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Le vin de l’été par R. Bradbury

Fiche de Le vin de l’été

Titre : Le vin de l’été
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1957
Traduction : G. Dupont
Editeur : 10/18

Première page de Le vin de l’été

« C’était un matin calme. La ville, drapée par l’obscurité, reposait tranquille dans son lit. L’été s’amoncelait dans l’air du temps. Le vent avait un souffle régulier et le monde respirait à longs traits, profonds et lents. Vous n’aviez qu’à vous lever et vous pencher à votre fenêtre pour en prendre conscience, c’était là réellement le premier instant vrai de liberté et de vie, le premier matin de l’été.
Douglas Spaulding, âgé de douze ans, se réveilla de bonne heure et laissa l’été paresser en lui dans la demi-conscience du matin. Couché dans cette chambre en coupole du troisième étage, il sentit l’immense pouvoir que lui conférait, chevauchant haut le vent de juin, la plus grande tour de la ville. Le soir, lorsque les arbres pleuraient ensemble, il projetait son regard, telle la vive et brusque lueur d’un phare, dans toutes les directions, sur des mers bruissantes d’ormes, de chênes et d’érables.  »

Extrait de : R. Bradbury. « Le vin de l’été. »

Le pays d’octobre par R. Bradbury

Fiche de Le pays d’octobre

Titre : Le pays d’octobre
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1955
Traduction : I. Doringe
Editeur : Denoël

Sommaire de Le pays d’octobre

  • Le nain
  • A qui le tour ?
  • Le vigilant jeton de poker d’Henri Matisse
  • Squelette
  • Le bocal
  • Le lac
  • L’émissaire
  • Canicule
  • Le petit assassin
  • La foule
  • Le diable à ressort
  • La faux
  • Oncle Einar
  • Le vent
  • L’homme du second
  • Il était une vieille femme …
  • La citerne
  • La grande réunion
  • La merveilleuse mort de Dudley Stone

Première page de Le nain

« Aimée, tranquillement, regardait le ciel.
Ce soir était un de ces soirs immobiles comme il y en a parfois en été. Vide, la jetée de ciment. Les ampoules rouges, blanches, jaunes, sur un fil tendu, brûlant comme des insectes dans l’air au-dessus du vide des baraques de bois. Les propriétaires des attractions du parc étaient la, tout le long du pier, tels des mannequins de cire en train de fondre, ne parlant pas, les yeux fixes et ne voyant rien.
Deux clients étaient passés une heure plus tôt. Ces deux isolés se trouvaient à présent sur les montagnes russes, poussant des cris d’écorchés vifs chaque fois que leur engin, dans la nuit flamboyante, plongeait brutalement d’un vide au vide suivant.
Aimée traversa lentement la plage ; quelques anneaux de bois usés collaient à ses mains moites. Elle s’arrêta derrière la caisse du Labyrinthe des glaces, et se vit grossièrement déformée dans les trois miroirs ondulés qui ornaient l’extérieur du labyrinthe. Un millier d’exemplaires d’elle-même, las et accablés, se dissolvaient dans l’au-delà du corridor, images brûlantes parmi tant de claire fraîcheur. »

Extrait de : R. Bradbury. « Le pays d’octobre. »

La grande roue par R. Bradbury

Fiche de La grande roue

Titre : La grande roue
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1980
Traduction : J. Bonnefoy
Editeur : Denoël

Première page de La grande roue

« La fête foraine était entrée dans la ville comme un vent d’octobre, comme le vol sombre d’une chauve-souris sur le lac glacial, dans le cliquetis des os, les plaintes, les soupirs et les murmures au long des toiles de tente battues d’une pluie sombre. Un mois durant, elle était restée sur les berges du lac aux eaux agitées et grises, par un temps noir et l’orage sous un ciel de plomb.
C’était la troisième semaine – un jeudi, au crépuscule – et les deux petits garçons longeaient les berges du lac dans le vent froid.
« Ouah, j’te crois pas ! disait Peter.
— Allons, je vais te montrer », disait Hank.
Et, laissant derrière eux un sillage de crachin dans le sable humide et brun de la plage battue, ils coururent jusqu’au champ de foire déserté.
Il avait plu. »

Extrait de : R. Bradbury. « La Grande Roue. »

La foire des ténèbres par R. Bradbury

Fiche de La foire des ténèbres

Titre : La foire des ténèbres
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1962
Traduction : R. Walters
Editeur : Denoël

Première page de La foire des ténèbres

« D’abord, on était en octobre, mois très spécial pour les petits garçons. Un mois très spécial, cela n’a rien d’exceptionnel, mais ça PEUT ÊTRE en bon ou en mauvais, comme disent les bonnes gens. Septembre, par exemple, c’est un mauvais mois : c’est la rentrée des classes. Mais août, c’est bon : l’école est encore fermée. Pour juin, il n’y a pas l’ombre d’un doute, c’est le mois le meilleur, celui où les portes des classes s’ouvrent et où septembre est encore à un million d’années de distance.
Mais prenons octobre. La rentrée, c’est déjà du passé, on commence à avoir la bride sur le cou, on trottine gentiment. On peut trouver le temps déjà de penser à la poubelle qu’on ira vider sur le porche du père Prickett et au bal masqué de l’Association chrétienne des jeunes gens, au dernier jour d’octobre, où ce serait amusant d’arriver en singe velu. Et vers le 20 du mois, quand tout prend une odeur de fumée, sous un ciel orangé et gris cendre au crépuscule, on se dit que la Toussaint et les Trépassés n’en finissent pas d’arriver, avec leurs pluies tombant en hallebardes et assourdissant les roulements du tonnerre. »

Extrait de : R. Bradbury. « La foire des ténèbres. »

La colonne de feu par R. Bradbury

Fiche de La colonne de feu

Titre : La colonne de feu
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1975
Traduction : J. Legris
Editeur : Denoël

Première page de La colonne de feu

« Le rideau se lève sur une scène plongée dans l’obscurité. Çà et là, on distingue l’ombre portée de quelques tombeaux, sinon l’obscurité est totale. Parmi les tombes, il y a un cercueil. Il s’ouvre lentement. Une main apparaît. Après un long moment, un homme très pâle, vêtu d’un costume sombre, se dresse, à grand-peine, rendu à demi aveugle par le sommeil ou ce qui est plus profond que le sommeil. Il se palpe. Il sort du cercueil et regarde autour de lui, hébété.

LANTRY
Je suis mort… Non, je ne suis pas mort.
Il s’examine, incrédule.
LANTRY
Je suis ressuscité. Où, et quand, et pourquoi ?
Sa main effleure une pierre tombale.
LANTRY
Voyons… Landry? Oui… William Lantry. C’est mon nom ! Qu’est-ce que ça signifie ? Bon Dieu, si au moins quelqu’un pouvait me parler, m’expliquer ! (Il est au bord des larmes.)
Bruit de voix dans les coulisses. Il se dissimule dans l’obscurité.
Entrent deux hommes en salopette noire, un symbole du feu brodé sur la poitrine. Ils portent des pelles et un appareil bizarre, une sorte de laser. Pour des travailleurs manuels, leur tenue est impeccable.
SMITH
Dépêche-toi, Harry, c’est ici. »

Extrait de : R. Bradbury. « La colonne de feu. »

L’homme illustré par R. Bradbury

Fiche de L’homme illustré

Titre : L’homme illustré
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1951
Traduction : C. Andronikof
Editeur : Gallimard

Première page de L’homme illustré

« C’est par un chaud après-midi de début septembre que je rencontrai l’Homme Illustré. J’en étais à la dernière étape d’un voyage à pied de quinze jours que je faisais dans le Wisconsin. Tard le soir, je fis halte pour manger un peu de porc froid, des haricots et un biscuit. Je m’apprêtais à m’étendre et à lire, quand l’Homme Illustré franchit le sommet de la colline et se tint un moment immobile contre le ciel.
Je ne savais pas alors qu’il était Illustré. Je vis seulement qu’il était de haute taille, qu’il avait dû être bien musclé, mais qu’actuellement, pour une raison ou pour une autre, il avait tendance à engraisser. Je me rappelle que ses bras étaient longs, ses mains épaisses ; mais son visage était comme celui d’un enfant, au-dessus d’un corps massif.
Il parut sentir ma présence, car il ne me regardait pas quand il prononça ses premières paroles : »

Extrait de : R. Bradbury. « L’homme Illustré. »

L’arbre d’halloween par R. Bradbury

Fiche de L’arbre d’halloween

Titre : L’arbre d’halloween
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1972
Traduction : A. Dorémieux
Editeur : Seuil

Première page de L’arbre d’halloween

« C’est une petite ville au bord d’un petit fleuve et d’un petit lac dans un petit comté au nord d’un État du Midwest. Les prairies alentour ne suffisent pas à la dissimuler. Mais la bourgade n’est pas assez vaste pour empêcher de les voir, de humer leur odeur, de sentir leur présence. En ville il y a des arbres à foison, de l’herbe séchée par l’automne et des fleurs mortes à profusion, des tas de palissades qu’on escalade, de contre-allées où patiner. Un profond ravin la côtoie, gouffre où dégringoler en poussant des cris de putois. Et la ville est remplie d’une foule…
… de gamins.
Et c’est l’après-midi d’Halloween.
Toutes les portes se sont closes pour se protéger de l’air froid. »

Extrait de : R. Bradbury. « L’Arbre d’Halloween. »

Je chante le corps électrique par R. Bradbury

Fiche de Je chante le corps électrique

Titre : Je chante le corps électrique
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1969
Traduction : J. Fillion
Editeur : Denoël

Sommaire de Je chante le corps électrique

  • Retour au Kilimandjaro
  • Les farouches incendiaires
  • L’enfant de demain
  • Femmes
  • La prophétesse de basse-cour
  • La seconde mort d’Abraham Lincoln
  • Oui, nous nous rassemblerons au bord du fleuve
  • Du printemps dans l’air ? …
  • Barton appelle Barton
  • L’interdit
  • Je chante le corps électrique
  • Le jour de la grande exhumation
  • Tous les amis de Nicolas Nickleby sont mes amis
  • Le costaud
  • L’homme à la chemise bariolée
  • Henry IX
  • A la recherche de la cité perdue
  • Christus Apollo

Première page de Retour au Kilimandjaro

« J’arrivai, à l’aube, au volant du camion. J’avais conduit toute la nuit ; en effet, incapable de fermer l’œil au motel, je m’étais dit qu’autant valait poursuivre ma route. Je parvins aux chaînes montagneuses et aux collines de Ketchum et de Sun Valley à l’instant même où le soleil se levait et me félicitai d’avoir roulé sans m’arrêter.
Je pénétrai dans la ville sans lever les yeux sur la colline. Je craignais, en la regardant, de commettre une erreur. Il était de toute importance de ne pas regarder la tombe. Du moins c’est ce que je ressentais. Et il me fallait me fier à mon intuition.
Je garai le camion devant un vieux saloon, fis un tour de ville, parlai à quelques personnes et humai l’air doux et pur. Je tombai sur un jeune chasseur, mais ce n’était pas le bon ; je le compris après m’être entretenu avec lui pendant quelques minutes. Je m’entretins ensuite avec un très vieil homme, mais lui non plus n’était pas le bon. Je rencontrai ensuite un chasseur dans la cinquantaine, et celui-là, c’était le bon. Il comprit, il perçut ce qu’était ma quête. »

Extrait de : R. Bradbury. « Je chante le corps électrique. »

Fahrenheit 451 par R. Bradbury

Fiche de Fahrenheit 451

Titre : Fahrenheit 451
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1953
Traduction : H. Robillot
Editeur : Gallimard

Première page de Fahrenheit 451

« Le foyer et la salamandre

Le plaisir d’incendier !
Quel plaisir extraordinaire c’était de voir les choses se faire dévorer, de les voir noircir et se transformer.
Les poings serrés sur l’embout de cuivre, armé de ce python géant qui crachait son venin de pétrole sur le monde, il sentait le sang battre à ses tempes, et ses mains devenaient celles d’un prodigieux chef d’orchestre dirigeant toutes les symphonies en feu majeur pour abattre les guenilles et les ruines carbonisées de l’Histoire.
Son casque symbolique numéroté 451 sur sa tête massive, une flamme orange dans les yeux à la pensée de ce qui allait se produire, il actionna l’igniteur d’une chiquenaude et la maison décolla dans un feu vorace qui embrasa le ciel du soir de rouge, de jaune et de noir. »

Extrait de : R. Bradbury. « Fahrenheit 451. »

De la poussière à la chair par R. Bradbury

Fiche de De la poussière à la chair

Titre : De la poussière à la chair
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 2001
Traduction : P. Marcel
Editeur : Denoël

Première page de De la poussière à la chair

« LA BELLE EST VENUE
 
Dans le grenier où la pluie touchait doucement le toit, les jours de printemps, et où l’on pouvait sentir le manteau de neige dehors, à quelques centimètres de soi, les nuits de décembre, existait Mille fois Trisïeule. Elle ne vivait pas, pas plus qu’elle n’était morte à jamais, elle… existait.
Et à présent, devant la proximité du Grand Événement, l’avènement de la Grande Nuit, l’éruption imminente de la Grande Réunion, elle se devait de recevoir de la visite !
« Prête ? J’arrive ! » appela Timothy d’une petite voix, sous une trappe qui tremblait. « Oui ? »
Silence. La momie égyptienne ne broncha pas.
Elle se dressait appuyée dans un coin sombre comme un antique prunier desséché, ou une planche à repasser roussie, abandonnée, mains et poignets ligotés sur son sein tari comme le lit d’un fleuve, captive du temps, ses yeux de simples fentes  »

Extrait de : R. Bradbury. « De la poussière à la chair. »