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La cachette par J.-P. Andrevon

Fiche de La cachette

Titre : La cachette
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2001
Editeur : Hachette

Première page de La cachette

« Je me suis aperçu trop tard que le lit était occupé.
Mais comme on dit, trop tard, c’est trop tard…
Je m’en suis rendu compte en entendant le sommier grincer sous le poids d’un corps qui remuait. J’étais déjà aux trois quarts sous le lit, conscient que mes jambes en dépassaient encore, gigotant sur le tapis.
Au premier grincement, j’ai éprouvé une telle frousse qu’il m’a semblé que ma vessie allait se relâcher. J’ai pu me retenir, sans savoir comment, moins une ou deux gouttes, qui ne comptent pas. Mes jambes se sont figées, devenues aussi lourdes et aussi mortes que le sombre bois mort dont était fait le lit. Mes bras se sont immobilisés, coudes en angle devant ma figure. Dans la pénombre épaisse, je ne distinguais que mes mains aux doigts raidis plantés dans le plancher. Elles m’ont fait l’effet de »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « La cachette. »

L’oreille contre les murs par J.-P. Andrevon

Fiche de L’oreille contre les murs

Titre : L’oreille contre les murs
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1980
Editeur : Denoël

Sommaire de L’oreille contre les murs

  • La grosse bête par G. Compère
  • Vital et Jules par J.-P. Siméon
  • Le garage par M. Lamart
  • Agonie dans la nécropole par G. Coisne
  • Contes froids par J. Sternberg
  • Marie l’Egyptienne par J.-P. Bours
  • La convocation par A. Dorémieux
  • La terre tremble par J.-P. Andrevon
  • Roses de sable par M. Grimaud
  • Retour par G. W. Barlow
  • Jazz me blue par D. Walther
  • Subway éléments pour une mythologie du métro par S. Brussolo
  • Allons au cinéma par P. Cousin
  • Le pourvoyeur par R. Karnauch
  • Empreintes par P. Duvic
  • Les premiers jours, on ne sut même pas à quoi ils ressemblaient … par P. Pelot

Première page de La grosse bête

« Dietrich Schluss dirigeait à Salzbourg une petite académie de musique, presque confidentielle. Il y enseignait le solfège et le chant. Malgré son âge, il chantait encore magnifiquement. Nul meilleur interprète de Wolf : la presse, jadis, l’avait dit et répété ; on l’avait écarté, ce me semble, bien cavalièrement des salles de concerts. Moi qui eus l’honneur de l’entendre souvent (il aimait ma façon de l’accompagner au piano), je puis affirmer qu’il n’était personne au monde pour détailler avec autant de maîtrise que lui les plus belles pages de Spanisches Liederbuch. S’il est vrai que je végète, du moins à mon obscurité puis-je trouver une raison : ma médiocrité. Mais lui ? Je ne me hasardais pas à l’interroger. Il avait des sautes d’humeur imprévisibles. Je le savais violent. Je ne craignais rien, certes, mais ne tenais pas à perdre la joie que me donnaient nos séances de musique. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’oreille contre les murs. »

L’oeil derrière l’épaule par J.-P. Andrevon

Fiche de L’oeil derrière l’épaule

Titre : L’oeil derrière l’épaule
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2001
Editeur : Le Masque

Première page de L’oeil derrière l’épaule

« LE DÉMÉNAGEMENT

Les Woolwright quittèrent définitivement LA pour Harmony le dernier week-end de mai.
L’initiative venait de Pam, bien sûr. Jon avait tenté plusieurs semaines durant une résistance passive dont les bastions s’effondraient à mesure, louvoyant, faisant la sourde oreille, cherchant des prétextes futiles pour retarder l’irréparable. Il avait des raisons pour ça – ou au moins une, qu’il ne pouvait évidemment pas avouer à sa femme.
— On pourrait voir… attendre encore un peu.
— Un peu quoi ? persiflait-elle de sa voix la plus pointue.
— Je ne sais pas… que Veronika entre au lycée, par exemple.
— Mais ce n’est pas un peu, ça. C’est quatre ans ! »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’oeil derrière l’épaule. »

L’arche par J.-P. Andrevon

Fiche de L’arche

Titre : L’arche
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1995
Editeur : Alfil

Sommaire de L’arche

  • L’arche
  • Le bal

Première page de L’arche

« L’arche est assemblée avec de gros moellons gris empilés, scellés avec du mortier rose qui, en séchant, devient brun clair. Les ouvriers y travaillent depuis… je ne sais plus. Depuis longtemps, en tout cas. Déjà l’arche traverse la vallée sur ses deux-tiers, peut-être bien sur ses trois-quarts, surplombant la ville de haut, à dix ou quinze mètres au-dessus des toits les plus élevés. C’est un ouvrage titanesque, qui m’emplit d’admiration. De crainte aussi, à cause de cette masse qui scie le ciel en deux, qui projette dans les rues et sur les façades une ombre dense et froide.

L’arche passe juste au-dessus de ma maison, menaçante, obscure. Le dernier pilier terminé, le plus proche de chez moi, s’enracine au beau milieu de la place Saint-Sépulcre. C’est un énorme tronc, rectangulaire de section, qui doit mesurer, au niveau de son assise, huit mètres sur douze. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’arche. »

L’anniversaire du Reich de mille ans par J.-P. Andrevon

Fiche de L’anniversaire du Reich de mille ans

Titre : L’anniversaire du Reich de mille ans
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2013
Editeur : Bélial

Première page de L’anniversaire du Reich de mille ans

« Orna ! Orna ! Le fer est assez chaud ? »

Le petit nez en trompette de Sigrid arrive à peine au niveau de la table. Elle avance un index intrépide, touche le flanc du fer à repasser. Un petit éclair de chaleur sèche. Sigrid retire son index brûlé. Mais elle ne crie pas, elle ne pleure pas. Le Führer la regarde. Et une fille de sept ans, une future Jungmädel, ne doit pas pleurer quand elle a mal.

« Je vais le repasser, Orna, je vais le repasser ! » couine Sigrid.

Orna, sa grand-mère Margrete, vient d’entrer dans la buanderie, et dresse contre la table de repassage sa corpulence de tour.

« Mais non, mein Püppchen, tu n’y arriveras pas, tu n’es pas assez grande, fait joyeusement Grossmutter Margrete. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’Anniversaire du Reich de mille ans. »

L’affaire du calmar dans le grenier par J.-P. Andrevon

Fiche de L’affaire du calmar dans le grenier

Titre : L’affaire du calmar dans le grenier
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 2007
Editeur : ActuSF

Première page de L’affaire du calmar dans le grenier

« Le trou dans le toit
 
— Écoute, Béatrice…
Mais elle ne veut pas écouter, Béatrice. Et moi, je ne sais plus quoi lui dire. La ligne grésille quelques secondes au fond de l’écouteur avant qu’elle ne lâche :
— Il vaut mieux que je raccroche. On se rappellera dans deux ou trois jours, quand ça ira mieux. Ciao !
Ciao et cling. Elle a raccroché, cette salope. Elle s’est tirée dans l’éther, elle a baissé le rideau de fer. Quand une nana vous largue, sûr qu’il n’y a plus rien à dire. On se rappellera ? Qui : « on » ? Quand une fille vous dit qu’on se rappellera, ça veut dire que ce n’est pas elle, en tout cas. Et toi, tu peux »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « L’affaire du calmar dans le grenier. »

Incendie d’août par J.-P. Andrevon

Fiche de Incendie d’août

Titre : Incendie d’août
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1993
Editeur : L’incertain

Première page de Incendie d’août

« J’ai poussé un cri et je me suis réveillé. C’est l’impression que j’ai eue : avoir crié au moment même où je m’éveillais. Un rêve, peut-être. Un rêve désagréable qui m’avait rejeté hors du sommeil.

J’avais la bouche desséchée, le cœur battant. J’ai toussé, il a fallu que je cherche ma respiration loin dans mes poumons.

J’ai essayé pendant quelques secondes de retrouver les images de ce rêve qui m’aurait fait crier, mais rien n’est venu. J’ai soupiré, j’ai soulevé la tête, je me suis redressé. Mon dos s’est décollé du dossier, ma chemise était poisseuse. Poisseuse, oui, mais glacée. Encore une sensation désagréable.

Il faisait toujours aussi chaud. Une chaleur d’étuve qui pesait sur mes tempes et me noyait les yeux. J’ai tenté d’avaler un peu de salive. Mais elle n’est pas venue, ma gorge était rêche comme du papier émeri. J’ai fait remuer mes épaules pour chasser une crampe. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Incendie d’août. »

Il faudra bien se résoudre à mourir seul par J.-P. Andrevon

Fiche de Il faudra bien se résoudre à mourir seul

Titre : Il faudra bien se résoudre à mourir seul
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1983
Editeur : Denoël

Sommaire de Il faudra bien se résoudre à mourir seul

  • Les femmes
    • Durer, c’est s’économiser
    • Alpha
  • Les machines
    • Haute solitude
    • Un nouveau livre de la jungle des villes
  • Les enfants
    • Les enfants ont toujours raison
    • La tigresse de Malaisie
  • Les bêtes
    • La nuit des bêtes
    • Le temps de la nuée grise

Première page de Durer, c’est s’économiser

« Il fait noir. Il y a juste au-dessus du lit la petite ampoule de secours bleu foncé, qu’on peut jamais éteindre. Luce préfère l’obscurité. Plusieurs fois déjà je lui ai dit : Allez, quoi, on va faire ça en pleine lumière, que je puisse bien voir ta figure quand tu montes au ciel. Elle m’a toujours répondu : Veux-tu bien te taire ! On ne dit pas des choses comme ça… Moi, je veux être dans le noir. Alors je capitule, mon capitaine, et on fait ça dans le noir.

Elle est catholique, Luce. Catholique, pas mariée, et pourtant pas vierge pour autant quand elle est arrivée, faut pas croire. Mais des vierges, aujourd’hui, y en a autant que des ch’veux sur la tête à Mathieu. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Il faudra bien se résoudre à mourir seul. »

Huit morts dans l’eau froide par J.-P. Andrevon

Fiche de Huit morts dans l’eau froide

Titre : Huit morts dans l’eau froide
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1995
Editeur : Fleuve noir

Première page de Huit morts dans l’eau froide

« L’homme était assis sur une chaise, visage absent, épaules voûtées. Ses mains reposaient sur ses cuisses. Sa respiration régulière, qui soulevait sur sa poitrine une chemise bleue marbrée d’auréoles et de taches diverses, était le seul indice qu’il était bien un être vivant et pas un mannequin de cire.

Autour de lui, pourtant, dans la salle aux murs métalliques si vaste qu’elle aurait pu être une sorte de hangar, des consoles bourdonnaient, des écrans s’éclairaient sur des théories de visages fugitifs et une demi-douzaine de personnes, la plupart en blouse vert sombre, allaient et venaient entre les travées. L’une des blouses, surmontée d’un visage asiatique d’une rondeur sévère, abandonna son moniteur pour s’approcher de l’homme sur la chaise.

— Venez avec moi, dit doucement l’Asiatique en posant avec délicatesse une main sur l’épaule »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Huit morts dans l’eau froide. »

Gueule de rat par J.-P. Andrevon

Fiche de Gueule de rat

Titre : Gueule de rat
Auteur : J.-P. Andrevon
Date de parution : 1999
Editeur : La table ronde

Première page de Gueule de rat

« La balle était un calibre 9 mm Parabellum, avec un cœur de plomb recouvert d’un alliage blindé. Elle avait été tirée par un pistolet automatique Sig-Sauer P 226. Cette arme de poing, fabriquée en Suisse, est à la fois robuste, relativement légère et d’un maniement simplifié. Elle possède un levier de désarmement du chien juste au-dessus de la détente, ce qui permet à son possesseur de la porter en toute sécurité. Un mécanisme à glissière et encoche bloque le percuteur jusqu’à ce que la détente soit pressée. Comme le précise la publicité, il n’y a qu’à viser et tirer.

Le modèle 226, amélioration du 225, est monté avec une crosse à deux colonnes, ce qui porte la capacité balistique de l’arme à quinze cartouches. Bien que l’armée américaine lui ait préféré le Beretta 92-F en raison de son moindre coût, le P 226 reste l’arme préférée de nombreux corps de police dans le monde et de la plupart des services de sécurité. »

Extrait de : J.-P. Andrevon. « Gueule de Rat. »