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I. G. H. par J. G. Ballard

Fiche de I. G. H.

Titre : I. G. H. (Tome 3 sur 3 – Béton)
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1975
Traduction : R. Louit
Editeur : Presses Pocket

Première page de I. G. H.

« PLUS tard, installé sur son balcon pour manger le chien, le Dr Robert Laing réfléchit aux événements insolites qui s’étaient déroulés à l’intérieur de la gigantesque tour d’habitation au cours des trois derniers mois. Maintenant que les choses avaient repris leur cours normal, il constatait avec surprise l’absence d’un début manifeste, d’un seuil précis au-delà duquel leurs existences avaient pénétré dans une dimension nettement plus inquiétante. Avec ses quarante étages et ses mille appartements, ses piscines et son supermarché, sa banque et son école primaire – tout cela, en fait, livré à l’abandon en plein ciel –, la tour n’offrait que trop de possibilités de violences et d’affrontements. Son propre deux-pièces au vingt-cinquième étage était bien le dernier endroit que Laing eût envisagé comme théâtre d’un premier
accrochage. S’il avait acheté, après son divorce, cette cellule hors de prix, fichée comme à l’aveuglette dans le front de falaise de l’immeuble, c’était précisément à cause de sa tranquillité et de son anonymat. »

Extrait de : J. G. Ballard. « I.G.H. – Béton. »

L’île de béton par J. G. Ballard

Fiche de L’île de béton

Titre : L’île de béton (Tome 2 sur 3 – Béton)
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1973
Traduction : G. Fradier
Editeur : Le livre de poche

Première page de L’île de béton

« Le 22 avril 1973, peu après trois heures de l’après-midi un architecte nommé Robert Maitland, âgé de trente-cinq ans, roulait vers la sortie de l’échangeur de l’ouest, à la périphérie de Londres. À six cents mètres du raccordement au nouveau tronçon de l’autoroute M4, alors que la Jaguar avait dépassé la vitesse limitée à 110 kilomètres-heure, le pneu de la roue avant droite éclata. Maitland crut que l’explosion, répercutée par le parapet de ciment, se produisait dans son crâne. Il eut encore quelques secondes pour s’agripper au volant, étourdi du coup qu’il avait reçu en cognant de la tête contre le chrome de la portière. La voiture zigzaguait sur toute la largeur des voies désertes, ses mains couraient sur le volant, secouées comme des bras de pantin. Le pneu en loques dessinait des diagonales noires sur les bandes de guidage qui suivaient la longue courbe du talus de l’autoroute. »

Extrait de : J. G. Ballard. « L’Île de béton – Béton. »

Crash ! par J. G. Ballard

Fiche de Crash !

Titre : Crash ! (Tome 1 sur 3 – Béton)
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1973
Traduction : R. Louit
Editeur : Gallimard

Première page de Crash !

« Vaughan est mort hier dans son dernier accident. Le temps que dura notre amitié, il avait répété sa mort en de multiples collisions, mais celle-là fut la seule vraie. Lancée vers la limousine de l’actrice, sa voiture a franchi le garde-corps du toboggan de l’aéroport de Londres et plongé à travers le toit d’un car rempli de voyageurs. Les corps broyés en grappes des touristes, comme une hémorragie du soleil, étaient toujours plaqués sur les sièges de vinyle lorsque je me suis frayé un chemin parmi les techniciens de la police, une heure plus tard. Cramponnée au bras de son chauffeur, l’actrice Elizabeth Taylor, avec qui Vaughan avait depuis tant de mois rêvé de mourir, se tenait à l’écart sous les feux tournants de l’ambulance. Quand je me suis penché au-dessus de Vaughan, elle a porté une main gantée à sa gorge.

Voyait-elle, dans la position du corps, la formule de mort que Vaughan avait conçue pour elle ? Les dernières semaines de sa vie, Vaughan ne pensait qu’à la mort de l’actrice, à ce sacre des blessures qu’il avait mis en scène avec la dévotion d’un chef du protocole. »

Extrait de : J. G. Ballard. « Crash ! – Béton. »