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Le fer au coeur par Johan Heliot

Fiche de Le fer au coeur

Titre : Le fer au coeur
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2017
Editeur : Gulf Stream

Première page de Le fer au coeur

« Arrivée au bas de l’escalier, Maïan rajusta son corsage et réordonna les plis de son jupon. Ses mains tremblaient, son cœur cognait à tout rompre. Pour se calmer, elle prit une grande inspiration. Un parfum âcre faillit la faire chavirer. L’odeur d’Orlano imprégnait sa peau encore humide de leurs sueurs mêlées.

Un frisson parcourut Maïan de la tête aux pieds. Là-haut, dans le grenier, Orlano dormait à poings fermés, à demi-nu, allongé sur l’épaisseur de sacs vides dont ils s’étaient fait une couche la plus confortable possible.

Maïan eut envie de rire pour faire savoir au monde sa joie, mais elle se retint. Le père d’Orlano s’activait dans l’arrière-boutique de l’échoppe, tout près de là, de l’autre côté d’une mince cloison de torchis. Elle pouvait l’entendre aller et venir, martelant le plancher d’un pas lourd. Le maître tisserand était un homme imposant, la bedaine éminente, à la mesure de sa réputation entre les murs de Pérennia. S’il venait à découvrir l’idylle entre son unique rejeton et la fille d’une simple lavandière, sa colère risquait de rejaillir sur cette dernière. »

Extrait de : J. Heliot. « Le Fer au coeur. »

L’automne du renouveau par Johan Heliot

Fiche de L’automne du renouveau

Titre : L’automne du renouveau (Tome 4 sur 4 – CIEL)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2016
Editeur : Gulf Stream

Première page de L’automne du renouveau

« — Debout là-dedans ! C’est l’heure du petit-déjeuner !
La voix de Mathis perça le néant sans rêve qui tenait lieu de sommeil à Tomi. Sitôt revenu à la conscience, le vieil homme ressentit les effets de la maladie. Une immense brûlure dans tout le corps, réduit à une plaie unique, à l’intérieur de lui-même…
Ce n’était que la première attaque de la journée. Il y en aurait beaucoup d’autres jusqu’au soir, si tant est qu’il arrive jusque-là.
— Allez, debout, vieille carne ! Il faut que tu manges. Regarde un peu ce que j’ai dégotté…
Mathis lui mit ses trouvailles sous le nez. Il avait enrobé une douzaine d’œufs dans un morceau de chiffon crasseux et exhibait fièrement une bouteille en plastique à moitié remplie d’un liquide blanc crémeux.
— Du lait ? s’étonna Tomi.
Impossible de se rappeler quand il en avait bu pour la dernière fois. Mais cela devait remonter à très loin, bien avant l’hiver des machines qui avait marqué le début de la Nouvelle Ère. »

Extrait de : J. Heliot. « L’automne du renouveau. »

L’été de la révolte par Johan Heliot

Fiche de L’été de la révolte

Titre : L’été de la révolte (Tome 3 sur 4 – CIEL)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2015
Editeur : Gulf Stream

Première page de L’été de la révolte

« La croissance de Mathis avait été compromise par une aberration génétique rare. Ses muscles le faisaient souffrir lorsqu’il les sollicitait trop, mais cela n’empêchait pas le jeune homme d’accomplir sa part du labeur quotidien sans jamais se plaindre. Mieux, il conservait une égale bonne humeur quelles que soient les circonstances. Toujours un sourire aux lèvres ou une blague en bouche !

Cela exaspérait Tomi, autant que les surnoms dont l’accablait son camarade de corvées – « vieille carne » étant le préféré de Mathis.

— Tu ne peux pas te taire cinq minutes, bon sang de bois ? ronchonna le vieillard.

Les poings crispés autour du manche de son balai, il luttait depuis quelques instants contre une nouvelle attaque de la maladie qui le rongeait de l’intérieur. Le feu dévorait sa poitrine, embrasant ses poumons. Il avait l’impression de pouvoir cracher des flammes. La douleur s’intensifiait jour après jour, faute de traitement. L’humeur de Tomi s’en ressentait.

— Ça ne va pas ? s’inquiéta son compagnon. »

Extrait de : J. Heliot. « L’Eté de la révolte. »

Le printemps de l’espoir par Johan Heliot

Fiche de Le printemps de l’espoir

Titre : Le printemps de l’espoir (Tome 2 sur 4 – CIEL)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2015
Editeur : Gulf Stream

Première page de Le printemps de l’espoir

« Vues des crêtes, les dernières plaques de neige dispersées dans la plaine formaient une mosaïque blanc et gris parsemée d’îlots de verdure. Chaque jour, Tomi passait de longs moments à observer l’évolution du paysage côté Alsace de la montagne. Les yeux rivés à ses jumelles, une Thermos remplie de café à ses pieds, une couverture autour des épaules, son fusil à portée de main, le vieil homme jouait les sentinelles.

Ce qu’il apercevait n’était pas pour le réjouir. Les machines entrées en rébellion contre les humains au début de l’hiver avaient remporté la partie, cela ne faisait plus aucun doute. Il y avait bien eu quelques tentatives de résistance, mais elles s’étaient soldées par des échecs. Leurs auteurs avaient été capturés et chargés à bord de camions-bennes automatiques, puis emportés dans la plaine vers quelque mystérieuse destination. En ville, peut-être, songeait Tomi, à Mulhouse ou bien Bâle, vers le sud, à Colmar ou même Strasbourg, vers le nord, ou même en Allemagne – la frontière était toute proche. »

Extrait de : J. Heliot. « Le Printemps de l’espoir. »

L’hiver des machines par Johan Heliot

Fiche de L’hiver des machines

Titre : L’hiver des machines (Tome 1 sur 4 – CIEL)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2014
Editeur : Gulf Stream

Première page de L’hiver des machines

« Le CIEL n’était plus vide.

À l’aube des années 2030, une forme d’intelligence nouvelle régnait sur les espaces infinis du Central d’Informations et d’Échanges Libres.

Le vieil Internet avait été relégué au magasin des antiquités après une trentaine d’années de bons et loyaux services. Son remplaçant l’avait avalé et digéré sans effort. Sa puissance de calcul le lui permettait. Elle l’autorisait à effectuer un milliard de milliards d’opérations à la seconde. Du jamais vu dans l’histoire de l’informatique.

Mais pas dans celle de la nature, qui avait mis des millions d’années à façonner un outil capable d’un tel exploit : le cerveau humain.

Désormais, ce dernier avait un concurrent. Artificiel, mais pas moins dénué de sensibilité. À sa façon, bien sûr.

L’intelligence dans le CIEL pensait à échelle globale. Elle avait à sa disposition l’ensemble des connaissances du monde, contenues dans les mémoires des ordinateurs. Son rôle consistait à gérer le flux de données en provenance de tous les appareils connectés de la planète. »

Extrait de : J. Heliot. « L’hiver des machine. »

L’empire invisible par Jérôme Noirez

Fiche de L’empire invisible

Titre : L’empire invisible
Auteur : Jérôme Noirez
Date de parution : 2015
Editeur : Gulf Stream

Première page de L’empire invisible

« La nuit est rouge. Les étoiles sont des caillots de sang. Je n’entends plus mon propre souffle. La douleur s’efface, la peur aussi.

C’est la fin.

Ô Jésus, accueille-moi dans ton royaume. De ce côté-ci de l’éternité, nous avons tant souffert. Punis les méchants et console les innocents, ô Jésus.

J’entends les chiens aboyer, partout, d’Anderson à Abbeville, et dans le ciel aussi, comme une meute emportée par une tornade. Ils me trouveront bientôt. Ils trouveront mon cadavre et planteront leurs crocs dans ma gorge.

Ô Jésus, petit enfant de Dieu, fais en sorte qu’ils ne me dévorent pas. Je ne veux pas être dévorée par les chiens. Je veux monter au paradis, entière, avec mon visage, mes mains et mes seins, ô Jésus. »

Extrait de : J. Noirez. « L’Empire invisible. »

Fleurs de dragon par Jérôme Noirez

Fiche de Fleurs de dragon

Titre : Fleurs de dragon
Auteur : Jérôme Noirez
Date de parution : 2008
Editeur : Gulf Stream

Première page de Fleurs de dragon

« Assis sur les genoux, le dos raide, Shigeru observe avec dédain la petite auberge dans laquelle lui et ses compagnons ont fait halte à la nuit tombée : une masure sale et malodorante seulement éclairée par les braises mourantes d’un foyer creusé à même la terre battue. Le vieillard édenté et bossu qui tient l’établissement ne leur a servi que des kakis séchés et du thé à l’arrière-goût de poisson.

— Je veux du saké ! gronde le samouraï en frappant le plancher avec l’extrémité du fourreau de son sabre.

Ses cinq compagnons acquiescent. Passer une soirée sans vider quelques cruchons de saké et sans jouer aux dés leur semble tout bonnement impensable. »

Extrait de : J. Noirez. « Fleurs de dragon. »

Desolation road par Jérôme Noirez

Fiche de Desolation road

Titre : Desolation road
Auteur : Jérôme Noirez
Date de parution : 2011
Editeur : Gulf Stream

Première page de Desolation road

« Gayle Hudson était du genre chétif. Quand il était gosse, à l’école, on le surnommait Twisted Nail, « clou tordu », parce qu’il avait tendance à se tenir voûté, une mauvaise habitude qu’il n’avait pas perdue, du reste. Il était né avec le siècle, et, en 1917, quand l’Oncle Sam avait pointé son doigt autoritaire vers lui, il avait voulu s’engager volontairement. L’Amérique avait besoin de lui. Il y croyait alors. On l’avait réformé à la première visite médicale, à cause de sa taille et de son poids. « Mon gars, si une bombe explose à côté de toi, tu t’envoles jusqu’en Russie », lui avait dit le médecin en riant. Gayle n’était pas taillé pour la guerre, pour l’aventure, il valait mieux qu’il manie un crayon plutôt qu’un fusil, et il avait fini par se faire à cette idée. C’était un garçon têtu, terriblement têtu, opiniâtre des pieds à la tête. Ça se voyait dans sa démarche, quand il fendait la foule des rues de Los Angeles avec la détermination d’un homme décidé à commettre un meurtre de sang-froid, juste parce qu’il lui prenait l’envie subite d’aller boire un verre dans l’un de ses bars favoris. »

Extrait de : J. Noirez. « Desolation road. »

Brainless par Jérôme Noirez

Fiche de Brainless

Titre : Brainless
Auteur : Jérôme Noirez
Date de parution : 2015
Editeur : Gulf Stream

Première page de Brainless

« Ces images vous sont familières, toutes les télévisions du monde les ont diffusées en boucle durant plusieurs jours : des voitures de police cernant l’entrée du lycée, des ambulances garées sur les pelouses, des blessés sanglés sur des civières attendant qu’on les évacue, des survivants hébétés ou en pleurs, la fumée noire de l’incendie qui surplombe les toits comme un géant informe, la correspondante de CNN qui commente en direct l’événement, ses sursauts et ceux de son caméraman à chaque détonation, les témoignages confus des élèves recueillis sur le trottoir : « C’est un massacre ! Il y a des morts partout ! Ils sont sans pitié ! Seigneur, ils tuent tout le monde ! » Vous vous souvenez, n’est-ce pas ?

Personne n’a oublié la date du 21 septembre 2014, la tuerie du lycée de Vermillion, la pire tuerie scolaire de l’histoire des États-Unis.

J’y étais. J’ai vécu ça de l’intérieur.

Par la suite, on a essayé de me faire passer pour un héros. Moi, avec mon ventre qui fait des plis, avec ma tête ronde et mon menton épais, avec mes cheveux trop fins, d’une couleur parfaitement quelconque, qui partent en épis au premier coup de vent, avec mes fringues ringardes et mes vieilles baskets… Tu parles d’un héros. »

Extrait de : J. Noirez. « Brainless. »