Étiquette : Gore
Monstres sur commande par Eric Verteuil

Fiche de Monstres sur commande
Titre : Monstres sur commande
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Monstres sur commande
« Marie-Ange Jardelle se regarda longuement dans le miroir du vestibule ; elle admirait toujours avec autant de plaisir sa rivière de diamants (vrais), ses dents éblouissantes (fausses), sa cape de vison (vrai), le blond vénitien de ses cheveux (faux), ses chaussures en crocodile (vrai) et ses seins arrogants (faux).
À cinquante ans, elle en paraissait à peine quarante ; il est vrai que des soins réguliers, des régimes intensifs, des opérations esthétiques, liés à un égoïsme farouche et à des revenus considérables, jouaient un rôle primordial dans cette jeunesse rayonnante, mais un peu figée.
Elle descendit au sous-sol, prit la Mercedes et conduisit rapidement jusque chez le docteur Mérignac ; comme elle était attendue, elle put se garer dans la cour de l’hôtel particulier de la rue Vaneau. Elle fut conduite immédiatement dans le bureau du praticien.
— Cher Raoul, dit-elle en l’attirant pour l’embrasser sur les joues. »
Extrait de : E. Verteuil. « Monstres sur commande. »
Les horreurs de Sophie par Eric Verteuil

Fiche de Les horreurs de Sophie
Titre : Les horreurs de Sophie
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Les horreurs de Sophie
« Je m’appelle Sophie de Réan, j’ai vingt ans, je suis riche et belle. En fait, je suis très riche et très belle ! Mes yeux sont d’un gris étrange, mes lèvres bien dessinées laissent apparaître des dents éblouissantes qui me donnent envie de sourire même quand les plaisanteries de mes interlocuteurs me pousseraient plutôt à faire la moue.
Dans la vie, j’ai tout ce que je veux et les gens heureux n’ayant pas d’histoire on peut se demander la raison pour laquelle j’écris ces souvenirs. La réponse est simple, j’ai une manie… enfin une passion et j’ai besoin d’en parler.
Il ne s’agit ni de musique, ni de peinture, ni de théâtre, mais de quelque chose de plus rare, de plus précieux, de plus raffiné. Je prends du plaisir à punir mes semblables, j’aime leur faire du mal… en un mot, j’adore les torturer !
Quelle joie de plonger mes jolies mains dans des viscères dégoulinants de sang, de prélever un rein, de découper un foie, de vider un abdomen, d’entendre des cris de douleur quand je crève des yeux. »
Extrait de : E. Verteuil. « Les horreurs Sophie. »
Les charmes de l’horreur par Eric Verteuil

Fiche de Les charmes de l’horreur
Titre : Les charmes de l’horreur
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Les charmes de l’horreur
« Anne ouvrit les volets et se retourna vers les meubles couverts de poussière, les toiles d’araignées qui tombaient du lustre, le carrelage écaillé.
— On n’a pas fini de nettoyer… Tu parles de vacances !
— Allez ! ma petite Anne, ne râle pas ! Bientôt, ce sera impeccable… enfin presque. Entre nous, je ne pensais pas qu’en un an ça deviendrait aussi sale.
Découragées, elles montèrent au premier étage. Les chambres à coucher étaient dans le même état, mais la vue était toujours aussi magnifique ; la lande avec ses ajoncs, les rochers aux formes étranges et, dans le lointain, la mer.
Au premier abord, les deux sœurs Kerlande ne se ressemblaient pas. Florence, blonde, bouclée, maquillée avec soin, arborait des robes provenant d’une bonne boutique de dégriffés. Anne, l’aînée, les cheveux bruns tombant sur les épaules, ne portait que des jeans délavés et sur son chemisier un vieux pull qu’elle n’enfilait jamais, se contentant de nouer les manches autour du cou. »
Extrait de : E. Verteuil. « Les charmes de l’horreur. »
Horreur à Maldoror par Eric Verteuil

Fiche de Horreur à Maldoror
Titre : Horreur à Maldoror
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Horreur à Maldoror
« Chez Germaine Petitdemange tout est rond : tête, yeux, bouche, ventre. Et tout est blanc : cheveux, robe, maquillage.
Tôt, le matin, elle sort de chez elle et se dirige vers les jardins publics, les promenades du bord de mer, les parcs. Elle recherche des vieilles personnes seules, s’approche avec un bon sourire et demande :
« – Vous permettez que je m’asseye près de vous ? »
Avant que l’on ait pu lui répondre, elle remercie, s’assied et commence à parler ; mais ses interlocuteurs ne résistent pas longtemps au torrent de paroles qui déferle… Ils se lèvent et s’éloignent.
« – Le coin n’est pas bon », constate à chaque fois Germaine Petitdemange, déçue.
Elle reprend alors son chemin, espérant rencontrer quelqu’un qui l’écoutera. En effet, elle n’a qu’un plaisir au monde : parler ! Dans son quartier personne ne fait plus attention à elle, aussi doit-elle s’aventurer toujours plus loin. Depuis quelque temps, elle prend même le train ou l’autobus pour changer de secteur. »
Extrait de : E. Verteuil. « Horreur à Maldoror. »
A la recherche des corps perdus par Eric Verteuil

Fiche de A la recherche des corps perdus
Titre : A la recherche des corps perdus
Auteur : Eric Verteuil
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de A la recherche des corps perdus
« Sylvie descendit l’escalier en courant, traversa le hall et ouvrit la porte qui donnait sur le jardin. En sifflotant, son mari bêchait un carré de terre.
— Julien ! Vite ! J’ai besoin de toi.
— Ça ne peut pas attendre cinq minutes ?
— Non !
Elle s’approcha de lui, le prit par le bras et le força à la regarder.
— Je n’en peux plus ; Muriel ne pense qu’à faire du mal et il n’est pas possible de la faire enfermer, il faut prendre une décision.
— Non, Sylvie, pas question !
Ils étaient dressés l’un contre l’autre sur la pelouse au milieu de laquelle Julien voulait planter un massif de fleurs.
La propriété isolée était entourée de hauts murs et un rideau d’arbres touffus autour de la maison la protégeait encore mieux des regards indiscrets.
— Je t’en prie, Julien, pour Muriel c’est indispensable.
La jeune femme avait une allure sportive ; fossettes, regard bleu clair, nez légèrement en trompette lui donnaient une apparence rassurante et sympathique. A trente-cinq ans elle en paraissait dix de moins bien que n’ayant pas recours au maquillage. »
Extrait de : E. Verteuil. « À la recherche des corps perdus. »
Hurlements n°3 par Gary Brandner

Fiche de Hurlements n°3
Titre : Hurlements n°3
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1985
Traduction : E. Constant
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Hurlements n°3
« Du bout de sa botte, Gavin Ramsay coupa le radiateur électrique. Un beau geste civique qu’il faisait là; les 2 109 habitants du comté de La Reina pouvaient être fiers de leur économe shérif.
Ramsay se réinstalla confortablement dans son fauteuil, jambes allongées sur le bureau, et ses yeux se fixèrent sur la morne S31, rue principale de Pinyon, Californie, chef-lieu du comté de La Reina, altitude: 1 082 mètres.
De part et d’autre de la S31, une station-service, une pharmacie, un hôtel, un cinéma, une épicerie et un magasin de vêtements professionnels pour artisans, composaient le cœur de l’agglomération. Seuls la bibliothèque et l’hôpital se trouvaient en dehors, érigés sur les contreforts de la montagne.
La tempête qui avait fait rage ces deux derniers jours ne s’était calmée qu’à l’aube ; elle laissait derrière elle son empreinte humide, détrempée, que deux jours de plein soleil suffiraient à peine à éponger.
Gavin Ramsay en avait marre de la pluie. La chute incessante des trombes d’eau l’avait toujours déprimé. Contrairement à Elise qui devenait lyrique dès que le temps s’obscurcissait. »
Extrait de : G. Brandner. « Hurlements N°3. »
Hurlements n°2 par Gary Brandner

Fiche de Hurlements n°2
Titre : Hurlements n°2
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1978
Traduction : J. Esch
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Hurlements n°2
« Karyn s’agenouilla dans l’herbe humide au pied du rosier. Toujours pas le moindre bouton ! Elle commençait à désespérer. Bien que David ne lui en ait jamais parlé, elle était persuadée que sa première femme était experte en jardinage. Voilà le problème, lorsqu’on épouse un veuf : impossible d’échapper aux comparaisons avec la compagne regrettée.
Karyn, il est vrai, ne se passionnait guère pour le jardin, mais David et le docteur Goetz pensaient qu’un travail manuel en plein air améliorerait son équilibre moral, et elle ne voulait pas les décevoir.
Elle n’entendit pas approcher les pas feutrés, et ne prit conscience d’une présence qu’en sentant un souffle chaud sur sa nuque. Elle voulut se relever, mais perdit l’équilibre et tomba à la renverse.
C’est alors qu’elle aperçut les yeux jaunes et les babines noires relevées sur de longues canines. Comme elle tentait de reculer, l’animal posa ses lourdes pattes avant sur ses épaules et la plaqua au sol. »
Extrait de : G. Brandner. « Hurlements 2. »
Hurlements par Gary Brandner

Fiche de Hurlements
Titre : Hurlements
Auteur : Gary Brandner
Date de parution : 1978
Traduction : J. Esch
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Hurlements
« La chaleur de septembre pesait lourdement sur Los Angeles. Dans le quartier résidentiel de Hermosa Terrace, toutes les fenêtres des maisons étaient closes. Seuls le ronflement des climatiseurs et le ronronnement étouffé d’une tondeuse à gazon venaient briser le silence.
Karyn Beatty se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser Roy, son mari. Lady, leur petite chienne colley, approuva en agitant joyeusement la queue. C’était aujourd’hui leur premier anniversaire de mariage. Roy attira fermement Karyn contre lui et glissa sa main chaude et douce sous son fin chemisier tout en l’embrassant dans la nuque. Karyn leva la tête et plongea son regard dans les yeux noisette de Roy.
— Chris va arriver d’un instant à l’autre, souffla-t-elle.
— Nous n’ouvrirons pas.
— Tu ne peux pas faire ça à ton meilleur ami ! D’autant plus que c’est toi qui l’as invité à venir boire un verre pour notre anniversaire. »
Extrait de : G. Brandner. « Hurlements. »
Le manoir des tortures par Robert Lionel Fanthorpe

Fiche de Le manoir des tortures
Titre : Le manoir des tortures
Auteur : Robert Lionel Fanthorpe
Date de parution : 1966
Traduction : L. Lechaux
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Le manoir des tortures
« Marion Sanderson descendit du taxi qui l’avait amenée de Chiavenna à la station du téléphérique. Les milliers de crêtes enneigées des chaînes du Bernina mordaient à pleines dents l’azur céleste paradisiaque. Elle regarda vers le sud, de l’autre côté de la vallée de Chiavenna et elle aperçut la pointe nord du lac de Côme et, là-bas au loin, la vallée de l’Adda, se jetant par l’ouest dans les eaux dormantes du lac. À cet endroit, la frontière s’étire vers le sud et l’ouest, tel un doigt pointé vers la Suisse. Marion respira à pleins poumons l’air frais et pur de la montagne, le savourant comme un verre de champagne.
Un employé suisse de la station, vêtu d’un uniforme impeccable, à la moustache arrogante et aux yeux malicieux, lui sourit gentiment. Elle lui montra son passeport et ses billets.
— Vous venez d’Italie, mademoiselle ?
— Oui.
— Bienvenue dans notre pays. Je pense que ce n’est pas votre première visite ?
— Si, c’est la première. »
Extrait de : R. L. Fanthorpe. « Le manoir des tortures. »
Immolations n°2 par Thierry Bataille, Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne

Fiche de Immolations n°2
Titre : Immolations n°2
Auteur : Thierry Bataille, Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir / Gore
Première page de Immolations n°2
« Terré dans un coin de la grotte, Bertrand Carvajal essayait de scruter l’obscurité. Il ne distinguait rien à plus de dix mètres, devinait seulement la brèche dans la roche suintante d’humidité, d’où partait l’immense labyrinthe, dédale inextricable qui s’enfonçait sous terre et quadrillait le sous-sol de l’île. Bertrand n’osait pas faire le moindre bruit. Immobile depuis plusieurs heures, il avait l’impression que ses muscles tétanisés se calcifiaient peu à peu. Il se pétrifiait. Bientôt, métamorphosé en une statue de marbre, il serait incapable de réagir, de se défendre.
Il ferma les yeux. À l’idée de ce qu’il devrait faire, il sentit une sueur glacée sourdre à la racine de ses cheveux. Son cœur battait à se rompre. Des coups sourds résonnaient dans tout son corps et lui donnaient envie de vomir. L’atmosphère moite de la grotte lui parut s’épaissir. Il sentait la mousse gluante et nauséabonde qui en tapissait les parois, au fond de sa gorge, dans ses poumons, dans son estomac. Il déglutit, inspira lentement et, lorsqu’il expira à fond, des vapeurs fétides l’assaillirent. Depuis combien de temps avait-il quitté la chaleur de l’île, la lumière du jour ? »
Extrait de : Bataille, Corgiat et Lecigne. « Immolations 2. »