Étiquette : Special Police
Spoliation par G. J. Arnaud
Fiche de Spoliation
Titre : Spoliation (Tome 78 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 2000
Editeur : Fleuve noir
Première page de Spoliation
« Au cours de la deuxième nuit, le doute ne lui fut plus permis. Ils étaient revenus, s’étaient installés dans la partie condamnée de l’appartement qui possédait une entrée séparée sur le palier. La veille, une vague intuition, sous forme de malaise, avait tracassé Daisy. Désormais, elle savait qu’ils s’étaient introduits à côté, en prenant de grandes précautions, évitant les allées et venues, se méfiant du grincement de certaines portes. Les pièces, condamnées depuis la mort de Paul, son mari, donnaient sur une ruelle perpendiculaire à la rue Médine. Daisy aurait pu y descendre pour examiner les fenêtres de l’étage, le troisième, mais pour rien au monde elle ne l’aurait fait entre huit heures du matin et vingt heures. À cause de l’échoppe de cordonnier, dans l’encoignure des deux façades depuis la guerre de 14-18. Le « bouif » d’alors était mort en 1972. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Spoliation – Special Police. »
Bunker parano par G. J. Arnaud
Fiche de Bunker parano
Titre : Bunker parano (Tome 67 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1982
Editeur : Zulma
Première page de Bunker parano
« Sans ce bistrot minable… Le patron lui apporta un autre cognac et elle se força à attendre que l’alcool doré cesse d’huiler les bords du verre pour le porter à ses lèvres décolorées. Sans ce bistrot minable, elle aurait préféré renoncer. Il était juste en face de la maison, la Maison comme semblait dire en « majusculant » le patron du service social municipal. Majusculant, ça existait, ce verbe ? Ça lui faisait penser à autre chose. …jaculant.
Bossi, le directeur du Service, en était-il encore capable ?
Il avait louché sur ses seins mais comme par une vieille habitude, enfoui dans un capitonnage de sale graisse d’alcoolique. Elle savait ce que c’était la graisse d’alcoolo, menacée qu’elle était.
– Trente et un ans, disait Bossi, divorcée… Vous croyez pouvoir vous remettre au travail ? quatre années sans exercer… Avant c’était où déjà ? »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Bunker parano – Special Police. »
Noël au chaud par G. J. Arnaud
Fiche de Noël au chaud
Titre : Noël au chaud (Tome 58 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1979
Editeur : Plon
Première page de Noël au chaud
« Lorsqu’elle passait sur la route, tirant sa poussette à provisions derrière elle, Mme Mallet n’imaginait que des regards malveillants la suivant d’une maison à l’autre, que des femmes à l’affût derrière leurs rideaux, qui hochaient la tête avec un mélange de pitié et d’irritation, surveillant sa démarche déhanchée depuis cette fracture du col du fémur l’année dernière.
Raymonde eut un petit sourire sarcastique. Ils avaient bien cru être débarrassés d’elle après cet accident. Un mois d’hôpital, deux mois en rééducation. La grande maison abandonnée, le jardin livré au pillage. Elle se répéta mentalement « au pillage » sans se rendre compte qu’elle prononçait les deux mots à voix intelligible. D’abord les gosses venus voler les dernières pêches, les poires et les pommes, puis les adultes. Elle avait relevé des empreintes de pas révélatrices. Du quarante-quatre au moins. Ses lapins avaient disparu, de même que ses poules naines. On avait dû tuer son vieux chat Roudoudou. Ou bien il avait trouvé un autre foyer, car évidemment personne n’avait pris la peine de le nourrir. Maudite chute. Dans sa salle de bains. Sur un peu d’eau qu’elle n’avait pas vue. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Noël au chaud – Special Police. »
Les jeudis de Julie par G. J. Arnaud
Fiche de Les jeudis de Julie
Titre : Les jeudis de Julie (Tome 54 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1978
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les jeudis de Julie
« Lorsque Willy pénétra dans la vie de sa petite fille Julie, Marie Lacaze n’y prêta guère attention. Plus tard, s’il lui avait fallu donner le jour précis du début de cette amitié insolite, elle n’aurait pu le situer avec certitude, aurait dit que cela devait remonter au début de l’automne. À cette époque, la mère de Julie se débattait dans des difficultés de toutes natures, aussi bien matérielles que morales qui en faisaient une femme dépressive. Elle accepta donc Willy avec le reste, pensa peut-être qu’il était bon pour son enfant d’avoir un camarade pour jouer lorsqu’elle rentrait de l’école ou durant ses jours de congé. Marie travaillait à Sigean et ne pouvait s’occuper de Julie comme elle l’aurait souhaité. L’enfant devait rentrer seule dans leur vieille maison isolée au bord de l’étang, préparer son goûter, faire ses devoirs avec l’entière confiance de sa mère, confiance dont elle n’essayait pas d’abuser. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Les jeudis de Julie – Special Police. »
Les gens de l’hiver par G. J. Arnaud
Fiche de Les gens de l’hiver
Titre : Les gens de l’hiver (Tome 53 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1977
Editeur : Fleuve noir
Première page de Les gens de l’hiver
« Tout de suite après cet étrange coup de fil Marjorie Brun se souvint de cette conversation qui avait fini par l’agacer et qui avait pour cadre la salle sophistiquée mais accueillante du bar de L’Escale. C’est pourquoi elle considéra cet appel comme l’amorce d’une blague préméditée et d’assez mauvais goût.
Ce soir-là, trois ou quatre jours auparavant, quelqu’un avait de nouveau parlé de ce gosse qui durant près d’une semaine s’était caché dans l’un des appartements déserts de la station balnéaire. Tandis que ses parents, la population hivernante et la police alertée fouillaient le port et les résurgences environnantes des anciens marais, l’enfant, confortablement installé avec des provisions, passait sa journée à regarder la télévision, à lire des magazines défendus trouvés sur place et à se rendre malade avec des jus de »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Les gens de l’hiver – Special Police. »
L’enfer du décor par G. J. Arnaud
Fiche de L’enfer du décor
Titre : L’enfer du décor (Tome 51 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1977
Editeur : French Pulp
Première page de L’enfer du décor
« La première fois où Lucie Maurin osa faire son pain fut un jour fertile en émotions et pas seulement à cause de cette tentative de vouloir rompre un autre lien, un de plus, avec la société contemporaine, mais aussi et surtout à cause du jeu étrange qu’imaginèrent les enfants. Il faisait un temps ensoleillé et sec, avec un mistral léger qui ne pourrait qu’activer le tirage. Florent et Olga, son fils et sa fille de dix-huit ans, l’aidèrent à transporter les fagots de sarments de vigne qu’elle enfouissait dans le vieux four que son mari avait longuement réparé durant la semaine. Curieux, les autres gamins du hameau l’entourèrent, ce qui ajouta à l’énervement de la jeune femme. Son papier de journal humide refusa de s’enflammer et elle dut aller en chercher d’autres. Puis elle se rendit compte qu’elle avait trop serré les fagots et qu’ils flambaient mal avec une fumée épaisse qui n’était pas entièrement aspirée par la hotte de la cheminée. Elle tisonna avec une longue perche et d’un coup, tout s’embrasa et, le visage cramoisi, elle recula de quelques pas avec satisfaction. Il lui fallait au moins trois cents degrés pour cuire son pain mais elle ne possédait pas de thermomètre capable de contrôler une telle température. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « L’Enfer du décor – Special Police. »
Enfantasme par G. J. Arnaud
Fiche de Enfantasme
Titre : Enfantasme (Tome 46 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1976
Editeur : Fleuve noir
Première page de Enfantasme
« Quand la couche de neige devenait trop épaisse, Guy laissait sa BMW dans une grange de Chapelle-des-Bois. Charlotte venait le chercher avec le snow-car et pour rentrer chez eux ils coupaient à travers le plateau en direction de la grosse ferme trapue. Ce qui demandait une petite demi-heure. Le dimanche après-midi le scooter réapparaissait dans une poussière de neige, Berthod reprenait sa voiture et la route de Dijon.
— Remonte vite avant la nuit, lui conseilla son mari avant de s’installer au volant.
— Les jours allongent, en janvier, répondit-elle. J’achète du comté, différentes choses et je retourne à La Rousse.
La BMW démarra sur la route sablée et Charlotte pénétra dans la fruitière. Des gens du pays, des propriétaires de résidences secondaires buvaient du vin blanc qu’un Parisien avait apporté. Elle en accepta un verre. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Enfantasme – Special Police. »
La défroque par G. J. Arnaud
Fiche de La défroque
Titre : La défroque (Tome 39 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir
Première page de La défroque
« Poussant son diable chargé de cagettes de cerises, Luigi Sorgho passa quatre fois devant l’homme installé à la terrasse du petit bar avant de s’y intéresser. La camionnette qu’il était en train de ravitailler se trouvait dans une rue transversale, à une centaine de mètres de la criée. Le gros épicier à qui elle appartenait lui avait glissé un billet de dix francs pour qu’il accepte de faire ces allées et venues depuis la criée jusqu’à son Estafette. Pour dix francs, Luigi Sorgho aurait accompli trois fois plus de chemin et porté deux fois plus de poids. Il posait une douzaine de cagettes à la fois, coinçait la dernière avec son menton en galoche, ce qui faisait rire tout le monde. Il s’en moquait. On l’appelait Galoche, bien sûr, mais il était très demandé pour ces transports-là par tous les acheteurs de fruits et légumes qui se pressaient dans le quartier de la gare depuis l’aube. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « La défroque – Special Police. »
Tendres termites par G. J. Arnaud
Fiche de Tendres termites
Titre : Tendres termites (Tome 36 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1972
Editeur : French Pulp
Première page de Tendres termites
« Lorsque arrivait 5 heures, Valérie avait toujours une sorte de remords de devoir rentrer au village. Elle prolongeait inutilement cet instant tandis que Clotilde Saint-Rémy, installée dans l’ombre du saule, faisait semblant de lire en toute sérénité. Valérie allait chercher son vélomoteur sur le côté de la maison, traversait les hautes herbes dans le feu d’artifice des sauterelles aux ailes rouges, vertes, bleues, s’approchait à regret du fauteuil de l’infirme. Clotilde écoutait le chant de grillon de la chaîne, relevait la tête.
— Vous partez, Valérie ?
— Madame est sûre qu’elle n’aura besoin de rien ? Son plateau est prêt. Tout est dans le réfrigérateur. J’ai coupé le gaz à la bouteille et tout est en ordre.
— Merci, Valérie, ne vous faites pas de souci. La petite comédie quotidienne l’agaçait tout en lui apportant le signal imperceptible du début de sa solitude. Seize heures avant que la femme de ménage ne revienne. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Tendres termites – Special Police. »
Traumatisme par G. J. Arnaud
Fiche de Traumatisme
Titre : Traumatisme (Tome 30 sur 78 – Special Police)
Auteur : G. J. Arnaud
Date de parution : 1970
Editeur : Fleuve noir
Première page de Traumatisme
« Lorsqu’elle sortit du magasin avec son sachet de nougat à la main, la petite fille aperçut la 404 grise de l’autre côté du boulevard, sur le parking. Le conducteur croyait la dissimuler entre un énorme camion-citerne de la Shell et un transporteur de primeurs, mais Sylvie l’avait repérée tout de suite.
Elle traversa posément au passage pour piétons, se dirigea vers la Peugeot, le regard fixe. Mal à l’aise derrière son volant, Tabariech jeta un coup d’œil en coin à son patron. Le commissaire adjoint Lefort fronçait les sourcils, à cause de la petite silhouette en blue-jean jaune et en chemisette blanche.
Sylvie Barron s’immobilisa net devant le capot de la 404. Sous la frange châtaine, deux yeux assurés examinaient l’un après l’autre les visages des deux hommes. »
Extrait de : G. J. Arnaud. « Traumatisme – Special Police. »