Étiquette : de Villiers de l’Isle-Adam
Vera par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Vera
Titre : Vera
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1874
Editeur : Le livre de poche
Sommaire de Vera
- Les demoiselles de Bienfilâtre
- Véra
- Vox populi
- Le convive des dernières fêtes
- Le désir d’être un homme
- Fleurs des ténèbres
Première page de Les demoiselles de Bienfilâtre
« Pascal nous dit qu’au point de vue des faits, le Bien et le Mal sont une question de « latitude ». En effet, tel acte humain s’appelle crime, ici, bonne action, là-bas, et réciproquement. – Ainsi, en Europe, l’on chérit, généralement, ses vieux parents ; – en certaines tribus de l’Amérique on leur persuade de monter sur un arbre ; puis on secoue cet arbre. S’ils tombent, le devoir sacré de tout bon fils est, comme autrefois chez les Messéniens, de les assommer sur-le-champ à grands coups de tomahawk, pour leur épargner les soucis de la décrépitude. S’ils trouvent la force de se cramponner à quelque branche, c’est qu’alors ils sont encore bons à la chasse ou à la pêche, et alors on sursoit à leur immolation. Autre exemple : chez les peuples du Nord, on aime à boire le vin, flot rayonnant où dort le cher soleil. Notre religion nationale nous avertit même que « le bon vin réjouit le cœur ». Chez le mahométan voisin, au sud, le fait est regardé comme un grave délit. – À Sparte, le vol était pratiqué et honoré : c’était une institution hiératique6, un complément indispensable à l’éducation de tout Lacédémonien sérieux. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Vera et autres contes cruels. »
Tribulat Bonhomet par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Tribulat Bonhomet
Titre : Tribulat Bonhomet
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1887
Editeur :Absalon
Sommaire de Tribulat Bonhomet
- Le tueur de cygnes
- Motion du Dr Tribulat Bonhomet touchant l’utilisation des tremblements de terre
- Le banquet des éventualistes
- Claire Lenoir
- Précautions et confidences
- Sir Henry Clifton
- Explications surégatoires
- L’entrefilet mystérieux
- Les bésicles couleur d’azur
- Je tue le temps avant le dîner
- On cause musique et littérature
- Spiritisme
- Balourdises, indiscrétions et stupidités (incroyables !…) de mon pauvre ami
- Une discuteuse sentimentale
- Les remarques singulières du Docteur Lenoir
- Le corps sidéral
- Le hasard permet à mon ami de vérifier incontinent ses théories humiliantes
- Ce qui s’appelle une chaude alarme
- L’Ottysor
- L’anniversaire
- Teterrima facies daemonum
- Le roi des épouvantements
- Les visions merveilleuses du Dr Tribulat Bonhomet
Première page de Le tueur de cygnes
« À force de compulser des tomes d’Histoire naturelle, notre illustre ami, le docteur Tribulat Bonhomet avait fini par apprendre que « le cygne chante bien avant de mourir ». — En effet (nous avouait-il récemment encore), cette musique seule, depuis qu’il l’avait entendue, l’aidait à supporter les déceptions de la vie et toute autre ne lui semblait plus que du charivari, du « Wagner ». — Comment s’était-il procuré cette joie d’amateur ? — Voici :
Aux environs de la très ancienne ville fortifiée qu’il habite, le pratique vieillard ayant, un beau jour, découvert dans un parc séculaire à l’abandon, sous des ombrages de grands arbres, un vieil étang sacré — sur le sombre miroir duquel glissaient douze ou quinze des calmes oiseaux, — en avait étudié soigneusement les abords, médité les distances, remarquant surtout le cygne noir, leur veilleur, qui dormait, perdu en un rayon de soleil. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Tribulat Bonhomet. »
Souvenir par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Souvenir
Titre : Souvenir
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution :
Editeur :
Première page de Souvenir
« En automne 1868, je me trouvais à Lucerne : je passais presque toutes les journées et les soirées chez Richard Wagner.
Le grand novateur vivait très retiré, ne recevant guère qu’un couple d’aimables écrivains français (mes compagnons de voyage) et moi. Depuis une quinzaine, environ, son admirable accueil nous avait retenus. La simplicité, l’enjouement, les prévenances de notre hôte nous rendirent inoubliables ces jours heureux : une grandeur natale ressortait pour nous du laisser-aller qu’il nous témoignait.
On sait en quel paysage de montagnes, de lacs, de vallées et de forêts s’élevait, à Triebchen, la maison de Wagner. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Souvenir. »
Propos d’au-delà par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Propos d’au-delà
Titre : Propos d’au-delà
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1893
Editeur :
Sommaire de Propos d’au-delà
- L’élu des rêves
- Maître Pied
- L’amour sublime
- Le meilleur amour
- Les filles de Milton
- Entre l’ancien et le nouveau
- Fragment de roman
Première page de L’élu des rêves
« En novembre 1887, le jeune poète Alexis Dufrêne habitait, depuis peu de jours, un garni de la rue de La Harpe, au cinquième étage d’une très vieille maison devenue logis d’étudiants.
Ce soir-là, pour fêter ses vingt et un ans, il avait réuni, devant un vaste bol de punch, deux ex-compagnons de classes, à peu près de son âge : le peintre J. Bréart et le musicien Eusèbe Nédonchel.
Les cigarettes avaient rendu nébuleux l’air de la chambre, qu’assainissait, toutefois, un bon feu clair. La causerie, assez joyeuse d’abord, s’était aggravée aux approches de minuit. L’on agitait, maintenant, d’abstraites questions d’art, d’ « esthétique » ; Alexis les écoutait, distraitement, laissant dire, étant persuadé que les artistes qui prennent le pli des théories ne se destinent qu’à vieillir, évités, en balbutiant, pour tout bien, des critiques au moins négligeables. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Propos d’au-delà. »
Nouveaux contes cruels par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Nouveaux contes cruels
Titre : Nouveaux contes cruels
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1888
Editeur :
Sommaire de Nouveaux contes cruels
- Les amies de pension
- La torture par l’espérance
- Sylvabel
- L’enjeu
- L’incomprise
- Soeur Natalia
- L’amour du naturel
- Le chant du coq
Première page de Les amies de pension
« Filles de gens riches, Félicienne et Georgette furent insérées, tout enfants, en ce célèbre pensionnat tenu par mademoiselle Barbe Desagrémeint.
Là, — bien que les dernières gouttes de lait du sevrage transparussent encore sur leurs lèvres, — une conformité de vues, touchant les riens sacrés de la toilette, les unit, bientôt, d’une amitié profonde. Leurs âges similaires, leur charme de même genre, la parité d’instruction sagement restreinte qu’elles reçurent ensemble cimentèrent ce sentiment. — D’ailleurs, ô mystères féminins ! tout de suite, à travers les brumes de l’âge tendre, elles s’étaient reconnues, d’instinct, comme ne pouvant se porter ombrage.
De classe en classe, elles ne tardèrent pas à notifier, par mille nuances de maintien, l’estime laïque d’elles-mêmes qu’elles tenaient des leurs : le seul sérieux avec lequel elles absorbaient leurs tartines, au goûter, l’indiquait. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Nouveaux Contes cruels. »
Morgane par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Morgane
Titre : Morgane
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1860
Editeur : BnF
Première page de Morgane
« ACTE PREMIER
Une grande chambre d’apparat dans la forteresse de Città-Lazzara, sur la frontière des Calabres citérieures. A droite, 1er plan, cheminée surmontée d’une glace de Venise aux torchères allumées. — 3° plan, croisée. A gauche, 1er plan, porte basse touchant le chevet d’un grand lit d’ébène à colonnes torses et d’un style ancien. Riches draperies de damas noir frangé d’or. 3e plan, derrière le lit, porte.
Torsade entre les colonnes : c’est le timbre de nuit communiquant avec l’intérieur du donjon.
Au fond, porte d’honneur entre deux grandes croisées encadrées de larges rideaux de même étoffe que ceux du lit : panoplies sur les murs entre les croisées et la porte.
Au plafond, lustre chargé de bougies éteintes.
Ameublement somptueux, noir et pourpre : — auprès dun guéridon de marbre, au milieu de la scène, un peu à droite, grand fauteuil surmonté d’une couronne ducale. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Morgane. »
Le secret de l’échafaud par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Le secret de l’échafaud
Titre : Le secret de l’échafaud
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1883
Editeur : Atramenta
Sommaire de Le secret de l’échafaud
- L’amour suprême
- Sagacité d’Aspasie
- Le secret de l’échafaud
- L’instant de Dieu
- Une profession nouvelle
- L’agence du chandelier d’or
- La légende de l’éléphant blanc
- Catalina
- Les expériences du Dr Crookes
- Le droit du passé
- Le Tzar et les grands ducs
- L’aventure de Tsë-i-la
- Akëdysseril
Première page de Le secret de l’échafaud
« A. M. Edmond de Goncourt.
Les exécutions récentes me remettent en mémoire l’extraordinaire histoire que voici :
— Ce soir-là, 5 juin 1864, sur les sept heures, le docteur Edmond-Désiré Couty de la Pommerais, récemment transféré de la Conciergerie à la Roquette, était assis, revêtu de la camisole de force, dans la cellule des condamnés à mort.
Taciturne, il s’accoudait au dossier de sa chaise, les yeux fixes. Sur la table, une chandelle éclairait la pâleur de sa face froide. A deux pas, un gardien, debout, adossé au mur, l’observait, bras croisés.
Presque toujours les détenus sont contraints à un labeur quotidien sur le salaire duquel l’administration prélève d’abord, en cas de décès, le prix de leur linceul, qu’elle ne fournit pas. — Seuls, les condamnés à mort n’ont aucune tâche à remplir.
Le prisonnier était de ceux qui ne jouent pas aux cartes : on ne lisait, dans son regard, ni peur ni espoir. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Le secret de l’échaufaud. »
L’ève future par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de L’ève future
Titre : L’ève future
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1886
Editeur : Gallimard
Première page de L’ève future
« A vingt-cinq lieues de New York, au centre d’un réseau de fils électriques, apparaît une habitation qu’entourent de profonds jardins solitaires. La façade regarde une riche pelouse traversée d’allées sablées qui conduit à une sorte de grand pavillon isolé. Au sud et à l’ouest, deux longues avenues de très vieux arbres projettent leurs ombrages supérieurs vers ce pavillon. C’est le n° 1 de la cité de Menlo Park.–Là demeure Thomas Alva Edison, l’homme qui a fait prisonnier l’écho.
Edison est un homme de quarante-deux ans. Sa physionomie rappelait, il y a quelques années, d’une manière frappante, celle d’un illustre Français, Gustave Doré. C’était presque le visage de l’artiste traduit en un visage de savant. Aptitudes congénères, applications différentes. Mystérieux jumeaux. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « L’ève future. »
L’amour suprême par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de L’amour suprême
Titre : L’amour suprême
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1886
Editeur : FB Editions
Sommaire de L’amour suprême
- L’amour suprême
- Sagacité d’Aspasie
- Le secret de l’échafaud
- L’instant de Dieu
- Une profession nouvelle
- L’agence du chandelier d’or
- La légende de l’éléphant blanc
- Catalina
- Les expériences du Dr Crookes
- Le droit du passé
- Le Tzar et les grands ducs
- L’aventure de Tsë-i-la
- Akëdysseril
Première page de L’amour suprême
« Ainsi l’humanité, subissant, à travers les âges, l’enchantement du mystérieux Amour, palpite à son seul nom sacré.
Toujours elle en divinisa l’immuable essence, transparue sous le voile de la vie, – car les espoirs inapaisés ou déçus que laissent au cœur humain les fugitives illusions de l’amour terrestre, lui font toujours pressentir que nul ne peut posséder son réel idéal sinon dans la lumière créatrice d’où il émane.
Et c’est aussi pourquoi bien des amants – oh ! les prédestinés ! – ont su, dès ici-bas, au dédain de leurs sens mortels, sacrifier les baisers, renoncer aux étreintes et, les yeux perdus en une lointaine extase
nuptiale, projeter, ensemble, la dualité même de leur être dans les mystiques flammes du Ciel. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « L’amour suprême. »
Isis par A. de Villiers de L’Isle-Adam
Fiche de Isis
Titre : Isis
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1862
Editeur :
Première page de Isis
« Il y avait eu soirée au palais Pitti.
La duchesse d’Esperia, belle dame de la plus gracieuse distinction, avait présenté à tout Florence le comte de Strally-d’Anthas.
Il annonçait de dix-huit à vingt ans au plus. Il voyageait et venait d’Allemagne. Sa mère était de l’une des plus illustres maisons d’Italie ; on le savait. Il se trouvait donc allié aux plus hautes noblesses du pays ; la duchesse était même un peu sa cousine ; qu’il fût présenté par elle, ne souffrait aucune difficulté.
Le prince Forsiani, nommé, depuis la veille, ambassadeur de Toscane en Sicile, avait paru s’intéresser à lui. C’était un vieux courtisan, fin et froid, mais solidement estimé de tous. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Isis. »