Étiquette : Albin Michel
L’étrange vie de Nobody Owens par N. Gaiman

Fiche de L’étrange vie de Nobody Owens
Titre : L’étrange vie de Nobody Owens
Auteur : N. Gaiman
Date de parution : 2008
Traduction : V. Le Plouhinec
Editeur : Albin Michel
Première page de L’étrange vie de Nobody Owens
« IL Y AVAIT UNE MAIN dans les ténèbres, et cette main tenait un couteau.
Le manche du couteau était en os noir et lustré, et sa lame plus mince et effilée qu’un rasoir. Eût-elle tranché en vous, peut-être n’auriez-vous pas même perçu sa morsure, pas sur le moment.
Le couteau s’était acquitté de presque tout ce qui l’amenait là, et sa lame et son manche étaient humides.
La porte sur la rue était encore ouverte, à peine, là où s’étaient glissés dans la maison le couteau et l’homme qui le tenait, et par cette porte ouverte s’insinuaient en ondulant des volutes de brume nocturne.
Le Jack s’arrêta sur le seuil. De la main gauche il sortit un grand mouchoir blanc de son manteau noir, et il essuya le couteau, et le gant de sa main droite qui l’avait tenu ; puis il rangea le mouchoir. »
Extrait de : N. Gaiman. « L’Etrange vie de Nobody Owens. »
Coraline par N. Gaiman

Fiche de Coraline
Titre : Coraline
Auteur : N. Gaiman
Date de parution : 2002
Traduction : H. Collon
Editeur : Albin Michel
Première page de Coraline
« CORALINE découvrit la porte peu après avoir emménagé dans la maison.
C’était une très vieille maison, avec un grenier sous le toit, une cave en sous-sol et un jardin à l’abandon plein d’arbres très grands et très vieux.
Les parents de Coraline n’étaient pas propriétaires de toute la maison – elle était trop grande pour ça. Ils n’en possédaient qu’une partie.
D’autres gens habitaient là aussi.
Au rez-de-chaussée, c’est-à-dire en dessous de chez Coraline, il y avait les demoiselles Spink et Forcible. Vieilles, toutes rondes, elles partageaient leur appartement avec un certain nombre de terriers blancs affublés de noms de personnes tels que Hamish, André ou Jock. Autrefois elles avaient été actrices, Mlle Spink l’avait raconté à Coraline le jour où elles avaient fait connaissance.
« Vois-tu, Caroline, lui dit-elle en se trompant d’emblée sur son prénom, de notre temps, Mlle Forcible et moi étions des comédiennes célèbres. »
Extrait de : N. Gaiman. « Coraline. »
Kampus par James E. Gunn

Fiche de Kampus
Titre : Kampus
Auteur : James E. Gunn
Date de parution : 1977
Traduction : F.-M. Watkins
Editeur : Albin Michel
Première page de Kampus
« Gavin planait dans la folie sensuelle du Kamaval comme une molécule esclave dans un des amplificateurs des Savages, vibrant avec les accords de la guitare basse, bousculé par le martèlement de la batterie, filant sur les cordes du thème dans un mouvement impitoyable, inconséquent… Boum, vroum-vroum, tica-tic, twink, plink…
Quelqu’un, quelque part, lui avait glissé un hallucinogène. Dans les recoins de son esprit, il essayait de se rappeler ce qu’il avait mangé, bu ou fumé, cherchait quel ami lui avait voulu du bien ou quel ennemi tenait à le neutraliser, et dans quel but, pendant cette journée la plus importante de l’année universitaire. Mais, délivré de tout souci, il flottait au-dessus de ce noyau central d’inquiétude, comme un ballon rouge au-dessus d’un cratère de lave, et savourait sa libération du démon assis sur ses épaules, qui le chevauchait de-ci, de-là, dont le fouet incrusté de métal flagellait ses entrailles à travers la peau, les muscles, le cœur et le foie. »
Extrait de : J. E. Gunn. « Kampus. »
Shooting star par F. Colin

Fiche de Shooting star
Titre : Shooting star
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2019
Editeur : Albin Michel
Première page de Shooting star
« Marilyn n’est pas morte. Le mot « mort » ne signifie pas grand-chose quand on n’a jamais vécu que sur un écran.
Certaines nuits, sans que l’on sache quel ensorcellement l’a tirée du sommeil, une jeune femme blonde à la beauté sans pareille quitte sa maison de Brentwood, 12305 Fifth Helena Drive et entame, à travers la Cité des Anges, un long, un interminable périple.
L.A. est le royaume des fous et des poètes en flammes ; j’en ai connu certains. Ses nuits sont peuplées de spectres maussades, de coyotes hirsutes, de mammouths poisseux, de vampires en smoking, d’Indiens sanguinolents, de monstres aux sourires d’anges, de faussaires magnifiques, et d’acteurs, surtout, d’acteurs n’ayant, pour la plupart, joué que dans un film unique : celui de leur propre existence. »
Extrait de : F. Colin. « Shooting star. »
Rester debout par F. Colin

Fiche de Rester debout
Titre : Rester debout – Simone Veil
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2018
Editeur : Albin Michel
Première page de Rester debout
« Une pluie noire tombe sur la ville. On dirait des cendres – un tableau vivant, tout de lenteur funèbre. Il fait froid, pour cette dernière nuit de juin, anormalement froid : en bas, dans le jardin, même les bosquets frissonnent.
Simone est entrée dans l’été sans trop y croire, sans trop comprendre, comme on s’enfonce dans le brouillard. Elle rêve à ses jeunes années. N’est-ce pas ce qu’elle souhaitait ? Une nuit comme celle-ci, la dernière, une nuit interminable qui, à la fin, se fondrait en autre chose… Retrouver le pays radieux de l’enfance et des amies chères, des Éclaireuses en goguette, battre le pavé, courir sur les allées éclaboussées de soleil, instants bénis. « Regarde ! Regarde ! La mer et son bleu si fort, si pur, et les mouettes ! » – la petite fille rit aux éclats, ils sont là, tous là, ses sœurs et son frère, son père, sa mère surtout. « Maman ! Oh, maman… »
Dans son sommeil, la vieille dame soudain s’agite et gémit, esquisse un geste tremblant, caresse les contours d’un visage invisible. Elle respire mal ; sa poitrine, chaque fois qu’elle se soulève, produit des râles qu’elle n’entend pas. Deux semaines encore, le 13 juillet 2017, et la France fêtera son quatre-vingt-dixième anniversaire. »
Extrait de : F. Colin. « Rester debout – Simone Veil ou la naissance d’une légende. »
Magnetic island par F. Colin

Fiche de Magnetic island
Titre : Magnetic island
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2017
Editeur : Albin Michel
Première page de Magnetic island
« Je vais mieux.
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le docteur Archer, qui me suit depuis quelques semaines. Il prétend que ça s’entend au timbre de ma voix. Que mon attitude a changé. Je me tiens plus droit, affirme-t-il, mon regard est plus franc.
Il y a eu une rechute. Je m’en suis sorti. L’un dans l’autre, c’est bien ce que Jill, ma thérapeute, avait prédit.
Dehors, sur la pelouse fraîchement tondue de la clinique, Tom, l’infirmier au crâne bosselé, a posé un genou à terre. Curieux de savoir ce qu’il va sortir de son seau en fer – méfiants, aussi –, les wallabies s’approchent. Des pommes rouges, brillantes comme des boules de billard. Il leur en tend une et attend que les mâles les plus courageux consentent à s’approcher. Ce qu’ils font, par bonds légers. Ils se regardent ; on dirait qu’ils se défient. « Eh bien, vas-y, toi, puisque tu es si malin ! »
Extrait de : F. Colin. « Magnetic Island. »
Le pays qui te ressemble par F. Colin

Fiche de Le pays qui te ressemble
Titre : Le pays qui te ressemble
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2015
Editeur : Albin Michel
Première page de Le pays qui te ressemble
« Chaque fois que, les mains crispées sur les accoudoirs, j’essayais de me caler dans le gargantuesque fauteuil en cuir de madame Lewandowski, de petites gouttes de sueur aigre venaient perler à mon front. Une chute interminable, voilà ce que je redoutais. J’avais l’impression que j’allais crever.
Ma psychologue était perplexe. « Si on tombe, avait-elle commenté le jour où je m’étais décidée à lui confier mes angoisses, c’est fatalement d’une certaine hauteur. Saurais-tu me dire d’où tu tombes, Lucy ? » Comme je n’en avais aucune idée, je m’étais contentée de produire un « Eh bien… » embarrassé ; à mon grand soulagement, nous ne nous étions pas appesanties.
Qu’est-ce que je fichais ici ? Dès la première séance, j’avais soupçonné que ces consultations ne me mèneraient nulle part. À la troisième, l’intuition s’était muée en certitude. Mais papa n’en démordait pas. « On arrêtera quand tu sauras quoi faire de ta tristesse », me répétait-il. À ce compte-là, il aurait pu tout aussi bien me conduire devant le mont Everest et me tendre une petite cuillère. « On arrêtera quand tu sauras quoi faire de cette montagne. » Parce que, bien sûr, c’était pour lui que je continuais. »
Extrait de : F. Colin. « Le pays qui te ressemble. »
Bal de givre à New York par F. Colin

Fiche de Bal de givre à New York
Titre : Bal de givre à New York
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2011
Editeur : Albin Michel
Première page de Bal de givre à New York
« Lorsque j’ouvris les yeux, je crus d’abord que tout était terminé. Un visage était penché sur moi, une figure aux traits si purs qu’on aurait dit celle d’un ange.
– Mademoiselle ?
C’était un jeune homme – dix-sept ans, dix-huit peut- être -, regard bleu et envoûtant comme le cœur d’un glacier.
– Mademoiselle, vous m’entendez ?
D’une main ferme, il me soutenait la nuque. L’inquiétude lui conférait un air sombre. M’appuyant sur un coude, je parvins à m’asseoir.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Vous avez surgi de je ne sais où. Et mon chauffeur n’a pas réussi à vous éviter. Je suis réellement navré. »
Extrait de : F. Colin. « Bal de givre à New York. »
Le Maître des dragons par F. Colin

Fiche de Le Maître des dragons
Titre : Le Maître des dragons (Tome 2 sur 2 – La malédiction)
Auteur : F. Colin
Date de parution : 2008
Editeur : Albin Michel
Première page de Le Maître des dragons
« C’est d’abord un coup léger, à peine un murmure. Puis un deuxième, plus ferme. Au troisième, mes élèves sursautent. L’un d’eux se gratte la nuque.
– Maître, quelles sont ses chances de devenir adulte ?
Je me redresse en époussetant ma veste ; mon regard s’attarde sur la pelouse du parc. Par-delà la ligne des ormes, un soleil fauve s’abîme. Bientôt, le ciel de Londres s’embrasera. Du bout de ma canne, je désigne l’œuf, le bouscule doucement.
– Celui-ci vivra, c’est une certitude. Mais l’exemple est mal choisi. Lorsqu’un petit vient au monde en milieu naturel, il est confronté à toutes sortes de dangers. Ainsi que nous l’avons observé, une femelle ne pond généralement que deux ou trois œufs ; en pratique, il est rare que plus d’un nouveau-né atteigne les six mois. Les premières semaines sont donc cruciales. William, quels sont selon vous les principaux prédateurs du dragon ?
– Les… euh, les ours ?
Rires nourris dans l’assistance. Rougissant, l’élève baisse la tête. Je pose une main sur son épaule. »
Extrait de : F. Colin. « La malédiction – Le maître des dragons. »