Étiquette : King
Brume par S. King
Fiche de Brume
Titre : Brume (l’intégrale)
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1985
Traduction : M. Pressé, S. Quadruppani
Editeur : Le livre de poche
Sommaire de Brume
- Brume
- En ce lieu, des tigres
- Le singe
- La révolte de Caïn
- Le raccourci de Mme Todd
- L’excursion
- Le gala de noces
- Paranoïa
- Le radeau
- Machine divine à traitement de texte
- L’homme qui refusait de serrer la main
- Sables
- L’image de la faucheuse
- Nona
- Pour Owen
- Le camion de l’oncle Otto
- Livraisons matinales
- Grandes roues : où l’on lave son linge sale en famille
- Mémé
- La ballade de la balle élastique
- Le chenal
Première page de Brume
« Voici ce qui s’est passé. La nuit qui vit la fin de la pire vague de chaleur que le nord de la Nouvelle-Angleterre ait connue dans son histoire – la nuit du 19 juillet – fut aussi celle où toute la région du Maine occidental fut balayée par les plus épouvantables orages que j’aie jamais vus.
Nous habitions au bord de Long Lake et nous vîmes le premier orage s’abattre sur les eaux en progressant dans notre direction juste avant la tombée de la nuit. Tout au long de l’heure qui avait précédé, l’air était resté parfaitement immobile. Le drapeau américain que mon père avait planté sur notre hangar à bateaux en 1936 pendait mollement contre son mât. Même l’ourlet ne tressaillait pas.
La chaleur était comme un objet massif, et elle semblait aussi profonde que les trous d’eau glauque qu’on trouve dans les carrières à l’abandon. »
Extrait de : S. King. « Brume. »
Blaze par S. King (R. Bachman)
Fiche de Blaze
Titre : Blaze
Auteur : Stephen King (Richard Bachman)
Date de parution : 2007
Traduction : W. O. Desmond
Editeur : Albin Michel
Première page de Blaze
« George était quelque part dans le noir. Blaze ne pouvait pas le voir, mais sa voix lui parvenait, forte et claire, rude et un peu enrouée. George donnait l’impression d’être toujours enrhumé. Il avait eu un accident, enfant. Quoi exactement, il ne l’avait jamais dit, mais sa pomme d’Adam présentait une cicatrice bien visible.
« Pas celle-là, crétin, elle a des autocollants partout. Trouve-toi une Chevy ou une Ford. Bleu foncé ou verte. De deux ans. Pas plus, pas moins. Personne ne s’en souvient. Et pas d’autocollants. »
Blaze dépassa la petite voiture avec ses autocollants et continua d’avancer. Le martèlement assourdi des basses lui parvenait, alors qu’il était à l’autre bout du parking du bar à bières. »
Extrait de : S. King. « Blaze. »
Billy Summers par S. King
Fiche de Billy Summers
Titre : Billy Summers
Auteur : Stephen King
Date de parution : 2021
Traduction : J. Esch
Editeur : Albin Michel
Première page de Billy Summers
« Assis dans le hall de l’hôtel, Billy Summers attend la voiture qui doit venir le chercher. On est vendredi midi. Bien qu’il soit en train de lire une bande dessinée intitulée Les Copains et les copines d’Archie, c’est à Émile Zola qu’il pense, et plus particulièrement à son troisième roman, celui qui l’a fait connaître : Thérèse Raquin. Il se dit que c’est en tout point le roman d’un jeune homme. Et que Zola commençait seulement à exploiter un filon qui allait se révéler aussi profond que fabuleux. Il se dit que Zola est la version cauchemardesque de Charles Dickens. Voilà qui ferait un sujet intéressant pour un essai. S’il devait en écrire un.
À midi douze, la porte de l’hôtel s’ouvre et deux hommes entrent dans le hall. L’un est grand, il a des cheveux noirs et arbore une banane de rocker des années cinquante. »
Extrait de : S. King. « Billy Summers. »
Bazaar par S. King
Fiche de Bazaar
Titre : Bazaar
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1991
Traduction : W. O. Desmond
Editeur : Albin Michel
Première page de Bazaar
« Bien sûr. On vous y a déjà vu. Je n’oublie jamais un visage.
Venez un peu par ici, qu’on se serre la main ! Je vais vous dire quelque chose : je vous ai reconnu à votre démarche avant même d’avoir bien vu votre tête. Vous n’auriez pas pu choisir un meilleur jour pour revenir à Castle Rock. Est-ce que c’est pas chouette, ici ? L’ouverture de la chasse est pour bientôt ; tous les fous seront dans les bois à fusiller tout ce qui bouge et n’est pas habillé en orange fluo. Ensuite, ce sera la neige et le grésil, mais pas avant un bon moment. Pour l’instant, on est en octobre, et à Castle Rock, on laisse traîner octobre aussi longtemps qu’il veut.
A mon avis, c’est la meilleure époque de l’année. C’est pas que le printemps soit pas extra, ici, mais je préférerai toujours octobre à mai. Une fois l’été fini, le Maine occidental est comme qui dirait oublié, et tous ces gens avec leurs villas au bord du lac ou sur les hauteurs sont repartis pour New York ou le Massachusetts. »
Extrait de : S. King. « Bazaar. »
Après par S. King
Fiche de Après
Titre : Après
Auteur : Stephen King
Date de parution : 2021
Traduction : M. Boraso
Editeur : Albin Michel
Première page de Après
« C’était la sortie de l’école, je rentrais à la maison avec ma mère. D’un côté, je lui tenais la main et de l’autre, je serrais bien fort ma dinde de Thanksgiving – celle qu’on faisait dessiner aux petits du CP la semaine d’avant la fête. J’en étais fier comme tout, et j’avoue que je me la pétais grave. Je vous explique la méthode, pour la dinde : on prend une grande feuille de papier cartonné, on pose la main dessus et on suit les contours avec un crayon de couleur. Voilà pour le corps et les plumes de la queue. Pour la tête, on se débrouille comme on peut.
Je l’ai montrée à maman, qui m’a répondu par un de ses « ouais ouais super, génial, ton truc », mais je doute qu’elle l’ait vue pour de bon. Sûrement qu’elle réfléchissait à un des bouquins qu’elle cherchait à vendre. Elle, elle appelait ça « fourguer la marchandise ». À cette époque, maman travaillait comme agent littéraire. »
Extrait de : S. King. « Après. »
A la dure par S. King
Fiche de A la dure
Titre : A la dure
Auteur : Stephen King
Date de parution : 2011
Traduction : N. Gassie
Editeur : Le livre de poche
Première page de A la dure
« Ça fait une semaine que je fais le même rêve, mais ce doit être un de ces rêves lucides car j’arrive toujours à me réveiller avant qu’il ne se transforme en cauchemar. Sauf que cette fois, on dirait qu’il m’a suivi au réveil car Ellen et moi ne sommes pas seuls dans la chambre. Il y a quelque chose sous le lit. Je l’entends mâcher.
Vous savez comment c’est quand on a vraiment peur, hein? On dirait que le cœur cesse de battre, la langue se colle au palais, la peau devient froide et tout le corps se couvre de chair de poule. Au lieu de s’engrener, les rouages du cerveau tournent à vide et tout le moteur chauffe. Je me retiens à grand peine de hurler. Je me dis, C’est la chose que je ne veux pas regarder. La chose assise côté hublot.
Puis je vois clairement le ventilateur au plafond, pales tournant au ralenti. Je vois le rai de lumière matinale dans la fente entre les rideaux tirés. Je vois la touffe de laiteron d’argent des cheveux d’Ellen de l’autre côté du lit. »
Extrait de : S. King. « A la dure. »
22/11/63 par S. King
Fiche de 22/11/63
Titre : 22/11/63
Auteur : Stephen King
Date de parution : 2011
Traduction : N. Gassie
Editeur : Albin Michel
Première page de 22/11/63
« J’ai jamais eu « la larme facile », comme on dit.
Si j’en crois mon ex-épouse, mon « gradient d’émotion inexistant » est la raison principale pour laquelle elle m’a quitté (comme si le mec qu’elle avait rencontré à ses réunions des Alcooliques anonymes n’y était pour rien). Christy supposait qu’elle pouvait me pardonner, disait-elle, de ne pas avoir versé de larmes à l’enterrement de son père : je ne le connaissais que depuis six ans et ne pouvais comprendre quel homme merveilleux et généreux c’était (une Mustang décapotable comme cadeau de fin d’études secondaires, par exemple).
Mais par la suite, quand je n’ai pas versé de larmes à l’enterrement de mes deux parents – ils sont morts à tout juste deux ans d’intervalle, mon père d’un cancer de l’estomac et ma mère d’une crise cardiaque foudroyante en marchant sur une plage de Floride – elle a commencé à comprendre cette histoire de gradient d’émotion inexistant. J’étais « incapable de ressentir mes sentiments », en jargon AA. »
Extrait de : S. King. « 22/11/63. »
Anatomie de l’horreur par S. King
Fiche de Anatomie de l’horreur
Titre : Anatomie de l’horreur – intégrale
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1981
Traduction : J.-D. Brèque
Editeur : Albin Michel
Première page de Anatomie de l’horreur
« Pour moi, la terreur – la véritable terreur, par opposition aux démons et aux croque-mitaines qui pouvaient vivre dans mon esprit – est née un bel après-midi d’octobre 1957. Je venais d’avoir dix ans. Et, circonstance des plus appropriées, je me trouvais dans une salle de cinéma : le Stratford Theater, situé dans le centre-ville de Stratford (Connecticut).
Le film qu’on montrait ce jour-là était et est encore un de mes préférés, et le fait que ce soit lui que j’aie choisi de voir – plutôt qu’un western avec Randolph Scott ou un film de guerre avec John Wayne – n’est pas moins approprié. Ce samedi où naquit la véritable terreur, je regardais Les soucoupes volantes attaquent, avec en vedette Hugh Marlowe, un acteur surtout connu à l’époque pour avoir interprété le fiancé xénophobe que Patricia Neal finissait par larguer dans Le jour où la Terre s’arrêta – un film de science-fiction un peu plus ancien et beaucoup plus rationnel. »
Extrait de : S. King. « Anatomie de l’horreur. »
Territoires par S. King et P. Straub
Fiche de Territoires
Titre : Territoires (Tome 2 sur 2 – Le talisman des territoires)
Auteur : Stephen King et Peter Straub
Date de parution : 2001
Traduction : B. Cohen
Editeur : Pocket
Première page de Territoires
« Ici et maintenant, comme un vieil ami disait souvent, nous sommes dans le présent, le temps qui passe, là où le discernement ne suffit pas à assurer une vision parfaite. « Ici » : à soixante mètres de hauteur environ, l’altitude d’un aigle en vol plané, au-dessus des confins occidentaux de l’État du Wisconsin, à la frontière naturelle qu’établissent les divagations du Mississippi. « Maintenant » : tôt le matin, un vendredi de la mi-juillet, quelques années après le début d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire, tous deux au cours si capricieux et si secret que même un aveugle a plus de chances que vous d’entrevoir ce qui va arriver. Ici et maintenant, il est un peu plus de 6 heures du matin. Le soleil est bas dans le ciel sans nuages, une grosse boule jaunâtre qui avance vers l’avenir comme si c’était toujours la première fois, laissant derrière elle l’accumulation obstinée du temps passé, lequel s’assombrit en s’estompant et nous frappe tous de cécité. »
Extrait de : S. King et P. Straub. « Territoires – Le talisman des territoires. »
Talisman par S. King et P. Straub
Fiche de Talisman
Titre : Talisman (Tome 1 sur 2 – Le talisman des territoires)
Auteur : Stephen King et Peter Straub
Date de parution : 1984
Traduction : I. Delord, B. Gartenberg
Editeur : Pocket
Première page de Talisman
« Le 15 septembre 1981, le jeune Jack Sawyer, debout à l’endroit où les vagues viennent mourir sur le sable, contemplait l’immuable océan Atlantique, les mains enfoncées dans les poches de son jean. C’était un garçon de douze ans, grand pour son âge. Le vent du large ébouriffant ses cheveux châtains, probablement trop longs, dégageait son grand front pur. Il était immobile, en proie à des sentiments contradictoires et douloureux qui le taraudaient depuis trois mois – depuis le jour où sa mère avait fermé leur maison de Rodeo Drive à Los Angeles et que dans un chambardement de meubles, de chèques et d’agents immobiliers, ils étaient venus à New York où ils avaient loué un appartement à l’ouest de Central Park. De là, ils avaient pris l’avion pour cette calme station balnéaire située quelque part sur la minuscule côte du New Hampshire. L’univers de Jack était dépourvu d’ordre et de régularité. Sa vie semblait aussi instable et mouvante que l’océan houleux qu’il avait devant les yeux. Sa mère lui faisait traverser le pays, le trimbalant d’un endroit à l’autre ; mais qu’est-ce qui faisait courir sa mère ?
Car elle n’arrêtait pas de courir, de courir. »
Extrait de : S. King et P. Straub. « Talisman – Le Talisman des territoires. »