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Le jardin de Kanashima par P. Boulle

Fiche de Le jardin de Kanashima

Titre : Le jardin de Kanashima
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1964
Editeur : Le livre de poche

Première page de Le jardin de Kanashima

« Von Schwartz pénétra dans les ruines d’un bâtiment abandonné, démoli à la suite d’une série d’essais malheureux, et se glissa dans une sorte de niche formée par les décombres, sachant très bien que ces gravats ne lui offriraient qu’une protection dérisoire en cas d’accident. Son regard se fixa aussitôt sur la fusée, qui se dressait à moins de cinquante mètres de là, éclairée par des projecteurs, et il éprouva une sorte d’éblouissement.

Le paysage familier de Peenemünde, avec sa forêt de pins sombres qui commençait à apparaître dans l’aube, s’était évanoui. Les ateliers, l’usine de montage, les stations d’essais, le blockhaus, où l’instant zéro était attendu dans la fièvre, rien de tout cela n’existait plus pour lui. Seule restait, dans sa vision et dans sa conscience, la fusée blanche et noire sous les feux des projecteurs, une silhouette à la fois gigantesque et élégante, dont la tête miraculeusement fine pointait vers le ciel comme un clocher. »

Extrait de : P. Boulle. « Le jardin de Kanashima »

Le bourreau par P. Boulle

Fiche de Le bourreau

Titre : Le bourreau
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1954
Editeur : Cherche-midi

Première page de Le bourreau

« J’étais assis dans un restaurant de Yin-Yang, la ville enchantée. J’avais devant moi un bol de riz et trois assiettes chargées de mets insolites. À ma gauche, un livre chinois était ouvert. Je déchiffrais une colonne de caractères, puis je tentais de pêcher quelque morceau au bout de mes baguettes, ces deux opérations présentant des difficultés équivalentes. Après un long moment de ce manège, je fermai le livre et concentrai toute mon attention sur le repas.

— Il n’y a pas la moindre suggestion intéressante dans ce roman, me dis-je avec agacement. C’est le crime d’un fou. Je n’en tirerai rien.

Il s’agissait d’une intrigue policière, parfaitement incohérente. Je m’aperçus avec confusion que j’avais parlé à haute voix. Le vieux Chinois qui était en face de moi me regardait avec une expression amusée. »

Extrait de : P. Boulle. « Le Bourreau. »

Le bon léviathan par P. Boulle

Fiche de Le bon léviathan

Titre : Le bon léviathan
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1978
Editeur : Julliard

Première page de Le bon léviathan

« On l’avait baptisé le Gargantua (baptisé sans la moindre cérémonie : pas un prêtre n’eût risqué de se compromettre en l’aspergeant d’eau bénite), mais les sobriquets dont il fut affligé bien avant sa naissance désignaient tous des créatures répugnantes. Il était : le maudit ou le monstre pour les pêcheurs de la côte atlantique ; Moby Dick, pour les lettrés ; le dragon pestilentiel, pour les romantiques, et le Léviathan pour certains. Ce fut ce dernier surnom, celui d’une créature vomie par l’enfer, qui lui resta. Il lui avait été décerné par ses ennemis les plus acharnés, alors qu’il n’était encore qu’un fantôme, une image confuse apparue une nuit d’insomnie dans le cerveau fécond de Mme Bach, image qui se précisa bientôt en croquis, en plans, puis en maquettes, enrichie par la nuée de considérations techniques et financières qui accompagnent la gestation d’un projet industriel audacieux, et saluée par les protestations furieuses qui accueillent toute innovation. »

Extrait de : P. Boulle. « Le Bon Léviathan. »

La planète des singes par P. Boulle

Fiche de La planète des singes

Titre : La planète des singes
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1963
Editeur : Pocket

Première page de La planète des singes

« Jinn et Phyllis passaient des vacances merveilleuses, dans l’espace, le plus loin possible des astres habités.

En ce temps-là, les voyages interplanétaires étaient communs ; les déplacements intersidéraux, non exceptionnels. Les fusées emportaient des touristes vers les sites prodigieux de Sirius, ou des financiers vers les Bourses fameuses d’Arcturus et d’Aldébaran. Mais Jinn et Phyllis, un couple de riches oisifs, se signalaient dans le cosmos par leur originalité et par quelques grains de poésie. Ils parcouraient l’univers pour leur plaisir – à la voile.

Leur navire était une sorte de sphère dont l’enveloppe – la voile – miraculeusement fine et légère, se déplaçait dans l’espace, poussée par la pression des radiations lumineuses. Un tel engin, abandonné à lui-même dans le voisinage d’une étoile (assez loin cependant pour que le champ de gravitation ne soit pas trop intense) se dirigera toujours en ligne droite dans la direction opposée à celle-ci ; mais comme le système stellaire de Jinn et Phyllis comprenait trois soleils »

Extrait de : P. Boulle. « La planète des singes. »

La face par P. Boulle

Fiche de La face

Titre : La face
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1953
Editeur : Cherche-Midi

Première page de La face

« LA SALLE SE VIDAIT LENTEMENT, en trois artères au courant ralenti par d’imprévisibles remous. Devant le cinéma, devenu théâtre, où une troupe de Paris venait de jouer la dernière pièce d’un auteur à succès, une rampe de projecteurs illuminait le large trottoir de la rue principale, et la ramure des grands platanes, aux feuilles géométriquement figées dans la tiédeur calme de cette soirée provençale, reflétait une mystérieuse magie de plantes exotiques.
La diffusion de l’éblouissante blancheur artificielle dans la pure atmosphère nocturne de Bergerane semblait créer, sur le seuil de l’établissement, une autre scène destinée à prolonger la représentation ; comme une réplique agrandie, dilatée par l’enthousiasme méridional, ornée d’arbres géants et animée par une multitude de figurants, du plateau intérieur, dont le caractère marquant était celui de tous les décors dramatiques, mais s’imposait avec plus d’outrance : l’irréalité exaltante, assombrie par une affligeante touche de conventionnel. »

Extrait de : P. Boulle. « La face. »

La baleine des Malouines par P. Boulle

Fiche de La baleine des Malouines

Titre : La baleine des Malouines
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1983
Editeur : Pocket

Première page de La baleine des Malouines

« La flotte britannique franchit le cinquantième parallèle et arriva bientôt en vue de la Géorgie du Sud. La traversée s’était effectuée jusqu’alors sans incident, les seuls ennemis à affronter encore étant le désœuvrement et le mal de mer, pour les quatre à cinq mille soldats embarqués sur les transports de troupes. Ils les combattaient de leur mieux, en rêvant à leurs exploits futurs ou en faisant quelques exercices fastidieux de culture physique dans l’espace réduit qui leur était imparti.

La prise de la Géorgie du Sud, à peine défendue par une maigre garnison, fut une simple formalité et une pauvre diversion. L’escale ne dura que deux ou trois jours, à peine le temps pour les guerriers de faire quelques pas sur la terre ferme. Ensuite, l’armada repartit à petite allure vers les îles Falkland, que les Français appellent Malouines, que les Argentins avaient annexées, et dont la reconquête était le but ultime du corps expéditionnaire. »

Extrait de : P. Boulle. « La baleine des Malouines. »

L’îlon par P. Boulle

Fiche de L’îlon

Titre : L’îlon
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1991
Editeur : Editions de Fallois

Première page de L’îlon

« Donnez-moi les six premières années de la vie d’un garçon et je vous donne le reste », a dit Kipling, en un raccourci assez machiste. Pour ma part, ces années-là m’ont laissé peu de souvenirs. Celles qui furent pour moi des périodes de rêves exaltés se situent à peu près entre l’âge de huit et treize ans. Mais il en reste une succession d’images brillantes, qui ne se fanent pas comme celles d’un album de photos. Ce sont celles-là que j’essaie d’évoquer aussi fidèlement que possible, sans trop me soucier de la chronologie. Avec leur amalgame de joies, d’angoisses, d’espoir et de déceptions, elles constituent un capital dont je ne me lasse pas d’évaluer la richesse, comme un vieil avare compte ses écus.

Pour le reste, suivant la boutade de Kipling, je vous l’abandonne volontiers. »

Extrait de : P. Boulle. « L’Îlon. »

L’épreuve des hommes blancs par P. Boulle

Fiche de L’épreuve des hommes blancs

Titre : L’épreuve des hommes blancs
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 1955
Editeur : Pocket

Première page de L’épreuve des hommes blancs

« Il était quatre heures, dans l’île de Sinang, sous les tropiques, lorsque le père Saat sortit de sa torpeur. Il avait pris l’habitude de prolonger sa sieste depuis un peu plus d’un an, exactement depuis que sa femme lui avait donné un cinquième garçon, marquant la famille d’une dignité définitive, qui imposait à son chef des attitudes majestueuses et des heures de méditation.Moktuy, l’aîné des fils Saat, avait maintenant quinze ans. Aidé de son frère cadet, il s’entendait à manœuvrer le bateau de pêche, et posait les filets plus adroitement que n’importe quel Malais du kampong. Le poisson et les bêtes qu’il prenait au piège assuraient la subsistance de la maisonnée. Deux autres enfants grimpaient périodiquement aux cocotiers que Saat avait plantés à une époque où il se souciait de l’avenir. Ils dépeçaient les noix et faisaient sécher le coprah, qui s’entassait dans »

Extrait de : P. Boulle. « L’épreuve des hommes blancs. »

L’enlèvement de l’obélisque par P. Boulle

Fiche de L’enlèvement de l’obélisque

Titre : L’enlèvement de l’obélisque
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 2007
Editeur : Cherche midi

Sommaire de L’enlèvement de l’obélisque

  • L’enlèvement de l’obélisque
  • Un étrange événement
  • Le message chiffré
  • Une morte suspecte
  • Le 1er avril
  • Le coupable
  • La croisière de l’alligator

Première page de L’enlèvement de l’obélisque

« JE TROUVAI CE SOIR-LÀ le maître emmitouflé dans sa robe de chambre blanche, celle qu’il revêt aux heures de méditation intense, parce que, réfléchissant sans en absorber aucune toutes les radiations, elle permet à son fluide une concentration plus grande.
Merlec était absorbé par la lecture d’un journal du soir. Il ne leva pas les yeux ; il ne m’adressa pas une parole ; mais, m’indiquant du doigt le petit tabouret qui m’est réservé dans les circonstances graves, il me fit comprendre par un froncement de sourcils qu’il entendait ne pas être dérangé.
Je m’assis en silence et restai à contempler la chambre où tant de pensées géniales furent conçues : de forme rectangulaire, à peu près quatre mètres sur trois, la chambre de Merlec contient trois meubles et rien de plus, un large lit-divan, une petite table sur laquelle se trouvent un livre, un verre et une bouteille, et le petit tabouret au pied du divan sur lequel le maître daigne tolérer ma présence. »

Extrait de : P. Boulle. « L’enlèvement de l’Obélisque. »

L’archéologue et le mystère de Nefertiti par P. Boulle

Fiche de L’archéologue et le mystère de Nefertiti

Titre : L’archéologue et le mystère de Nefertiti
Auteur : P. Boulle
Date de parution : 2005
Editeur : Cherche midi

Première page de L’archéologue et le mystère de Nefertiti

« LE HASARD qui me fit rencontrer l’archéologue en Égypte ne présente aucun caractère prodigieux. Il est cependant un terme important dans une série rigoureuse de coïncidences, nécessaires au déroulement et au succès de notre aventure. En ceci, il est remarquable, et justifie la narration de ce récit à partir de cette première conjonction de nos destinées ; un peu avant même, car les circonstances qui suscitèrent celle-ci ne peuvent pas être passées sous silence.
 
J’étais à Louqsor, dans un état oscillant entre la mélancolie et la satisfaction d’être libre. J’étais seul. L’amie qui m’avait accompagné depuis Paris, au cours d’un voyage aérien par petites étapes, avait déclaré, en mettant le pied sur la terre d’Égypte, que ma façon de piloter lui donnait la nausée, et faisait peser sur sa tête un danger dont elle se sentait incapable de supporter plus longtemps la menace »

Extrait de : P. Boulle. « L’archéologue et le mystère de Nefertiti. »