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Le fils des ténèbres par F. Colin

Fiche de Le fils des ténèbres
Titre : Le fils des ténèbres (Tome 1 sur 3 – Winterheim)
Auteur : F. Colin
Date de parution : 1999
Editeur : J’ai lu
Première page de Le fils des ténèbres
« Le soir venu, lorsque les derniers lambeaux du jour s’enroulaient aux sommets d’Elsnör en traînées de grisaille ambrée et qu’au-delà des collines le soleil s’enfonçait dans la forêt tel un disque d’or fondu, il arrivait que la reine, au sortir d’un sommeil sans rêves, secoue les voiles de sa tristesse et, quittant les hauteurs de sa tour solitaire, descende en hâte les interminables marches du grand escalier de pierre blanche. Comme un fantôme retourne à la nuit, elle disparaissait sous la voûte frémissante des immenses sapins noirs, les épaules secouées de sanglots, sa traîne bleue ondulant sur un épais tapis d’aiguilles et de mousse.
Elle ne pouvait se faire au souvenir de son enfant. La blessure était restée ouverte et son cœur débordait de chagrin : un fleuve d’amertume et de douleur charriant sans cesse les mêmes regrets. On la disait folle à la Cour. Les rumeurs proliféraient comme des insectes mauvais, fuyant dans le noir à son approche. Elle le savait bien sûr, mais elle n’en avait cure. La mort de son fils avait tout emporté. »
Extrait de : F. Colin. « Winterheim – Le fils des Ténèbres. »
Le masque de Cthulhu par A. Derleth

Fiche de Le masque de Cthulhu
Titre : Le masque de Cthulhu
Auteur : A. Derleth
Date de parution : 1958
Traduction : P. Salva
Editeur : J’ai lu
Sommaire de Le masque de Cthulhu
- Le retour d’Hastur
- Les engoulevents de la colline
- Quelque chose en bois
- Le pacte de Sandwin
- La maison dans la vallée
- Le sceau de R’lyeh
Première page de Le masque de Cthulhu
« En fait, il y a longtemps que tout a commencé. Combien de temps, je suis incapable de le préciser. En ce qui concerne mon premier contact avec cette affaire, qui a ruiné ma carrière et mis en danger ma santé mentale, tout a commencé avec la mort d’Amos Tuttle. C’était au cours de l’hiver dernier, alors que le vent du sud apportait un parfum de printemps. Je m’étais rendu ce jour-là dans ce lieu historique hanté de légendes qu’est Arkham. Amos avait appris ma présence par le docteur Ephraïm Sprague qui le soignait. Il avait demandé à ce dernier de prendre contact avec moi à Lewiston House et de me conduire dans sa sombre propriété de Aylesbury Road. Ce n’était pas un lieu où je me rendais avec plaisir, mais le vieillard me payait assez cher pour m’imposer ses excentricités. En outre, Sprague m’avait déclaré sans ambages que son patient était mourant et que sa fin n’était plus qu’une question d’heures. »
Extrait de : A. Derleth. « Le masque de Cthulhu. »
La trace de Cthulhu par A. Derleth

Fiche de La trace de Cthulhu
Titre : La trace de Cthulhu
Auteur : A. Derleth
Date de parution : 1962
Traduction : C. Lagarde, G.-G. Lemaire
Editeur : J’ai lu
Sommaire de La trace de Cthulhu
- La maison de Curwen Street ou le manuscrit d’Andrew Phelan
- La vigie céleste ou la déposition d’Abel Keane
- La gorge au-delà de Sala Punco ou le testament de Clairbonne Boyd
- Le gardien de la clé ou le récit de Nayland Colun
- L’île noire ou le récit d’Horvath Blayne
Première page de La maison de Curwen Street
« Le très controversé manuscrit de Phelan, découvert dans la chambre d’où Andrew Phelan disparut si étrangement la nuit du 1er septembre 1938, a finalement reçu le visa d’imprimatur de la bibliothèque de l’université de Miskatonic à Arkham, Massachusetts, après avoir été retiré des dossiers de la police. Il est reproduit ici grâce à l’extrême obligeance du Dr. Llanfer, l’un des directeurs de la bibliothèque, à l’exception de certains passages dont la force évocatrice est trop terrible et dont les concepts sont par trop étrangers à nos contemporains pour qu’il soit permis de les publier. »
Extrait de : A. Derleth. « La trace de Cthulhu. »
Le congrès de futurologie par Stanislas Lem

Fiche de Le congrès de futurologie
Titre : Le congrès de futurologie (Tome 1 sur 4 – Ijon Tichy)
Auteur : Stanislas Lem
Date de parution : 1971
Traduction : D. Sila
Editeur : J’ai lu
Première page de Le congrès de futurologie
« Le huitième congrès mondial de futurologie se tint à Costaricana. À vrai dire, je ne serais pas parti à Nounas si le Pr Tarantoga ne m’avait laissé entendre que l’on comptait sur moi. Il me dit également (et cela me vexa) que l’astronautique était devenue une façon de fuir les problèmes terrestres. Tous ceux qui en ont assez s’en vont quelque part dans la galaxie, escomptant que le pire aura lieu pendant leur absence. Il est vrai que plus d’une fois, surtout au retour de mes premiers voyages, il m’est arrivé de jeter un regard plein d’anxiété sur la Terre : n’allais-je pas trouver à sa place un objet en forme de pomme de terre sautée ? C’est pourquoi je ne fis guère de difficultés et me contentai de signaler que la futurologie n’était pas ma spécialité. Tarantoga répliqua que le pompage n’était en général la spécialité de personne, ce qui ne nous empêchait nullement d’accourir à nos postes au cri de : « Tous aux pompes ! ». »
Extrait de : S. Lem. « Ijon Tichy – Le congrès de futurologie. »
Y a quelqu’un ? par P. Curval

Fiche de Y a quelqu’un ?
Titre : Y a quelqu’un ?
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1979
Editeur : J’ai lu
Première page de Y a quelqu’un ?
« Champs-Élysées. Chaleur. Un Africain en chéchia de panthère nous regardait. La main de Nina était posée sur mon bras. Je lui dis :
— Tu vois, l’Alfa, là, je crois bien que c’est le modèle que je préfère.
— J’aime bien sa cravate à pois.
— Déjà vu des voitures avec des cravates à pois ?
Nina s’étonna, puis me sourit ; elle s’arrêta de marcher et, d’un geste vif, me pinça le nez entre le pouce et l’index en me grondant.
— Tu veux me rendre chèvre, Clément Volgré ?
Je protestai en nasillant :
— Mais non, je n’ai rien fait de mal, je parlais de l’Alfa-Roméo, pas de l’Africain.
Elle laissa tomber son bras, dépitée. »
Extrait de : P. Curval. « Y a quelqu’un ?. »
Voyage à l’envers par P. Curval

Fiche de Voyage à l’envers
Titre : Voyage à l’envers
Auteur : P. Curval
Date de parution : 2000
Editeur : J’ai lu
Première page de Voyage à l’envers
« Sur fond d’espace empoussiéré d’étoiles, s’inscrit une planète ravissante. Ses vastes océans brillent d’un bleu magique, des nuages en bancs serrés y tracent des sillons d’écume blanche. Nous la regardons grossir lentement depuis des jours. Un fragment de côte aperçu évoque l’Europe à s’y méprendre. D’ailleurs, cette mappemonde grandeur nature, nimbée d’une lueur d’aquarium, c’est bien la Terre. Nous voulons la croire semblable à celle que nous avons quittée depuis longtemps.
À première vue, le niveau des mers n’a pas amplifié au point de changer la forme des continents que les convulsions de l’écorce terrestre n’ont pas ébranlés ; les capitales exhalent toujours leurs prodigieux halos de lumière durant la nuit ; les anticyclones et les dépressions alternent avec la même vivacité. En revanche, des guerres existent-elles encore ? Quelles sortes de civilisations allons-nous découvrir ? Que savons-nous des bouleversements intervenus au sein des sociétés humaines ? »
Extrait de : P. Curval. « Voyage à l’envers. »
La face cachée du désir par P. Curval

Fiche de La face cachée du désir
Titre : La face cachée du désir
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1980
Editeur : J’ai lu
Première page de La face cachée du désir
« Je replaçai la sphère de mémoire dans son étui translucide. Fini les rapports ! Autour de moi, Garric, c’était à nouveau le décor de la Terre. Rien de vraiment attrayant pour qui a fait le tour de la galaxie. Pourrais-je désormais m’habituer à ce monde parfaitement rangé, organisé ? Depuis des millénaires, les hommes s’étaient acharnés à reconstruire une planète entièrement artificielle sur les ruines historiques de la première. Ils y étaient parvenus. Dommage que leurs rêves n’aient pas été à la hauteur de leur passion, de leur ferveur.
Je m’installai derrière la table aux doux reflets de bois. Ma main erra sur les veines.
À moins que la planète natale ne soit que le dépotoir de nos ambitions et que nous n’ayons usé nos rêves en tentant de les exporter. Dans ce cas, c’était à moi d’y réfléchir. La dernière mission que j’avais effectuée pouvait en servir d’illustration, sinon d’exemple. Parce que les Terriens ; une fois de plus, avaient démontré leur incapacité fondamentale à assimiler les mentalités étrangères. »
Extrait de : P. Curval. « La face cache du désir. »
L’homme à rebours par P. Curval

Fiche de L’homme à rebours
Titre : L’homme à rebours
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1974
Editeur : J’ai lu
Première page de L’homme à rebours
« DANS UN DÉSERT ABSURDE
Par le jeu incessant des enfants, la plage, déserte sur les côtés cour et jardin, s’anime. Une balle orange dessine une griffure brève sur le gris sombre de la mer et du ciel ; elle retombe entre les mains maladroites d’une fillette, qui la lâche. L’orange s’éteint sur l’ocre du sable. J’observe ces ébats à travers les colonnes métalliques d’un patio ouvert sur le ressac ; les brefs éclairs de flashes électroniques décomposent le jeu des enfants en milliers d’instantanés, échantillons photographiques qui titillent ma mémoire.
Quels sont ces enfants ? Quel est ce rivage ? Ces images bulles qui surgissent soudainement dans mon esprit sont séparées de leur contexte, je ne peux les rattacher à aucun souvenir ; et pourtant il me semble avoir vécu des événements semblables. »
Extrait de : P. Curval. « L’homme a rebours. »
Blanc comme l’ombre par P. Curval

Fiche de Blanc comme l’ombre
Titre : Blanc comme l’ombre
Auteur : P. Curval
Date de parution : 2003
Editeur : J’ai lu
Première page de Blanc comme l’ombre
« Quelqu’un geignit soudain, exprimant une déchirante douleur. Gémissement qui devint cri étouffé, semblable à l’atroce appel du plongeur saisi de dyspnée au fond de la mer, lâchant sa dernière, mortelle bouffée d’oxygène avant de venir crever à la surface.
« As-tu fini ? »
Un chien jappa.
« Enfin, c’est fini, oui ? »
Le voisin de Victor lança sa jambe sous la table. Aussitôt une truffe noire émergea de la retombée d’une nappe damassée puis, furtive, se retira.
Se pouvait-il qu’un chien fût à l’origine d’une pareille lamentation ?
Comment examiner le conglomérat de poils qui rampait vers l’étage inférieur de la desserte où brillaient des gâteaux glacés, sans attirer l’attention ? Victor fit mine de s’intéresser au roman ouvert, posé à côté de son assiette, pour éviter le regard de son voisin qui le surveillait, supposait-il. »
Extrait de : P. Curval. « Blanc comme l’ombre. »
Cette chère humanité par P. Curval

Fiche de Cette chère humanité
Titre : Cette chère humanité (Tome 1 sur 3 – Marcom)
Auteur : P. Curval
Date de parution : 1976
Editeur : J’ai lu
Première page de Cette chère humanité
« La première ligne de crête franchie, Belgacen se trouva soudain ébloui par la lumière ; blanche et crue, elle émanait de la neige qui l’entourait. Elle irradiait son visage à la manière des feux d’une rampe au théâtre, soulignant ses arcades sourcilières, ses paupières inférieures, ses narines, sa lèvre supérieure, le creux de ses pommettes et l’ovale de son menton. Sa face, ainsi maquillée par l’éclat de la blancheur, apparaissait comme sur un négatif photographique.
Suspendu à quelques mètres du sol par un compensateur de gravité, Belgacen glissait dans la nuit. Les techniciens de la Ligue avaient réalisé un modèle très silencieux de moteur linéaire pour le propulser ; il entendait à peine le bruit des pales qui tournaient avec frénésie au-dessus de son dos. Solidement fixé à son torse par une légère armature plastique, l’appareillage le maintenait dans une position horizontale. Belgacen se comparait à un héros de bande dessinée, nageant sans effort à travers la noirceur scintillante du ciel, frôlant la houle fixe des pentes enneigées – à « Super-bwana », par exemple, dans l’épisode qui l’opposait aux pilleurs de glaces. »
Extrait de : P. Curval. « Marcom – Cette chère humanité. »