Catégorie : Livres

 

La légende future par Maurice Limat

Fiche de La légende future

Titre : La légende future
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir

Première page de La légende future

« Le vent fait onduler les cyprès qui paraissent presque noirs sur le bleu profond du ciel. La mer miroite au-delà du temple de Poséidon qui se dresse, orgueilleux hommage au dieu des flots sur les hauteurs du cap Sounion.

Le vieil aède pince les cordes de sa lyre. Et les enfants, des jeunes et des moins jeunes accourent, sachant qu’il va chanter quelque nouvelle épopée, conter de merveilleuses histoires où se rencontrent les dieux, les demi-dieux et les héros valeureux comme les nymphes les plus belles.

L’aède sourit à son auditoire. Il va psalmodier une nouvelle légende. Et il promène ses regards sur ceux qui sont là. Il lui plaît toujours de choisir un auditeur privilégié. Il n’en dit rien, ne le désigne pas, mais dans son vieux cœur encore avide d’amour, il est heureux de chanter plus particulièrement pour un être avec lequel il sent s’établir un subtil courant fluidique. »

Extrait de : M. Limat. « La légende future. »

La jungle de fer par Maurice Limat

Fiche de La jungle de fer

Titre : La jungle de fer
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1973
Editeur : Fleuve noir

Première page de La jungle de fer

« Des nuages roulaient, assez haut dans le ciel. D’autres nuées, plus légères, s’effilochaient au-dessus de la Jungle de Fer et le vent les amenait, derniers fragments des vapeurs nées là-bas, très loin, vers cet océan désormais inaccessible.

Insouciant, familiarisé avec ce décor, avec ces plaines désolées, ce ciel souvent tourmenté, cette jungle monstrueuse d’autant plus interdite et effrayante que l’accès en était à peu près impossible, l’enfant jouait.

Avec rien. Avec tout. Parce que, même après les cataclysmes, les petits humains ont en eux ce miraculeux pouvoir imaginatif qui crée des enchantements à partir de l’insignifiant.

Il ne vit pas le prédateur, lorsque ce dernier creva le plafond nuageux, qu’il fondit vers le sol.

Vers l’enfant, que son œil prodigieux devait avoir repéré de très haut.

C’était un de ces monstres hybrides dont s’épouvantaient les Anciens des Anciens, lesquels avaient connu le monde qu’ils considéraient comme normal, avant la catastrophe. »

Extrait de : M. Limat. « La Jungle de Fer. »

La croix de flamme par Maurice Limat

Fiche de La croix de flamme

Titre : La croix de flamme
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1987
Editeur : Fleuve noir

Première page de La croix de flamme

« C’était la haine qui se peignait sur leurs visages. Cette haine latente stagnant en permanence au fond des âmes viles, toujours prête à éclater, remugle infâme de ce qu’il y a de plus vil en l’homme.

Il n’avait fallu qu’un mince prétexte pour provoquer le conflit. Un verre renversé, ou bien un de ces sourires ignobles que les clients de tavernes décochent à la serveuse, comme si, de droit, elle leur appartenait déjà.

Le cabaret était enfumé et l’atmosphère particulièrement lourde. La nuit était chaude et les nuages de tabac se fondaient dans la vapeur ambiante, pesante et humide, chargée des effluves salés de l’océan proche. »

Extrait de : M. Limat. « La Croix de flamme. »

La cloche de brume par Maurice Limat

Fiche de La cloche de brume

Titre : La cloche de brume
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1979
Editeur : Fleuve noir

Première page de La cloche de brume

« Le navire glisse, lentement, très lentement, sur les flots du golfe de Gascogne.

Lentement. Car la brume est épaisse, à tel point que par prudence le commandant de bord, sans préjudice de l’apport du radar relatif à d’éventuelles rencontres, a sacrifié au procédé ancestral. Un homme, à l’avant, agite en permanence la cloche de brume.

Et c’est comme un glas, bizarrement ouaté par le brouillard ambiant, qui annonce aux navires-frères qu’il y a là un bâtiment, et que le danger des collisions plane sur tous les navigants.

L’homme grelotte dans son suroît. Le monde a changé. Des contacts ont été établis avec les humanités lointaines et la sapience prodigieuse des divers peuples cosmiques a permis de véritables miracles qui n’étonnent plus personne, et surtout pas les très jeunes, nés dans la plus haute technologie. »

Extrait de : M. Limat. « La cloche de brume. »

La cité du vent damné par Maurice Limat

Fiche de La cité du vent damné

Titre : La cité du vent damné
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir

Première page de La cité du vent damné

« Le Vent Damné menaçait. C’était encore le silence, ce silence angoissé et angoissant qui précède les grandes catastrophes. Mais les prémices du fléau étaient signalées depuis les plaines et la nature se taisait. Et dans la ville, les hommes se terraient déjà.

Sous le ciel lourd où l’astre n’apparaissait plus que telle une tache blafarde endeuillée de nuées livides, chacun paraît comme il pouvait à l’attaque qui allait venir, entre terre et firmament. On rappelait les enfants, on bloquait les issues, on
relevait prestement tout ce qui était susceptible d’être emporté par le tourbillon.

Delkaar songeait.

À chaque manifestation du Vent Damné, les souvenirs lui revenaient en foule. »

Extrait de : M. Limat. « La cité du Vent Damné. »

L’oeil écarlate par Maurice Limat

Fiche de L’oeil écarlate

Titre : L’oeil écarlate
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1983
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’oeil écarlate

« Je m’ennuie. Je m’ennuie. Cela me paraît interminable.

Interminable ! C’est le mot, si j’ai droit à l’ironie en la circonstance.

J’ai pourtant tout essayé depuis… mais il y a si longtemps que très sincèrement et si je suis capable de sincérité (encore que cette vertu, comme toutes les autres vertus d’ailleurs, ne puisse guère figurer dans mes attributions), j’ai oublié quand peut bien se situer le début de ma… disons : ma carrière !

J’ai multiplié les essais, les expériences. Je me suis réjoui, repu, saoulé de tout. Tout ce qui relève de mes fonctions. Je peux croire que dans ce domaine je n’ai pas oublié grand-chose : tout y est passé : les vices, les crimes, les perversions de tout genre, la haine, l’envie, la jalousie… (pour la suite, voir la liste des sept péchés capitaux).

Les guerres et les révolutions, mes filles chéries, m’ont apporté de grandes satisfactions. Elles ont l’avantage de couvrir d’un voile de fausse morale tous les forfaits, les tortures, les spoliations, et d’une façon générale tout ce qui relève du brigandage, au nom d’une monumentale hypocrisie ! C’est dire si j’ai pu en tirer des divertissements
appréciables ! »

Extrait de : M. Limat. « L’oeil écarlate. »

L’iceberg rouge par Maurice Limat

Fiche de L’iceberg rouge

Titre : L’iceberg rouge
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’iceberg rouge

« — Vous ne voulez pas me croire ? Commandant ! Commandant, je vous en supplie… Il faut m’écouter. Il le faut. Si nous continuons, nous allons au malheur ! Et le navire est perdu !

Karemson ne répondait pas. Il ne regardait même pas le matelot. Sourcils froncés, regard lointain, il écoutait, fumant toujours.

Taremba avança vers lui, bousculant toute marque extérieure de respect, au mépris des
règlements maritimes.

— Commandant ! Je sais ce que vous croyez, que je suis soûl… Une fois de plus… Eh bien ! non, je vous jure, je n’ai pas bu aujourd’hui… ou si peu. Et ce que j’ai vu… ce sont les signes. Les signes annoncés depuis si longtemps… depuis toujours. Il ne faut pas que le bateau aille plus loin… Commandant ! »

Extrait de : M. Limat. « L’Iceberg rouge. »

L’hydre acéphale par Maurice Limat

Fiche de L’hydre acéphale

Titre : L’hydre acéphale
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1985
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’hydre acéphale

« Le nuage glissait au-dessus des crêtes. Tek’Ii le regardait sans le voir. Il était bien trop absorbé par sa rêverie.

Comme cela lui arrivait souvent, vers la fin du jour, il allait s’asseoir sur la colline, assez loin de la tribu. Il préférait ainsi demeurer seul. Et penser. Aucune fille, aucun garçon – pas même Gnôr, son compagnon le plus habituel – ne l’accompagnait. On estimait communément, au village lacustre, que Tek’Ii était un orgueilleux. Mais eu égard à sa force, à toute l’adresse qui existait dans ce corps mince et puissamment musclé, nul ne le lui avait jamais dit en face.

Le nuage semblait mordre sur le bord du disque du soleil.

L’immense disque rouge de Soleil I. Le plus vaste des trois astres qui dominaient la planète, parfois l’éblouissant et la brûlant de leurs feux conjugués, parfois aussi créant d’étranges lumières, et des journées qui n’en finissaient pas, ce monde se trouvant soumis à tour de rôle aux rayons de l’une ou l’autre des puissantes étoiles. »

Extrait de : M. Limat. « L’Hydre acéphale. »

L’étrange supplice par Maurice Limat

Fiche de L’étrange supplice

Titre : L’étrange supplice
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1953
Editeur : Editions Ferenczi

Première page de L’étrange supplice

«  On dirait vraiment un décor !… »

Il se faisait cette réflexion depuis le moment où il avait mis le pied sur le quai de la gare. Là, il avait aperçu le donjon, et l’aspect médiéval accusé l’avait frappé.

Non, ce n’étaient pas là de ces ruines vétustes, qui mettent un point de pittoresque sur le paysage, et n’abritent que des corbeaux et des musaraignes. Un château féodal ne demeure pas aussi net, aussi précis de lignes, en plein XXe siècle, à moins d’avoir été restauré par un Viollet-le-Duc.

Teddy Verano avait parlé tout haut, au moment où le cabaretier essuyait d’une main rapide la petite table de marbre, à la terrasse abritée par les platanes.

Au-delà des platanes, de la place, du petit bourg, à moins de trois kilomètres, sur la colline de Genteuil, l’étrange construction se dressait.

Teddy Verano avait parlé autant pour lui-même que pour provoquer les propos du cafetier. Quand on tient un débit de boissons et de tabacs sur la place centrale principale, et d’ailleurs unique d’une bourgade comme Septmonts, il est bien évident qu’on doit savoir beaucoup de choses.

« Mais, monsieur, vous avez raison, c’est bien un décor, en effet.  »

Extrait de : M. Limat. « L’étrange supplice.  »

L’espace d’un éclair par Maurice Limat

Fiche de L’espace d’un éclair

Titre : L’espace d’un éclair
Auteur : Maurice Limat
Date de parution : 1974
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’espace d’un éclair

« Henrik stoppa le moteur photonique de l’électrauto. Lentement, très doucement, le coussin d’air s’amollit, diminua de volume, et l’engin se posa à même le sol.

Rêveur, il se demanda comment de tels engins, cependant si maniables, capables de telles manœuvres en douceur, pouvaient provoquer de pareils accidents.

Et pourtant…

Il soupira, bloqua les commandes, sortit de l’électrauto. Il alluma une cigarette et regarda longuement le paysage, peut-être sans le voir.

Il était charmant cependant, ce paysage de la vallée de la Marne. Il faisait beau et chaud. Pas ou peu de brume. Les larges rives verdoyaient et il apercevait déjà les premiers ceps de champagne.

Pourtant, un peu plus d’un an auparavant, c’était là que Stella avait trouvé la mort.

Un accident stupide. On dit cela, toujours.

C’est stupide, un accident, tout le monde le sait. Il n’y en a pas d’autres. »

Extrait de : M. Limat. « L’espace d’un éclair. »