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Le géomètre aveugle par K. S. Robinson
Fiche de Le géomètre aveugle
Titre : Le géomètre aveugle
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1991
Traduction : M. Demuth, A. Buresi
Editeur : J’ai lu
Sommaire de Le géomètre aveugle
- Le géomètre aveugle
- Intersection
- Notre cité
- Les lunatiques
- Au retour de Rainbow Bridge
- Crève-la-faim en l’an 2000
- Leçon d’histoire
- La meilleure part de nous-mêmes
Première page de Le géomètre aveugle
« J’additionnais des colonnes avec mon poinçon à braille et, excité par mon nouveau pouvoir, je tendis à mon père la feuille de calcul râpeuse. Il réfléchit dessus un instant.
— Hum, fit-il. Écoute-moi : tu dois faire très attention à ce que les colonnes soient bien droites et verticales. (Ses longs doigts guidèrent les miens le long d’une colonne.) Le 22 est trop décalé à gauche, tu le sens ? Tu dois les faire absolument droites.
Je retirai ma main d’un geste impatient. La frustration monta en moi comme une marée (sensation qui m’était des plus familières et que j’éprouvais tant de fois par jour) et, sous l’effet de la tension, ma voix devint une plainte aiguë :
— Mais pourquoi ? Peu importe.
— Oh si !
Mon père n’était pas un maniaque de l’ordre, comme je l’avais appris en trébuchant sur sa serviette égarée, ses chaussures ou ses patins à glace. »
Extrait de : K. S. Robinson. « Le Géomètre aveugle. »
Mars la verte par K. S. Robinson
Fiche de Mars la verte
Titre : Mars la verte (Tome 2 sur 3 – Trilogie martienne)
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1993
Traduction : M. Demuth
Editeur : Pocket
Première page de Mars la verte
« L’objectif n’est pas de faire une autre Terre. Ni un autre Alaska, un autre Tibet, pas plus qu’un nouveau Vermont, une nouvelle Venise, un nouvel Antarctique. L’objectif est de faire quelque chose de neuf et d’étrange, quelque chose de martien.
En un sens, nos intentions ne comptent même pas. Même si nous essayons de fabriquer une autre Sibérie, un autre Sahara, ça ne marchera pas. L’évolution ne le permettra pas, et pour l’essentiel il s’agit d’un processus évolutif, d’un effort qui se situe au-dessous de l’intention, comme quand la vie a miraculeusement sauté hors de la matière, ou quand elle a rampé hors de la mer pour atteindre la terre.
« Une fois encore, nous luttons dans la matrice d’un monde nouveau. Bien sûr, tous les gabarits génétiques de notre biote sont terrestres. Les esprits qui les ont conçus sont terrestres. Mais le terrain, lui, est martien. Et le terrain est un ingénieur généticien tout-puissant, qui détermine ce qui va croître ou pas, qui dirige les différenciations progressives, et donc l’évolution des espèces nouvelles. »
Extrait de : K. S. Robinson. « Mars la verte – Trilogie martienne. »
Mars la rouge par K. S. Robinson
Fiche de Mars la rouge
Titre : Mars la rouge (Tome 1 sur 3 – Trilogie martienne)
Auteur : Kim Stanley Robinson
Date de parution : 1992
Traduction : M. Demuth
Editeur : Pocket
Première page de Mars la rouge
« Mars était vide avant notre arrivée. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’y était jamais rien passé. La planète avait connu des accrétions, des fusions, des tourbillons qui s’étaient refroidis, pour laisser une surface marquée par d’immenses cicatrices géologiques : cratères, canyons, volcans. Mais tout cela était survenu dans l’inconscient minéral, sans être observé, sans témoins – sauf nous, qui avions tout vu depuis la planète d’à côté, et seulement durant le tout dernier instant de sa longue histoire. Nous sommes la seule conscience que Mars ait jamais possédée.
À présent, chacun connaît l’histoire de Mars dans la culture humaine : comment, au cours de la préhistoire, durant des générations, elle était l’un des astres les plus lumineux du ciel, à cause de sa rougeur et des fluctuations de son intensité, et de la façon qu’elle avait de ralentir sa course entre les étoiles et, parfois, de l’inverser. Elle semblait lancer un message. Il n’est peut-être donc pas surprenant que les noms les plus anciens que les hommes lui aient donnés pèsent particulièrement sur la langue – Nirgal, Mangala, Auqakuh, Harmakhis – ils sonnent comme s’ils étaient plus anciens encore que les langages dont ils sont issus, comme des mots fossiles venus de l’ère glaciaire et de plus loin encore. »
Extrait de : K. S. Robinson. « Mars la rouge – Trilogie martienne. »
Les chasseurs de Vénus par J. G. Ballard
Fiche de Les chasseurs de Vénus
Titre : Les chasseurs de Vénus
Auteur : J. G. Ballard
Date de parution : 1980
Traduction : M. Demuth
Editeur : Denoël
Sommaire de Les chasseurs de Vénus
- Trois, deux, un, zéro !
- Les tombes du temps
- La plage douze
- Passeport pour l’éternité
- Perte de temps
- Temps de passage
- Les chasseurs de Vénus
- Comme un souvenir
- Un après-midi à Utah Beach
- Le zoom de 60 minutes
Première page de Trois, deux, un, zéro !
« Vous allez sans doute me demander comment je me suis aperçu de l’existence de ce pouvoir fou, fantastique ? Comme au docteur Faust, m’a-t-il été accordé par le Diable lui-même en échange de mon âme ? Ou bien l’ai-je gagné par l’effet de quelque talisman étrange : patte de singe, œil d’idole retrouvé dans un coffre antique ou légué par un vieux marin agonisant ? À moins que je ne l’aie découvert par hasard au cours de mes recherches sur les mystères abominables d’Eleusis et de la messe noire, et que sa puissance horrifique ne me soit apparue dans des nuages d’encens et de vapeurs sulfureuses ?
Non, rien de tout cela. En fait, ce pouvoir m’a été révélé de manière purement fortuite, durant une journée comme les autres. Il m’est venu entre les mains comme l’art du point de dentelle. Et en vérité, il s’est manifesté si discrètement, si graduellement, que je n’en ai pas eu immédiatement conscience. »
Extrait de : J. G. Ballard. « Les chasseurs de Vénus. »
Le pays d’esprit par R. F. Young
Fiche de Le pays d’esprit
Titre : Le pays d’esprit
Auteur : Robert F. Young
Date de parution : 1982
Traduction : M. Deutsch, R. Lathière, W. O. Desmond, M. Demuth, A. Rosenblum, N. Balfet, A. Zribi, D. Hersant
Editeur : Néo
Sommaire de Le pays d’esprit
- La petite école rouge
- L’ascension de l’arbre
- Les robots aiment aussi
- Quand la Miséricorde
- Aux premiers âges
- Les années
- Spectres
- Saint-George et la dragonmotive
- La main
- Sur le fleuve
- Le pays d’esprit
Première page de La petite école rouge
« Ronnie évitait les villes. Chaque fois qu’il parvenait à l’une d’elles, il faisait un long détour, revenait sur ses pas et, des milles au-delà, reprenait la voie du chemin de fer. Aucune de ces cités n’était celle qu’il cherchait. Brillantes et toute neuves, leurs avenues étaient larges, sillonnées de voitures rapides ; et, partout, de gigantesques usines. Tandis que le village de la vallée n’était que paix, avec ses maisons rustiques, ses rues baignées d’ombre, sa petite école toute rouge. Juste à l’entrée, un petit bois d’érables dont chaque arbre était un ami. Et ce petit ruisseau qui serpentait parmi eux ! Ronnie le voyait comme s’il y était. Aux beaux jours, que de fois il y avait pataugé ! L’hiver, il y patinait. En automne, assis sur la berge, pendant des heures, il regardait les feuilles mortes dériver lentement vers la mer, comme autant de bateaux lilliputiens.
Ronnie était sûr de pouvoir reconnaître la vallée. Mais la voie de chemin de fer continuait à l’infini, franchissant des champs, des collines et des forêts, et jamais n’apparaissait la vallée familière. »
Extrait de : Robert F. Young. « Le Pays d’Esprit. »
Le léviathan de l’espace par R. F. Young
Fiche de Le léviathan de l’espace
Titre : Le léviathan de l’espace
Auteur : Robert F. Young
Date de parution : 1985
Traduction : M. Demuth, E. Gille, Y. Hersant, J. R. Brocard, E. Georges, C. Renard
Editeur : Néo
Sommaire de Le léviathan de l’espace
- L’arc de Jeanne
- Les sables bleus de la Terre
- Idylle dans un relais temporel du XIe siècle
- Orage sur Sodome
- La fille qui arrêta le temps
- Poète, prends ton luth…
- L’origine des espèces
- Rapport sur le comportement sexuel des habitants d’Arcturus X
- Le léviathan de l’espace
Première page de L’arc de Jeanne
« L’unité d’infanterie n° 97 de la 16e Section s’était posée sur la rive nord du Fleuve d’Abondance et s’était déployée tout au long de la berge d’alluvions qui permettait d’accéder au Plateau Provençal. Lorsque la 97e aurait gagné un point d’appui sur le plateau, la chute de Fleur du Sud, la principale cité de l’hémisphère sud de Ciel Bleu, serait assurée.
Le commandant de la 97e, tout jubilant de sa part de succès au sein de la Section, transmit sa position à l’A.G.G. Ambassadrice, le vaisseau amiral placé en orbite d’où O’Riordan le Réorganisateur supervisait la première phase de la dixième et dernière campagne de la Seconde Guerre civile. O’Riordan fut ravi de ces nouvelles et ordonna que la cité fût prise aussitôt. Bientôt, se dit-il. Ciel Bleu serait aussi impuissante que les neuf autres planètes sécessionnistes et l’omnipotence lui serait acquise. »
Extrait de : Robert F. Young. « Le Leviathan De L’Espace. »
Fendragon par B. Hambly
Fiche de Fendragon
Titre : Fendragon (Tome 1 sur 1 – Winterlands)
Auteur : B. Hambly
Date de parution : 1985
Traduction : M. Demuth
Editeur : Editions du Seuil
Première page de Fendragon
« Souvent, des bandits se tenaient en embuscade dans les ruines de la vieille cité, au carrefour des quatre chemins – Jenny Waynest se dit que, ce matin, ils devaient être trois.
Elle n’était pas certaine que ce fût la magie qui lui disait cela ou, plus simplement, l’habitude qu’elle avait des bois et l’instinct du danger propre à tous ceux qui avaient réussi à devenir adultes dans les Pays d’Hiver. Mais à l’instant où elle tirait sur la bride, non loin des premiers murs en mine, où elle savait qu’elle serait dissimulée à la fois par le brouillard d’automne et par la lumière glauque du matin, juste en bordure de la forêt, elle remarqua que le crottin de cheval, dans le creux du chemin d’argile, était encore frais, épargné par le givre qui ourlait les feuilles couvrant le sol alentour. Elle lut également le silence qui régnait »
Extrait de : B. Hambly. « Winterlands – Fendragon. »
Job par R. A. Heinlein
Fiche de Job
Titre : Job : une comédie de justice
Auteur : R. A. Heinlein
Date de parution : 1984
Traduction : M. Demuth
Editeur : J’ai lu
Première page de Job
« La fosse ardente mesurait environ sept mètres et demi de long sur trois de large et elle était peut-être profonde de soixante centimètres. Le feu brûlait depuis des heures. Le lit de braises dégageait un souffle de chaleur presque insupportable, même là où je me tenais, à cinq mètres sur le côté, au deuxième rang des touristes.
J’avais cédé mon siège au premier rang à l’une des dames du bateau, trop heureux de m’abriter derrière sa volumineuse personne. Je résistais même à l’envie de battre en retraite encore un peu plus loin… mais je tenais à bien voir les marcheurs du feu. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance d’assister à un miracle.
— C’est truqué, dit le Grand Voyageur. Vous allez voir. »
Extrait de : R. A. Heinlein. « Job : une comédie de justice. »
Etoiles, garde à vous ! par R. A. Heinlein
Fiche de Etoiles, garde à vous !
Titre : Etoiles, garde à vous !
Auteur : R. A. Heinlein
Date de parution : 1959
Traduction : M. Demuth
Editeur : J’ai lu
Première page de Etoiles, garde à vous !
« A chaque fois, avant de sauter, j’ai les chocottes. J’ai eu droit à la préparation hypnotique et à toutes les injections et, raisonnablement, on pourrait penser que je ne peux pas avoir peur. Le psychiatre du vaisseau, qui a analysé mes ondes cérébrales et qui m’a posé des tas de questions idiotes pendant que je dormais, m’a dit que ça n’a rien à voir avec la peur, que c’est un peu comme le tremblement d’un cheval de course dans le starting-gate.
Pour ça, je ne peux pas dire. Je n’ai jamais été dans la peau d’un cheval de course. Ça ne change rien : j’ai bêtement la trouille, chaque fois. »
Extrait de : R. A. Heinlein. « Étoiles, garde-à-vous !. »
Heureux les humbles par F. Pohl
Fiche de Heureux les humbles
Titre : Heureux les humbles
Auteur : F. Pohl
Date de parution : 1984
Traduction : M. Demuth
Editeur : Denoël
Sommaire de Heureux les humbles
- Heureux les humbles par F. Pohl
- Le moindre des fléaux par C. M. Kornbluth
Première page de Heureux les humbles
« Ainsi donc, ils se marièrent.
Ils faisaient un joli couple, elle avec sa traîne de trente mètres d’un blanc immaculé, lui en pantalon plissé et blouse grise froissée très chic.
C’était un petit mariage, le mieux qu’ils aient pu s’offrir. Les seuls invités étaient les proches parents et quelques amis intimes. Lorsque le pasteur eut scellé leur union, Morey embrassa son épouse et tous prirent le chemin de la réception. Il n’y avait que vingt-huit limousines en tout (mais il est vrai que vingt d’entre elles étaient occupées par les robots-traiteurs) plus trois voitures de fleurs.
« Soyez tous deux bénis », leur déclara le vieil Elon d’un ton affectueux. « Morey, vous savez que Cherry est une gentille fille. »
Il se moucha dans un carré de batiste élimé.
Les vieux se comportaient plutôt bien, se dit Morey. »
Extrait de : F. Pohl. « Heureux les humbles. »