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Au château d’alcool par F. Darnaudet

Fiche de Au château d’alcool

Titre : Au château d’alcool
Auteur : F. Darnaudet
Date de parution : 2011
Editeur : ActuSF

Première page de Au château d’alcool

« … LE GAVIAL, avec lenteur, nous montre les trois rasoirs à lame d’acier. De peur que nous croyions ses armes fictives, il en saisit une dans la main droite, gardant les deux autres dans la gauche. Et d’un geste sec et nerveux, il s’entaille le jeans et la cuisse droite… Le spectacle qui se déroule devant mes yeux éberlués « tressaute », peut-être à cause d’un clignement involontaire des paupières.

Après cette légère perturbation, le cauchemar continue.

LE GAVIAL ricane au lieu de hurler de douleur. Sa jambe droite est une plaie, mélange de tissus, de muscles et de chair à vif. De sang ! Ses dents jaunes sont incisées comme celles d’un requin, ou d’un gavial… »

Extrait de : F. Darnaudet. « Au Château d’alcool. »

D’une rive à l’autre par M. Gaborit

Fiche de D’une rive à l’autre

Titre : D’une rive à l’autre
Auteur : M. Gaborit
Date de parution : 2012
Editeur : ActuSF

Première page de D’une rive à l’autre

« Ta victime s’engage dans une impasse. Tu marches dix mètres derrière elle. Tu n’essayes pas d’être discrète. Assommé par la vinasse, le mendiant titube vers son refuge, un montjoie évidé et transformé en nid précaire avec quelques planches pourries et un patchwork de tissus crasseux. Tu plisses le nez, irritée par l’odeur de l’urine et des eaux sales qui forment un ruisseau brunâtre au milieu de la rue. Tu t’immobilises à l’angle et observes la silhouette se faufiler dans son abri.

Ton regard s’attarde sur les façades lépreuses, les fenêtres borgnes et les rares volets fermés qui filtrent quelques rais de lumière. Tu sais que la milice évite de s’engager dans ce quartier condamné dont les maisons insalubres n’abritent plus que des familles misérables, des voleurs au ventre creux et une poignée de meurtriers en quête d’oubli. »

Extrait de : M. Gaborit. « D’une Rive à l’autre. »

Le météore de Sibérie par J.-P. Andrevon

Fiche de Le météore de Sibérie

Titre : Le météore de Sibérie
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2005
Editeur : ActuSF

Première page de Le météore de Sibérie

« L’explosion de la bombe au-dessus de sa tête rejette Liubia du sommeil à la manière d’un saumon arraché à l’eau par la déflagration d’une cartouche de dynamite.

Le sommeil de Luibia avait la température et la consistance d’un lac juste avant la première glaciation de la mi-septembre : tiède encore, calme et lourd, à peine brisé par les ridules régulières d’un petit vent catarrheux venu du fond de bronches en piètre état. La bombe est tombée au centre du lac, soulevant des tonnes et des tonnes d’eau noire dont la masse s’évase en maelström, projetant dans toutes les directions les échardes cisaillantes d’une mince couche de glace fracassée.

Images, sensations. L’eau qui se distend, se rétracte, tremble… ce n’est rien d’autre que la mauvaise graisse de Liubia qui se rétracte et tremble. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Le Météore de Sibérie. »

L’affaire du calmar dans le grenier par J.-P. Andrevon

Fiche de L’affaire du calmar dans le grenier

Titre : L’affaire du calmar dans le grenier
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2007
Editeur : ActuSF

Première page de L’affaire du calmar dans le grenier

« Le trou dans le toit
 
— Écoute, Béatrice…
Mais elle ne veut pas écouter, Béatrice. Et moi, je ne sais plus quoi lui dire. La ligne grésille quelques secondes au fond de l’écouteur avant qu’elle ne lâche :
— Il vaut mieux que je raccroche. On se rappellera dans deux ou trois jours, quand ça ira mieux. Ciao !
Ciao et cling. Elle a raccroché, cette salope. Elle s’est tirée dans l’éther, elle a baissé le rideau de fer. Quand une nana vous largue, sûr qu’il n’y a plus rien à dire. On se rappellera ? Qui : « on » ? Quand une fille vous dit qu’on se rappellera, ça veut dire que ce n’est pas elle, en tout cas. Et toi, tu peux »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’affaire du calmar dans le grenier. »

Skin trade par G. R. R. Martin

Fiche de Skin trade

Titre : Skin trade
Auteur : G. R. R. Martin
Date de parution : 1988
Traduction : A. Houesnard
Editeur : ActuSF

Première page de Skin trade

« Willie perçut l’odeur du sang à un pâté de maisons de l’appartement.

Il hésita et renifla de nouveau l’air froid de la nuit. On était en automne : le vent venait de la rivière et il flottait un parfum de pluie ; mais cette odeur, cette odeur-là, était toute cuivre, épice et feu, impossible à confondre. Il connaissait l’odeur du sang humain.

Un joggeur le dépassa en bondissant, son survêtement orange brillant sous la lumière de la pleine lune. Willie se rencogna dans les ombres. Qui pouvait être assez stupide pour courir à cette heure de la nuit ? Trou du cul, songea-t-il dans un grognement sourd. L’homme regarda autour de lui, effrayé. Willie se coula encore plus profondément sous le feuillage. Après un long moment, le joggeur reprit sa course sur la piste cyclable, juste un peu plus vite.

Willie se risqua jusqu’à la limite du parc, où il pouvait observer la rue depuis les buissons. Deux voitures de patrouille étaient garées à l’extérieur de »

Extrait de : G. R. R. Martin. « Skin Trade. »

Nightflyers par G. R. R. Martin

Fiche de Nightflyers

Titre : Nightflyers et autres récits
Auteur : G. R. R. Martin
Date de parution : 2018
Traduction : O. Sabathé-Ricklin, M. Cartanas, M.-C. Luong, E. Holstein, E. Devos, H. Hémon,
Editeur : ActuSF

Sommaire de Nightflyers

  • Le volcryn
  • Pour une poignée de volutoines
  • Week-end en zone de guerre
  • Sept fois, sept fois l’homme, jamais !
  • Ni les feux multicolores d’un anneau stellaire
  • Une chanson pour Lya

Première page de Le volcryn

« Dans les temps reculés où l’on mettait en croix Jésus de Nazareth, le volcryn se trouvait dans la Voie lactée, à moins d’une année-lumière de la Terre. Mais quand, sur Terre, se déclenchèrent les nouvelles Guerres du Feu, le volcryn faisait déjà route vers Poséidon et ses mers mortes.

À l’époque où la découverte de l’hyperpropulsion transformait la Fédération des Nations de la Terre en Empire Fédéral, le volcryn errait quelque part aux confins de l’espace hrangan. Les Hrangans n’en ont jamais rien su. Comme nous, c’étaient des enfants de ces planètes chaudes qui tournent inlassablement autour de leurs petits soleils et ils ne connaissaient rien des abîmes de »

Extrait de : G. R. R. Martin. « The Nightflyers et autres récits. »

Le volcryn par G. R. R. Martin

Fiche de Le volcryn

Titre : Le volcryn
Auteur : G. R. R. Martin
Date de parution : 1981
Traduction : O. Sabathé-Ricklin
Editeur : ActuSF

Première page de Le volcryn

« Dans les temps reculés où l’on mettait en croix Jésus de Nazareth, le volcryn se trouvait dans la Voie Lactée, à moins d’une année-lumière de la Terre. Mais quand, sur Terre, se déclenchèrent les nouvelles Guerres du Feu, le volcryn faisait déjà route vers Poséidon et ses mers mortes.

À l’époque où la découverte de l’hyperpropulsion transformait la Fédération des Nations de la Terre en Empire Fédéral, le volcryn errait quelque part aux confins de l’espace hrangan. Les Hrangans n’en ont jamais rien su. Comme nous, c’étaient des enfants de ces planètes chaudes qui tournent inlassablement autour de leurs petits soleils et ils ne connaissaient rien des abîmes de l’univers.

Pendant mille ans, la guerre enflamma l’empire. Quelque part, là où nul feu ne peut brûler, le volcryn était. Inaccessible. Indifférent. Autre.

L’Empire Fédéral éclata, se démantela. Les Hrangans s’évanouirent dans la nuit du »

Extrait de : G. R. R. Martin. « Le Volcryn. »

La fleur de verre par G. R. R. Martin

Fiche de La fleur de verre

Titre : La fleur de verre
Auteur : G. R. R. Martin
Date de parution : 2014
Traduction : P.-P. Durastanti, E. Holstein, J. Schmitt
Editeur : ActuSF

Sommaire de La fleur de verre

  • Fleur de verre
  • Une nuit au chalet du lac
  • Cette bonne vieille Mélodie
  • Le régime du singe
  • Les hommes aux aiguilles
  • Y a que les gosses qui ont peur du noir
  • On ferme !

Première page de Fleur de verre

« Un jour, alors que je n’étais encore qu’une jouvencelle dans la pleine gloire de ma véritable jeunesse, un garçon m’offrit une fleur de verre en gage de son amour.
Je l’avoue, il y a bien longtemps que j’ai oublié comment il s’appelait, bien qu’il fût un jeune homme remarquable et raffiné. Le présent qu’il me fit était à son image. Si, sur les mondes d’acier et de plastique où j’ai passé mes vies, l’art ancestral des souffleurs de verre s’est perdu, l’artisan anonyme qui façonna ma fleur s’en souvenait, lui, parfaitement.
Sa fine tige de verre, longue et délicate, s’incurve, gracile, pour éclore en une corolle aux impossibles détails de la taille de mon poing. Tout y est, capturé, figé pour l’éternité dans le cristal. Les pétales longs ou fins s’y chevauchent, explosant autour du cœur dans un lent chaos transparent posé sur une couronne de six larges feuilles tombantes aux veinures intactes, toutes uniques. »

Extrait de : G. R. R. Martin. « La fleur de verre. »

Dragon de glace par G. R. R. Martin

Fiche de Dragon de glace

Titre : Dragon de glace
Auteur : G. R. R. Martin
Date de parution : 1980
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : ActuSF

Sommaire de Dragon de glace

« De toutes les saisons, Adara préférait l’hiver car, lorsque le froid envahissait le monde, le dragon de glace surgissait.

Elle ne savait jamais si c’était le froid qui amenait le dragon de glace ou le dragon de glace qui amenait le froid. C’était une des questions parmi tant d’autres qui troublaient son frère Geoff, lequel, de deux ans son aîné, était d’une curiosité insatiable, mais Adara, pour sa part, ne s’intéressait guère à ce genre de problème. Du moment que le froid, la neige et le dragon de glace venaient tous en temps voulu, elle était ravie.

Elle savait toujours quand ils devaient venir, à cause de son anniversaire. Adara était une enfant de l’hiver, née durant le pire gel dont quiconque se souvenait, y compris la Vieille Laura, laquelle vivait dans la ferme voisine et se rappelait des événements d’avant la naissance de tout le monde. Les gens parlaient encore de ce gel. Adara les entendait souvent faire. »

Extrait de : G. R. R. Martin. « Dragon de glace. »

Au fil du temps par G. R. R. Martin

Fiche de Au fil du temps

Titre : Au fil du temps
Auteur : G. R. R. Martin
Date de parution : 2013
Traduction : E. Holstein, D. Lemoine, E. C. L. Meistermann
Editeur : ActuSF

Sommaire de Au fil du temps

  • La forteresse
  • Et la mort est son héritage …
  • Week-end en zone de guerre
  • Une affaire périphérique
  • Vaisseau de guerre
  • Variations douteuses
  • Assiégés

Première page de La forteresse

« Solitaire et silencieuse dans la nuit, Sveaborg attendait.
Sombres silhouettes se dressant au-dessus d’une mer de glace, les six citadelles insulaires de la forteresse projetaient leurs ombres dans la lumière lunaire et attendaient. Les murs de granit déchiquetés s’élevant du roc des îlots, hérissés d’innombrables rangées de canons, attendaient. Et, derrière ces murs, amers et déterminés, les hommes – de jour comme de nuit – ne quittaient plus leurs armes et attendaient.
Venu du noroît, un vent mauvais se brisait en hurlant sur les murailles de Sveaborg et amenait avec lui les rumeurs et les remugles de la cité au loin. Et perché sur les remparts de Vargon – la plus grande des six îles – le colonel Bengt Anttonen frissonnait, morose, en contemplant l’horizon. Son uniforme était trop large pour sa complexion émaciée et anguleuse et ses yeux gris semblaient comme embrumés, troublés. »

Extrait de : G. R. R. Martin. « Au fil du temps. »