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L’ombre du bourreau par Gene Wolfe
Fiche de L’ombre du bourreau
Titre : L’ombre du bourreau (Tome 1 sur 6 – Livre du second soleil de Teur)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1980
Traduction : W. Desmond
Editeur : Denoël
Première page de L’ombre du bourreau
« Peut-être avais-je déjà éprouvé quelque pressentiment de ce qu’allait être mon avenir. Dans mon esprit, le portail rouillé et fermé qui se dressait devant nous, ainsi que les nappes de brouillard qui s’effilochaient et se tortillaient entre ses barreaux comme des chemins de montagne, sont restés les symboles de mon exil. Sans doute est-ce la raison pour laquelle j’en ai commencé le récit en partant des conséquences de notre baignade ; c’est en effet au cours de celle-ci que moi, l’apprenti bourreau Sévérian, j’ai bien failli me noyer.
« La garde est partie. » Mon ami Roche s’adressait à Drotte, qui venait également de faire la même constatation. »
Extrait de : G. Wolfe. « L’ombre du bourreau – Livre du second soleil de Teur. »
L’exode par Gene Wolfe
Fiche de L’exode
Titre : L’exode (Tome 4 sur 4 – Le livre du long soleil)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1996
Traduction : N. Serval
Editeur : Le livre de poche
Première page de L’exode
« Un silence lugubre planait sur les ruines de la villa. Seul le vent gémissait, faisant claquer le drapeau blanc que tenait mater Menthe.
– Phæsdi, ils étaient in situ, fit Rémora. L’Ayuntamiento, hum ?
Ils parvinrent à la hauteur d’un talus mort, les flancs rongés par les flammes et noircis de fumée. L’air empestait l’huile de poisson, en dépit du vent.
– Réparable, remarqua Rémora en repoussant une mèche de cheveux bruns de devant ses yeux. Pas comme nous autres, pauvres êtres biochimiques. Néanmoins, nous adressons leur… esprit à l’Unité Centrale.
– Et s’ils n’en avaient pas ? murmura mater Menthe.
Elle s’était arrêtée pour attendre Rémora et en profitait pour scruter les fenêtres de l’ex-demeure de Sangre. Sa réflexion frisait l’hérésie, toutefois Rémora préféra ne pas s’y attarder :
– S’ils n’y étaient pas… Loris et les autres ? Est-ce que… Buffle ?
– Bison, rectifia Menthe. Le colonel Bison. »
Extrait de : G. Wolfe. « L’Exode – Le livre du long soleil. »
Caldé, côté cité par Gene Wolfe
Fiche de Caldé, côté cité
Titre : Caldé, côté cité (Tome 3 sur 4 – Le livre du long soleil)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1994
Traduction : N. Serval
Editeur : Le livre de poche
Première page de Caldé, côté cité
« Pareillement indifférent aux troubles qui agitaient la cité et à l’orage qui menaçait d’abattre ses murs, Sa Connaissance pater Quetzal, prolocuteur du Chapitre de la sainte ville de Viron, examinait son visage flétri et cireux dans le flanc d’une théière d’argent.
Comme chaque jour à la même heure, il tourna la tête des deux côtés afin d’étudier son profil presque sans relief. Il leva le menton, exhibant un cou interminable et notablement ridé. Quoiqu’il accordât chaque matin un soin minutieux à son maquillage, une faille pouvait se faire jour vers les dix heures. D’où cette inspection à la fois complaisante et assidue.
– Je ne suis pas homme à courir des risques, marmonna-t-il en affectant de lisser un de ses minces sourcils neigeux.
Comme il achevait sa phrase, un coup de tonnerre ébranla le palais jusqu’à ses fondations. Une clarté aveuglante emplit la pièce. La pluie et la grêle tambourinèrent de plus belle au carreau. Pater Rémora, le coadjuteur du Chapitre, acquiesça d’un air solennel :
– Certes. Votre Connaissance est des plus… avisées. »
Extrait de : G. Wolfe. « Caldé, côté cité – Le livre du long soleil. »
Côté lac par Gene Wolfe
Fiche de Côté lac
Titre : Côté lac (Tome 2 sur 4 – Le livre du long soleil)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1995
Traduction : N. Serval
Editeur : Le livre de poche
Première page de Côté lac
« Le silence s’abattit, aussi brutal qu’un ordre, à l’instant où pater Organsin ouvrit la porte du vieux presbytère à l’angle des rues du Soleil et de l’Argent. Licorne, le plus grand des garçons du palæstra, se tenait très droit sur la chaise la moins confortable de la minuscule sellaria. Organsin devina qu’il s’était laissé tomber dessus en entendant le déclic du loquet.
Le crave nocturne (une fois la porte refermée, Organsin se rappela lui avoir donné le nom d’Oreb) était perché sur le dossier tapissé du fauteuil des « invités ».
– Salut, croassa Oreb. Organsin, bon !
– Bonsoir à tous les deux. Que Tartaros vous bénisse !
Licorne s’était levé à son entrée ; il lui fit signe de se rasseoir.
– Mille excuses, Licorne. Mater Rose m’avait annoncé ta visite mais je l’avais oubliée. Il s’est passé tellement… Ô Sphigx ! Sphigx, aie pitié de moi ! »
Extrait de : G. Wolfe. « Côté lac – Le livre du long soleil. »
Côté nuit par Gene Wolfe
Fiche de Côté nuit
Titre : Côté nuit (Tome 1 sur 4 – Le livre du long soleil)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1994
Traduction : N. Serval
Editeur : Le livre de poche
Première page de Côté nuit
« Pater Organsin reçut l’illumination sur le terrain de jeu. Après ça plus rien ne fut pareil. Plus tard, quand il y repensait à la faveur du silence de la nuit, il se rappelait toujours avoir ressenti une présence jusque-là cachée derrière lui. Après des années d’un mutisme prudent, elle s’était décidée à lui parler à l’oreille. L’équipe des grands venait encore de marquer, Licorne allait s’emparer de la balle quand des voix s’étaient manifestées à Organsin, lui dévoilant des bribes d’invisible.
L’absurde mécanique du temps s’était brusquement enrayée. Licorne allait saisir la balle quand son sourire s’était figé pour l’éternité…
… Le défunt pater Bécard marmonnait des prières en tranchant la gorge d’un lapin moucheté acheté par ses soins…
… Le cadavre d’une femme dans une ruelle et les gens du quartier…
… Un tapis de lumières éparses, pareilles à des villes dans le ciel nocturne (et le sang chaud du lapin qui coulait sur les mains glacées de pater Bécard)… »
Extrait de : G. Wolfe. « Côté nuit – Le livre du long soleil. »
Le mage par Gene Wolfe
Fiche de Le mage
Titre : Le mage (Tome 2 sur 2 – Le chevalier-mage)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 2004
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Calmann-Lévy
Première page de Le mage
« J’ai vu une partie de ce qui suit, Ben. Une petite partie. En règle générale, je m’appuie sur ce qu’on m’a raconté. Je ne vais pas passer mon temps à préciser qui a dit quoi, car tu le devineras au fur et à mesure. Le plus souvent, c’était Toug.
Uns, déjà voûté par nature, se tassa encore plus devant Béhil. « Toug, y dit que le maître est mort, Votre Seigneurie. Et il a le cheval et le chien. Je vous les montre, Votre Seigneurie, si vous voulez voir. Y pense pas à mal, Votre Seigneurie.
— Vous ajoutez foi à ses propos ? demanda Idnn. »
Extrait de : G. Wolfe. « Le mage – Le chevalier-mage. »
Le chevalier par Gene Wolfe
Fiche de Le chevalier
Titre : Le chevalier (Tome 1 sur 2 – Le chevalier-mage)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 2004
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Calmann-Lévy
Première page de Le chevalier
« Il doit y avoir longtemps que tu ne te demandes plus ce qui m’est arrivé ; je sais que des années ont passé. J’ai le temps d’écrire, ici, et de bonnes chances de faire parvenir ce texte où tu te trouves ; j’essaie donc. Si je te racontais l’essentiel sur deux ou trois feuillets, tu n’en croirais guère qu’une petite partie. Ou qu’une part infime, car il y a bien des choses que j’ai moi-même du mal à croire. Alors je vais tout dire. Quand j’en aurai fini, tu ne me croiras peut-être toujours pas, mais tu sauras tout ce que je fais : par certains côtés, beaucoup ; par d’autres, presque rien. Lorsque je t’ai vu assis près de notre feu, toi, mon propre frère… sur ce champ de bataille… Peu importe. J’y reviendrai. »
Extrait de : G. Wolfe. « Le chevalier – Le chevalier-mage. »
Le chemin des ombres par Jérôme Noirez
Fiche de Le chemin des ombres
Titre : Le chemin des ombres
Auteur : Jérôme Noirez
Date de parution : 2008
Editeur : Mango
Première page de Le chemin des ombres
« Le soleil s’est levé à la droite du mont Miyama, mais la brume stagne encore sur le sol de la forêt. Elle ressemble à une moisissure, un salpêtre agité d’un léger frisson ; surtout vue depuis les hauteurs du marronnier où Susanowo(3) s’est tapi avant l’aube.
Allongé sur une branche fourchue, les pieds calés contre le tronc, le garçon attend depuis des heures le passage d’un gibier. Peu importe l’espèce, il n’est pas difficile. Une flèche est encochée sur la corde de son arc que ses doigts sont prêts à tendre. Il écoute, attentif, les bruissements qui lui parviennent. Une grosse bête, sans doute un sanglier, fourrage parmi les taillis.
L’animal finira bien par se montrer. »
Extrait de : J. Noirez. « Le chemin des ombres. »
La dernière flèche par Jérôme Noirez
Fiche de La dernière flèche
Titre : La dernière flèche
Auteur : Jérôme Noirez
Date de parution : 2010
Editeur : Mango
Première page de La dernière flèche
« Dans la pénombre du chariot bâché, Diane soupira pour la trentième fois depuis le lever du soleil.
Et l’heure de sexte n’avait pas encore sonné.
La jeune fille faisait ça très bien, s’y entraînant chaque jour avec beaucoup de constance. Son père l’avait même surnommée par dérision « la princesse des soupirs ». Elle savait aussi bâiller, longuement, la tête un peu penchée sur l’épaule. Et jamais elle ne mettait la main devant sa bouche ; un bâillement que l’on dissimule ne vaut rien. »
Extrait de : J. Noirez. « La dernière flèche. »
L’empire invisible par Jérôme Noirez
Fiche de L’empire invisible
Titre : L’empire invisible
Auteur : Jérôme Noirez
Date de parution : 2015
Editeur : Gulf Stream
Première page de L’empire invisible
« La nuit est rouge. Les étoiles sont des caillots de sang. Je n’entends plus mon propre souffle. La douleur s’efface, la peur aussi.
C’est la fin.
Ô Jésus, accueille-moi dans ton royaume. De ce côté-ci de l’éternité, nous avons tant souffert. Punis les méchants et console les innocents, ô Jésus.
J’entends les chiens aboyer, partout, d’Anderson à Abbeville, et dans le ciel aussi, comme une meute emportée par une tornade. Ils me trouveront bientôt. Ils trouveront mon cadavre et planteront leurs crocs dans ma gorge.
Ô Jésus, petit enfant de Dieu, fais en sorte qu’ils ne me dévorent pas. Je ne veux pas être dévorée par les chiens. Je veux monter au paradis, entière, avec mon visage, mes mains et mes seins, ô Jésus. »
Extrait de : J. Noirez. « L’Empire invisible. »