Étiquette : Le Guin
Lavinia par U. Le Guin
Fiche de Lavinia
Titre : Lavinia
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 2008
Traduction : M. Surgers
Editeur : L’Atalante
Première page de Lavinia
« JE SUIS ALLÉE aux salines près de l’embouchure du fleuve, au mois de mai de ma dix-neuvième année, afin de récolter du sel pour la farine sacrée. Tita et Maruna m’accompagnaient, et mon père nous avait adjoint, pour ramener le sel, un vieil esclave et un garçon qui menait un âne. Ce n’était qu’à quelques milia au nord, mais nous en avons fait une véritable excursion : le pauvre petit âne portait d’abondantes provisions, nous avons mis la journée entière à atteindre notre destination pour finir par installer notre campement sur une dune herbeuse qui dominait les plages du fleuve et de la mer. Tous les cinq, nous avons soupé autour du feu, raconté des histoires et chanté des chansons alors que le soleil se couchait dans les flots et que le bleu du crépuscule printanier s’assombrissait à vue d’œil. Puis nous avons dormi sous la brise marine.
Je me suis éveillée aux premières lueurs. Les autres dormaient profondément. Les oiseaux entamaient tout juste leur chœur d’aurore. Je me suis levée pour gagner la rive du fleuve. J’ai puisé un peu d’eau dans le creux de ma main et, avant de boire, l’ai laissée couler en offrande, prononçant le nom du fleuve, Tibre, père Tibre, et ses noms anciens, secrets, Albu, Rumon. Puis j’ai bu en savourant l’arrière-goût salé. Le ciel était assez clair pour offrir à mon regard les longues vagues raides de la barre où se rencontraient le courant et la marée montante. »
Extrait de : U. Le Guin. « Lavinia. »
La ligue de tous les mondes – l’intégrale par U. Le Guin
Fiche de La ligue de tous les mondes – l’intégrale
Titre : La ligue de tous les mondes – l’intégrale
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 1972
Traduction : J. Bailhache
Editeur : Opta
Sommaire de La ligue de tous les mondes
- Le monde de Rocannon
- Planète d’exil
- La cité des illusions
Première page de Le monde de Rocannon
« Le Collier
Comment discerner la légende de la réalité en des mondes dont tant d’années nous séparent ? – planètes sans nom que leurs habitants appellent le Monde, planètes sans histoire dont les mythes se nourrissent du passé, à telle enseigne qu’un explorateur revenant après quelques années d’absence s’aperçoit que ses actions antérieures sont devenues celles d’un dieu. La déraison assombrit cette brèche creusée dans le temps et annihilée par nos vaisseaux photiques, et dans les ténèbres l’incertitude et la démesure poussent comme des herbes folles.
Raconter, avec quelques années de recul, l’histoire d’un homme, d’un simple ethnologue de la Ligue découvrant un monde de cette sorte, anonyme et mal connu, c’est être comme un archéologue qui, parmi les ruines millénaires, tantôt lutte contre un »
Extrait de : U. Le Guin. « La Ligue de tous les mondes – l’intégrale. »
L’oeil du héron par U. Le Guin
Fiche de L’oeil du héron
Titre : L’oeil du héron
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 1978
Traduction : I. Delord
Editeur : Presses de la cité
Première page de L’oeil du héron
« Le nez penché au-dessus de ses mains, Lev était assis jambes croisées en plein soleil, au centre d’un anneau d’arbres. Une minuscule créature se blottissait dans la coupe tiède de ses paumes. Il ne l’y retenait pas de force ; elle avait décidé ou accepté de rester là. On aurait dit un crapaud ailé miniature. Les élytres, repliés en pointe sur son dos, étaient marron clair avec des stries noires, tandis que le corps était plus foncé. Trois yeux d’or en forme de têtes d’épingle ornaient sa tête, un de chaque côté et le troisième au milieu du crâne. Cette prunelle centrale, dirigée vers le haut, épiait le moindre geste de Lev, qui finit par cligner des paupières. La créature changea aussitôt d’aspect. Des frondes roses, comme poudrées, se déroulèrent de dessous les ailes ramassées : en un instant apparut une boule de peluche, difficile à distinguer nettement, car les »
Extrait de : U. Le Guin. « L’œil du héron. »
L’effet Churten par U. Le Guin
Fiche de L’effet Churten
Titre : L’effet Churten
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 2017
Traduction : A.-J. Descombey
Editeur : ActuSF
Sommaire de L’effet Churten
- L’histoire des Shobies
- La danse de Ganam
- Le pêcheur de la mer intérieure
Première page de L’histoire des Shobies
« Ils se rencontrèrent à Vé Port plus d’un mois avant leur premier voyage ensemble dans l’espace. Là-bas, ils prirent un nouveau nom, les Shobies, d’après celui de leur vaisseau, le Shoby. Leur première décision collective fut d’aller passer leur isyeye au bord de la mer, dans le village de Liden, sur Hain, où les ions négatifs n’auraient aucun effet.
Liden était un port de pêche de quatre cents habitants dont l’existence remontait à huit mille ans. Ses pêcheurs exploitaient les hauts-fonds poissonneux de la baie et acheminaient leurs prises vers les villes de l’intérieur, tout en dirigeant la station balnéaire qui accueillait les vacanciers, les touristes et les équipages spatiaux nouvellement constitués venus là pour leur isyeye. (Ce mot hainien signifie : « commencer quelque chose ensemble », ou « commencer à être ensemble » ou, techniquement, « l’intervalle »
Extrait de : U. Le Guin. « L’Effet Churten. »
L’autre côté du rêve par U. Le Guin
Fiche de L’autre côté du rêve
Titre : L’autre côté du rêve
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 1975
Traduction : H.-L. Planchat
Editeur : Le livre de poche
Première page de L’autre côté du rêve
« Confucius et toi, vous n’êtes que des rêves ; et moi qui dis que vous êtes des rêves, je suis moi-même un rêve. C’est un paradoxe. Un sage pourra l’expliquer demain, mais ce demain ne viendra pas avant dix mille générations.
Tchouang-Tseu, II.
Portée par les courants, poussée par les vagues, entraînée irrésistiblement par toute la force de l’océan, la méduse dérive dans les fonds marins. Là où parvient la lumière et où commencent les ténèbres. Portée, poussée, entraînée de nulle part vers nulle part – car, dans les profondeurs marines, il n’y a pas d’autres repères que « plus près » et « plus loin », « plus haut » et « plus bas » –, la méduse se balance, comme suspendue ; ses pulsations sont légères et rapides, perdues dans les »
Extrait de : U. Le Guin. « L’autre côté du rêve. »
Ceux qui partent d’Omelas par U. Le Guin
Fiche de Ceux qui partent d’Omelas
Titre : Ceux qui partent d’Omelas
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 2018
Traduction : H.-L. Planchat
Editeur : Bélial
Première page de Ceux qui partent d’Omelas
« Dans un fracas de cloches qui fit s’envoler les hirondelles, la Fête de l’Été entra dans l’éclatante cité d’Omelas, qui domine la mer de ses tours. Dans le port, les gréements des navires scintillaient de fanions. Dans les rues, entre les maisons aux toits rouges et aux murs peints, entre les vieux jardins moussus et dans les avenues bordées d’arbres, devant les grands parcs et les bâtiments publics, les processions s’avançaient. Certaines étaient solennelles : des vieillards vêtus de longues robes grises et mauves, des maîtres ouvriers au visage grave, des femmes souriantes mais calmes, qui portaient leurs enfants et bavardaient tout en marchant. Dans d’autres rues, le rythme de la musique était plus rapide, un vacarme de gongs et de tambourins ; et les gens dansaient, toute la procession n’était qu’une danse. Les enfants bondissaient de tous côtés et leurs cris aigus s’élevaient comme les vols d’hirondelles par-dessus la musique et les chants. »
Extrait de : U. Le Guin. « Ceux qui partent d’Omelas. »
Aux douze vents du monde par U. Le Guin
Fiche d’Aux douze vents du monde
Titre : Aux douze vents du monde
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 2018
Traduction : J. Bailhache, P.-P. Durastanti, A. Le Bussy, L. Murail, H.-L. Planchat, J. Polanis, J.-P. Pugi, C. Saunier, N. Zimmermann
Editeur : Bélial
Sommaire d’Aux douze vents du monde
- Le collier de Semlé
- Avril à Paris
- Les maîtres
- La boîte d’ombre
- Le mot de déliement
- La règle des noms
- Le roi de Nivôse
- Voyage
- Neuf existences
- Les choses
- La forêt de l’oubli
- Plus qu’un vaste empire
- Etoile des profondeurs
- Le champ de vision
- Le chêne et la mort
- Ceux qui partent d’Omelas
- A la veille de la révolution
Première page de La collier de Semlé
« Comment discerner la légende de la réalité sur des mondes dont tant d’années nous séparent ? – planètes sans nom que leurs habitants appellent le Monde, planètes sans histoire dont les mythes se nourrissent du passé, à telle enseigne qu’un explorateur revenant après quelques années d’absence s’aperçoit que ses actions antérieures sont devenues des postures divines. La déraison assombrit cette brèche creusée dans le temps et annihilée par nos vaisseaux aussi rapides que la lumière, et dans les ténèbres l’incertitude et la démesure poussent comme des herbes folles.
Raconter, avec quelques années de recul, l’histoire d’un homme, simple ethnologue de la Ligue découvrant un monde de cette sorte, anonyme et mal connu, équivaut à travailler tel l’archéologue qui, parmi les ruines millénaires, tantôt lutte contre un enchevêtrement touffu de feuilles, de fleurs, de branchages et de vigne sauvage pour tomber soudain, brillante trouvaille, sur quelque objet géométrique, roue ou pierre angulaire polie, tantôt franchit une porte ensoleillée que rien ne distingue des autres pour voir jaillir dans l’obscurité le scin- »
Extrait de : U. Le Guin. « Aux douze vents du monde. »
La cité des illusions par U. Le Guin
Fiche de La cité des illusions
Titre : La cité des illusions (Tome 3 sur 3 – Ligue de tous les mondes)
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 1966
Traduction : J. Bailhache
Editeur : Le livre de poche
Première page de La cité des illusions
« Imaginez les ténèbres.
Dans ces ténèbres, celles d’espaces infinis que ne trouble pas le soleil, un esprit muet s’éveilla. Il était plongé dans le chaos, en un monde dont il ne pouvait rien déchiffrer. Il n’avait pas de langage, et il ne savait pas que les ténèbres étaient la nuit.
Lorsque la lumière se fit, une lumière dont il n’avait pas souvenance, son corps se mit en mouvement. Il rampait, courait à quatre pattes ou bien se redressait, mais sans aller nulle part. Il n’avait pas de chemin à suivre dans le monde où il se trouvait, car un chemin suppose un départ et une arrivée. Tout s’embrouillait autour de lui, et tout résistait. Dans la confusion de son être, il se sentait poussé à »
Extrait de : U. Le Guin. « Ligue de tous les mondes – La cité des illusions. »
Planète d’exil par U. Le Guin
Fiche de Planète d’exil
Titre : Planète d’exil (Tome 2 sur 3 – Ligue de tous les mondes)
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 1966
Traduction : J. Bailhache
Editeur : Le livre de poche
Première page de Planète d’exil
« UNE POIGNÉE DE NUIT
AUX derniers jours de la dernière phase lunaire d’automne, le vent soufflait des terres du Nord dans les forêts mourantes d’Askatévar, un vent froid qui sentait la fumée et la neige. Frêle et vêtue de fourrures légères, tel un animal qui fuit dans l’ombre, la jeune Rolerie se glissait par les bois ; dans une tempête de feuilles mortes, elle s’éloignait des murs qui, pierre à pierre, s’élevaient sur le versant de la colline de Tévar et des champs où l’on s’affairait autour de la dernière moisson. Elle allait seule, et personne ne criait son nom derrière elle. Elle suivait une vague piste qui menait vers l’ouest, labourée de multiples »
Extrait de : U. Le Guin. « Ligue de tous les mondes – Planète d’exil. »
Le monde de Rocannon par U. Le Guin
Fiche de Le monde de Rocannon
Titre : Le monde de Rocannon (Tome 1 sur 3 – Ligue de tous les mondes)
Auteur : U. Le Guin
Date de parution : 1966
Traduction : J. Bailhache
Editeur : Le livre de poche
Première page de Le monde de Rocannon
« LE COLLIER
COMMENT discerner la légende de la réalité en des mondes dont tant d’années nous séparent ? – planètes sans nom que leurs habitants appellent le Monde, planètes sans histoire dont les mythes se nourrissent du passé, à telle enseigne qu’un explorateur revenant après quelques années d’absence s’aperçoit que ses actions antérieures sont devenues celles d’un dieu. La déraison assombrit cette brèche creusée dans le temps et annihilée par nos vaisseaux photiques, et dans les ténèbres l’incertitude et la démesure poussent comme des herbes folles. »
Extrait de : U. Le Guin. « Ligue de tous les mondes – Le monde de Rocannon. »