Étiquette : La comédie inhumaine

 

Désirs cruels par M. Pagel

Fiche de Désirs cruels

Titre : Désirs cruels (Tome 4 sur 8 – La comédie inhumaine)
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Désirs cruels

« La voleuse fit son apparition près du mur d’enceinte de la propriété aux environs de vingt-deux heures. Elle escalada aisément les vieilles pierres et se laissa glisser de l’autre côté, pliant les genoux pour se recevoir en souplesse sur la terre meuble. Elle entra alors dans le champ de la première caméra.

Courbée en deux, elle commença à traverser le terrain laissé à l’abandon, en direction de la villa. Les hautes herbes et les touffes d’épineux frôlaient sans la ralentir ses jambes gainées de noir.

La propriété était entièrement plongée dans l’obscurité, comme si ceux qui vivaient là avaient eu l’habitude de se coucher tôt. C’était une grande bâtisse à deux étages, sans doute construite au siècle dernier par des bourgeois aux goûts pompiers. »

Extrait de : M. Pagel. « Désirs Cruels – La comédie inhumaine. »

Le diable à quatre par M. Pagel

Fiche de Le diable à quatre

Titre : Le diable à quatre (Tome 3 sur 8 – La comédie inhumaine)
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le diable à quatre

« Les tours de la cathédrale se découpaient sur le ciel sombre, à demi masquées par la brume. Trois heures du matin. L’heure creuse, même pour les quais de la Seine. La fraîcheur de l’air hivernal décourageait les promeneurs : désormais le confort primait le romantisme. Il n’était plus de mise de s’enlacer dans l’ombre de Notre-Dame de Paris ; les sirènes accompagnant au loin la lueur des gyrophares remplaçaient rossignols et lucioles ; le firmament couvert de nuages n’abritait ni étoiles ni clair de lune, et Victor Hugo était mort.

Robert Pantière marchait lentement le long du quai, frôlant presque les boîtes closes des bouquinistes. Du coin de l’œil, il observait son jeune compagnon. Grand et mince, presque émacié, Gauthier avait un physique de poète tuberculeux du siècle dernier. La nuit ne suffisait pas à dissimuler la pâleur de son visage glabre aux yeux fardés. »

Extrait de : M. Pagel. « Le diable à quatre – La comédie inhumaine. »

Sylvana par M. Pagel

Fiche de Sylvana

Titre : Sylvana (Tome 1 sur 8 – La comédie inhumaine)
Auteur : Michel Pagel
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir

Première page de Sylvana

« Le village s’appelle La Rougemûrière. C’est un nom étrange. Une feuille jaunie volette au gré de la brise et vient se poser sur la terre encore sèche du chemin. L’été est mort. Il flotte dans l’air le parfum des fruits tardifs, celui de l’herbe à lapins que la vieille Andrée vient de couper à la faucille, et l’odeur qu’abandonnent dans leur sillage les animaux domestiques. Le ciel est encore clair, sans nuages, mais l’été est mort. Il s’est enfui sans pluie, sans fraîcheur, sans que personne ne s’en aperçoive, laissant sa place à la douceur automnale.

Le chemin ressemble à tous les sentiers de campagne où circulent des machines agricoles : un terre-plein bosselé, encadré par deux ornières au fond desquelles s’inscrivent les dessins larges des pneus. La mauvaise herbe y prolifère, en petites touffes. Autrefois il menait à la maison en ruine, celle qui était devenue la maison des Parisiens, et puis la maison Sauvage. Le chemin n’a pas changé, lui, mais la maison est vide, depuis hier. »

Extrait de : M. Pagel. « Sylvana – La comédie inhumaine. »