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La vallée truquée par Brice Tarvel

Fiche de La vallée truquée
Titre : La vallée truquée (Tome 1 sur 2 – Arnaud Stolognan)
Auteur : Brice Tarvel
Date de parution : 1995
Editeur : Multivers éditions
Première page de La vallée truquée
« Malgré son habitude de jouer les globe-trotters, Arnaud avait du mal à réaliser qu’il se trouvait à quelque douze mille kilomètres de son confortable monastère désaffecté de Lozère, loin des fax, téléphones et ordinateurs qui le reliaient au monde entier et lui permettaient de traiter des affaires plus ou moins licites et juteuses avec ses multiples correspondants.
— Le Pérou ? s’était étonnée sa vieille mère. Il y a ces révolutionnaires du Sentier Lumineux, là-bas, et puis des Indiens, des trafiquants de drogue, des tremblements de terre…
C’était une ancienne lanceuse de couteaux. Elle vivait désormais avec lui et écoutait de la musique classique à longueur de journée. Il l’avait fait taire en lui déposant un baiser sur le front et en montant le son de la chaîne hifi qui distillait le troisième concerto de Rachmaninov.
Ce jour-là, parmi les nombreuses propositions qui lui étaient parvenues, deux avaient plus particulièrement retenu son attention, car elles concernaient la même région du Pérou, les solitudes boisées et hostiles du Gran Pajonal. »
Extrait de : B. Tarvel. « La vallée truquée – Arnaud Stolognan. »
La chair sous les ongles par François Sarkel

Fiche de La chair sous les ongles
Titre : La chair sous les ongles
Auteur : François Sarkel
Date de parution : 1990
Editeur : Vaugirard
Première page de La chair sous les ongles
« Il avait encore aux oreilles le bruit de la terre tombant sur le cercueil. Dans son souvenir, l’enterrement de sa mère se résumerait probablement à ce bruit-là, à l’image de ce curé rabougri déambulant en marmonnant dans une église presque vide et à cette douleur lancinante due à des chaussures neuves qu’il lui avait fallu supporter. Il n’avait pas été vraiment triste, s’était plutôt senti absent, incapable de s’intégrer réellement à ce qui se déroulait sous ses yeux. Il avait été seul à déposer une couronne, seul à suivre le corbillard.
Sa petite Visa avait maintenant réintégré le garage qu’elle ne quittait que rarement et son lourd pardessus pendait au portemanteau du vestibule. Il s’était laissé tomber sur une des chaises de la cuisine et, bras ballants, comme hébété, promenait son regard autour de lui sans parvenir à fixer son attention sur quelque chose. Il se sentait épuisé, prisonnier d’un corps épais qui lui était étranger et qu’il avait l’impression de ne plus être jamais capable d’animer. »
Extrait de : F. Sarkel. « La chair sous les ongles. »
Dépression par François Sarkel

Fiche de Dépression
Titre : Dépression
Auteur : François Sarkel
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir
Première page de Dépression
« Parce que la pluie redoublait d’intensité à ce moment-là, parce qu’elle crépitait tout autour de lui et fouettait son vieux ciré, Sarg Viger n’entendit pas la voix éraillée de la grosse Yaya qui l’interpellait.
— Qu’est-ce que tu fous encore sur mon débarcadère, Sarg ? Je t’ai déjà dit mille fois qu’il n’y avait pas un seul de tes maudits rats aux alentours de mon domaine.
S’il ne perçut pas les paroles agressives de la loueuse de bouées, Sarg enregistra les vibrations des planches pourries et se retourna.
— Tiens, cette chère Yaya, se gaussa-t-il. La plus belle bouée d’entre toutes…
Comme à son habitude, la grosse femme était boudinée dans un imperméable de plastique transparent sous lequel apparaissait une de ses éternelles robes à fleurs que ses formes plus qu’opulentes rendaient grotesque. Elle ne s’était pas donné la peine de se protéger le crâne pour parcourir les quelques mètres qui séparaient sa baraque de l’extrémité de l’appontement, aussi ses cheveux blonds décolorés étaient-ils trempés, serpentant en mèches poisseuses sur sa face mafflue. »
Extrait de : F. Sarkel. « Dépression. »
Hydres par Don Hérial

Fiche de Hydres
Titre : Hydres (Tome 2 sur 2 – La guerre des sept minutes)
Auteur : Don Hérial
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir
Première page de Hydres
« Seize jours majeurs s’étaient écoulés depuis que l’aviso ujkaje avait réintégré l’espace continu. Seize jours de silence radio absolu. À bord, seuls les systèmes indispensables à la survie de l’équipage continuaient d’être alimentés par fusion froide, et le blindage de la centrale énergétique avait été triplé pour éviter une émission trop massive de neutrons. Privé de toute propulsion, le petit vaisseau filait, invisible aux écrans des détecteurs, mû par la seule inertie d’une accélération interrompue seize jours plus tôt.
Immobiles dans l’ombre de l’unique habitacle : cinq Humains mâles, sanglés sur leur couchette. Ils n’étaient conscients que depuis quelques heures, mais les rares paroles échangées attestaient leur lucidité. Et leur peur : un mois plus tôt, celui que l’opinion publique qualifiait déjà de maître terroriste – de Coordonnateur –, leur avait fait parvenir ses instructions, sans toutefois quitter l’abri de son repaire secret. Leur mort probable y figurait en toutes lettres.
Protégé des radars de la Défense Spatiale par sa petite taille, négligé par les scanners puisque dépourvu de toute signature nucléaire due à la propulsion, l’aviso plongeait, aussi immatériel qu’un fantôme, vers Charahee, un soleil mineur de l’Essieu dont l’escorte planétaire – trois mondes durs et froids – s’était avérée sans intérêt. »
Extrait de : D. Hérial. « Hydres. »
La loi majeure par Don Hérial

Fiche de La loi majeure
Titre : La loi majeure (Tome 1 sur 2 – La guerre des sept minutes)
Auteur : Don Hérial
Date de parution : 1990
Editeur : Fleuve noir
Première page de La loi majeure
« La Galaxie – la nôtre, celle que nous appelons Voie lactée – est vieille de quinze milliards d’années. La matière forgée au cœur de la première génération d’étoiles, dissociée et recombinée par la génération suivante, s’y complexifie à un rythme toujours plus élevé. En passant de l’inerte au vivant, du végétal à l’animal, du troupeau à la tribu, du cri au langage, elle s’est éveillée à la conscience. En reprenant le chemin de l’espace, elle s’est donné les moyens de façonner son milieu d’origine. La boucle, peu à peu, se referme.
Qui suis-je pour raconter l’histoire de la tribu humaine ? Un scribe. Au mieux, un gardien. Dans quarante ans, le cosmos ne sera plus le même, la réalité telle que nous l’avons toujours connue aura disparu. Le passé et l’avenir… en fragments. Mon nom est Don Dilvish Eiken’ham Hérial. Je suis ici pour témoigner, et transmettre le souvenir de ceux qui contribuèrent à la difficile Emancipation des hommes.
Si la guerre des sept minutes est aujourd’hui considérée comme l’un des tournants du troisième siècle, le nom de Calderon Belfast reste relativement méconnu. Profonde injustice, lorsque l’on sait que c’est lui qui fut à l’origine du conflit. »
Extrait de : D. Hérial. « La loi majeure. »
Top niveau par Jean-Claude Lamart

Fiche de Top niveau
Titre : Top niveau
Auteur : Jean-Claude Lamart
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir
Première page de Top niveau
« Élastic scrutait l’espace offert à ses yeux avec un mélange de respect et d’admiration. La cité s’étalait devant lui, gigantesque forêt de tours illuminées. Autour d’elles, comme suspendus dans le ciel, attendant sagement leurs pilotes. D’autres appareils traversaient l’espace à vive allure, leurs feux de position perçant les zones d’ombres. La ville commençait à s’agiter pour une nouvelle période de luttes, de bouleversements.
Dans ce périmètre régnait le luxe le plus extraordinaire, la permissivité la plus grande, les plaisirs les plus fous. Élastic le savait bien, il en bénéficiait plus que tout autre.
L’homme porta son regard plus bas. Il tomba sur le reflet or du champ magnétique qui barrait brutalement les tours à leur base, comme si elles baignaient dans une espèce d’océan immobile, opaque et infranchissable.
Le spectateur se crispa. Dans un flash, il entrevit le no man’s land qui s’étendait sous ce tapis énergétique, la zone de combats, la Lice, bien délimitée au centre d’un immense terrain vague dont on ne savait pratiquement rien. »
Extrait de : J-C Lamart. « Top niveau. »
Fleur par Patrick Lachèze

Fiche de Fleur
Titre : Fleur
Auteur : Patrick Lachèze
Date de parution : 1989
Editeur : Fleuve noir
Première page de Fleur
« (L’abîme appelle l’abîme) psaume de David Comme tous les jours, Philippe persécute Fleur.
Ses doigts longs et crochus pincent la chair tendre pas, ni ne geint. Sa bouche n’a jamais laissé passer le état n’a pas changé, ne s’est pas amélioré le moins du gémi. Jamais. Elle est fermée à double tour, hermétique.
l’oeil allumé, les traits enlaidis par la méchanceté et plus tendres, les plus vulnérables.
Fleur sent les larmes perler sous ses paupières qu’elle les laisse couler, il ne faut pas qu’elle ajoute Philippe ricane, son faciès de sadique se tord de jouissance, il approche ses lèvres luisantes de bave du Mais les mains du garçon ont croché sa chair au désespérément la tête en arrière, sentant déjà sur elle à son corps. Les dents du garçon cherchent la gorge soie fragile de sa peau. Les doigts serrés sur ses bras étaux qui la broient. L’excitation de Philippe est telle férocement la vie qui palpite sous ses dents, juste Fleur hurle à l’intérieur de sa tête, sans que sa yeux pleins de larmes débordent, les gouttes rondes Philippe éloigne sa figure rouge aux yeux fous. »
Extrait de : P. Lachèze. « Fleur. »
Tu veux savoir ? par Johan Heliot

Fiche de Tu veux savoir ?
Titre : Tu veux savoir ?
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2013
Editeur : Editeur Thierry Magnier
Sommaire de Tu veux savoir ?
- L’ami qu’il te faut
- Requête non valide
- Un moteur divergent
- Vendredi c’est hachis
- Tu veux savoir ?
- Les remplaçants
- Multiplication
- Ton meilleur copain
- La fin de l’éternité
Première page de L’ami qu’il te faut
« — Celui-ci est mignon comme tout, fit la mère d’Eddy en pointant l’index sur l’occupant de la cage située au bout de la rangée. Il a une bonne bouille, non ? Qu’en penses-tu, mon chéri ?
— Bof, répondit Eddy. Je sais pas trop. Il est un peu grassouillet…
— C’est vrai qu’il se porte bien, reconnut sa mère. Il doit manger comme quatre, un véritable glouton !
Un vendeur traînait à portée d’oreille. Il saisit l’occasion pour faire son numéro :
— Nos articles sont en parfaite santé, ils manquent juste d’exercice.
Il se pencha sur Eddy pour ajouter, avec un sourire forcé qui dévoilait une denture trop parfaite pour être naturelle :
— Dès qu’il aura l’occasion de courir dans ton jardin, fiston, je te garantis qu’il retrouvera la ligne. Vous deviendrez vite inséparables, tous les deux. C’est vraiment l’ami qu’il te faut.
Eddy était presque convaincu.
— Et il m’obéira ? demanda-t-il.
— Au doigt et à l’œil, fiston. Satisfait ou remboursé !
— Alors, mon chéri, ajouta la mère d’Eddy, tu le veux, oui ou non, ce nouvel ami ? »
Extrait de : J. Heliot. « Tu veux savoir ?. »
Terre de tempêtes par Johan Heliot

Fiche de Terre de tempêtes
Titre : Terre de tempêtes
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2013
Editeur : ActuSF
Première page de Terre de tempêtes
« À perte de vue, le désert n’est qu’un flamboiement d’or et d’argent. Des millions de cellules photovoltaïques adressent un ultime clin d’œil au ciel. Un instant magique, d’une beauté fugitive.
Le nez collé à la vitre, Reda tente de capturer quelques détails du paysage qu’il découvre, afin de les retenir au fond de sa mémoire. Mais le THR{1} roule à plus de six cents km/h et tout ce que le garçon aperçoit se réduit à de longues tâches tremblantes sous l’effet conjugué de la vitesse et de la chaleur accablante qui règne au-dehors, même à une heure aussi tardive.
— Tu auras bientôt l’occasion de voir un champ de panneaux solaires de près, annonce Zayed, devinant la frustration de son fils.
— Ton grand-père sera heureux de te faire visiter son installation, enchérit Lina sans lever les yeux des graphiques animés qui défilent sur l’écran-papier déplié devant elle.
Reda se retourne vers sa mère en poussant un soupir à fendre l’âme. »
Extrait de : J. Heliot. « Terre de tempêtes. »
Steppe rouge par Johan Heliot

Fiche de Steppe rouge
Titre : Steppe rouge
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2009
Editeur : Mango
Première page de Steppe rouge
« Le vent avait toujours été un héraut infaillible. Longtemps avant qu’ils ne soient visibles, il annonçait l’arrivée des humains. Un groupe de voyageurs approchait par la steppe. Ils atteindraient bientôt la forêt. L’odeur alléchante du sang les accompagnait. Celle de la peur, aussi, plus subtile mais aisément identifiable pour un mufle exercé. Et celui de la bête l’était, assurément.
Elle laissa échapper un grondement de satisfaction. D’ici peu, elle pourrait combler ce creux immense qui emplissait son ventre. Car la bête avait faim, faim de chair, d’os craquants débordant de moelle et de viscères chauds. La créature oublia alors la prudence, la peur ancestrale des siens pour le feu et le fer des humains, et s’aventura à la lisière de la plaine, blanche et sans fin, qui bordait la forêt – son refuge depuis toujours. Là, elle se figea aux aguets, à l’abri des coups de poignard du vent, sous une branche basse couverte de neige. La patience était inscrite dans sa mémoire. Toute sa vie, la bête avait attendu : la fin de l’hiver, le retour du printemps, la sortie du sommeil, le moment de la reproduction… »
Extrait de : J. Heliot. « Steppe rouge. »