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Le bûcher des immortels par J. Carroll

Fiche de Le bûcher des immortels

Titre : Le bûcher des immortels
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 1999
Traduction : H. Collon
Editeur : Flammarion

Première page de Le bûcher des immortels

« En fin de compte, on n’a jamais qu’une seule histoire à raconter. Pourtant, alors qu’on l’a vécue, cette histoire, on n’a ni le courage, ni l’art de la coucher par écrit.

Si j’ai vécu jusqu’ici, si je suis enfin à même d’évoquer ma vie, ce n’est pas pour en donner une version mensongère. À quoi bon, d’ailleurs ? Je n’ai plus personne à épater. Toutes les personnes qui m’ont aimée ou haïe ont disparu, ou bien il ne leur reste que la force de respirer. Sauf une.

Les souvenirs, c’est tout ce qui me reste. Je suis une vieille dame à la tête pleine de réminiscences fragiles comme des coquilles d’œuf. Ce qui ne les empêche pas de demeurer véhémentes, exigeantes. « Souviens-toi de moi ! » clament-elles. Quand ce n’est pas : « Rappelle-toi le chien qui parlait. » Et moi : « Je veux la vérité, souvenirs ! Vous êtes sûrs de ce que vous avancez ? Ou bien récrivez-vous l’histoire pour me réconforter ? »

Il est facile de présenter son meilleur profil au miroir de l’histoire. Seulement l’histoire, elle, elle s’en moque. Je l’ai appris à mes dépens. »

Extrait de : J. Carroll. « Le bûcher des Immortels. »

Collection d’Automne par J. Carroll

Fiche de Collection d’Automne

Titre : Collection d’Automne
Auteur : J. Carroll
Date de parution : 1995
Traduction : H. Collon
Editeur : Pocket

Sommaire de Collection d’Automne

  • Ménage en grand
  • Collection d’automne
  • Copains comme chiens
  • La tristesse du détail
  • Signe de vie
  • Salle Jane Fonda
  • Mon Zoondel
  • Apprendre à s’en aller
  • La main-panique
  • La gueule de l’ours
  • L’examen de passage
  • L’ange las
  • L’amour des morts
  • Florian
  • La vie de mon crime
  • Une roue dans le désert, des balançoires au clair de lune
  • Coup de foudre

Première page de Ménage en grand

« Bon, présentons les choses ainsi : si elle s’était appelée Codruta, Glenyus ou Heulwen, tout aurait été plus facile. Avec un nom exotique venu droit des monts Oural ou des contrées druidiques, ces pays où
l’étrange est monnaie courante. Mais non, elle s’appelait Beenie. Beenie Rushforth.

Et ça, ça fait vraiment quinquagénaire de province qui golfe au country club du coin. En tout cas pour moi. Ça fait bonne femme qui parle trop fort, a le cuir trop tanné et se sert trop de bourbon dès onze heures du matin. Genre : Beenie Rushforth, Wellesley, promotion de 1965.

Rien que de très banal aussi dans la façon dont elle a débarqué un jour. Notre dernière femme de ménage avait décidé d’épouser son petit ami et de partir pour Chicago. »

Extrait de : J. Carroll. « Collection d’automne. »

Coraline par N. Gaiman

Fiche de Coraline

Titre : Coraline
Auteur : N. Gaiman
Date de parution : 2002
Traduction : H. Collon
Editeur : Albin Michel

Première page de Coraline

« CORALINE découvrit la porte peu après avoir emménagé dans la maison.

C’était une très vieille maison, avec un grenier sous le toit, une cave en sous-sol et un jardin à l’abandon plein d’arbres très grands et très vieux.

Les parents de Coraline n’étaient pas propriétaires de toute la maison – elle était trop grande pour ça. Ils n’en possédaient qu’une partie.

D’autres gens habitaient là aussi.

Au rez-de-chaussée, c’est-à-dire en dessous de chez Coraline, il y avait les demoiselles Spink et Forcible. Vieilles, toutes rondes, elles partageaient leur appartement avec un certain nombre de terriers blancs affublés de noms de personnes tels que Hamish, André ou Jock. Autrefois elles avaient été actrices, Mlle Spink l’avait raconté à Coraline le jour où elles avaient fait connaissance.

« Vois-tu, Caroline, lui dit-elle en se trompant d’emblée sur son prénom, de notre temps, Mlle Forcible et moi étions des comédiennes célèbres. »

Extrait de : N. Gaiman. « Coraline. »

Train de nuit pour Babylone par R. Bradbury

Fiche de Train de nuit pour Babylone

Titre : Train de nuit pour Babylone
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1997
Traduction : H. Collon
Editeur : Denoël

Sommaire de Train de nuit pour Babylone

  • La maison coupée en deux
  • Si on tue la M.G.M., qui héritera du lion ?
  • Train de nuit pour Babylone
  • Salut ! Faut que je m’en aille
  • Larcin majeur
  • Vous ne me reconnaissez pas ?
  • Tralalalalère
  • A l’aveuglette
  • Je me demande ce qu’est devenue Sally
  • Rien ne change jamais
  • Un vieux chien couché dans la poussière
  • Quelqu’un sous la pluie
  • Monsieur et madame Comparse
  • Le miroir
  • La fin de l’été
  • Tonnerre du matin
  • La plus haute branche de l’arbre
  • Vite fait mâle fait
  • La vierge ressuscitée
  • M. Pâle
  • Le coucou de la pendule

Première page de La maison coupée en deux

« Des petits doigts de quinze ans tripotaient les boutons du pantalon de Chris comme un papillon de nuit attiré par une flamme. Il entendit, chuchotés dans la chambre obscure, des mots dépourvus de sens qu’il oublia aussitôt qu’ils furent prononcés.
Les lèvres de Viviane étaient si fraîches ! Chris avait l’impression de vivre un rêve. Ce qui se déroulait là, dans le noir, c’était une pantomime dont il ne voyait rien. Viviane elle-même avait éteint les lumières. Tout avait débuté comme les autres soirs. Chris et son frère Léo étaient montés à l’étage avec Viviane et Shirley, leurs cousines, toutes deux blondes et souriantes. Léo avait seize ans et était maladroit. Chris, à douze ans, ignorait tout de ces phalènes qui virevoltent dans la tiédeur de la pantomime ; il ne savait même pas que brillait en lui une lumière à laquelle pouvaient s’intéresser les filles. Shirley avait dix ans, presque onze, mais elle était  »

Extrait de : Ray Bradbury. « Train de nuit pour Babylone. »

Mais à part ça tout va très bien par R. Bradbury

Fiche de Mais à part ça tout va très bien

Titre : Mais à part ça tout va très bien
Auteur : R. Bradbury
Date de parution : 1996
Traduction : H. Collon
Editeur : Denoël

Sommaire de Mais à part ça tout va très bien

  • Le chien est mort, mais à part ça tout va très bien
  • Unterderseaboat Doktor
  • Echelle de Sakharov/Richter
  • Qui se souvient de Sacha ?
  • Dans de beaux draps
  • L’électrocution
  • La marelle
  • Pas vu pas pris
  • Une femme sur la pelouse
  • Meurtres en douceur
  • Mademoiselle Vif-argent
  • Dorian in Excelsus
  • L’autre route
  • La porte aux sorcières
  • Le fantôme dans la machine
  • A neuf ans neuf ans et demi
  • Bug
  • Cette fois-ci, legato
  • Echange
  • Terre à donner
  • Les derniers sacrements

Première page de Le chien est mort, mais à part ça tout va très bien

« Ce fut le jour de tous les holocaustes, cataclysmes, ouragans, séismes, carnages, de toutes les pannes générales, éruptions et autres sorts funestes, à l’apogée de quoi le soleil avala la terre et les étoiles s’éteignirent.
Pour dire les choses plus simplement, ce fut le jour où mourut brusquement le membre le plus respecté de la famille Bentley.
Chien était son nom, et chien il était.
En se levant fort tard le samedi matin, ils avaient trouvé Chien étendu sur le sol de la cuisine, la tête pointée vers La Mecque, les pattes soigneusement repliées et la queue immobile pour la première fois depuis vingt ans.
Vingt ans ! Mon Dieu, songèrent-ils tous. Si longtemps que ça ? Et voilà que, sans autorisation, Chien, tout refroidi, les quittait.
Susan, la cadette, réveilla tout le monde en hurlant : « Chien n’est pas bien, vite !  »

Extrait de : R. Bradbury. « Mais à part ça tout va bien. »

Mémoire par M. McQuay

Fiche de Mémoire

Titre : Mémoire
Auteur : M. McQuay
Date de parution : 1987
Traduction : H. Collon
Editeur : Robert Laffont

Première page de Mémoire

«  Et maintenant, que se passe-t-il ? »
« Mon père me porte sur son épaule, il me soulève au-dessus de sa tête pour que je puisse y voir. La salle est comble, les gens se pressent pour apercevoir le grand homme. Je n’ai jamais vu de salle si vaste. Mon père me dit que c’est l’homme le plus important du pays, mais moi je ne peux pas croire qu’on soit plus grand que mon père. »
« Quel âge as-tu ? »
« Quatre ans. »
« Qui est ce grand homme ? »
« Je ne sais pas. Je suis contente parce qu’on dirait un jour de fête – tout le monde est tellement excité ! Des milliers de bougies illuminent la salle et pour moi elles sont comme des étoiles dans le ciel. »
David Wolf se rassit et contempla avec embarras la femme qui était à demi renversée sur le divan aux couleurs passées. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait à effleurer chez elle ce même point sensible de sa main experte. »

Extrait de : M. McQuay. « Mémoire. »

Total recall par P. K. Dick

Fiche de Total recall

Titre : Total recall
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1991
Traduction : H. Collon
Editeur : Gallimard

Sommaire de Total recall

  • Rapport minoritaire
  • Un jeu guerrier
  • Ce que disent les morts
  • Ah, être un Gélate …
  • Souvenirs à vendre
  • La foi de nos pères
  • La fourmi électrique
  • Nouveau modèle
  • L’imposteur

Première page de Rapport minoritaire

« Lorsque Anderton vit le jeune homme, sa première pensée fut : Je deviens chauve. Chauve, gros et vieux. Mais il ne le dit pas à haute voix. Au lieu de cela, il repoussa son fauteuil, se mit sur pied et fit résolument le tour de son bureau, le bras tendu avec une certaine raideur. Souriant avec une affabilité forcée, il serra la main du jeune homme.
« Witwer ? s’enquit-il en parvenant à introduire un semblant d’aménité dans sa voix.
– C’est cela, répondit l’autre. Mais pour vous, bien entendu, ce sera Ed. Du moins si vous partagez mon peu de goût pour le formalisme superflu. » À son air sûr de lui, on voyait bien que le jeune homme blond considérait la question comme réglée. Ils s’appelleraient donc par leurs prénoms ; entre eux, la coopération serait amicale dès le début. »

Extrait de : P. K. Dick. « Total Recall. »

Paycheck par P. K. Dick

Fiche de Paycheck

Titre : Paycheck
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 2004
Traduction : H. Collon
Editeur : Gallimard

Sommaire de Paycheck

  • La clause de salaire
  • Nanny
  • Le monde de Jon
  • Petit déjeuner au crépuscule
  • Une petite ville
  • Le père truqué
  • Là où il y a de l’hygiène …
  • Autofab
  • Au temps de Poupée Pat
  • Le suppléant
  • Un p’tit quelque chose pour nous, les temponautes !
  • Les pré-personnes

Première page de La clause de salaire

« Tout à coup, voilà qu’on était en mouvement. Tout autour, les réacteurs bourdonnaient uniformément. Il se trouvait à bord d’un petit croiseur privé qui reliait sans hâte les deux villes en filant dans le ciel de l’après-midi.
« Aïe ! » fit-il. Il se redressa dans son siège et se frotta le crâne. À ses côtés, Earl Rethrick fixait sur lui un regard vif et pénétrant.
« Alors, on reprend ses esprits ?
— Où sommes-nous ? » Jennings secoua la tête comme pour se débarrasser d’une migraine sourde. « Mais je devrais peut-être poser la question autrement. » Il savait déjà qu’on n’était pas à la fin de l’automne, mais au printemps. Sous le croiseur, les champs verdoyaient. »

Extrait de : P. K. Dick. « Paycheck. »

O nation sans pudeur par P. K. Dick

Fiche d’O nation sans pudeur

Titre : O nation sans pudeur
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1994
Traduction : H. Collon
Editeur : J’ai lu

Première page d’O nation sans pudeur

« C’était le début de l’été et la journée s’achevait. L’après-midi avait été doux, mais le soleil se couchait, et maintenant le froid s’installait. Carl Fitter descendit les marches du perron, laissant derrière lui la résidence des hommes ; il portait une valise pesante et un petit paquet ficelé.
Il marqua une pause au pied de l’escalier en bois brut, dont la laque grise était tout écaillée par le temps. Ces marches avaient été peintes bien longtemps avant qu’il ne vienne travailler pour la Compagnie. Il se retourna vers la porte d’entrée du bâtiment. Elle coulissait lentement. Elle finit par se refermer avec un claquement sonore. Carl posa sa valise et s’assura que son portefeuille, bien en sécurité dans sa poche boutonnée, ne risquait pas de tomber.
— C’est la dernière fois que je descends cet escalier, fit-il tout bas. La dernière fois. Quel bonheur de revoir les États-Unis après tout ce temps !
Derrière les fenêtres, on avait tiré les stores. Les rideaux n’étaient déjà plus là. Sans doute emballés dans un carton quelque part. Il n’était pas le dernier à partir ; il fallait encore tout verrouiller. »

Extrait de : P. K. Dick. « Ô nation sans pudeur. »

Le roi des elfes par P. K. Dick

Fiche de Le roi des elfes

Titre : Le roi des elfes
Auteur : P. K. Dick
Date de parution : 1982
Traduction : B. Martin, F.-M. Watkins, D. Hersant, M. Deutsch, H. Collon
Edition : Gallimard

Sommaire de Le roi des elfes

  • Le constructeur
  • Le roi des elfes
  • La dame aux biscuits
  • L’homme doré
  • Si Benny Cemoli n’existait pas …
  • Projet Argyronète
  • La guerre contre les Fnouls
  • La sortie mène à l’intérieur
  • Chaînes d’air, réseau d’éther

Première page de Le constructeur

«  E.J. Elwood ! fit Liz, d’un ton inquiet. Tu n’écoutes rien de ce que nous disons. Et tu ne manges rien non plus. Mais enfin, qu’est-ce que tu as ? Parfois, je ne te comprends vraiment pas. »
Ernest Elwood resta un long moment sans réagir. Il continuait de regarder le crépuscule par la fenêtre, comme s’ils n’existaient pas, comme s’il entendait quelque chose qu’ils ne pouvaient percevoir. Finalement il poussa un soupir en se redressant sur sa chaise, peut-être pour dire quelque chose. Mais à ce moment, il heurta du coude sa tasse de café et se tourna pour la retenir en essuyant le café qui s’était répandu sur le côté. « Je te demande pardon, dit-il. Tu disais ?
— Mange, chéri », répondit sa femme. Elle jeta un coup d’œil aux deux garçons pour voir s’ils s’étaient également arrêtés de manger. « Tu sais, je me donne beaucoup de mal pour préparer tes repas. »
Bob, l’aîné, n’avait pas cessé de manger. Il coupait avec soin son foie et son bacon en petits morceaux. Mais évidemment, le petit Toddy avait posé couteau et fourchette en même temps que son père, et restait lui aussi silencieux, les yeux fixés sur son assiette. »

Extrait de : P. K. Dick. « Le roi des elfes. »