Étiquette : Les raconteurs de nulle part

 

Les faucheurs de temps par Pierre Pelot

Fiche de Les faucheurs de temps

Titre : Les faucheurs de temps (Tome 4 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les faucheurs de temps

« Les premières neiges étaient tombées sur le causse au début de décembre, sans abondance, mais avec une opiniâtre constance, jour après jour ; juste ce qu’il fallait pour que le paysage pâlît, barbouillé de grisailles et de lividités malades, toutes véritables couleurs disparues. Parfois, le vent tombait, laissant en paix les nuages qui s’écartaient alors comme sous la poussée du bleu. Le soleil était encore suffisamment chaud pour attaquer la couche blanche, ne fût-ce que pendant deux ou trois heures, dans la journée. L’eau de la fonte qui brillait sur les pierres, affleurant les prés galeux du causse gelait la nuit suivante ; c’est ainsi que le jour nouveau se levait sur de vastes bavures brillantes parmi les herbes cassées et brunies, comme des traces laissées par de gigantesques bêtes au cours de la nuit, de monstrueuses limaces évaporées dans la lumière grise »

Extrait de : P. Pelot. « Les faucheurs de temps – Les raconteurs de nulle part. »

Le ciel sous la pierre par Pierre Pelot

Fiche de Le ciel sous la pierre

Titre : Le ciel sous la pierre (Tome 3 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le ciel sous la pierre

« Ce qui s’offrit aux yeux de Troper et d’Alice les laissa muets et bouche bée un long moment.
Sans doute elle s’était attendue à découvrir l’extraordinaire mais pas maintenant, pas si tôt. Pas cet extraordinaire-là.
Qu’elle devait bien vite adopter et assimiler. Dont elle devait bien vite faire son ordinaire.
C’est pourquoi elle était ici. Pour ne plus s’étonner de rien – une fois déjà, et ce n’était pas si ancien, et cela semblait déjà si loin, la stupéfaction était tombée sur elle. Cela suffisait bien. Elle n’en était toujours pas revenue.
Elle en gardait comme une sécheresse à la base de la langue, au fond de la gorge, qui se signalait à elle à chaque inspiration. Comme une aigreur douceâtre au creux de l’estomac, un goût de fer permanent dans la salive. »

Extrait de : P. Pelot. « Le ciel sous la pierre – Les raconteurs de nulle part. »

Les forains du bord du gouffre par Pierre Pelot

Fiche de Les forains du bord du gouffre

Titre : Les forains du bord du gouffre (Tome 2 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir

Première page de Les forains du bord du gouffre

« À une époque, le cadran de la montre avait été lumineux, mais c’était avant qu’on n’en fasse cadeau à Troper – d’ailleurs, le type n’en avait pas fait mystère en lui donnant l’objet (tout ce qui lui restait de valeur pour payer sa dette de jeu) : « À part son cadran lumineux qui ne marche plus, elle vaut encore du fric, tu pourras la revendre quand tu voudras…»
Troper l’entendait encore. Mais il n’avait pas revendu la montre, l’avait fixée une fois pour toutes à son poignet et ne l’en avait jamais retirée, même pour se laver.
C’était un chrono-bracelet comme il en existe des millions, à l’écran encastré dans une sorte de gaine en plastique caoutchouteux hérissée de boutons qui commandaient un nombre impressionnant de fonctions, auxquelles Troper n’avait jamais rien compris. »

Extrait de : P. Pelot. « Les Forains Du Bord Du Gouffre – Les raconteurs de nulle part. »

Le présent du fou par Pierre Pelot

Fiche de Le présent du fou

Titre : Le présent du fou (Tome 1 sur 4 – Les raconteurs de nulle part)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le présent du fou

« L’homme s’immobilisa enfin.

Non pas d’un seul coup, mais comme si l’élan de la marche était plus fort que sa volonté, le poussant en avant pour quelques dizaines de mètres encore après qu’il eut décidé de s’arrêter. Comme une mécanique au ressort d’acier détendu, se mouvant bravement jusqu’à son dernier soubresaut. Il y avait effectivement quelque chose d’une machine dans son allure – mais pas dans les yeux, pas dans l’expression qui creusait durement (pour ne pas dire ravageait) ses traits. Car une machine n’exprime rien, et certainement pas cet au-delà de la fatigue qui, plus qu’un visage, pétrissait un masque à l’homme aux cheveux longs. Une machine exprime encore moins la peur. »

Extrait de : P. Pelot. « Le présent du fou – Les raconteurs de nulle part. »