Étiquette : Genefort
Le sang des immortels par Laurent Genefort

Fiche de Le sang des immortels
Titre : Le sang des immortels
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1997
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le sang des immortels
« Le temps-rapide, parfois, le rappelait à l’ordre.
Le temps des sang-rouge, des humains. Le seul en tout cas que leur cerveau était capable de concevoir. Souvent, ils venaient le trouver dans sa caverne et déverser sur lui des torrents d’ondes acoustiques organisées – des mots. Le Drac les écoutait. Quand une cellule de sa multiconscience (autrement dit son moi-rapide) émergeait dans le temps-rapide, elle en profitait pour remettre à jour ses connaissances dans le langage des sang-rouge. Le Drac l’avait forgé dès le début à leur intention, mais il variait un peu au cours des années, même si eux ne changeaient pas.
Une cellule de sa multiconscience se détacha de son moi-lent, afin d’intégrer les données acquises récemment. Il faisait jour, la mousson était passée à en juger par la couleur du liseron, à l’entrée rectangulaire de son repaire. Son corps, vieux de cent mille ans, conservait sa cohérence originelle et ne souffrait d’aucune défaillance. »
Extrait de : L. Genefort. « Le sang des immortels. »
Le monde blanc par Laurent Genefort

Fiche de Le monde blanc
Titre : Le monde blanc
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1992
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le monde blanc
« Les bonbonnes métalliques s’entrechoquaient dans un silence de mort. Bouteilles encombrantes, craquelées, d’un blanc émaillé les faisant paraître fragiles, à la limite de l’éclatement. Lester en percevait le martèlement sourd à travers les boudins de ses gants. « Un jour, songea le garçon, elles vont exploser entre mes mains, et m’asperger de liquide à moins 200°… Mes doigts gèleront, ma peau collera au rembourrage intérieur ! il faudra les découper au laser… »
Bien sûr, il exagérait. Cet accident ne s’était produit qu’une fois dans le passé. Une seule fois. Mais Lester avait besoin de concentrer sa haine sur quelque chose pour ne pas la laisser éclater dans la radio.
— Saloperies de bouteilles…
Il détestait les corvées d’entretien : chacune d’elles lui rappelait dans quel état de délabrement se trouvaient les centres vitaux de l’arcologie. »
Extrait de : L. Genefort. « Le monde blanc. »
Le continent déchiqueté par Laurent Genefort

Fiche de Le continent déchiqueté
Titre : Le continent déchiqueté
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1997
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le continent déchiqueté
« Les étoiles clignotèrent dans la Porte de Vangk, avant de disparaître. Le plan singulaire se formait, ouvrant une faille de néant à l’intérieur de la construction spatiale en forme d’anneau. Cet anneau mesurait un peu plus d’un kilomètre et demi de diamètre. Durant une période estimable en millisecondes, un vaisseau se matérialisa, fonçant à six kilomètres par seconde vers Ophius, une étoile avortée autour de laquelle orbitait la Porte de Vangk.
La Porte se referma, pour se rouvrir douze secondes plus tard. Au bout d’une minute et demie, elle avait régurgité sept navires, de tailles, de formes et de fonctions différentes. Aucun d’entre eux ne portait de pavillon, ni de signe distinctif. Leurs transmissions étaient codées selon des protocoles sécurisés de haut niveau.
Six vaisseaux commencèrent aussitôt à décélérer, tout en déployant leurs trajectoires tactiques vers Ophius. »
Extrait de : L. Genefort. « Le continent déchiqueté. »
Le bagne des ténèbres par Laurent Genefort

Fiche de Le bagne des ténèbres
Titre : Le bagne des ténèbres
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1988
Editeur : Fleuve noir
Première page de Le bagne des ténèbres
« La trappe bascula dans un bruit de tonnerre sur l’homme accroupi dans la sphère. Un McM9 s’occupa de sceller les rivets explosifs au reste de la structure.
« Trois minutes avant éjection », pulsa une puce LED dans sa vision périphérique. Le chuintement de l’air dans le scaph : quatre heures d’oxygène après son largage de la navette régulière dans l’atmosphère délétère de Kro.
Kro : une planète dont on avait renoncé depuis longtemps à terraformer la surface, ce pour deux raisons majeures : sa pesanteur, équivalant à peu près au double de celle de la Terre, et sa jeunesse, à peine deux milliards d’années. Kro était un monde en gestation, à la croûte terrestre encore brûlante, à l’activité volcanique intense. L’atmosphère était un délicieux mélange de méthane, d’ammoniac et de quelques autres composés mortels. Les seules pluies qui arrosaient le continent
étant sulfureuses… ou météoriques.
Derrière le hublot de polysilicate, l’homme crut voir le robot lui adresser un signe d’adieu. Peut-être programmé par un pilote qui raconterait en rentrant à ses copains : « Une bonne action, les gars. Le type jeté sur Enfer, sa dernière pensée sera sûrement pour moi ! »
Extrait de : L. Genefort. « Le bagne des ténèbres. »
La troisième lune par Laurent Genefort

Fiche de La troisième lune
Titre : La troisième lune
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1994
Editeur : Fleuve noir
Première page de La troisième lune
« Depuis un an, son nom était Snaut.
Des bourrasques heurtaient son casque intégral comme des coups de poings élastiques. Engoncé dans la combinaison noire, les hanches comprimées par le harnais de vol, son corps paraissait flotter au centre du balancier de sustentation trapézoïdal, insensible au froid d’altitude. Quatre cent soixante mètres sept dixièmes, précisait la sonde laser. Moins deux degrés centigrades.
De la main gauche, il pesa sur le balancier de gouverne, lâcha une giclée de gaz. Le microléger prit de l’erre, s’inclinant sur l’aile pour s’engouffrer dans le flux ascendant.
Le chuintement du vent grimpa d’un ton. L’obscurité était presque complète, mais le casque amplifiait les lumières scintillantes de la ville qui se déroulait sous lui, ainsi que celle, blafarde, de la troisième lune. La lune des miracles, lui avait confié Avram. Sous la visière se surimprimaient les courbes vert fluo des courants aériens. »
Extrait de : L. Genefort. « La troisième lune. »
La mécanique du talion par Laurent Genefort

Fiche de La mécanique du talion
Titre : La mécanique du talion
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2003
Editeur : L’Atalante
Première page de La mécanique du talion
« LES TROIS HOMMES et le robot ne se pressaient pas. Sûrs d’eux, ils pistaient Léodor Kovall à distance à travers la ville.
Les poumons en feu, ce dernier ne courait plus. Haletant, il n’avait plus que la force de marcher.
Ils me forcent à fuir. Ils m’humilient, moi, le chef de la sécurité de Larsande !
Comme si ce titre signifiait encore quelque chose.
Un sursaut de fierté faillit le faire pivoter pour affronter ses poursuivants, mais l’image de ce que ses lieutenants avaient subi lui revint en mémoire – Anoun, Draco, Halmet… tous morts – et il se remit à clopiner avec l’énergie du désespoir. Ses pas provoquèrent la fuite d’un tromperat dodu qui lézardait sur le bord du trottoir. Une solitude effrayante écrasait Larsande. Depuis le début de la traque, les rues étaient silencieuses, comme si tout le monde s’était donné le mot.
L’immeuble d’Anoun se trouvait à deux pas. Kovall avait un passe. Il y trouverait peut-être une arme. Non pour se défendre mais pour se supprimer avant qu’ils ne le prennent et s’épargner ainsi des souffrances sans nom. »
Extrait de : L. Genefort. « La mécanique du talion. »
L’homme qui n’existait plus par Laurent Genefort

Fiche de L’homme qui n’existait plus
Titre : L’homme qui n’existait plus
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 1996
Editeur : Fleuve noir
Première page de L’homme qui n’existait plus
« Des applaudissements saluèrent le départ du cargo. Mais de toute évidence, le cœur n’y était pas. Les huit hommes assemblés dans la rotonde de détente de Kibrilon savaient qu’ils allaient partir eux aussi.
Les écrans disposés sur le pourtour montraient sous divers angles l’appareil accélérant vers Satori pour échapper à la gravité de la planète. Par effet de fronde, comme ils disaient. Le Samedi, vieux tanker pansu à combustion de cinq cent mille tonnes, ressemblait à un concombre d’aluminium strié dans le sens de la longueur.
— L’avant-dernier, murmura Monge, un technicien responsable du circuit sanitaire, en grignotant un gâteau d’apéritif. Direction Bernal. Il ne reste plus que nous, la dernière garde. Le Jour-du-Seigneur appareille dans quatre heures à peine.
Il avait dit Jour-du-Seigneur, et non Dimanche. On ne le voyait guère sans un casque d’audition sur les oreilles. Le petit homme remuant et grassouillet avait une réputation de mélomane érudit. »
Extrait de : L. Genefort. « L’homme qui n’existait plus. »
L’espace entre les guerres par Laurent Genefort

Fiche de L’espace entre les guerres
Titre : L’espace entre les guerres – l’intégrale
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2020
Editeur : Editions Critic
Sommaire de L’espace entre les guerres
- Dans la gueule du dragon
- Une porte sur l’éther
Première page de Dans la gueule du dragon
« Debout sur la plate-forme de sortie, la gouverneure Gondwa Santer plongeait des pupilles dilatées dans la fournaise. Les oculaires de son scaphandre assombrissaient le paysage, assez éblouissant pour rendre aveugle quiconque s’obstinerait à le fixer. L’air chauffé à blanc fulminait autour d’elle. Trente pas en contrebas, le magma bouillonnait de fureur. La jauge de radioactivité montait par à-coups vers la cote d’alerte. Encore une poignée de minutes et le seuil d’exposition serait dépassé, mais elle n’en avait cure.
Un picotement lui démangeait la nuque. Pourquoi était-elle là ? Un rendez-vous qu’on lui avait fixé à l’extérieur d’Ymir, sur le Berg. Pour quoi donc ?… Sa mémoire se muait en un gouffre zébré d’éclairs insaisissables. Ah, des révélations au sujet de l’assassinat de Masir, son prédécesseur, voilà !
À intervalles de deux minutes, une salve de projectiles fusait dans le ciel safran, montait en piaulant, s’épanouissait en éventails de feu puis s’abattait sur les flancs inclinés du Berg. »
Extrait de : L. Genefort. « L’Espace entre les guerres. »
Jennifer a disparu par Laurent Genefort

Fiche de Jennifer a disparu
Titre : Jennifer a disparu
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2016
Editeur : Walrus
Première page de Jennifer a disparu
« Une fois les sous-marins nucléaires, porte-avions, bases militaires et tanks dûment anéantis, les extraterrestres s’installèrent en paix partout sur la Terre. Soyons juste, disons dans une paix relative. Certains s’intégraient parfaitement. D’autres vivotaient, quelques-uns (par chance, les moins doués) s’acharnaient encore à tenter de nous exterminer. Bref, rien qui ne sorte de l’ordinaire, c’est pourquoi l’humanité finit par s’accommoder de la présence alien. La vie reprit son cours puisque telle est sa fonction.
Le réduit mal ventilé où je recevais mes clients était une ancienne boutique de cristaux magiques, de bouddhas en simili-nacre et de remèdes de grand-mère gâteuse. Elle occupait le rez-de-chaussée d’un vieil immeuble, dans une rue en pente de Charenton-le-Pont, entre un salon de coiffure Tchip et un fast-food dont les effluves, bien qu’intermittents, suffisaient à me couper l’appétit, contribuant, par un heureux corollaire, à contenir mon début d’embonpoint. »
Extrait de : L. Genefort. « Jennifer a disparu. »
Hordes par Laurent Genefort

Fiche de Hordes
Titre : Hordes – l’intégrale
Auteur : Laurent Genefort
Date de parution : 2010
Editeur : Bragelonne
Sommaire de Hordes
- L’ascension du Serpent
- Le vol de l’Aigle
- Les crocs du Tigre
Première page de L’ascension du Serpent
« Le dernier soldat ennemi vacilla, la gorge percée d’une flèche. La pluie ocre qui ruisselait du ciel plaquait sa tunique sur son torse à la manière d’un linceul. Lentement, ses jambes cédèrent sous lui et il s’effondra dans un grincement de jambières. Ses yeux se voilèrent. Enfin, sa bouche s’ouvrit, béante, afin de laisser son âme s’échapper.
Audric le repoussa d’un coup de la botte gauche. Le corps culbuta avec un bruit mou, dans le tas de cadavres en contrebas.
— La colline est à nous ! hurla le capitaine du Serpent. Tous derrière moi… Les dieux nous aiment !
À mi-pente, Trobard porta un sifflet à ses lèvres et poussa le trille de ralliement.
— Les dieux nous aiment ! répéta le premier lieutenant d’Audric – avant de pousser un juron, tandis qu’il glissait sur une plaque de boue. »
Extrait de : L. Genefort. « Hordes – l’intégrale. »