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Un milliard d’années avant la fin du monde par A. et B. Strougatski

Fiche d’Un milliard d’années avant la fin du monde

Titre : Un milliard d’années avant la fin du monde
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1976
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir

Première page d’Un milliard d’années avant la fin du monde

«  … la canicule torride, blanche, du mois de juillet, canicule comme il n’y en avait eu depuis deux siècles, inonda la ville. Des brumes de chaleur se mouvaient au-dessus des toits incandescents, toutes les fenêtres étaient grandes ouvertes, des petites vieilles installées sur de petits bancs à l’entrée des immeubles suaient et fondaient dans l’ombre chétive des arbres languissants.
Le soleil franchit le méridien et enfonça son aiguillon dans les dos martyrs des livres, frappa le verre des rayonnages, les portes polies de l’armoire, et de méchants reflets brûlants tremblèrent sur les papiers peints. Arrivait le calvaire de l’après-midi, cet instant déjà proche où le soleil, enragé, s’accrochant à mort aux onze étages de la maison d’en face, forait l’appartement de part en part.
Malianov ferma la fenêtre – les doubles vitres – et tira complètement le lourd rideau jaune. Puis, ayant remonté son caleçon, il passa à la cuisine, faisant du bruit avec ses pieds nus, et ouvrit la porte du balcon. Il était deux heures sonnées. »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « Un milliard d’années avant la fin du monde. »

Stalker par A. et B. Strougatski

Fiche de Stalker

Titre : Stalker, pique-nique au bord du chemin
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1972
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Denoël

Première page de Stalker

« EXTRAIT DE L’INTERVIEW DU DOCTEUR VALENTIN PILMAN À L’OCCASION DE LA REMISE DU PRIX NOBEL DE PHYSIQUE EN 19…, ACCORDÉ À L’ENVOYÉ SPÉCIAL DE LA RADIO DE HARMONT
 
« … Docteur Pilman, votre première découverte sérieuse est, sans doute, celle de ce qu’on appelle “radiant de Pilman”.
— Je ne le pense pas. Le radiant de Pilman n’est ni la première, ni sérieuse ni, en fait, une découverte. Et, de plus, pas tellement la mienne.
— Vous devez plaisanter, docteur. Le radiant de Pilman c’est une notion connue de tous les écoliers.
— Cela ne m’étonne pas. C’est précisément par un écolier que le radiant de Pilman a été découvert. Malheureusement, je ne me souviens pas de son nom. Regardez chez Stetson, dans son Histoire de la Visite, il raconte tout en détail. Le radiant a été découvert par un écolier, les coordonnées ont été publiées pour la première fois par un étudiant et, curieusement, c’est mon nom qu’on lui a donné.
— Oui, les découvertes ont parfois des destins étranges. Ne pourriez-vous pas, docteur Pilman, expliquer à nos auditeurs… »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « Stalker. »

Les vagues éteignent le vent par A. et B. Strougatski

Fiche de Les vagues éteignent le vent

Titre : Les vagues éteignent le vent
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1985
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Denoël

Première page de Les vagues éteignent le vent

« Je m’appelle Maxime Kammerer. J’ai quatre-vingt-neuf ans.
Un jour, il y a très, très longtemps, j’ai lu un récit ancien qui commençait ainsi. Je me souviens, j’avais songé à l’époque que si je devais dans l’avenir écrire un mémoire, je le commencerais exactement de la même façon. Cela dit, le texte que je propose ne peut pas, stricto sensu, être considéré comme un mémoire ; par ailleurs, il devrait débuter par une lettre que j’ai reçue il y a environ un an :
 
Kammerer,
Vous avez, naturellement lu les fameuses Cinq biographies du siècle. Je vous prie de m’aider à trouver qui se cache sous les pseudonymes P. Soroka et E. Brown. Cela vous sera plus facile qu’à moi.
M. Gloumova
Le 13 juin 125 Novgorod
 »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « Les vagues éteignent le vent. »

Le scarabée dans la fourmilière par A. et B. Strougatski

Fiche de Le scarabée dans la fourmilière

Titre : Le scarabée dans la fourmilière
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1979
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le scarabée dans la fourmilière

« MAXIME KAMMERER, EMPLOYÉ DU COMCONE-2

 
À 13 h 17, je fus convoqué par Excellence. Il ne leva pas les yeux sur moi, ce qui fit que je ne vis que son crâne chauve parsemé de pâles taches de vieillesse ; cette attitude signifiait un haut degré de préoccupation et de mécontentement. Je tiens à préciser tout de suite, que ce n’était pas à cause de moi.
— Assieds-toi.
Je m’assis.
— Il faut trouver un homme, dit-il, et se tut…
Pour longtemps. Il ramassa la peau de son front en plis contrariés, grogna. On aurait pu croire que  »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « Le scarabée dans la fourmilière. »

Le petit par A. et B. Strougatski

Fiche de Le petit

Titre : Le petit
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1971
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir

Première page de Le petit

« VIDE ET SILENCE

 
— Tu sais, dit Maïka, j’ai une espèce de pressentiment débile…
Nous nous trouvions près du glider, elle regardait à ses pieds et piochait de son talon le sable gelé.
Je ne sus quoi répondre. Je n’éprouvais aucun pressentiment, mais tout compte fait je ne raffolais pas non plus de cet endroit. Plissant les yeux, je me mis à contempler l’iceberg. Tel un gigantesque bloc de sucre, il pointait au-dessus de l’horizon, un croc crénelé d’un blanc aveuglant, totalement froid, totalement immobile, totalement homogène, sans le moindre scintillement ou miroitement pittoresques – on voyait bien qu’une fois son irruption accomplie, cent mille ans auparavant, dans cette rive plate, sans défense, il était fermement décidé à  »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « Le Petit. »

L’arc-en-ciel lointain par A. et B. Strougatski

Fiche de L’arc-en-ciel lointain

Titre : L’arc-en-ciel lointain
Auteur : A. et B. Strougatski
Date de parution : 1963
Traduction : S. Delmotte
Editeur : Fleuve noir

Première page de L’arc-en-ciel lointain

« La paume de Tania, chaude et un peu rugueuse, reposait sur ses yeux, et plus rien ne le concernait. Il sentait l’odeur amère et salée de la poussière, les oiseaux de la steppe grinçaient, mal réveillés, et l’herbe sèche lui piquait et chatouillait la nuque. Rester allongé ainsi était dur et inconfortable, son cou le démangeait intolérablement, mais il ne bougeait pas, écoutant la respiration douce et égale de Tania. Il souriait et se réjouissait de l’obscurité, car son sourire devait être bête et satisfait jusqu’à l’indécence.
Puis, d’une manière aussi intempestive que déplacée, l’appel stridula au laboratoire du mirador. Tant pis ! Ce n’était pas la première fois. Ce soir-là, tous les appels tombaient d’une manière intempestive et déplacée. »

Extrait de : A. et B. Strougatski. « L’arc-en-ciel lointain. »