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Matilda par Mélanie Fazi

Fiche de Matilda

Titre : Matilda
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2001
Editeur : Bragelonne

Première page de Matilda

« C’est une sensation unique de me retrouver ici, juste devant la scène, à regarder tout ce matériel installé sous mes yeux, les amplis, les instruments, les câbles qui grouillent comme un nid d’asticots, et de me dire : dans moins d’une demi-heure, Matilda se tiendra face à moi.

Je n’étais encore jamais venue au Manoir, mais je m’attendais à plus grand. C’est beaucoup mieux comme ça : je préfère les petites salles intimes. Surtout pour Matilda. Ce sera parfait ici, ambiance cabaret garantie, avec ces rideaux, ces tables rondes alignées au fond de la salle, et surtout l’absence de barrière devant la scène. »

Extrait de : M. Fazi. « Matilda. »

Mardi gras par Mélanie Fazi

Fiche de Mardi gras

Titre : Mardi gras
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Première page de Mardi gras

« Une chanson me tourne dans la tête depuis mon retour : America, de Simon & Garfunkel. « Michigan seems like a dream to me now… » Mais c’est la Louisiane qui me fait l’effet d’un rêve.

Éblouissement des premières heures : l’euphorie d’arpenter ces rues dont j’ai absorbé le nom malgré moi dans les livres. La Nouvelle-Orléans, je l’avais recréée à ma façon, cité mythique et hors du temps. Depuis mon arrivée, j’emmagasinais images et sensa­tions en cherchant à démêler le réel du cliché. Pas facile quand on a tant rêvé d’un lieu. »

Extrait de : M. Fazi. « Mardi gras. »

Le jardin des silences par Mélanie Fazi

Fiche de Le jardin des silences

Titre : Le jardin des silences
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2014
Editeur : Bragelonne

Sommaire de Le jardin des silences

  • Swan le bien nommé
  • L’arbre et les corneilles
  • Miroir de porcelaine
  • L’autre route
  • Les soeurs de la Tarasque
  • Le pollen de minuit
  • L’été dans la vallée
  • Le jardin des silences
  • Née du givre
  • Dragon caché
  • Un bal d’hiver
  • Trois renards

Première page de Swan le bien nommé

« Petite, les visites du Ferme-l’Œil m’intimidaient. Perché au bord de mon lit ou sur ma table de chevet, il racontait des histoires aussi prenantes que dérangeantes ou m’entraînait dans des promenades dont je ne savais ensuite si je les avais rêvées. Il les avait peut-être simplement semées dans ma tête en agitant son grand parapluie couvert d’images mouvantes. Au matin, il m’en restait des impressions tenaces. Des visions oniriques, des jeux de langage, des récits où princes et princesses triomphaient d’épreuves insensées.

Ses histoires étaient parfois cruelles. J’ai appris depuis que la vie sait l’être aussi.

Maintenant que les doigts me brûlent et que le silence me blesse la gorge, Ole Ferme-l’Œil est mon seul allié. Quand le monde bascule, c’est si rassurant de pouvoir compter sur quelqu’un qui pratique la logique des rêves et des contes.

Même sans son avertissement, j’aurais fini par quitter la maison. La tension devenait pesante. Quelque chose s’était cassé entre Papa et nous le jour où Marie-Anne s’était installée sous notre toit, prenant la place d’une mère dont nous n’avions pas fini d’apprivoiser l’absence. »

Extrait de : M. Fazi. « Le Jardin des silences. »

Fantômes d’épingles par Mélanie Fazi

Fiche de Fantômes d’épingles

Titre : Fantômes d’épingles
Auteur : Mélanie Fazi
Date de parution : 2008
Editeur : Bragelonne

Première page de Fantômes d’épingles

« Ma mère au téléphone, tout à l’heure. Une ten­sion palpable dès ses premiers mots. L’annonce est tombée très vite pour écourter une attente déjà pénible. Je n’ai pas compris tout de suite ce qu’elle me disait. Le sens, ça oui, mais pas les implications. Trop énormes à digérer d’un coup.

— Mathias est mort.

Je m’attendais à tout sauf à ça. Je n’avais pas pensé à lui depuis longtemps.

Ma mère m’annonçait la nouvelle avec une vibra­tion dans la voix, et moi, je ne savais que répondre. Lèvres scellées, cerveau tournant à vide. L’instant d’avant, je la sentais réticente à parler : tant qu’elle retenait ses mots, ça ne s’était pas encore produit. Ailleurs sans doute, mais pas dans ma bulle. On n’aime jamais prononcer les paroles qui changent la face du monde. »

Extrait de : M. Fazi. « Fantômes d’épingles. »

L’art de la guerre par N. Kress

Fiche de L’art de la guerre

Titre : L’art de la guerre
Auteur : Nancy Kress
Date de parution : 2007
Traduction : C. Perdereau
Editeur : Bragelonne

Première page de L’art de la guerre

« — Ripostez !

En sang sur le pont de son vaisseau, le colonel avait lancé son ordre d’une voix contrôlée mais bouillonnante de férocité. Le jeune officier de pont, sans expérience, cria :

— Ça ne servira à rien, ils sont trop nombreux…

— J’ai dit de tirer, bon sang !

— Feu à volonté, ordonna l’officier de pont à l’artilleur.

Puis il ferma les yeux contre le barrage qui approchait, et pour ne pas voir le cadavre brisé du commandant en second. Plus que quelques minutes pour eux, quelques secondes…

Une lumière aveuglante éclata sur chaque écran et emplit la pièce. Les membres d’équipage, en tout cas ceux encore debout dans le navire mal en point et amoindri, levèrent les bras pour se protéger. Et quand la lumière finit par retomber, la base ennemie avait disparu. Annihilée comme si elle n’avait jamais existé. »

Extrait de : N. Kress. « L’Art de la guerre. »

Gloire par G. Egan

Fiche de Gloire

Titre : Gloire
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 2007
Traduction : M. Cabon
Editeur : Bragelonne

Première page de Gloire

« Un lingot d’hydrogène métallique étincelait sur fond d’étoiles, étroit cylindre de cinquante centimètres de long et d’une masse d’environ un kilogramme. Qui l’aurait observé à l’œil nu aurait cru voir un objet dense et compact. Pourtant la part de matière par rapport à l’espace vide dans ce treillis de minuscules noyaux immergés dans un brouillard impalpable d’électrons n’était que de un pour deux cent mille milliards. Non loin de là, un deuxième lingot apparemment identique au premier était constitué, lui, d’antihydrogène.

Une série de rayons gamma précisément étudiés se déversa dans chaque cylindre. Les protons qui absorbèrent ces émissions dans le premier lingot se transformèrent en neutrons en diffusant des positrons. Ce faisant, ils se désolidarisèrent du nuage d’électrons qui les maintenait en place. Dans le second lingot, les antiprotons se muèrent en antineutrons. »

Extrait de : G. Egan. « Gloire. »

Un visage dans la foule par S. King et S. O’Nan

Fiche de Un visage dans la foule

Titre : Un visage dans la foule
Auteur : Stephen King et Stewart O’Nan
Date de parution : 2012
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Bragelonne

Première page de Un visage dans la foule

« L’été qui suivit la mort de sa femme, Dean Evers se mit à regarder les matchs de baseball avec assiduité. Comme nombre de retraités originaires de Nouvelle-Angleterre, c’était un fan des Red Sox de Boston qui, ayant fui les vents de noroît pour le golfe de Floride, avait fait preuve de magnanimité en supportant également les Devil Rays de Saint Petersburg, une équipe qui allait alors de défaite en déroute. Bien qu’il ait entraîné des cadets, il n’avait jamais été un mordu de baseball – contrairement à son fils Pat, qui en était obsédé –, mais cependant, soir après soir, alors que les feux du couchant bariolaient le ciel à l’ouest, il se surprenait de plus en souvent à inviter les Rays pour peupler son appartement vide. »

Extrait de : S. King et S. O’Nan. « Un visage dans la foule. »

New York 2140 par K. S. Robinson

Fiche de New York 2140

Titre : New York 2140
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 2017
Traduction : S. Denis
Editeur : Bragelonne

Première page de New York 2140

« — Celui qui écrit le code crée la valeur.
— Pas du tout.
— Mais si. La valeur fait partie de la vie et la vie est un code, comme l’ADN.
— Donc, les bactéries ont des valeurs ?
— Bien entendu. Toute vie a des désirs et les poursuit. Les virus, les bactéries, en remontant jusqu’à nous.
— À propos, c’est ton tour de nettoyer les toilettes.
— Je sais. La vie implique la mort.
— Alors, aujourd’hui ?
— Un de ces jours, oui. J’en reviens à mon argument. Nous écrivons du code. Et sans notre code, il n’y a pas d’ordinateurs, pas de finance, pas de banques, pas d’argent, pas de valeur d’échange, pas de valeur du tout.
— Je vois ce que tu veux dire, sauf pour le dernier point. Et alors ?
— As-tu lu les journaux aujourd’hui ?
— Bien sûr que non.
— Tu devrais. Ça va mal. On nous grignote.
— Tout le temps. C’est ce que tu viens de dire : la vie implique la mort. »

Extrait de : K. S. Robinson. « New York 2140. »

Lune rouge par K. S. Robinson

Fiche de Lune rouge

Titre : Lune rouge
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 2018
Traduction : S. Denis
Editeur : Bragelonne

Première page de Lune rouge

« On lui avait dit de ne pas regarder au-dehors pendant l’alunissage, mais il était attaché dans un siège situé près d’un hublot et ne put s’en empêcher. Il comprit rapidement pourquoi on lui avait conseillé cela : la Lune doublait de taille à chaque battement de son cœur, ils fonçaient dessus à une vitesse cosmique et ils allaient très certainement se vaporiser lors de l’impact. Quelqu’un avait commis une erreur. Il se trouvait toujours en état d’apesanteur et le contraste entre cette sensation de placidité et ce qu’il voyait déclencha une envahissante vague de nausée. Quelque chose clochait vraiment. Juste sous ses yeux, la sphère blanche s’étala et devint une plaine blanche et grumeleuse au-dessus de laquelle ils filaient. Son cœur cognait dans sa poitrine tel un enfant tentant de s’échapper. C’était la fin. Il lui restait quelques secondes à vivre et il ne se sentait pas prêt. »

Extrait de : K. S. Robinson. « Lune rouge. »

Le ministère du futur par K. S. Robinson

Fiche de Le ministère du futur

Titre : Le ministère du futur
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 2020
Traduction : C. Mamier
Editeur : Bragelonne

Première page de Le ministère du futur

« Il faisait de plus en plus chaud.

Frank May quitta son petit matelas et s’avança jusqu’à la fenêtre. Murs et tuiles ocre, couleur de l’argile locale. Immeubles carrés, comme celui où il se trouvait, toits-terrasses occupés par des résidents qui y dormaient la nuit pour échapper à la chaleur des appartements. À présent, certains d’entre eux regardaient vers l’est par-dessus les garde-corps. Ciel du même ocre que les immeubles, teinté de blanc là où le soleil ne tarderait pas à apparaître. Frank prit une longue inspiration. Qui lui rappela aussitôt l’atmosphère des saunas alors que c’était le moment le plus frais de la journée. Il n’avait pas passé plus de cinq minutes de sa vie dans un sauna, faute d’apprécier la sensation. L’eau chaude, d’accord ; l’air chaud et humide, non. Pourquoi s’infliger une telle impression d’étouffement ?

Ici, impossible d’y échapper. Frank n’aurait pas accepté le poste s’il avait su. »

Extrait de : K. S. Robinson. « Le ministère du futur. »