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L’île au trésor par Pierre Pelot

Fiche de L’île au trésor

Titre : L’île au trésor
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2008
Editeur : Calmann-Lévy

Première page de L’île au trésor

« Mon nom c’est Jim Hawkins, mais vous pouvez m’appeler Jim.
Je vais donc raconter toute l’histoire, du début à la fin.
L’idée ne vient pas de moi mais de Trelaway, et Trelaway a toujours de sacrées bonnes idées, en général, tous ceux qui savent de qui je parle, dans les Îles, vous le diront.
Personnellement, je connais Trelaway depuis toujours, pour la bonne raison que c’est pratiquement mon oncle. Je dis « pratiquement » parce que si Trelaway était vraiment marié à ma tante Sally-Sea, je veux dire devant la loi, il serait, alors, effectivement, mon oncle véritable, étant donné que tante Sally-Sea est ma vraie tante, la sœur jumelle de ma maman, et que Trelaway est son compagnon. Sean Trelaway. La plupart des gens, ici, l’appellent « Trelaway » et il pourrait tout aussi bien se prénommer Arthur ou Joseph que ça n’y changerait rien.
« Jim », qu’il m’a dit, « toi qui as la langue bien pendue, tu devrais raconter l’histoire de cette sacrée île et de son trésor dessus, et comment tout ça s’est passé. Personne ne le ferait mieux que toi, partner , je t’assure. J’en suis absolument certain.  »

Extrait de : P. Pelot. « L’île au trésor.  »

L’été en pente douce par Pierre Pelot

Fiche de L’été en pente douce

Titre : L’été en pente douce
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Gallimard

Première page de L’été en pente douce

« Il n’était pas du genre à se laisser impressionner facilement – du moins en apparence –, mais tout de même, la lecture du journal, rubrique « avis de décès », semblait lui avoir porté un coup. Il avait juré, grommelé des choses, et Lilas avait compris le principal. Pour confirmation, elle s’était reportée au journal. Depuis, Fane n’avait pas desserré les dents. Ou presque. Juste pour des banalités. Et pour enguirlander Lilas qui n’en finissait pas de se préparer. Lui, il s’était vaguement passé un coup de peigne dans les cheveux, c’est tout. Il n’avait pas mangé.

Fane transpirait. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front ridé, coulaient dans ses yeux, le long de son gros nez, puis se décrochaient n’importe comment et tombaient un peu partout, sur sa chemise, son pantalon, sur ses mains – la droite gantée et la gauche nue – sur le volant. »

Extrait de : P. Pelot. « L’été en pente douce. »

L’enfant qui marchait sur le ciel par Pierre Suragne

Fiche de L’enfant qui marchait sur le ciel

Titre : L’enfant qui marchait sur le ciel
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’enfant qui marchait sur le ciel

« Le monde lui-même possède un nom. Le monde s’appelle Zod.
Dans le ventre du monde, on dit que la machine est là, palpitante et silencieuse. La Machine. Depuis le commencement des Temps, la Machine compte et calcule. Depuis le commencement, la Machine copie et traduit le Temps, et elle en fait quelque chose de vaguement compréhensible pour l’esprit des hommes. C’est elle, c’est la Machine, qui calcule la lente succession des années. Une année est un cycle de temps bien défini qui dépend des rouages et de certaines révolutions de sphères transparentes, dans le ventre de la Machine.
L’enfant était âgé de huit années. Huit, c’est parfois déjà très vieux, très désespéré. C’est parfois l’âge de la mort. »

Extrait de : P. Suragne. « L’enfant qui marchait sur le ciel. »

L’assassin de Dieu par Pierre Pelot

Fiche de L’assassin de Dieu

Titre : L’assassin de Dieu
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1998
Editeur : Bragelonne

Première page de L’assassin de Dieu

« … Et de tous ceux qui hantent ce pays, pas un ne sait ni ne se souvient qui il était avant, d’où il venait. Ni quels sont les pays d’avant ce pays-là, et pas davantage ceux d’après.

C’est un pays que certains personnages particulièrement mystérieux, et qui disent tout connaître des secrets, nomment parfois le Monde au bord du Gouffre. Ce qui finalement ne veut rien dire, car les gouffres ne sont pas plus inquiétants ni plus grands dans ce monde qu’ils ne le sont ailleurs. Le seul vrai gouffre, si l’on veut bien, est peut-être le ciel. L’immense, l’insondable trou noir du ciel.

Mais est-ce le ciel ? »

Extrait de : P. Pelot. « L’Assassin de Dieu. »

L’ange étrange et Marie McDo par Pierre Pelot

Fiche de L’ange étrange et Marie McDo

Titre : L’ange étrange et Marie McDo
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 2010
Editeur : Fayard

Première page de L’ange étrange et Marie McDo

« Abel n’aurait su dire si le gamin à croupetons à l’extrémité de la grume, au sommet du tas, se trouvait déjà là quand il s’était arrêté sur le petit espace de stationnement qui s’inclinait vers le fossé, à la sortie du dernier virage.
Probablement pas.
Il l’aurait remarqué.
Mais il ne l’avait pas davantage vu grimper sur son perchoir. Tout à coup, le gamin s’était trouvé là, piqué sur la plus haute extrémité du tas de troncs, au pied du talus. À ne rien faire d’autre, juste perché. Du fait de la position en contrebas du tas de grumes, il se trouvait à peine plus haut que le niveau de la route, comme une espèce de sauterelle verte à longues pattes repliées, regardant passer les voitures. »

Extrait de : P. Pelot. « L’ange étrange et Marie McDo. »

Kid Jésus par Pierre Pelot

Fiche de Kid Jésus

Titre : Kid Jésus
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : J’ai lu

Première page de Kid Jésus

« Kid se redressa, les reins douloureux. Il souffla lentement, longuement ; un gros nuage de condensation filtra entre les mailles lâches de son vieux passe-montagne. La laine de la cagoule déformée était blanchie, durcie par le gel au niveau de la bouche. Kid tira sur le passe-montagne pour en agrandir l’ouverture et découvrir son visage. La sueur qui coulait sur sa peau fraîchit immédiatement ; il l’essuya avec son gant, effaçant du même coup les cristaux de glace qui s’étaient formés dans les poils roux de sa moustache, sous les narines, et dans sa barbe. Il soupira.

Cela faisait une bonne heure, sinon plus, que Kid-le-maigrichon (ou encore Kid-le-coup-de-vent, comme certains fouilleurs de l’équipe le surnommaient parfois) se bagarrait avec ce bloc de béton gelé, au milieu du carré de ruines délimité par quatre pieux de fer entre lesquels se balançait une ficelle roidie. »

Extrait de : P. Pelot. « Kid Jésus. »

Je suis la brume par Pierre Suragne

Fiche de Je suis la brume

Titre : Je suis la brume
Auteur : Pierre Suragne
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de Je suis la brume

« C’était relativement tôt dans le matin, mais le soleil cognait déjà comme un damné. Sous la bâche de la camionnette, cela prenait des allures de fournaise, et tout un tas d’odeurs s’y mélangeaient hardiment. Sueur, vieux tabac, cuir moisi et chaud, odeur de papiers poussiéreux… cent autres encore.

Cette atmosphère étouffante réveilla Deddie Dull.

D’abord, il grogna. Se racla la gorge et tenta de cracher. Ensommeillé, un maigre jet plutôt boueux et sec fusa, malhabile, entre ses lèvres et retomba sur son menton hérissé de barbe blonde. Deddie Dull grogna encore, essuya les dégâts d’un revers de main mou. »

Extrait de : P. Suragne. « Je suis la brume. »

Fou dans la tête de Nazi Jones… par Pierre Pelot

Fiche de Fou dans la tête de Nazi Jones…

Titre : Fou dans la tête de Nazi Jones…
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1986
Editeur : Fleuve noir

Première page de Fou dans la tête de Nazi Jones…

« Il n’oublierait jamais les jours verts de son enfance en Guyane. Plus il avançait en âge et plus il se souvenait avec acuité d’une profusion de détails concernant cette époque de sa vie. Le phénomène obéissait sans doute à un mécanisme psychologique compensateur qui lui accordait de temps à autre une sorte de récréation, un repos. Alors, le poids du passé, que traduisait le présent, s’allégeait un peu. Sa mémoire gentille lui faisait des cadeaux.

Ses parents étaient français. Son père un ingénieur de la société de recherches aérospatiale M.O.U.C. basée à Touqué, à une cinquantaine de kilomètres en aval de l’embouchure deltaïque du Dyapok, sur la frontière du Nord-Est brésilien. »

Extrait de : P. Pelot. « Fou dans la tête de Nazi Jones. »

Fou comme l’oiseau par Pierre Pelot

Fiche de Fou comme l’oiseau

Titre : Fou comme l’oiseau
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1980
Editeur : Bragelonne

Première page de Fou comme l’oiseau

« La mère s’était déjà mise à la vaisselle, achevant de mâcher une dernière bouchée de pain. Irénée leva les yeux sur Chip, quand celui-ci repoussa sa chaise et s’en alla, claquant peut-être un peu fort la porte derrière lui. Irénée demeura immobile pendant quelques secondes ; même ses mâchoires se figèrent. Son visage n’avouait rien de ce qu’il pensait en cet instant, ses yeux gris pâle, comme à l’accoutumée, étaient vides. Il reprit sa mastication.

Sur le buffet de bois peint en blanc, parmi des bibelots, le transistor diffusait en sourdine les nouvelles du monde et de l’extérieur.

La cuisine était sombre, mais moins qu’en plein hiver à cette même heure, sur cette pente de la montagne. En hiver, il fallait allumer du lever au coucher.

La mère quitta l’évier pour venir ramasser la vaisselle sur la table. Elle prit l’assiette devant Irénée, et sa fourchette, mais lui laissa son couteau. Elle n’avait pas encore fini de mâcher sa croûte de pain. Son dentier clapait. »

Extrait de : P. Pelot. « Fou comme l’oiseau. »

Foetus party par Pierre Pelot

Fiche de Foetus party

Titre : Foetus party
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1977
Editeur : Denoël

Première page de Foetus party

« Un jour il était né. Bel et bien pris au piège. Sans le savoir.
Un jour il était né et s’était bravement mis à mourir.
Et le monde s’était mis à mourir lui aussi. La terre entière, inexorablement. Trash se disait souvent que l’événement était en rapport étroit avec sa propre naissance. Les preuves étaient là. Au fur et à mesure que Trash avait pris de l’âge, les hommes vivants disparaissaient les uns après les autres. Ne restaient que des ombres, des fantômes grouillants qui se bousculaient, se pressaient dans les rues de la ville. Ils n’avaient pas le moindre but, c’était flagrant. Ils passaient leur mort à errer.
Lorsqu’il ouvrait les yeux, chaque matin, la première chose qu’il apercevait était ce vieux poste de radio, cette boîte, posé sur le rebord intérieur de l’unique fenêtre murée. »

Extrait de : P. Pelot. « Fœtus-party. »