Étiquette : Murcie
Vahanara par Georges Murcie

Fiche de Vahanara
Titre : Vahanara
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de Vahanara
« Les rochers rouges lui rappelaient l’Esterel.
Autour de lui, autour d’eux, partout : le silence.
Pire que l’absence de bruit. Le silence intégral qui acquérait, semblait-il, une certaine densité, devenait presque palpable.
Pesant. Angoissant.
Il bougea. Un caillou aux arêtes aiguës lui meurtrissait la cuisse gauche malgré l’épaisseur de la combinaison. Il se redressa de quelques centimètres sur les genoux et les coudes, changea de position.
Ce n’était guère plus confortable. Le sol était dur et rugueux. Presque pas de terre ni de sable. De la roche et des débris. Partout. Des rochers rouges aux contours déchiquetés.
Devant lui, maintenant distant d’une quarantaine de mètres, Glenn avançait lentement.
Valros jura entre ses dents.
Depuis combien de temps cela durait-il déjà ? Et où cette progression prudente les mènerait-elle ?
Il crispa les doigts sur la crosse de son arme. »
Extrait de : G. Murcie. « Vahanara. »
Un jour, l’oubli par Georges Murcie

Fiche de Un jour, l’oubli
Titre : Un jour, l’oubli
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir
Première page de Un jour, l’oubli
« L’aménagement du bar, assez long et plutôt étroit, faisait tout de suite songer à un vieux wagon de chemin de fer.
Sur la droite, en entrant, courait le zinc, le long duquel s’alignaient de hauts tabourets pivotants. À gauche, des cloisons de bois verni s’élevaient jusqu’à deux mètres environ du sol et divisaient ce côté du local en une suite de compartiments assez exigus. Des couples les occupaient souvent, cherchant là un refuge, un semblant d’intimité. L’éclairage, savamment dosé, formait une zone de lumière ambrée au-dessus du comptoir et laissait le reste de l’établissement dans une pénombre vaguement rousse, discrète, propice.
La ressemblance avec l’intérieur d’une voiture de train était d’ailleurs voulue, même si on y prenait place, parfois, pour de curieux voyages, puisque l’endroit avait été baptisé L’Orient-Express.
À cause de quelques tentures écarlates et de panneaux muraux où on devinait des dragons et des serpents bizarres, la décoration avait en effet quelque chose d’oriental ; et c’était sans doute ce qui provoquait certaines rumeurs… »
Extrait de : G. Murcie. « Un jour, l’oubli. »
Tétras par Georges Murcie

Fiche de Tétras
Titre : Tétras
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1980
Editeur : Fleuve noir
Première page de Tétras
« Sur Galactor, planète-capitale de l’Empire des Six Dimensions, le Grand Maître Gastarak avait accordé une audience privée à Myriak, chef suprême des Services Interdimensionnels de Sécurité.
Gastarak s’attendait à tout, sauf sans doute à ce que Myriak se proposait de lui révéler.
Depuis des temps immémoriaux, les Services Interdimensionnels de Sécurité avaient pour tâche d’écarter ou de détruire tout ce qui pouvait menacer la vie sur l’une des planètes de l’Empire, et leur rôle se bornait essentiellement à protéger les mondes habités de la Cinquième Dimension, univers parcouru sans cesse par des milliers de météorites de tout calibre qu’il fallait détourner ou anéantir avant qu’elles ne se précipitent sur les planètes aménagées. Aussi Gastarak supposait-il que Myriak avait quelque sujet de préoccupation dans cette partie de l’Empire, dans cette Cinquième Dimension qui mobilisait constamment la majorité de ses effectifs.
Loin de se douter des raisons véritables de l’inquiétude du chef suprême, il ne put réprimer un petit geste de stupeur. »
Extrait de : G. Murcie. « Tétras. »
Projet apocalypse par Georges Murcie

Fiche de Projet apocalypse
Titre : Projet apocalypse
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de Projet apocalypse
« Conformément aux instructions reçues de Vandar…
Mais qui était Vandar ?
Elle dut faire un effort pour écarter cette question de son esprit. C’était une fâcheuse habitude, qui tournait décidément à la manie : elle se posait automatiquement cette question chaque fois qu’elle évoquait le nom de ce mystérieux personnage.
Vandar… Son chef, certes, mais aussi un inconnu, qui semblait bien diriger toute cette vaste opération qui visait à… Mais peu importait vraiment de savoir qui il était. Du moins dans l’immédiat. Pour l’instant, elle avait bien d’autres problèmes à résoudre, beaucoup plus urgents, plus ardus, et sans aucun doute beaucoup plus graves aussi.
Conformément donc aux instructions reçues par l’un de ces étranges messages radio-intuitifs que Vandar lui adressait assez régulièrement, Ariola avait immobilisé le Magnétocab à douze kilomètres au nord-est de l’importante cité de Létona. »
Extrait de : G. Murcie. « Projet Apocalypse. »
Pari – Egar par Georges Murcie

Fiche de Pari – Egar
Titre : Pari – Egar
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1977
Editeur : Fleuve noir
Première page de Pari – Egar
« Vartois reposa négligemment le feuillet sur le bureau, et il murmura d’un ton neutre :
— Le lac de Van, le mont Ararat… Nous voici dans une région intéressante.
La sécheresse de ce commentaire ne surprit pourtant pas Fred Gardien. Le richissime et capricieux industriel avait décidé depuis longtemps de ne s’étonner de rien. La réaction de Vartois le décevait un peu, mais il n’en laissa rien paraître, se contentant de relever :
— Intéressante, et historique… Cette contrée a été, par exemple, le théâtre de certains événements bibliques, ainsi que ce document le souligne.
Éric Vartois ôta ses lunettes et posa sur son interlocuteur un regard incertain.
— Oui, souffla-t-il, histoires, anecdotes et légendes y abondent… Voyez-vous, Gardien, s’attacher au passé, à tout ce qui forme la tradition, est sans doute le propre des peuples persécutés. »
Extrait de : G. Murcie. « Pari-Egar. »
Opération désespoir par Georges Murcie

Fiche de Opération désespoir
Titre : Opération désespoir
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1975
Editeur : Fleuve noir
Première page de Opération désespoir
« Rien ne distinguait vraiment cet immeuble de tous ceux qui bordaient la rue de San Pablo.
C’était une maison de cinq étages, dont la façade lépreuse s’agrémentait de balcons étroits où les locataires, comme la plupart de leurs voisins, s’ingéniaient à cultiver en pots quelques géraniums rachitiques et des plantes vertes que le manque de soleil et de lumière rendait pâles, maladives, anémiques. Le jour coulait avec parcimonie dans cette venelle qui ressemblait à une profonde tranchée ouverte dans l’ancien quartier chinois de Barcelone.
Au troisième étage, une longue palme jaunie était accrochée à la rambarde de fer forgé de l’un des balcons, vestige de la cérémonie des Rameaux.
Les Rameaux de quelle année ?… On n’aurait su le dire ! »
Extrait de : G. Murcie. « Opération désespoir. »
Omega 5 par Georges Murcie

Fiche de Omega 5
Titre : Omega 5
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir
Première page de Omega 5
« Mélodieux, le timbre d’appel égrena ses notes brèves.
Mouralhia soupira.
Un autre visiteur, à n’en pas douter. Une nouvelle entrevue. Elle ne les comptait plus ! Qu’allait-on encore lui apprendre, ou lui demander, ou quémander ? De quel problème, grave, bénin, insoluble, allait-on maintenant l’entretenir ?
Mouralhia fit un effort pour se ressaisir. Dans un souci d’élégance, peut-être de coquetterie (mais savait-on encore vraiment ici ce qu’était la coquetterie ?), elle porta la main à sa chevelure, dompta rapidement en la laissant entre ses doigts une longue mèche blonde qui venait lui barrer la joue et la rejeta doucement derrière son épaule. Elle devait afficher un visage serein, se montrer aimable, accueillante, compréhensive. Un devoir impératif envers ses sujets. Un rôle qu’il lui fallait jouer, coûte que coûte.
Elle était, en effet, au service de son peuple et ne pouvait l’oublier. Tout un chacun pouvait venir, les jours d’audience. On sonnait. Elle répondait toujours et recevait tout le monde, en personne ou par
l’intermédiaire des écrans. Elle écoutait, réconfortait, aidait. Ici, régner comportait plus de servitudes que de prérogatives. »
Extrait de : G. Murcie. « Omega 5. »
Objectif : la Terre ! par Georges Murcie

Fiche de Objectif : la Terre !
Titre : Objectif : la Terre !
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1972
Editeur : Fleuve noir
Première page de Objectif : la Terre !
« Je me réveille en sursaut, avec la mauvaise conscience de quelqu’un qui sait, d’instinct, qu’il a laissé passer l’heure.
Les idées tardent quelques secondes à s’ordonner dans mon esprit tandis que, dépaysé, je parcours la chambre des yeux.
Il fait grand jour. De lourds rideaux de velours vert sont tirés devant ce qui doit être une haute porte-fenêtre, dont j’aperçois l’un des montants de métal chromé. Le soleil se glisse timidement par l’intervalle que ces tentures laissent entre elles. L’ensemble forme un décor un peu vieillot qui procure pourtant une sensation de confort.
Dissipées les dernières brumes du sommeil, je me souviens enfin que je ne suis pas à mon domicile. Cette chambre est celle d’un hôtel de Paris. J’y suis arrivé hier. C’est vrai que je suis en vacances !
Je ne sais pas encore que ces vacances vont être beaucoup plus longues que prévu. »
Extrait de : G. Murcie. « Objectif la Terre !. »
Motel 113 par Georges Murcie

Fiche de Motel 113
Titre : Motel 113
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1971
Editeur : Fleuve noir
Première page de Motel 113
« Dans sa hâte, il prit le virage un peu trop vite.
La « Capricieuse 18 » amorça un dérapage.
Le gémissement aigu des pneus sur le macadam…
Chris Welch vit la colonne de pierre de l’entrée et le vantail de fer se rapprocher dangereusement sur sa gauche.
Dans la même fraction de seconde, commandé par les multiples cellules photo-électriques et les télémètres incorporés sur tout le pourtour du petit véhicule, le système automatique de répulsion magnétique emplit son office. À la perfection ; sans que Chris Welch ait eu besoin d’effectuer la moindre correction de sa trajectoire par le volant. Un fonctionnement à la fois simple et extraordinaire, qui avait fait ses preuves ! En dépit des vitesses sans cesse plus élevées qu’atteignaient les véhicules terrestres, on ne comptait plus les accidents que ce procédé avait permis d’éviter.
« Une si belle entrée, pensa Welch, il aurait été regrettable de l’endommager ! »
Extrait de : G. Murcie. « Motel 113. »
Mission au futur antérieur par Georges Murcie

Fiche de Mission au futur antérieur
Titre : Mission au futur antérieur
Auteur : Georges Murcie
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir
Première page de Mission au futur antérieur
« Olof Svensel abattit lourdement son énorme poing sur la table.
— Non, s’emporta-t-il, non !
Le coup avait résonné sourdement, et fait vibrer l’abat-jour métallique de la lampe de bureau. Il tintait encore sur une note aiguë, de plus en plus faible.
Son interlocuteur ne se départit pas de son calme. Il se contenta de sourire en regardant Svensel, l’air à la fois gêné et moqueur.
Sous le front haut constamment barré par une mèche blonde, les yeux clairs du Suédois luisaient d’un reflet froid.
— Rien ne justifie tous ces atermoiements, reprit Olof. Rien, sauf un sentimentalisme suranné qui ne nous mène à rien. Au contraire ! Il ne fait que freiner notre…
Le professeur Cardenas Perez le coupa d’un geste.
— Je sais tout cela, Olof, murmura-t-il. Vous me l’avez répété cent fois ! Et, dans le fond, je crois que vous avez raison. »
Extrait de : G. Murcie. « Mission au futur antérieur. »