une lumière d’apocalypse.
La chute du jour rappelait à l’albinos cette éclipse qui avait assombri l’horizon, brutale, quand l’Aile noire s’y était écrasée. Il n’oublierait jamais son sifflement rageur ; plaque de colère sombre virevoltant dans l’espace, fauchant les immeubles à chacun de ses balancements mortels. Soudain repoussé par les forces contraires qu’il avait déchaînées, l’appareil vibrant de toutes ses membrures s’était aplati sur la banlieue. »
Extrait de : P. Curval. « Congo Pantin. »
La guerre du feu par J.-H. Rosny aîné
Fiche de La guerre du feu
Titre : La guerre du feu
Auteur : J.-H. Rosny aîné
Date de parution : 1909
Editeur : Gallimard
Première page de La guerre du feu
« Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort. Ils l’élevaient dans trois cages, depuis l’origine de la horde ; quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour.
Dans les temps les plus noirs, il recevait la substance qui le fait vivre ; à l’abri de la pluie, des tempêtes, de l’inondation, il avait franchi les fleuves et les marécages, sans cesser de bleuir au matin et de s’ensanglanter le soir. Sa face puissante éloignait le lion noir et le lion jaune, l’ours des cavernes et l’ours gris, le mammouth, le tigre et le léopard ; ses dents rouges protégeaient l’homme contre le vaste monde. Toute joie habitait près de lui. Il tirait des viandes une odeur savoureuse, durcissait la pointe des épieux, faisait éclater la pierre dure ; les membres lui soutiraient une »
Extrait de : J.-H. Rosny aîné. « La Guerre Du Feu. »
Une étoile m’a dit par F. Brown
Fiche de Une étoile m’a dit
Titre : Une étoile m’a dit
Auteur : F. Brown
Date de parution : 1951
Traduction : J. Papy
Editeur : Gallimard
Sommaire de Une étoile m’a dit
- Quelque chose de vert …
- Anarchie dans le ciel
- Tu n’as point tué
- Les Myeups
- Un coup à la porte
- Cauchemar
- Mitkey
- Tu seras fou
Première page de Quelque chose de vert …
« L’énorme soleil cramoisi flamboyait dans un ciel violet. À la lisière de la plaine brune, parsemée de buissons bruns, s’étendait la jungle rouge.
Mac Garry se dirigeait vers elle à grandes enjambées. Fouiller ces jungles rouges était un travail pénible et dangereux, mais absolument nécessaire. Mac Garry en avait déjà exploré plusieurs centaines : ça n’en ferait qu’une de plus…
— On y va, Dorothy, dit-il. Est-ce que tu es prête ?
La petite créature à cinq membres placée sur son épaule ne répondit pas, selon son habitude. Elle était incapable de parler, mais c’était un être à qui parler, une agréable compagnie. Par sa taille et son poids, elle donnait à Mac Garry l’étrange impression d’une main appuyée sur son épaule.
Dorothy était avec lui depuis… Au fait, depuis combien de temps ? Au moins quatre ans. Il y avait bien cinq ans qu’il était là, dans la mesure où il pouvait s’en rendre compte, et il avait trouvé Dorothy quatre ans auparavant. »
Extrait de : F. Brown. « Une étoile m’a dit. »
Meurtres en filigrane par F. Brown
Fiche de Meurtres en filigrane
Titre : Meurtres en filigrane
Auteur : F. Brown
Date de parution : 1954
Traduction : J. Fillion
Editeur : Gallimard
Première page de Meurtres en filigrane
« Elle s’appelait Joyce Dugan et, en cet après-midi de février, elle était bien loin de se douter qu’avant la fermeture elle allait accomplir un geste qui déclencherait une série de meurtres.
C’était une jolie fille aux rondeurs bien placées : le teint clair, des cheveux blonds qui retombaient en vagues soyeuses sur sa nuque, un petit nez légèrement retroussé avec un semis de taches de rousseur à peine visibles, une bouche appétissante qui donnait envie d’y mordre.
Debout devant un comptoir, de ses mains adroites, vives comme des souris blanches, elle pliait une pile de prospectus.
Elle portait une robe de toile à manches courtes qui, malgré une journée de travail bien remplie, était encore fraîche et blanche. Elle était seule dans cette petite imprimerie du boulevard Santa Monica. M. Conn, son patron, était parti depuis environ un quart d’heure, un peu plus tôt que d’habitude. »
Extrait de : F. Brown. « Meurtres en filigrane. »
Martiens, go home ! par F. Brown
Fiche de Martiens, go home !
Titre : Martiens, go home !
Auteur : F. Brown
Date de parution : 1954
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Gallimard
Première page de Martiens, go home !
« Si les peuples de la Terre n’étaient pas préparés à la venue des Martiens, c’était entièrement leur faute. Les événements du siècle en général et des précédentes décennies en particulier avaient dû leur mettre la puce à l’oreille.
Ils pouvaient même s’y attendre, en fait, depuis bien plus longtemps encore, l’homme ayant échafaudé des hypothèses sur la pluralité des mondes habités depuis qu’il savait que la Terre n’était pas le centre de l’univers. Mais ces hypothèses, sans rien pour les confirmer ni les réfuter, demeuraient sur un plan purement philosophique, comme la question du nombril d’Adam ou du sexe des anges.
Disons donc que cette préparation pouvait avoir commencé avec Schiaparelli et surtout Lowell.
Schiaparelli est l’astronome italien qui découvrit les canaux de la planète Mars, mais il ne soutint jamais qu’ils étaient construits de la main d’êtres vivants.
L’astronome américain Lowell vint ensuite et, après avoir étudié et dessiné les canaux, il mit en branle son imagination, puis celle du public, en affirmant que c’étaient incontestablement des constructions. Preuve indéniable que Mars était habitée.
À la vérité, peu d’astronomes se rangèrent à la théorie de Lowell ; les uns nièrent jusqu’à l’existence de ces marques ou les considérèrent comme des illusions d’optique ; les autres les expliquaient comme des phénomènes géographiques naturels. »
Extrait de : F. Brown. « Martiens, go home !. »