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Les sous-vivants par Johan Heliot

Fiche de Les sous-vivants
Titre : Les sous-vivants
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2016
Editeur : Seuil
Première page de Les sous-vivants
« – Debout ! tonna le vieil Ogden. Un Pur jamais ne paresse !
En guise de bonjour, il ne fallait pas espérer plus poli de sa part. D’aussi loin que Tigdal s’en souvînt, les réveils avaient toujours été brutaux. L’occasion, également, pour le Doyen de dispenser sa première leçon du jour. Beaucoup d’autres suivraient, sur le même ton. Ogden devait conserver pour ses seules pensées l’usage de l’amabilité…
Et encore, songea Tigdal, peut-être a-t-il l’habitude de se houspiller lui-même ! On ne pouvait jamais savoir avec le terrible vieillard, autant craint pour son caractère qu’admiré pour son expérience.
– Hâte-toi pour la toilette, mais ne te néglige pas. Un Pur toujours doit paraître à son avantage.
Tigdal étouffa un soupir. Il n’osa pas manifester plus ouvertement ses émotions. Le respect autant que la peur le retenaient. Ogden n’hésitait pas à rudoyer ses pupilles lorsqu’il les estimait impertinents. La peau, disait-il, se souvient mieux d’une leçon que l’esprit. Un bleu rappelait la faute commise et dissuadait de la répéter. »
Extrait de : J. Heliot. « Les Sous vivants. »
Les prisonniers de la nuit par Johan Heliot

Fiche de Les prisonniers de la nuit
Titre : Les prisonniers de la nuit
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2018
Editeur : Seuil
Première page de Les prisonniers de la nuit
« – Jon ? Ton sac est prêt ? Dépêche-toi, le car sera là dans dix minutes !
Le père du garçon semblait fébrile, à croire que c’était lui qui partait pour ce stupide camp d’été. Sa mère, quant à elle, avait la larme à l’œil. À voir leurs traits tirés et leur mine défaite, on avait même l’impression qu’ils n’avaient pas dormi de la nuit, contrairement à Jon, réveillé une demi-heure plus tôt par les coups frappés à la porte de sa chambre.
Ils allaient pour la première fois se séparer pendant les vacances. Et cela n’enthousiasmait guère Jon, mais pas pour les raisons qu’on pouvait supposer.
Camp d’été rimait avec activité, du genre sportive et salissante, toutes les journées qu’il se retrouverait coincé dans ce piège au beau milieu de nulle part, en compagnie de parfaits étrangers. Un avant-goût de l’enfer, de son point de vue !
– Je suis vraiment obligé d’y aller ? demanda-t-il d’un ton exagérément plaintif.
– Ta mère et moi avons pris notre décision. Nous ne changerons pas d’avis. Inutile d’insister !
Cet accès d’autorité était plutôt surprenant de la part d’un homme aussi conciliant à l’ordinaire qu’Ethan, le père de Jon. »
Extrait de : J. Heliot. « Les Prisonniers de la nuit. »
Ils sont devenus des bannis… elle veut les guider par Johan Heliot

Fiche de Ils sont devenus des bannis… elle veut les guider
Titre : Ils sont devenus des bannis… elle veut les guider (Tome 2 sur 2 – Les substituts)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2015
Editeur : Seuil
Première page de Ils sont devenus des bannis… elle veut les guider
« Un frémissement dans le feuillage. Là, tout près…
Il suspend sa respiration.
Surtout ne pas se faire remarquer !
Il attend, figé dans une position inconfortable, depuis l’aube, caché derrière une souche couverte de mousse et de rosée. Les muscles de ses cuisses protestent de douleur, mais il demeure parfaitement immobile. À peine s’il resserre les poings autour du manche de son bâton pour mieux assurer sa prise.
Les basses branches du bosquet s’agitent, à moins de dix pas de l’endroit où il se tient caché. Il perçoit un grondement sourd, puis d’un coup, le silence retombe sur la forêt.
Repéré, songe-t-il avec dépit.
Mais son corps réagit plus vite que son esprit.
Question de survie.
Il se relève d’un bond, prenant appui sur son bâton, comme s’il s’agissait d’une perche, afin de se donner un maximum d’élan.
Il saute par-dessus la courbure de la racine, se réceptionne sur un tapis de brindilles et de feuilles en décomposition, puis il se met à courir en direction des fourrés situés au creux d’une petite dépression, brandissant son bâton à bout de bras. »
Extrait de : J. Heliot. « Ils sont devenus des bannis, elle veut les guider. »
On a fait d’eux des ignorants… elle veut les libérer par Johan Heliot

Fiche de On a fait d’eux des ignorants… elle veut les libérer
Titre : On a fait d’eux des ignorants… elle veut les libérer (Tome 1 sur 2 – Les substituts)
Auteur : Johan Heliot
Date de parution : 2014
Editeur : Seuil
Première page de On a fait d’eux des ignorants… elle veut les libérer
« Le camion vient tôt. Tous les jours pareil. Tôt le matin. Avant le soleil. C’est l’heure du camion.
Je suis là avec les autres. Ils ont l’habitude mais moi non. C’est mon premier jour du camion. Mon premier jour de travail. Même si j’aide Mam depuis toujours.
J’aide Mam à laver et ranger la cabane. J’aide Mam parce que je suis sa fille. C’est ce qu’une fille doit faire. Pap n’est plus là pour aider Mam. Alors je dois le faire. Mais c’est fini maintenant.
J’ai quatorze ans ce matin. Alors je monte dans le camion.
« Ça va ? » demande Cox.
Cox est l’ami de Pap. Même si Pap n’est plus là. Cox reste son ami. J’aime bien Cox.
« Ça va », je réponds. Mais je mens un peu. C’est mon premier jour du camion. J’ai beaucoup pensé à ça. Au travail. À ce qu’il y a dehors. Après le Parc.
« Tout ira bien », dit Cox. Sa main se pose sur mon épaule. Ça me fait chaud en dedans. Cox sait ce qu’il y a dehors. Moi, je connais juste le Parc. »
Extrait de : J. Heliot. « On a fait d’eux des ignorants… elle veut les libérer. »
Vallée du silicium par A. Damasio

Fiche de Vallée du silicium
Titre : Vallée du silicium
Auteur : Alain Damasio
Date de parution : 2024
Editeur : Seuil
Sommaire de Vallée du silicium
- Un seul anneau pour les gouverner tous ?
- La ville aux voitures vides
- La ligne de coupe
- Love me Tenderloin
- Le problème à quatre corps
- Trouvère > Portrait du programmeur en artiste
- Pouvoir ou puissance ?
- Lavée du silicium
- Note sur la féminisation des pluriels
Première page de Un seul anneau pour les gouverner tous ?
« Nous sommes un dimanche d’avril et puisqu’il n’y a rien à visiter dans la Silicon Valley le jour du Seigneur, il va bien falloir aller à l’église… Oui, mais laquelle ? Et pour célébrer quelle religion, j’entends : quelle marque ?
J’écris ce texte sur un MacBook Air en aluminium clair si bien que j’ai la réponse : je vais aller communier dans la Cathédrale d’Apple, son siège social, the Ring, qui est un immense cercle de mille six cents mètres de circonférence posé en vaisseau spatial sur la lune de Cupertino.
Chiche ? Hum… Il se trouve qu’il est impossible pour les aliens de ma maigre extraction d’entrer dans le temple, alors je me rabats sur la chapelle : l’Apple Park Visitor Center avec son célèbre Apple Store mondialement connu. »
Extrait de : A. Damasio. « Vallée du silicium. »
Fendragon par B. Hambly

Fiche de Fendragon
Titre : Fendragon (Tome 1 sur 1 – Winterlands)
Auteur : B. Hambly
Date de parution : 1985
Traduction : M. Demuth
Editeur : Editions du Seuil
Première page de Fendragon
« Souvent, des bandits se tenaient en embuscade dans les ruines de la vieille cité, au carrefour des quatre chemins – Jenny Waynest se dit que, ce matin, ils devaient être trois.
Elle n’était pas certaine que ce fût la magie qui lui disait cela ou, plus simplement, l’habitude qu’elle avait des bois et l’instinct du danger propre à tous ceux qui avaient réussi à devenir adultes dans les Pays d’Hiver. Mais à l’instant où elle tirait sur la bride, non loin des premiers murs en mine, où elle savait qu’elle serait dissimulée à la fois par le brouillard d’automne et par la lumière glauque du matin, juste en bordure de la forêt, elle remarqua que le crottin de cheval, dans le creux du chemin d’argile, était encore frais, épargné par le givre qui ourlait les feuilles couvrant le sol alentour. Elle lut également le silence qui régnait »
Extrait de : B. Hambly. « Winterlands – Fendragon. »
J’exagère à peine par F. Colin

Fiche de J’exagère à peine
Titre : J’exagère à peine
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2018
Editeur : Seuil
Première page de J’exagère à peine
« Si ma mère, parvenue au seuil de la mort, se retrouvait face à un type lui demandant de choisir entre une éternité au paradis et une éternité à Disneyland, je suis sûr qu’elle s’allumerait une clope et qu’elle soufflerait la fumée au visage du malotru. « Pardon, lâcherait-elle en rajustant son serre-tête Mickey à 2,99 €, mais en quoi réside la différence ? »
Ma mère adore Disney (si vous connaissez un verbe supérieur à « adorer » qui ne soit pas juste « adorer » avec quelques « o » en plus, contactez mon éditeur : un radio-réveil à modulation de fréquence vous sera offert). À en croire mon regretté paternel, il s’agit d’une tare de naissance. Je pense désormais que c’est plus compliqué que ça – mais peu importe. Ma mère vénère les parcs Disney, chérit les peluches Disney, idolâtre les films Disney et connaît toutes les chansons Disney par cœur, y compris ce titre méchamment débile interprété par un phacochère en surpoids : elle vous les chantera même si vous ne le lui demandez pas. »
Extrait de : F. Colin. « J’exagère à peine. »
L’arbre d’halloween par R. Bradbury

Fiche de L’arbre d’halloween
Titre : L’arbre d’halloween
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1972
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Seuil
Première page de L’arbre d’halloween
« C’est une petite ville au bord d’un petit fleuve et d’un petit lac dans un petit comté au nord d’un État du Midwest. Les prairies alentour ne suffisent pas à la dissimuler. Mais la bourgade n’est pas assez vaste pour empêcher de les voir, de humer leur odeur, de sentir leur présence. En ville il y a des arbres à foison, de l’herbe séchée par l’automne et des fleurs mortes à profusion, des tas de palissades qu’on escalade, de contre-allées où patiner. Un profond ravin la côtoie, gouffre où dégringoler en poussant des cris de putois. Et la ville est remplie d’une foule…
… de gamins.
Et c’est l’après-midi d’Halloween.
Toutes les portes se sont closes pour se protéger de l’air froid. »
Extrait de : R. Bradbury. « L’Arbre d’Halloween. »