Étiquette : Meistermann

 

Les géants de craie par K. Roberts

Fiche de Les géants de craie

Titre : Les géants de craie
Auteur : Keith Roberts
Date de parution : 1974
Traduction : C. et L. Meistermann
Editeur : Opta

Première page de Les géants de craie

« La voiture de patrouille se remet en marche, remontant le flot de la circulation bloqué dans la direction du sud. Son haut-parleur est branché ; les paroles en sortent, grésillantes et ternes, déformées par la chaleur aoûtienne de la plaine de Salisbury.

Stan Potts observe le gyrophare, transpire, se gratte, jure. Il a envie de faire pipi ; il y a une heure, sinon plus, qu’il a envie de faire pipi, la douleur sourde s’est faite aiguë, puis nécessité dominante. Il fait glisser d’avant en arrière le levier de changement de vitesse, son regard fixe traverse le pare-brise sale ; il essaye de ne penser à rien, absolument rien…

L’observateur a quitté la Wolseley et progresse d’un véhicule à l’autre, se frayant un chemin dans le bouchon. »

Extrait de : K. Roberts. « Les géants de craie. »

Demain, la jungle par M. Coney

Fiche de Demain, la jungle

Titre : Demain, la jungle
Auteur : Michael Coney
Date de parution : 1979
Traduction : E. C. L. Meistermann
Editeur : Opta

Première page de Demain, la jungle

« Lorsque je quittai la Station, le soleil était bas sur l’horizon et je pris donc la route du littoral pour rentrer. A environ trois kilomètres de là, à l’endroit où la route tourne pour suivre le bord de la falaise, un personnage se tenait debout, le bras levé. L’océan était alors visible ; le soleil écarlate et bas me jetait des lances de lumière, de telle sorte que l’auto-stoppeur m’apparaissait comme une silhouette énigmatique. Impossible de dire s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, s’il était jeune ou vieux, s’il y avait des chances qu’il salisse mes sièges ou m’entretienne d’une interminable conversation stérile. Sans analyser mes motivations, je m’arrêtai quelques mètres plus loin, de telle sorte qu’il ou elle dut avancer rapidement avec le soleil dans les yeux, ce qui pouvait me permettre de redémarrer rapidement si nécessaire. »

Extrait de : M. Coney. « Demain, la jungle. »

Au fil du temps par G. R. R. Martin

Fiche de Au fil du temps

Titre : Au fil du temps
Auteur : G. R. R. Martin
Date de parution : 2013
Traduction : E. Holstein, D. Lemoine, E. C. L. Meistermann
Editeur : ActuSF

Sommaire de Au fil du temps

  • La forteresse
  • Et la mort est son héritage …
  • Week-end en zone de guerre
  • Une affaire périphérique
  • Vaisseau de guerre
  • Variations douteuses
  • Assiégés

Première page de La forteresse

« Solitaire et silencieuse dans la nuit, Sveaborg attendait.
Sombres silhouettes se dressant au-dessus d’une mer de glace, les six citadelles insulaires de la forteresse projetaient leurs ombres dans la lumière lunaire et attendaient. Les murs de granit déchiquetés s’élevant du roc des îlots, hérissés d’innombrables rangées de canons, attendaient. Et, derrière ces murs, amers et déterminés, les hommes – de jour comme de nuit – ne quittaient plus leurs armes et attendaient.
Venu du noroît, un vent mauvais se brisait en hurlant sur les murailles de Sveaborg et amenait avec lui les rumeurs et les remugles de la cité au loin. Et perché sur les remparts de Vargon – la plus grande des six îles – le colonel Bengt Anttonen frissonnait, morose, en contemplant l’horizon. Son uniforme était trop large pour sa complexion émaciée et anguleuse et ses yeux gris semblaient comme embrumés, troublés. »

Extrait de : G. R. R. Martin. « Au fil du temps. »

Le monde forteresse / Futur imparfait / Les hommes du dehors par J. E. Gunn

Fiche de Le monde forteresse / Futur imparfait / Les hommes du dehors

Titre : Le monde forteresse / Futur imparfait / Les hommes du dehors
Auteur : J. E. Gunn
Date de parution : 1977
Traduction : C. et L. Meistermann
Editeur : Opta

Sommaire de Le monde forteresse / Futur imparfait / Les hommes du dehors

  • Le monde forteresse
  • Futur imparfait
  • Les hommes du dehors

Première page de Le monde forteresse

« OÙ que vous soyez, que ces mots vous aient atteint par hasard ou par astuce, vous les lisez dans les ruines et les épaves du Second Empire.

Ce soir, sortez et regardez le ciel, voyez les étoiles éparpillées, distinctes, séparées, solitaires, divisées par des abysses infinis de haine, de méfiance et les réalités du pouvoir. Considérez-les telles qu’elles sont en fait : de grandes forteresses grises gardées par les douves de l’espace, aux murailles prêtes à affronter la galaxie.

Le Second Empire. Prononcez cela à haute voix. Que ces mots enflamment votre imagination. Que leur signification imprègne votre âme.

Un empire. À l’intérieur duquel les mondes innombrables de la galaxie habitée étaient unis, travaillaient et vivaient ensemble, commerçaient les uns avec les autres. Le nom même nous l’indique. Mais comment fonctionnait-il ? »

Extrait de : J. E. Gunn. « Le Monde Forteresse – Futur imparfait – Les hommes du dehors. »

Kâ le Terrifiant par L. Sprague de Camp

Fiche de Kâ le Terrifiant

Titre : Kâ le Terrifiant et autres nouvelles insolites
Auteur : L. Sprague de Camp
Date de parution : 1970
Traduction : C. et L. Meistermann
Editeur : Marabout

Sommaire de Kâ le Terrifiant

  • Les fantômes de Melvin Pye
  • Sagesse orientale
  • Chamane malgré soi
  • La pile de bois dur
  • Monsieur incendiaire
  • Rien dans le règlement
  • Kâ le Terrifiant

Première page de Les fantômes de Melvin Pye

« Ça recommençait.

Bernard Rigoulot se releva sur un coude et fixa les ténèbres.

Il se dit : « Ne sois pas idiot, Barney. C’est ton imagination. Ces trucs-là n’existent pas… c’est ton imagination. Tu vieillis… faudrait voir un docteur. Si tu ne peux pas te payer un docteur, l’hôpital, alors ! »

La discussion entre deux personnes, murmures et gazouillis, parcourait le plancher et escaladait le mur.

Rigoulot songea : « S’ils doivent me tenir éveillé, qu’ils parlent au moins à voix haute pour que je les entende. »

La discussion s’amplifia soudain, comme une radio dont on augmente le volume.

— Scélérat, il est réveillé, fit une voix.

— Je sais, collègue, fit la seconde voix.

— Tu vas lui faire peur ?

— C’est ce que je veux.

— C’est contraire au règlement.

Une bouche produisit un bruit vulgaire. Puis une apparition surgit.

C’était l’image d’un homme corpulent et brun de quarante ans, avec une petite moustache, et vêtu d’un costume croisé sombre bien repassé. »

Extrait de : L. Sprague De Camp. « Kâ le Terrifiant et autres nouvelles insolites. »

De peur que les ténèbres par L. Sprague de Camp

Fiche de De peur que les ténèbres

Titre : De peur que les ténèbres
Auteur : L. Sprague de Camp
Date de parution : 1941
Traduction : C. Meistermann
Editeur : Marabout

Première page de De peur que les ténèbres

« Les mains de Tancredi quittèrent de nouveau le volant et se mirent à s’agiter.

— … c’est pourquoi je vous envie, docteur Padway. Ici, à Rome, nous avons encore du travail. Mais pah ! Nous ne faisons que boucher des trous. Rien de grand, rien de neuf. De la restauration. Un travail de maçon, quoi ! Ah oui, pah !

— Professeur Tancredi, dit patiemment Martin Padway, comme je vous l’ai déjà dit, je ne suis pas docteur. J’espère l’être bientôt, si j’arrive à tirer une thèse de cette fouille au Liban.

Lui-même, le plus prudent des chauffeurs, il voyait ses articulations blanchir à force de s’agripper à la cloison de la petite Fiat, comme il sentait une douleur au pied droit auquel il tentait de faire traverser le plancher.

Tancredi s’empara violemment du volant, juste à temps pour éviter une Isotta hautaine de l’épaisseur d’une lame de rasoir. L’Isotta continua son chemin en ruminant de sombres pensées. »

Extrait de : L. Sprague De Camp. « De peur que les ténèbres. »

La grande porte par F. Pohl

Fiche de La grande porte

Titre : La grande porte (Tome 1 sur 5 – La grande porte)
Auteur : F. Pohl
Date de parution : 1977
Traduction : C. et L. Meistermann
Editeur : J’ai lu

Première page de La grande porte

« Je m’appelle Robinette Broadhead, mais je n’en suis pas moins du sexe masculin. Mon analyste (que j’appelle Sigfrid von Shrink, quoique ce ne soit point son nom ; il ne possède aucun nom, car c’est une machine) tire un grand plaisir électronique de ce fait :

— Pourquoi te tourmentes-tu si certaines personnes croient que c’est un nom de fille, Bob ?

— Je ne me tourmente pas.

— Alors pourquoi n’arrêtes-tu pas d’en parler ?

Il m’énerve, à parler de ce dont je n’arrête pas de parler. Je regarde le plafond décoré de mobiles et de poteries mexicaines, puis je regarde par la fenêtre. Ce n’est pas vraiment une fenêtre. C’est un holo du ressac se brisant à Kaena Point ; la programmation de Sigfrid est terriblement éclectique. Au bout d’un moment, je réponds :

— Je ne peux rien changer au nom que m’ont donné mes parents. »

Extrait de : F. Pohl. « La grande porte – La Grande Porte. »

La brèche dans l’espace par P. K. Dick

Fiche de La brèche dans l’espace

Titre : La brèche dans l’espace
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1966
Traduction : D. Defert, C. Meistermann
Editeur : Le livre de poche

Première page de La brèche dans l’espace

« Le jeune couple, les cheveux noirs, la peau sombre, des Mexicains ou des Portoricains probablement, se tenait, nerveux, devant le comptoir de Herb Lackmore, et le mari déclara presque à voix basse :
— Monsieur, on veut être congelés. On veut devenir des cryos.
Lackmore se leva de son bureau, s’avança jusqu’au comptoir et, bien qu’il n’aimât point les Cols – chaque mois, ils semblaient être plus nombreux à venir à son bureau d’Oakland du ministère de la Sécurité Sociale Spéciale –, il répondit sur un ton aimable destiné à les rassurer :
— Vous avez mûrement réfléchi à la question, les enfants ? C’est une grave décision. Vous risquez d’être mis sur la touche pendant une centaine d’années, disons. Êtes-vous allés au moins demander conseil à un professionnel en la matière ?
Le garçon jeta un coup d’œil vers sa femme, puis déglutit avant de répondre dans un murmure : »

Extrait de : P. K. Dick. « La brèche dans l’espace. »

Brèche dans l’espace par P. K. Dick

Fiche de Brèche dans l’espace

Titre : Brèche dans l’espace
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1966
Traduction : D. Defert, C. Meistermann
Editeur : J’ai lu

Première page de Brèche dans l’espace

« Le jeune couple, les cheveux noirs, la peau sombre, des Mexicains ou des Portoricains probablement, se tenait, nerveux, devant le comptoir de Herb Lackmore. « Monsieur, déclara le mari d’un filet de voix, on veut être congelés. On veut devenir des cryos. »
Lackmore se leva de son bureau et s’avança jusqu’au comptoir. Bien qu’il n’aimât point les Cols – ils semblaient chaque mois plus nombreux à venir à son bureau d’Oakland du ministère de la Sécurité Sociale Spéciale –, il leur répondit sur un ton aimable destiné à les rassurer : « Avez-vous mûrement réfléchi à la question, mes enfants ? C’est une grave décision. Vous risquez d’être mis sur la touche pendant, disons… une centaine d’années. Êtes-vous au moins allés demander conseil à un professionnel en la matière ? »
Le garçon jeta un coup d’œil vers sa femme, puis déglutit avant de répondre dans un murmure : « Non, monsieur. On s’est décidés tous les deux. On n’arrive pas à trouver de travail, et on est sur le point d’être expulsés de notre dortoir. On ne possède même pas de roue – et que faire sans roue ? On ne peut aller nulle part. On ne peut même pas chercher du travail. » Il n’était pas laid, remarqua[…] »

Extrait de : P. K. Dick. « Brèche dans l’espace. »

Le millénaire vert par F. Leiber

Fiche de Le millénaire vert

Titre : Le millénaire vert
Auteur : F. Leiber
Date de parution : 1953
Traduction : C. E. L. Meistermann
Editeur : Galaxie / Opta

Première page de Le millénaire vert

« Phil Gish se réveilla avec l’impression que toute sa vie antérieure avait appartenu à deux autres types… de pauvres et malheureuses ganaches.
Habituellement, ses réflexes foudroyants le faisaient bondir du lit et enfiler slip et socquassins tandis qu’il se mettait en quête du pot de crème dissolvante pour la barbe. Mais cette fois-ci il fut capable de rouler toutes ses tyranniques impulsions nerveuses et de garder les yeux fermés afin de jouir tout seul de cette sensation sans précédent, évitant même de la partager avec les murs couverts de publicité de son minuscule appartement de célibataire.
Mais c’est tout simplement magnifique ! décida-t-il au bout d’un moment. Magnifique de façon outrageante, impossible !
Il avait en fait l’impression de ne pas se trouver dans un monde où les guerres chaudes ou froides ruisselaient de manière imprévisible depuis cinquante ans comme autant de robinets dotés d’un mauvais caractère, où le Bureau Fédéral de Fidélité  »

Extrait de : F. Leiber. « Le millénaire vert. »