Étiquette : Chronolyse
Soleil chaud poisson des profondeurs par M. Jeury
Fiche de Soleil chaud poisson des profondeurs
Titre : Soleil chaud poisson des profondeurs (Tome 3 sur 3 – Chronolyse)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1976
Editeur : Robert Laffont
Première page de Soleil chaud poisson des profondeurs
« Les psychiatres de l’hôpital Garichankar ont, les premiers, défini le syndrome de Hood – soleil chaud – et le syndrome de Boldi – poisson des profondeurs – comme deux aspects équivalents d’une fuite schizophrénique à répercussion somatique totale… L’homme est terrorisé par le froid absolu de la civilisation des hypersystèmes, alors il rêve qu’il est très loin de là, quelque part sous un soleil chaud. Et il se met à brunir. Telle est la maladie bronzée de Hood.
Mais peut-être le Hood et le Boldi ressemblent-ils aussi à l’effort du premier animal qui est sorti de l’eau pour se traîner sur le rivage. Peut-être, par cette réaction, l’organisme humain essaie-t-il – d’une façon qui paraît absurde et ridicule – de s’adapter au vide et au froid d’un monde inhumain. Peut-être essaie-t-il de remplacer le soleil par autre chose – en lui-même. »
Extrait de : M. Jeury. « Chronolyse – Soleil chaud poisson des profondeurs. »
Les singes du temps par M. Jeury
Fiche de Les singes du temps
Titre : Les singes du temps (Tome 2 sur 3 – Chronolyse)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1973
Editeur : Robert Laffont
Première page de Les singes du temps
« Simon Clar savait que Magic-Joe allait mourir : question de jours ou peut-être d’heures… Simon avait douze ans et il passait ses après-midi de vacances dans le camion rouge, à écouter délirer le magicien du Far-West. Le médecin avait insisté longtemps pour que Joe Anton-Amos Roboam se laisse conduire à l’hôpital. Je veux crever chez moi ! répondait toujours le vieux baladin. Et il mourait lentement, en crachant ses poumons, dans le désespoir et la solitude de sa dernière étape.
Ce n’était pourtant qu’une demi-solitude. Simon venait l’écouter à l’insu de ses parents, et Sophia Shofranka, la Lovara, lui apportait à boire et à manger et nettoyait le camion de temps en temps.
— Quoi ? Quoi ? Quoi ? C’est ma vie, ma vie, ma vie ! Ah, quand je voyais ces montagnes qui grimpaient jusqu’au ciel et que je pensais à la mer, de l’autre côté, je me sentais tout petit. Je me disais : tu y arriveras jamais, au bord de la mer ! »
Extrait de : M. Jeury. « Chronolyse – Les singes du temps. »
Le temps incertain par M. Jeury
Fiche de Le temps incertain
Titre : Le temps incertain (Tome 1 sur 3 – Chronolyse)
Auteur : M. Jeury
Date de parution : 1973
Editeur : Le livre de poche
Première page de Le temps incertain
« Robert Holzach se leva et le décor de la chambre commença à vivre, pareil à un tranquille paysage d’autrefois. Une vache rousse paissait éternellement dans un pré vert. Au-dessus, on lisait un koan zen : après quatre mille jours de marche, la vache arrive au bout de l’univers, que fait-elle ? À l’Hôpital, chacun avait son idée sur cette importante question, sauf les hépatiques et les cartésiens qui prétendaient que l’univers n’a pas de bout. La vache décide de rentrer chez elle, pensait Rob. Mais quatre mille jours, ça fait plus de dix ans, et autant pour revenir… Elle mourra sans doute sur le chemin du retour. Nous ferons comme elle. À quoi bon partir ? Cependant, il se préparait pour un long, un très long voyage…
Il s’approcha du panneau mural pour observer une taupe en train de soulever un petit tas de terre brisée. Le monticule bougeait, grossissait, mais la minuscule tête grise et aveugle refusait toujours d’apparaître. La vache se retourna et regarda gravement le docteur Holzach. »
Extrait de : M. Jeury. « Chronolyse – Le temps incertain. »