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L’étrange supplice par Maurice Limat

Fiche de L’étrange supplice

Titre : L’étrange supplice
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1953
Editeur : Editions Ferenczi

Première page de L’étrange supplice

«  On dirait vraiment un décor !… »

Il se faisait cette réflexion depuis le moment où il avait mis le pied sur le quai de la gare. Là, il avait aperçu le donjon, et l’aspect médiéval accusé l’avait frappé.

Non, ce n’étaient pas là de ces ruines vétustes, qui mettent un point de pittoresque sur le paysage, et n’abritent que des corbeaux et des musaraignes. Un château féodal ne demeure pas aussi net, aussi précis de lignes, en plein XXe siècle, à moins d’avoir été restauré par un Viollet-le-Duc.

Teddy Verano avait parlé tout haut, au moment où le cabaretier essuyait d’une main rapide la petite table de marbre, à la terrasse abritée par les platanes.

Au-delà des platanes, de la place, du petit bourg, à moins de trois kilomètres, sur la colline de Genteuil, l’étrange construction se dressait.

Teddy Verano avait parlé autant pour lui-même que pour provoquer les propos du cafetier. Quand on tient un débit de boissons et de tabacs sur la place centrale principale, et d’ailleurs unique d’une bourgade comme Septmonts, il est bien évident qu’on doit savoir beaucoup de choses.

« Mais, monsieur, vous avez raison, c’est bien un décor, en effet.  »

Extrait de : M. Limat. « L’étrange supplice.  »

L’espace d’un éclair par Maurice Limat

Fiche de L’espace d’un éclair

Titre : L’espace d’un éclair
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’espace d’un éclair

« Henrik stoppa le moteur photonique de l’électrauto. Lentement, très doucement, le coussin d’air s’amollit, diminua de volume, et l’engin se posa à même le sol.

Rêveur, il se demanda comment de tels engins, cependant si maniables, capables de telles manœuvres en douceur, pouvaient provoquer de pareils accidents.

Et pourtant…

Il soupira, bloqua les commandes, sortit de l’électrauto. Il alluma une cigarette et regarda longuement le paysage, peut-être sans le voir.

Il était charmant cependant, ce paysage de la vallée de la Marne. Il faisait beau et chaud. Pas ou peu de brume. Les larges rives verdoyaient et il apercevait déjà les premiers ceps de champagne.

Pourtant, un peu plus d’un an auparavant, c’était là que Stella avait trouvé la mort.

Un accident stupide. On dit cela, toujours.

C’est stupide, un accident, tout le monde le sait. Il n’y en a pas d’autres. »

Extrait de : M. Limat. « L’espace d’un éclair. »

L’aquarium de sang par Maurice Limat

Fiche de L’aquarium de sang

Titre : L’aquarium de sang
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1967
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’aquarium de sang

« Un souffle de vent passa…

C’était comme un soupir émanant d’un monde qu’oppressait la formidable chaleur. Bien que ce fût la nuit, l’air demeurait brûlant, sur les flots de la mer Rouge.

L’écharpe de Catherine, gaze légère, s’agita comme un oiseau un peu las et s’en alla, portée vers l’arrière du paquebot.

Surpris au moment où leurs lèvres allaient se joindre, les deux jeunes gens tournèrent instinctivement la tête.

— Oh ! Alain, mon écharpe…

— Un instant, chérie, je vais vous la ramener.

Il était contrarié de l’étreinte interrompue. Lui qui, une minute plus tôt, se trouvait tout content d’avoir pu amener Catherine sur la coursive, hors de la salle de bal du paquebot où quelques couples tournaient encore, au rythme langoureux d’un tango, d’ailleurs à peu près la seule danse possible par une nuit aussi chaude.

Catherine le regarda s’éloigner très vite. Son spencer jetait une tache claire dans la nuit. »

Extrait de : M. Limat. « L’Aquarium De Sang. »

L’anti-monde par Maurice Limat

Fiche de L’anti-monde

Titre : L’anti-monde
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1962
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’anti-monde

« Cela commença vraiment lorsque Kitô éclata de rire.

Luc en fut ébloui. Au sens réel du mot. Parce qu’à ce rire, d’une sonorité encore jamais ouïe par ses oreilles de Terrien, correspondit un véritable feu d’artifice, un jaillissement spontané de couleurs, explosant autour d’elle comme des fleurs de cactus.

Il était toujours sur ses gardes depuis le départ du monde solaire. Oswald et lui avaient toutes les raisons du monde de se méfier depuis les premières tentatives de sabotage.

Et ils n’étaient pas encore arrivés au but de leur voyage, l’astronef approchant seulement de l’Espace Étouffant.

Tout pouvait devenir suspect. Certes, les phénomènes inconnus abondaient dans le cosmos et les pionniers galactiques se trouvaient, à chaque instant, devant de surprenantes manifestations, naturelles ou non. »

Extrait de : M. Limat. « L’anti-monde. »

J’écoute l’univers par Maurice Limat

Fiche de J’écoute l’univers

Titre : J’écoute l’univers
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1960
Editeur : Fleuve noir

Première page de J’écoute l’univers

« L’ours avança une patte, la posa avec des précautions qui touchaient au comique. Puis, prenant une certaine assurance en se trouvant un centre de gravité approximatif, il déplaça tout son corps velu, sembla exécuter un quart de tour et posa l’autre patte.

Sandra, hallucinée, regardait venir le monstre…

L’ours, maintenant plus sûr de lui, fit un nouveau pas, se rapprochant encore de Sandra.

Crispée, elle s’était levée, mais se sentait incapable de faire un pas elle-même. L’ours poursuivait sa singulière promenade, en se dandinant d’une patte sur l’autre, selon la coutume de ses congénères de chair, lorsqu’ils progressent dans la position debout.

Lui tendait ses membres antérieurs, comme pour une accolade cordiale. Il n’avait nullement l’air méchant, d’ailleurs, avec ses yeux ronds, son museau exagérément pointu, l’allure humoristique de sa tête de plantigrade hydrocéphale, aux oreilles démesurées et cocasses.

La voix s’étrangla dans la gorge de Sandra lorsqu’elle voulut crier, hurler le nom de son fils. Mais non ! Rien ne venait, elle ne pouvait pas, elle comprenait. »

Extrait de : M. Limat. « J’écoute l’Univers. »

Il est minuit à l’univers par Maurice Limat

Fiche de Il est minuit à l’univers

Titre : Il est minuit à l’univers
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir

Première page de Il est minuit à l’univers

« L’homme se traînait. Il cuisait littéralement. Partout, le désert, le sable.

L’épouvante…

La guerre ? On ne savait même pas. Les derniers vestiges de l’humanité, dont il était, avaient fui comme ils avaient pu devant le cataclysme.

Nucléaire, le cataclysme. Incontestablement. Des bombes atomiques et encore des bombes atomiques.

Une planète sur laquelle déferlaient des nuages empoisonnés, autour du globe des éclairs valant cent mille fois les soleils, brûlant les regards, brûlant les vivants, brûlant
la vie, brûlant tout…

Cela s’était produit on ne savait comment. Pas même un conflit. Un accident de laboratoire. Ou le geste forcené d’un hystérique quelconque, ou bien…

N’importe ! La Terre était ravagée.

Lui était des derniers. Il fuyait dans le désert, comme ça, bêtement. Seul. »

Extrait de : M. Limat. « Il est Minuit à l’Univers. »

Ici l’infini par Maurice Limat

Fiche de Ici l’infini

Titre : Ici l’infini
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1968
Editeur : Fleuve noir

Première page de Ici l’infini

« Les hommes, du moins ceux qui ont une conscience, passent leur vie à se poser des questions.

Cela varie selon les individus.

Les uns se demandent : comment la Création a-t-elle bien pu se dérouler ? ou : dans quel état se trouvait Pascal la nuit du 23 novembre 1654.

D’autres, plus simplement, se creusent la cervelle pour arriver à boucler leur budget de fin de mois et payer la note de consommation atomique ménagère.

L’un n’empêchant d’ailleurs pas l’autre.

Moi, il ne me reste plus en tout et pour tout que trois questions à résoudre.

Du moins, en ce bas monde, que je vais quitter très prochainement.

Quand ? Comment ? Et qui ?

Je suis seul. Désespérément seul.

Des tas de philosophes ont gémi et ratiociné sur la solitude, cet état qu’ils prétendent
inhérent à la nature humaine. »

Extrait de : M. Limat. « Ici l’Infini. »

Echec au soleil par Maurice Limat

Fiche de Echec au soleil

Titre : Echec au soleil
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1964
Editeur : Fleuve noir

Première page de Echec au soleil

« C’est à des milliards et des milliards de lieues de la Terre…

Il existe un système séparé de notre monde par un nombre impressionnant d’années de lumière. Nombre qui n’a jamais été fixé ni par les cosmonautes ni par tes astronomes, pour l’excellente raison que les uns et les autres ignorent – et vraisemblablement ignoreront longtemps encore – l’existence du soleil Zéo.

Zéo brille donc quelque part dans la galaxie, au-delà de toutes les constellations connues. C’est un système assez réduit, car il ne comprend que deux planètes majeures, Groona et Watsi. Et quelques-unes de ces petites terres de l’espace dénuées d’intérêt, qui routent partout dans le cosmos.

Groona et Watsi sont habitées, depuis des temps immémoriaux. Non par des monstres invraisemblables comme en décrivent certains romanciers. Par des êtres humanoïdes, androïdes, et pour s’exprimer plus simplement par des créatures qui ressemblent de façon précise aux hommes de la Terre, et à tous les hommes que la main du Créateur a semés dans les galaxies, sur les planètes comportant les conditions convenables à leur existence. »

Extrait de : M. Limat. « Échec au Soleil. »

Dô coeur de soleil par Maurice Limat

Fiche de Dô coeur de soleil

Titre : Dô coeur de soleil
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de Dô coeur de soleil

« Taâ s’était levé de bonne humeur. Il se sentait prêt à répandre ses bienfaisants effets sur ceux qu’il considérait comme ses sujets, peut-être même ses créatures.

Un tel état d’esprit n’était pas quotidien, cependant. Il y avait bien des aurores où Taâ était maussade, refusait ou presque de se montrer, et sans se soucier des malheureux qui l’imploraient les laissait grelotter dans une semi-lumière, blafarde et sinistre, annonciatrice de désespérances.

Les dieux ont de ces caprices…

Mais ce matin-là, vraiment, aurait dû être le prélude à une journée bénéfique. Taâ était disposé à tout faire pour cela, à irradier une clarté glorieuse, fécondant la planète, éveillant l’univers floral, faisant gambader les petits gowers au sol sur leurs six pattes, et caracoler dans le ciel les dells aux ailes immenses et chatoyantes.

Taâ pensait aussi à ses enfants supérieurs, les humains. »

Extrait de : M. Limat. « Do, Coeur de Soleil. »

Dans le vent du cosmos par Maurice Limat

Fiche de Dans le vent du cosmos

Titre : Dans le vent du cosmos
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1962
Editeur : Fleuve noir

Première page de Dans le vent du cosmos

« La panique. C’était la panique sur le monde.

Cela avait commencé très peu de temps auparavant. À quelle heure ? On ne savait exactement. Et on ne savait pas davantage comment cela se manifesterait.

Rod était assis à la terrasse du café. Bien que l’exode eût déjà commencé, il y avait encore beaucoup de gens à Paris. À Paris et dans les autres villes, en dépit de ces milliers, de ces millions d’humains qui fuyaient, sans savoir où ni pourquoi, traqués par cet instinct qui chasse les êtres quand surgit le péril.

Rod était de ceux qui pensaient que cela n’avait plus d’importance. Il était resté. Comme chaque jour, il était venu prendre un Byrrh-cassis au même café, à la même table. Il faisait beau, très chaud. Et il regardait, de l’autre côté de la place Pigalle, la haute baie donnant sur le studio où, selon une tradition très ancienne, des fillettes et des jeunes filles apprenaient à danser. »

Extrait de : M. Limat. « Dans le vent du Cosmos. »