Étiquette : Brunner
La planète Folie par J. Brunner
Fiche de La planète Folie
Titre : La planète Folie
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1968
Traduction : J. Corday
Editeur : J’ai lu
Première page de La planète Folie
« Un rêve…
Accablé par la présence de cette lune balafrée, terrible et réprobatrice, au milieu du silence hystérique de la nuit, Dennis Malone s’agitait sur son lit sans parvenir à se réveiller, luttant en vain pour briser les chaînes de sa fatigue.
Installé tout au sommet d’un pic colossal, surplombant d’une infinité d’années-lumière un abîme sans fond, il se trouvait être la cible d’un jeu de massacre où des balles grandes comme la lune tombaient dru comme la grêle, entaillées par une bouche accusatrice, annonciatrice de catastrophes – et parfois la bouche s’ouvrait pour dessiner les traits d’un Jéhovah vengeur, répandant sa malédiction sur lui et toute sa descendance. »
Extrait de : J. Brunner. « La planète Folie. »
La conquête du chaos par J. Brunner
Fiche de La conquête du chaos
Titre : La conquête du chaos
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1964
Traduction : F. Howe
Editeur : Marabout
Première page de La conquête du chaos
« Le Pays Stérile s’étendait à la surface du monde comme un ulcère, presque rond, d’environ cinq cents kilomètres de circonférence. Il était là depuis si longtemps qu’on avait fini par l’accepter ; il était là, c’était un fait et il existait.
À plusieurs jours de voyage de ses limites, la campagne était autrefois aussi vide que le Pays Stérile lui-même, mis à part l’herbe et les arbres qui ne poussaient pas dans le Pays Stérile.
Cependant, au cours des générations, les gens avaient reculé, poussés par la pression de la population, par de légères différences de climat, par la migration du gibier ou par simple esprit de contradiction, jusqu’à établir une douzaine de villages presque sur la ligne de démarcation. Il fallait y combattre les choses qui, de temps en temps, s’écar »
Extrait de : J. Brunner. « La conquête du chaos. »
L’homme total par J. Brunner
Fiche de L’homme total
Titre : L’homme total
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1964
Traduction : M. Manchette
Editeur : Presses de la cité
Première page de L’homme total
« MOLEM
Après l’accouchement ils la mirent dans un lit, la grosse femme ravagée par le tourment et la faim, au point que ce n’était pas seulement sur son ventre vidé que sa peau pendait comme un vieux vêtement. En dépit d’une large ceinture pelvienne, elle avait eu un accouchement difficile ; le médecin au visage fatigué l’avait jugée un peu plus mal en point que les autres qui se disputaient les places à l’hôpital, aussi lui avait-on attribué un lit. Elle ne manifesta aucune reconnaissance. Et elle n’aurait pas montré d’amertume si on l’avait traitée comme la plupart des femmes qui étaient passées par la salle de travail ce jour-là, et si on l’avait mise dans un fauteuil pour se reposer deux heures pendant qu’on nettoyait le sol avec une solution de soude caustique, par manque de désinfectant, et qu’on brûlait le papier kraft de la table de travail avant d’en mettre un propre, par manque de linge. »
Extrait de : J. Brunner. « L’homme total. »
L’ère des miracles par J. Brunner
Fiche de L’ère des miracles
Titre : L’ère des miracles
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1977
Traduction : F. Serph
Editeur : Albin Michel
Première page de L’ère des miracles
« Poignardé d’images comme une poupée de cire le serait d’aiguilles.
Pendant l’été, la nourriture était abondante. Le renard évitait les endroits où son monde était envahi : les bruits mystérieux, les odeurs de fumée, les bipèdes glapissants. L’été prit fin. La boue lui succéda quelque temps. La pluie trempa sa fourrure et le vent devint coupant. Aux gelées, la terre durcit et il y eut une succession de grondements nauséabonds et d’éclairs. Le renard s’éloigna, cherchant refuge dans les hautes herbes et les buissons. Les herbes jaunirent et séchèrent, les buissons dénudés se découpèrent aussi nettement qu’une gravure sur le ciel.
La neige amena la disette.
Le renard se résigna à la chose nouvelle qui avait pris place dans son monde. Ce n’était pas un changement qu’il pût comprendre, mais il ne pouvait pas non plus le contrôler. Ses pas s’imprimèrent dans la neige, brisant la mince pellicule de givre (bien que le manque de nourriture l’amaigrit de jour en jour), et l’amenèrent jusqu’à la frontière où il s’arrêta — non pas pour réfléchir, mais parce que l’équilibre délicat de ses poussées instinctives oscillait entre la faim ici et l’inconnu là-bas. »
Extrait de : J. Brunner. « L’ère des miracles. »
L’envers du temps par J. Brunner
Fiche de L’envers du temps
Titre : L’envers du temps
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1971
Traduction : J. Huet
Editeur : Pocket
Première page de L’envers du temps
« CALME plat. Cependant la mer n’est pas parfaitement immobile. Elle vient lécher paresseusement la grève sablonneuse d’un mouvement régulier que ne révèle pas le moutonnement de l’écume — car les vagues sont d’huile et ne déferlent pas — mais le mol aller et retour des taches blêmes des détritus de matière plastique indestructible. Un peu en deçà de la ligne des hautes eaux, s’étend une végétation broussailleuse.
Il fait nuit. Le ciel est clair, presque sans nuages. Pas de lune, ou plutôt, la lune est remplacée par deux astres artificiels qui brillent dans l’espace.
Tout est silence, en dehors du bruissement du vent dans les branches et du clapotis de la marée.
A moins d’un kilomètre de la rive, une tache blanche tranche sur le miroir sombre des eaux. »
Extrait de : J. Brunner. « L’envers du temps. »
L’empire interstellaire 2 par J. Brunner
Fiche de L’empire interstellaire 2
Titre : L’empire interstellaire 2
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1976
Traduction : J. Schmitt
Editeur : Opta
Première page de L’empire interstellaire 2
« L’Evadé des ténèbres – PROLOGUE
Le vaisseau fuyait les Ténèbres comme si tous les diables des dix mille enfers de dix mille planètes étaient aux trousses de son pilote. Le commandant d’un gros cargo poussif repéra sa trace sur ses détecteurs, dont l’infaillibilité sujette à caution l’incita à vérifier les circuits pour s’assurer que ses instruments avaient réellement signalé un vaisseau spatial lancé à une vitesse aussi folle, et il eut juste le temps de souhaiter n’avoir pas pris le risque d’une traversée directe entre Batyra Dap et les Marches de Klareth au lieu de suivre la route surveillée passant par Mallimameddy, avant que l’autre pilote, d’une dédaigneuse secousse imprimée à ses commandes, n’expédie son appareil à l’autre bout de l’espace.
Les Ténèbres — ce fossé de cent années-lumière qu’une monstrueuse pluie d’étoiles avait creusé entre les Marches de Klareth et le bras de la galaxie — ne vomissaient habituellement qu’une seule sorte d’appareils : ceux des pirates. »
Extrait de : J. Brunner. « L’empire interstellaire 2. »
L’empire interstellaire 1 par J. Brunner
Fiche de L’empire interstellaire 1
Titre : L’empire interstellaire 1
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1976
Traduction : J. Schmitt
Editeur : Opta
Première page de L’empire interstellaire 1
« L’AUTEL D’ASCONEL
Au terme de presque dix années, le moment était enfin arrivé. Il se sentait prêt à affronter la tâche qu’il avait à accomplir.
Spartak d’Asconel ferma le dernier des livres qu’il avait consultés par centaines, respira profondément et jeta un regard circulaire autour de sa cellule. D’autres livres s’entassaient sur toutes les étagères, à côté d’enregistrements sur bandes, sur cristaux et sur disques, de bobines de microfilms et de piles de manuscrits – autant de résultats du tri qu’il s’était efforcé, durant une décennie, d’opérer parmi la somme inouïe des connaissances emmagasinées sur la planète Annanmonde.
Pour transmuter ce savoir en enseignement, il lui suffirait de saisir le micro de son magnétophone et de se mettre à parler. Pourtant les choses n’étaient pas aussi simples, car ce seul instant allait bouleverser son existence – non dans son aspect matériel comme le jour où il avait définitivement quitté Asconel, mais subjectivement. Cette prise de conscience lui laissa une impression de flottement – comme s’il était resté suspendu dans l’espace, entre deux planètes. »
Extrait de : J. Brunner. « L’empire interstellaire 1. »
Eclipse totale par J. Brunner
Fiche d’Eclipse totale
Titre : Eclipse totale
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1974
Traduction : M. Rosenthal
Editeur : Le Masque
Première page d’Eclipse totale
« Étincelant comme une goutte de mercure, il brillait sur l’ellipse crayeuse de la lune de la planète : un joyau dans des décombres. A cette distance de plusieurs milliers de kilomètres, il était minuscule. On ne pouvait discerner les détails qu’ils avaient tant étudiés sur la Terre, en examinant les photos.
Néanmoins, le voir réellement était très différent d’un examen photographique. On avait eu raison d’établir la route du Stellaris de façon à ce qu’en émergeant d’espace-qua, et avant son approche d’atterrissage sur Sigma Draconis III, la lumière de l’étoile locale illuminerait cet artefact inouï. Ceux qui arrivaient ici pour la première fois éprouveraient ainsi un reflet du choc ressenti par les explorateurs qui l’avaient découvert par hasard en 2020, au cours de ce qui, autrement, aurait certainement été la dernière tentative d’exploration humaine des étoiles – ou, tout au moins, la dernière de tout futur prévisible, étant donné les déceptions de Proxima, Epsilon Éridani et Tau Ceti.
Mais après avoir trouvé cela… !
Un frisson coula le long de l’échine de Ian Macauley. Une boucle de ses cheveux roux et indis- »
Extrait de : J. Brunner. « Éclipse totale. »
Double, double par J. Brunner
Fiche de Double, double
Titre : Double, double
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1969
Traduction : R. Latour
Editeur : Albin Michel
Première page de Double, double
« Si vous la croisiez sur la route, vous aviez l’impression qu’un piano atteint d’hydrophobie avait soudain choisi la liberté et ouvrait de grands yeux bulbeux qui, s’ils n’avaient pas eu d’immenses cils épais – et vaguement tristes – auraient ressemblé à ceux d’une grenouille. Le clavier blanc et noir des dents était peint sur la grille du radiateur ; les cils entouraient les phares. Des enjolivures « Art Nouveau » s’évasaient sur les côtés pour composer des cadres ayant les dimensions et la forme de posters quadruple colombier – verts, orange, bruns, violets. Ces cadres, qui mesuraient 80 x 170 cm, étaient remplis de posters plus criards et plus compliqués que les dessins qui s’élevaient en tourbillonnant autour d’eux. Parmi leurs renflements et leurs courbes, une inscription indiquait : BRUNO ET LA TRADITION HERMÉTIQUE. »
Extrait de : J. Brunner. « Double, Double. »
Alertez la Terre par J. Brunner
Fiche d’Alertez la Terre
Titre : Alertez la Terre
Auteur : J. Brunner
Date de parution : 1974
Traduction : M. Decourt
Editeur : Presses de la cité
Première page d’Alertez la Terre
« De la rue montait une rumeur sourde, ponctuée ici et là d’un coup de klaxon impatient. Des rais de soleil filtraient entre les rideaux disjoints. Repliée en position fœtale sous l’unique drap qu’elle pût supporter par cette chaleur, Sally Ercott reprenait pied, au sortir d’un cauchemar horrible, dans une réalité plus effroyable encore.
Sa gorge était douloureuse, comme si elle avait hurlé dans son sommeil. Cris muets, qui n’avaient manifestement pas franchi ses lèvres. Personne n’était venu s’inquiéter de ce qui lui arrivait…
Les ondes de terreur engendrées par son rêve la cernaient de si près qu’en se découvrant là, toujours enfermée dans cette maison sordide, elle ne put retenir des larmes de détresse.
La taie d’oreiller et les draps, également graisseux, offraient l’aspect du linge qu’on ne pourra jamais ravoir, comme contaminé par la saleté sour- »
Extrait de : J. Brunner. « Alertez la Terre. »