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Yetig de la nef monde par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Yetig de la nef monde

Titre : Yetig de la nef monde
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de Yetig de la nef monde

« Lestane se hissa d’une impulsion paresseuse jusqu’au niveau de la terrasse dont les achémantes se rétractèrent en émettant une bouffée de senteur légèrement acide. Elle n’avait jamais réussi à les corriger de la peur atavique de la présence mouvante, malgré la patience qu’elle déployait et ses tentatives de contact avec les mentals infiniment primitifs des sensitives. Elle les gronda gentiment et attendit que les premières d’entre elles ouvrent leurs calices pourpres pour s’en désintéresser. Dans la clairière, l’or commençait à imposer sa chaleur jusqu’alors maintenue à distance par le bleu azur, indiquant la fin de la course diurne de Saturne se rapprochant de l’horizon et laissant à Brilor la charge d’éclairer et de chauffer les surfaces diverses de cette portion de Ganéone.

La jeune femme aperçut Flogel galopant, coudes au corps, après la forme serpentine et velue du morobide malicieux qui participait aux jeux des enfants puis, sortant d’une touffe de jeunes lichens encore mauves et verts, Gaxiane, ébouriffée et piaillante, qui s’arrêta dans une tache de
lumière pour répondre à l’appel silencieux de sa mère. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Yetig de la nef monde. »

Vacances spatiales par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Vacances spatiales

Titre : Vacances spatiales
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir

Première page de Vacances spatiales

« Charm Selic leva les yeux et son nez aquilin se plissa, tandis qu’une moue exprimant un vague dégoût retroussait ses lèvres fortement charnues. Il hésita, soupira et décida que la lueur pulsante manquait autant d’à-propos que la sonnerie stridente qui l’accompagnait. Le collage des premières lisses sur le micro modèle n’était pas même terminé que, déjà, quelqu’un, quelque part, se souvenait de son existence.

— Ici, Charm 3022, j’écoute, grogna-t-il dans le tridi, après avoir pressé la touche réponse.

— 3022, salle trois, onzième secteur, pour info…

— Mais je rentre de mission ! S’exclama-t-il, le réarque m’a promis formellement…

— Couloir 30, douzième étage, 20 heures précises, termina la voix féminine adorablement modulée, sans paraître avoir entendu la protestation véhémente.

Il coupa rageusement la communication sans même se rendre compte qu’il n’avait pas eu d’image, faute d’avoir activé l’écran. Il était inutile d’essayer de discuter avec une transmettrice impersonnelle. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Vacances spatiales. »

Solution de continuité par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Solution de continuité

Titre : Solution de continuité
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1969
Editeur : Fleuve noir

Première page de Solution de continuité

« Derrière le verre teinté des lunettes à monture plaquée or, les yeux fatigués du secrétaire général des Nations unies se plissèrent, tandis qu’une ride se formait entre ses sourcils grisonnants. La journée s’annonçait mal. Les dépêches qui parvenaient sans interruption, au rythme diurne des grandes capitales de la planète, témoignaient de la volonté des deux groupes principaux de s’en tenir à leurs positions extrêmes. Une fois encore, incapables de s’unir, les représentants du Tiers-Monde, impuissants, joueraient les utilités sur la grande scène du théâtre de verre, simples figurants gesticulants, incapables d’influer sur le déroulement du drame.
Dans moins de deux heures, les délégués des États membres de l’Organisation commenceraient à assiéger le bureau du secrétaire général…, mais il n’y avait pas la moindre chance pour que, parmi eux, se trouve l’un des Grands. Les positions étaient rigides, les idéologies s’affrontaient avec une violence croissante, le processus implacable de l’escalade diplomatique renversait les unes après les autres les faibles barrières de la raison, dressées par quelques sages du monde et, une fois de plus, l’homme qui avait la redoutable mission de faire appliquer les décisions de l’Organisation, se sentit las. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Solution de continuité. »

Sept soleils dans la licorne par Jean-Louis Le May

Fiche de Sept soleils dans la licorne

Titre : Sept soleils dans la licorne
Auteur : Jean-Louis Le May
Date de parution : 1982
Editeur : Fleuve noir

Première page de Sept soleils dans la licorne

« Il faisait grand jour lorsque Yven posa l’intercan sur l’aire qui venait de lui être affectée par le contrôle de l’astroport. Dans la coursive étroite de la machine transspatiale, un rouleur portant ses bagages suivit le jeune homme et franchit derrière lui la coupée. Les bras de charge du traîneau magnétique immobile au pied de la rampe s’emparèrent des deux conteneurs formant le bagage de l’arrivant et celui-ci s’installa paisiblement dans le siège enveloppant.

Le rouleur regagna le navire, la rampe fut avalée par celui-ci et l’obturateur de coupée se referma avant que le* traîneau ne soit libéré par le jeune passager.

Durant la traversée de l’astroport, Yven chercha à identifier les intercans déjà arrivés, aux blasons ornant leurs proues ouvragées et en reconnut certains. La yéokale de Lésenthine n’avait évidemment pas lésiné en lançant ses invitations. L’anniversaire d’une de ses filles était un excellent prétexte à une série de fêtes entrecoupées de joutes et de chasses passionnantes. »

Extrait de : J.L Le May. « Sept soleils dans la licorne. »

Quelques lingots d’iridium par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Quelques lingots d’iridium

Titre : Quelques lingots d’iridium
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1978
Editeur : Fleuve noir

Première page de Quelques lingots d’iridium

« Une lumière orangée apparut sur le bord de l’écran du traceur de route. Le champ d’étoiles mouvantes glissa imperceptiblement. La lueur disparut. Les mains gantées d’Eslo, posées sur les claviers prioritaires, demeurèrent inertes. La correction de trajectoire venait d’être réalisée avant qu’il ait songé à intervenir. Ce n’était pourtant pas une petite affaire que de maintenir, dans le chenal étroit des hypervitesses, un astronef à bout de souffle mené à la refonte par un équipage de fortune.

Le Strygmoor avait plus que besoin d’une révision générale. Sa coque vétuste portait la trace d’une bonne vingtaine d’impacts, grossièrement obturés. Ses générateurs ronflaient comme un troupeau de potamochères pataugeant dans leur bauge préférée. Durant les transitions, la vieille carcasse vibrait et grelottait au point de transmettre la fièvre sautillante à l’équipage résigné. Piloter correctement un engin de cette sorte relevait du tour de force ou de la magie. Eslo hésitait sur le choix du qualificatif à appliquer à son copilote. Sorcière, magicienne, mutante ou surdouée ? »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Quelques Lingots D’Iridium. »

Message pour l’avenir par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Message pour l’avenir

Titre : Message pour l’avenir
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1968
Editeur : Fleuve noir

Première page de Message pour l’avenir

« L’orage était sur eux. Des torrents d’eau tiède s’abattaient des ventres gonflés de nuages énormes, d’un noir d’encre, qui se traînaient au-dessus du relief, s’accrochant péniblement aux roches déchiquetées par l’érosion. Malgré l’altitude, une chaleur étouffante de serre humide les faisait haleter. L’orage allait durer quelques minutes ou quelques heures, suivant que les Monts de la Lune, dont ils sentaient la formidable présence au-dessus de leur fragile abri, seraient capables ou non de retenir les nuages entre leurs serres de roche et de glace.
Accroupis sous la tente illuminée par les décharges électriques continuelles, il leur était impossible d’échanger un mot dans le bruit terrifiant, amplifié par les échos sans nombre. Mais ils ne pensaient plus à parler. Ils étaient tous les deux dominés par la même pensée affolante : ils touchaient au but. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Message pour l’avenir. »

Les trophées de la cité morte par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Les trophées de la cité morte

Titre : Les trophées de la cité morte
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les trophées de la cité morte

« Docile, la lumière Ma s’éleva quelque peu pour accentuer l’effet de relief. Beaucoup de travail restait à accomplir avant d’atteindre la perfection escomptée, mais l’œuvre sous sa forme dégrossie donnait une idée précise de ce qu’elle voulait exprimer. Même un sans-cervelle comme Awff le Simple saurait reconnaître la gazelle des cimes surprise en plein bond, les antérieurs repliés, les postérieurs détendus prolongeant l’arc de la dorsale. L’impression de mouvement était accentuée par le port de tête étonnant, le fin museau reposant sur les avant-bras, les cornes spiralées pointées vers l’inconnu de l’au-delà du saut.

Ion passa des doigts nerveux dans sa chevelure sombre dont les boucles tombaient sur son front couvert d’une pellicule de sueur, étreignant de son autre main la masse de frappe, ronde, lourde et sonore. Une poussière impalpable collait à son torse nu et ses pieds avaient pris la teinte grise de la pierre broyée. Il recula de quelques pas, clignant des paupières, faisant évoluer la lumière Ma pour saisir le bas-relief dans son ensemble. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Les trophées de la cité morte. »

Les trésors de Chrysoréade par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Les trésors de Chrysoréade

Titre : Les trésors de Chrysoréade
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les trésors de Chrysoréade

« Sceptiques.

Sceptiques et blasés.

Suivant la règle courante, ou mieux, selon des critères communément admis, des êtres, que leur profession mène d’un point de la Fédération à un autre, ne peuvent que ressentir de l’indifférence devant la diversité apparente des phénomènes universels, cette variété n’étant, en réalité, que convergence de singularités rapportées à des faits semblables mais non identiques.

Nous devrions donc, l’un et l’autre, appartenir à cette espèce particulière d’individus glacés, cyniques et résignés, puisque nous parcourons l’immensité fédérale, au hasard des enquêtes, sans disposer d’un port d’attache préférentiel.

Voire ! s’exclamerait volontiers Deirdre qui est jeune, ravissante et aime vivre en ce temps comme elle l’aimerait en d’autres, si elle avait envie de répliquer à de telles prétendues évidences.

Pas d’accord ! laisserait tomber Joël sans autrement insister car de tels propos l’assomment par leur absence totale de fondement. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Les Trésors de Chrysoréade. »

Les montagnes mouvantes par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Les montagnes mouvantes

Titre : Les montagnes mouvantes
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les montagnes mouvantes

« L’événement approchait. Onde n’avait pas encore pu fermer les yeux et trouver le sommeil. Elle s’était traînée hors de l’abri jusqu’au surplomb dominant la vallée dans sa recherche de moins de moiteur, moins de sueur, moins d’odeurs fortes, moins de présences.

Tout était si clair, si beau et si paisible au-dehors. Lune était suspendue dans le ciel, ronde, pleine, gonflée de forces bénéfiques. Sa lumière laiteuse voilait celle des étoiles qui l’entouraient. Il n’y avait aucun des esprits des Anciens sauf très loin vers les monts Grondants, car il sembla à Onde que leurs rougeurs démoniaques se reflétaient sur des masses indéfinissables accrochées aux sommets.

Onde frissonna. Ce qui gonflait son ventre au point de le distendre allait bientôt naître à la vie. Une vie belle mais dure, difficile, étant donné la disproportion entre les moyens dérisoires de la tribu et la puissance du reste de la création. C’était pourtant la bonne époque de l’année. Le froid tout blanc appartenait au passé depuis trois cycles complets de Lune. La rivière, qui avait coulé en grondant lorsque le froid blanc s’était transformé en eau, commençait à s’apaiser. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Les montagnes mouvantes. »

Les landes d’Achernar par Jean-Louis et Doris Le May

Fiche de Les landes d’Achernar

Titre : Les landes d’Achernar
Auteur : Jean-Louis Le May et Doris Le May
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les landes d’Achernar

« Le vent soufflait, humide et tiède, apportant à la forêt la richesse inépuisable des embruns arrachés aux crêtes déferlantes des vagues de la mer qui rauquait quelque part, là-bas, vers le Sud. Les cimes luisaient comme des chevelures mouillées et frissonnaient à chaque passage de l’onde brassée par les courants aériens. Sur les feuilles, les stomates largement ouverts absorbaient avidement les myriades de molécules porteuses de vie que recueillait le limbe et la mystérieuse alchimie végétale créait un nuage invisible d’oxygène qui enrichissait et régénérait l’atmosphère de la planète.

Il eût fallu être un dieu pour admettre que ces minuscules constructions hexagonales que sont les cellules et dans lesquelles se manifeste le miracle répété de la vie forment les seuls constituants des ensembles gigantesques, aux troncs bruns et lisses, pour les uns, gris et rugueux pour d’autres, qui entremêlent leurs bras immenses et flexibles pour maintenir l’invincibilité de la forêt. Celle-ci ne disputait le monde qu’à une autre puissance, monstrueusement démesurée comme elle : la mer. »

Extrait de : J.L et D. Le May. « Les landes d Achernar. »