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Obsidio par Johan Heliot

Fiche de Obsidio
Titre : Obsidio
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2003
Editeur : Denoël
Sommaire de Obsidio
- Les maux blancs
- Retour aux sources
- Obsidio
Première page de Les maux blancs
« Sur la route du sang.
Un lézard vert et or file dans les fourrés.
L’homme en blanc (un costume de tweed à la mode anglaise, des mocassins vernis, un panama penché sur le côté du crâne) s’arrête. Avec sa gueule ravinée, il ressemble à Chet Baker vieux, à un ange torturé. Mais la comparaison est impossible. D’une part Chet Baker n’est pas vieux, nous sommes en 1955, il est encore le séraphin improbable qui pose en couverture de l’album Young Chet. Il ne connaît pas les canaux d’Amsterdam où l’attend la camarde. D’autre part, l’homme en blanc est jeune à cette époque, il n’a pas trente ans.
Le sang sur la route forme une flaque d’écarlate, qui contraste vivement avec le bitume noir. Garée sur le-bas-côté, une DeSoto cabossée, année quarante-huit ou quarante-neuf les ailes empoussiérées. La vitre du conducteur est constellée d’étoiles. L’homme en blanc en compte cinq, allumées au passage d’autant de balles brûlantes. »
Extrait de : J. Heliot. « Obsidio. »
Les vagabonds de l’entremonde par Johan Heliot

Fiche de Les vagabonds de l’entremonde
Titre : Les vagabonds de l’entremonde
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2006
Editeur : Intervista
Première page de Les vagabonds de l’entremonde
« S’il n’existait qu’un seul monde, nous n’aurions aucune raison de vivre. Nous, les passeurs de mondes. Car nous avons été créés pour servir ceux qui voyagent entre les différentes réalités. Beaucoup de gens effectuent ce genre de périple, plus que vous ne le croyez. Vous en avez croisés sans vous en rendre compte. Mais laissons cela pour l’instant, je n’ai pas pris la parole pour vous révéler les mystères de l’univers — du moins, pas encore.
Non, si j’ai décidé de faire entendre ma voix, c’est parce que les circonstances l’exigent. Jusqu’à présent, nous avons vécu dans le secret, habitués aux seconds rôles de l’Histoire, témoins silencieux d’événements fantastiques. Mais tout cela risque de prendre fin. C’est pourquoi je tiens à témoigner de notre existence, tant qu’il en est encore temps.
Une menace pèse sur l’avenir des mondes. On ne lui connaît pas d’autre nom que l’Illusionniste. On ne sait pas à quoi il ressemble. Moi-même, je ne l’ai jamais vu sous sa véritable apparence. Mais je sais qu’il existe et que tous ses efforts tendent à compromettre le fragile équilibre instauré au fil des siècles entre les mondes. »
Extrait de : J. Heliot. « Les vagabonds de l’entremonde. »
Les sous-vivants par Johan Heliot

Fiche de Les sous-vivants
Titre : Les sous-vivants
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2016
Editeur : Seuil
Première page de Les sous-vivants
« – Debout ! tonna le vieil Ogden. Un Pur jamais ne paresse !
En guise de bonjour, il ne fallait pas espérer plus poli de sa part. D’aussi loin que Tigdal s’en souvînt, les réveils avaient toujours été brutaux. L’occasion, également, pour le Doyen de dispenser sa première leçon du jour. Beaucoup d’autres suivraient, sur le même ton. Ogden devait conserver pour ses seules pensées l’usage de l’amabilité…
Et encore, songea Tigdal, peut-être a-t-il l’habitude de se houspiller lui-même ! On ne pouvait jamais savoir avec le terrible vieillard, autant craint pour son caractère qu’admiré pour son expérience.
– Hâte-toi pour la toilette, mais ne te néglige pas. Un Pur toujours doit paraître à son avantage.
Tigdal étouffa un soupir. Il n’osa pas manifester plus ouvertement ses émotions. Le respect autant que la peur le retenaient. Ogden n’hésitait pas à rudoyer ses pupilles lorsqu’il les estimait impertinents. La peau, disait-il, se souvient mieux d’une leçon que l’esprit. Un bleu rappelait la faute commise et dissuadait de la répéter. »
Extrait de : J. Heliot. « Les Sous vivants. »
Les prisonniers de la nuit par Johan Heliot

Fiche de Les prisonniers de la nuit
Titre : Les prisonniers de la nuit
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2018
Editeur : Seuil
Première page de Les prisonniers de la nuit
« – Jon ? Ton sac est prêt ? Dépêche-toi, le car sera là dans dix minutes !
Le père du garçon semblait fébrile, à croire que c’était lui qui partait pour ce stupide camp d’été. Sa mère, quant à elle, avait la larme à l’œil. À voir leurs traits tirés et leur mine défaite, on avait même l’impression qu’ils n’avaient pas dormi de la nuit, contrairement à Jon, réveillé une demi-heure plus tôt par les coups frappés à la porte de sa chambre.
Ils allaient pour la première fois se séparer pendant les vacances. Et cela n’enthousiasmait guère Jon, mais pas pour les raisons qu’on pouvait supposer.
Camp d’été rimait avec activité, du genre sportive et salissante, toutes les journées qu’il se retrouverait coincé dans ce piège au beau milieu de nulle part, en compagnie de parfaits étrangers. Un avant-goût de l’enfer, de son point de vue !
– Je suis vraiment obligé d’y aller ? demanda-t-il d’un ton exagérément plaintif.
– Ta mère et moi avons pris notre décision. Nous ne changerons pas d’avis. Inutile d’insister !
Cet accès d’autorité était plutôt surprenant de la part d’un homme aussi conciliant à l’ordinaire qu’Ethan, le père de Jon. »
Extrait de : J. Heliot. « Les Prisonniers de la nuit. »
Les fils de l’air par Johan Heliot

Fiche de Les fils de l’air
Titre : Les fils de l’air
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2009
Editeur : Flammarion
Première page de Les fils de l’air
« On tambourinait à la porte. Des coups violents ébranlaient le panneau de bois. Brutalement tirée du sommeil, Charlotte mit quelques secondes avant de se rappeler où elle se trouvait : dans sa chambre du château de Versailles, bien sûr, où sa famille avait été obligée de se réfugier depuis que Paris n’était plus assez sûre. Cela faisait plusieurs mois, maintenant, que le roi, la reine et leurs deux enfants avaient déserté le palais des Tuileries, escortés par le régiment du marquis de La Fayette. Depuis, l’automne avait succédé au terrible été de 1789 et son 14 juillet sanglant. Charlotte conservait des images épouvantables de la foule huant et conspuant ses parents sur le chemin de l’exil. Une femme avait brandi une corde sur le passage du cortège, promettant à la reine que son corps se balancerait bientôt à un réverbère de la capitale. Des souvenirs qui hantaient encore les nuits de la jeune fille…
Se ressaisissant, Charlotte cala son dos contre un empilement d’oreillers et lança :
— Entrez ! »
Extrait de : J. Heliot. « Les fils de l’air. »
Les fantômes du cyberspace par Johan Heliot

Fiche de Les fantômes du cyberspace
Titre : Les fantômes du cyberspace
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2008
Editeur : Intervista
Première page de Les fantômes du cyberspace
« Elle approchait de son but quand le tonnerre se mit à gronder. Elle accéléra aussitôt l’allure. Personne ne fit attention à elle. Pourtant, la rue était animée. Mais les gens ne la voyaient pas. Pour cela, il fallait posséder un don particulier. Comme l’homme qu’elle venait consulter. Le seul en ville capable de l’entendre, de la comprendre et, espérait-elle, de l’aider. Le seul capable de les sauver, elle et les siens.
S’il n’était déjà pas trop tard, car l’orage menaçait.
Elle marqua un léger temps d’arrêt devant la grille, pour observer la maison. La vieille demeure lui rappela l’époque où un cœur battait encore dans sa poitrine. La bâtisse était plutôt jolie, même si des lézardes fissuraient ses murs et que des tuiles manquaient sur son toit. Elle convenait parfaitement à son propriétaire, songea la visiteuse. Qui d’autre qu’un médium pouvait vivre là ?
Elle traversa la grille et le jardin mal entretenu, parsemé de broussailles. Un garçon d’une douzaine d’années jouait avec un ballon qu’il s’amusait à faire rebondir, avant de le lancer à travers un cerceau de métal suspendu à la façade. Un jeu qu’elle ne connaissait pas. »
Extrait de : J. Heliot. « Les fantomes du cyberspace. »
Les enfants de la terreur par Johan Heliot

Fiche de Les enfants de la terreur
Titre : Les enfants de la terreur
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2022
Editeur : L’Atalante
Première page de Les enfants de la terreur
« Les rumeurs d’invasion flottaient dans l’air depuis plusieurs saisons, aussi tenaces que le brouillard et le gel arrivés à la fin de cet automne sur les quais de la Tamise et dans les ruelles sordides du vieux cœur de Londres. Les gazettes en faisaient leurs choux gras, excitant la fibre patriotique des sujets de George III. Les habitants de la capitale ne se montraient pas les moins enclins à maudire l’encombrant voisin continental et ses agaçantes prétentions de conquête. Dix ans plus tôt, seulement, la blague aurait fait rire dans les bouges de Whitechapel autant qu’à la Chambre des lords de Westminster. La concorde régnait alors entre la France et l’Angleterre, ainsi qu’une mutuelle admiration. Les échanges d’idées comme de marchandises animaient le commerce des deux plus grandes nations d’Europe. Puis la Bastille était tombée sous l’assaut des révolutionnaires, et tout le reste n’avait pas tardé à suivre…
Ballottée par les cahots de la voiture, Geneviève ressassait les malheurs de l’époque, dont elle aurait pu s’accommoder s’ils n’avaient été la cause directe des siens propres. »
Extrait de : J. Heliot. « Les Enfants de la Terreur. »
Les amants du génome par Johan Heliot

Fiche de Les amants du génome
Titre : Les amants du génome
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2016
Editeur : Syros
Première page de Les amants du génome
« J’avais le cœur sur des montagnes russes quand j’ai osé aborder Irdiss et lui parler. C’est arrivé le jour de la visite de l’Enclave, un jour très important pour tous les élèves en année terminale d’études. Pour moi, plus encore, c’était celui où notre histoire débutait enfin.
Pour être honnête, mon histoire avec Irdiss ne datait pas de ce mercredi-là. Je l’avais remarquée dès notre premier cours en commun pendant cette année de terminale, cruciale pour nos avenirs. Elle s’était installée seule devant le murécran, attentive à chacun des mots prononcés par le prof de sciences du vivant, qui nous expliquait les bases du séquençage de l’ADN à partir d’une anim’ en 3D.
Cela peut paraître un cliché, mais je n’avais encore jamais vu une fille comme elle et j’en ai eu le souffle coupé. Sa silhouette, sa démarche, la moindre de ses expressions signalaient son appartenance à un milieu très éloigné du mien. J’avais aussitôt compris que nous ne vivions pas dans les mêmes quartiers, mais j’étais déjà fou d’elle, au point que son image envahissait mes pensées, et jusqu’à mes rêves. »
Extrait de : J. Heliot. « Les amants du génome. »
Le jardin des chimères par Johan Heliot

Fiche de Le jardin des chimères
Titre : Le jardin des chimères
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2022
Editeur : ScriNeo
Première page de Le jardin des chimères
« Quand les images des corps échoués commencèrent à se diffuser sur les réseaux, le choc fut tel que beaucoup préférèrent ne pas croire à la réalité. Après tout, une fake news de plus ou de moins…
C’était comme ça que les humains se protégeaient ou niaient leurs responsabilités : en refusant l’évidence, même quand elle leur sautait aux yeux avec cruauté.
La plage de sable blanc était bordée de palmiers. Elle s’étirait en courbe à peine accentuée sur plusieurs centaines de mètres, léchée par l’écume de l’océan, sous un soleil radieux. Un vrai cliché de paradis préservé pour qui avait encore les moyens de s’évader de son morne quotidien.
À condition d’ignorer l’alignement des carcasses géantes en cours de putréfaction sous l’effet de l’accablante chaleur – il faisait déjà plus de quarante degrés en cette saison, sous ces latitudes méridionales, et la température allait encore grimper dans les semaines à venir. »
Extrait de : J. Heliot. « Le Jardin des chimères. »
Le feu dans le sang par Johan Heliot

Fiche de Le feu dans le sang
Titre : Le feu dans le sang
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2017
Editeur : ScriNeo
Première page de Le feu dans le sang
« — Qui c’est qu’a trop envie de se déchirer la tête ce soir ?Sam tira une plaquette de pilules bleues de l’intérieur de sa sacoche griffée (une contrefaçon achetée quelques euros dans une boutique de Barbès) avant de l’agiter sous le nez d’Alex. Puis il exécuta une sorte de galipette au milieu de la pelouse, tout à sa joie anticipée. Pour lui, la recette d’une fête réussie se réduisait à la présence de son plus vieux copain et à un généreux cocktail de produits hallucinogènes. Ainsi était Sam, excessif en tout, amitié comme divertissement.
Au contraire d’Alex. Celui-ci se rencogna, les bras croisés, contre le dossier du banc public.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il à voix basse, soupçonneux. Tu as trouvé ça où ?
— Dans l’armoire à pharmacie de mon père, répliqua Sam avec naturel. Il gobe ces cachetons pour se remonter le moral depuis qu’il a perdu son job. Ils le font drôlement planer ! On va pouvoir se mettre en condition pour la teuf.
Alex fit la grimace, secouant la tête.
— Sans moi, mon frère. Et je te conseille de planquer ta came avant que Marie-Lou se pointe. Si elle te voit avec, tu vas déguster sévère ! »
Extrait de : J. Heliot. « Le feu dans le sang. »