Étiquette : Le livre de poche
Caldé, côté cité par Gene Wolfe

Fiche de Caldé, côté cité
Titre : Caldé, côté cité (Tome 3 sur 4 – Le livre du long soleil)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1994
Traduction : N. Serval
Editeur : Le livre de poche
Première page de Caldé, côté cité
« Pareillement indifférent aux troubles qui agitaient la cité et à l’orage qui menaçait d’abattre ses murs, Sa Connaissance pater Quetzal, prolocuteur du Chapitre de la sainte ville de Viron, examinait son visage flétri et cireux dans le flanc d’une théière d’argent.
Comme chaque jour à la même heure, il tourna la tête des deux côtés afin d’étudier son profil presque sans relief. Il leva le menton, exhibant un cou interminable et notablement ridé. Quoiqu’il accordât chaque matin un soin minutieux à son maquillage, une faille pouvait se faire jour vers les dix heures. D’où cette inspection à la fois complaisante et assidue.
– Je ne suis pas homme à courir des risques, marmonna-t-il en affectant de lisser un de ses minces sourcils neigeux.
Comme il achevait sa phrase, un coup de tonnerre ébranla le palais jusqu’à ses fondations. Une clarté aveuglante emplit la pièce. La pluie et la grêle tambourinèrent de plus belle au carreau. Pater Rémora, le coadjuteur du Chapitre, acquiesça d’un air solennel :
– Certes. Votre Connaissance est des plus… avisées. »
Extrait de : G. Wolfe. « Caldé, côté cité – Le livre du long soleil. »
Côté lac par Gene Wolfe

Fiche de Côté lac
Titre : Côté lac (Tome 2 sur 4 – Le livre du long soleil)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1995
Traduction : N. Serval
Editeur : Le livre de poche
Première page de Côté lac
« Le silence s’abattit, aussi brutal qu’un ordre, à l’instant où pater Organsin ouvrit la porte du vieux presbytère à l’angle des rues du Soleil et de l’Argent. Licorne, le plus grand des garçons du palæstra, se tenait très droit sur la chaise la moins confortable de la minuscule sellaria. Organsin devina qu’il s’était laissé tomber dessus en entendant le déclic du loquet.
Le crave nocturne (une fois la porte refermée, Organsin se rappela lui avoir donné le nom d’Oreb) était perché sur le dossier tapissé du fauteuil des « invités ».
– Salut, croassa Oreb. Organsin, bon !
– Bonsoir à tous les deux. Que Tartaros vous bénisse !
Licorne s’était levé à son entrée ; il lui fit signe de se rasseoir.
– Mille excuses, Licorne. Mater Rose m’avait annoncé ta visite mais je l’avais oubliée. Il s’est passé tellement… Ô Sphigx ! Sphigx, aie pitié de moi ! »
Extrait de : G. Wolfe. « Côté lac – Le livre du long soleil. »
Côté nuit par Gene Wolfe

Fiche de Côté nuit
Titre : Côté nuit (Tome 1 sur 4 – Le livre du long soleil)
Auteur : Gene Wolfe
Date de parution : 1994
Traduction : N. Serval
Editeur : Le livre de poche
Première page de Côté nuit
« Pater Organsin reçut l’illumination sur le terrain de jeu. Après ça plus rien ne fut pareil. Plus tard, quand il y repensait à la faveur du silence de la nuit, il se rappelait toujours avoir ressenti une présence jusque-là cachée derrière lui. Après des années d’un mutisme prudent, elle s’était décidée à lui parler à l’oreille. L’équipe des grands venait encore de marquer, Licorne allait s’emparer de la balle quand des voix s’étaient manifestées à Organsin, lui dévoilant des bribes d’invisible.
L’absurde mécanique du temps s’était brusquement enrayée. Licorne allait saisir la balle quand son sourire s’était figé pour l’éternité…
… Le défunt pater Bécard marmonnait des prières en tranchant la gorge d’un lapin moucheté acheté par ses soins…
… Le cadavre d’une femme dans une ruelle et les gens du quartier…
… Un tapis de lumières éparses, pareilles à des villes dans le ciel nocturne (et le sang chaud du lapin qui coulait sur les mains glacées de pater Bécard)… »
Extrait de : G. Wolfe. « Côté nuit – Le livre du long soleil. »
Vera par A. de Villiers de L’Isle-Adam

Fiche de Vera
Titre : Vera
Auteur : Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Date de parution : 1874
Editeur : Le livre de poche
Sommaire de Vera
- Les demoiselles de Bienfilâtre
- Véra
- Vox populi
- Le convive des dernières fêtes
- Le désir d’être un homme
- Fleurs des ténèbres
Première page de Les demoiselles de Bienfilâtre
« Pascal nous dit qu’au point de vue des faits, le Bien et le Mal sont une question de « latitude ». En effet, tel acte humain s’appelle crime, ici, bonne action, là-bas, et réciproquement. – Ainsi, en Europe, l’on chérit, généralement, ses vieux parents ; – en certaines tribus de l’Amérique on leur persuade de monter sur un arbre ; puis on secoue cet arbre. S’ils tombent, le devoir sacré de tout bon fils est, comme autrefois chez les Messéniens, de les assommer sur-le-champ à grands coups de tomahawk, pour leur épargner les soucis de la décrépitude. S’ils trouvent la force de se cramponner à quelque branche, c’est qu’alors ils sont encore bons à la chasse ou à la pêche, et alors on sursoit à leur immolation. Autre exemple : chez les peuples du Nord, on aime à boire le vin, flot rayonnant où dort le cher soleil. Notre religion nationale nous avertit même que « le bon vin réjouit le cœur ». Chez le mahométan voisin, au sud, le fait est regardé comme un grave délit. – À Sparte, le vol était pratiqué et honoré : c’était une institution hiératique6, un complément indispensable à l’éducation de tout Lacédémonien sérieux. »
Extrait de : A. de Villiers de L’Isle-Adam. « Vera et autres contes cruels. »
Téranésie par G. Egan

Fiche de Téranésie
Titre : Téranésie
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1999
Traduction : P.-P. Durastanti
Editeur : Le livre de poche
Première page de Téranésie
« L’île étant trop petite pour accueillir une communauté humaine et trop éloignée des routes maritimes habituelles pour servir de repère cartographique, les habitants des îles Kai et Tanimbar n’avaient jamais eu de raison de lui donner un nom. Les souverains de Java et Sumatra auxquels les « îles aux épices » payaient tribut devaient ignorer son existence. Prabir ne l’avait pas trouvée sur les cartes maritimes hollandaises ou portugaises scannées et postées sur le net. Aux yeux des autorités indonésiennes, elle se résumait à un point sur la carte de la propinsi de Maluku ; à l’instar de mille autres rochers inhabités, on ne l’avait incluse que par souci d’exhaustivité. »
Extrait de : G. Egan. « Téranésie. »
Radieux par G. Egan

Fiche de Radieux
Titre : Radieux
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1998
Traduction : S. Denis, F. Lustman, F. Valéry
Editeur : Le livre de poche
Sommaire de Radieux
- Paille au vent
- L’Eve mitochondriale
- Radieux
- Monsieur Volition
- Cocon
- Rêves de transition
- Vif argent
- Des raisons d’être heureux
- Notre-Dame de Tchernobyl
- La plongée de Planck
Première page de Paille au vent
« El Nido de Ladrones (le Nid de Voleurs) occupe un territoire de forme vaguement elliptique situé à cheval sur la frontière entre la Colombie et le Pérou. Il s’étend sur cinquante mille kilomètres carrés de plaines, à l’ouest de l’Amazone. Il est difficile de dire avec précision à quel endroit la forêt pluviale naturelle cède la place aux espèces modifiées propres à El Nido, mais la biomasse totale du système doit approcher le milliard de tonnes. Des tonnes de matériaux structurels, de pompes osmotiques, de collecteurs d’énergie solaire, d’usines chimiques cellulaires, de moyens de communication et de calculs biologiques. Tout cela sous le contrôle de ceux qui en sont les créateurs.
Les informations fournies par les anciennes cartes et les précédentes bases de données sont obsolètes. En manipulant l’hydrologie et la chimie du sol, en agissant sur le régime des pluies et le taux d’érosion, la végétation a complètement remodelé le terrain : elle a changé le cours de la rivière Putumayo, noyé de vieilles routes sous les marais, élevé des chaussées secrètes dans la jungle. »
Extrait de : G. Egan. « Radieux. »
Océanique par G. Egan

Fiche de Océanique
Titre : Océanique
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 2008
Traduction : E. Herzfeld, D. Martel
Editeur : Le livre de poche
Sommaire de Océanique
- Gardes-frontières
- Les entiers sombres
- Mortelles ritournelles
- Le réserviste
- Poussière
- Les tapis de Wang
- Océanique
- Fidélité
- Lama
- Yeyuka
- Singleton
- Oracle
- Le continent perdu
Première page de Gardes-frontières
« En début d’après-midi, le quatrième jour après être sorti de sa mélancolie, alors qu’il rentrait tranquillement chez lui après une promenade dans les jardins du centre de Noether, Jamil entendit des cris en provenance du terrain de sport derrière la bibliothèque. Sur un coup de tête, sans même demander à la ville quel jeu était en cours, il décida de s’y joindre.
Quand le terrain apparut au coin de la rue, il comprit, d’après le mouvement des joueurs, qu’ils étaient au milieu d’un match de football quantique(18). À sa demande, la ville peignit la fonction d’onde du ballon hypothétique au travers de son champ visuel et lui fit subir un petit réglage pour qu’il reconnaisse les membres de chacune des deux équipes sans modifier aucunement leur apparence. »
Extrait de : G. Egan. « Océanique. »
Axiomatique par G. Egan

Fiche de Axiomatique
Titre : Axiomatique
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1995
Traduction : F. Lustman, S. Denis, G. Valéry
Editeur : Le livre de poche
Sommaire de Axiomatique
- L’assassin infini
- Lumière des événements
- Eugène
- La caresse
- Soeurs de sang
- Axiomatique
- Le coffre-fort
- Le point de vue du plafond
- L’enlèvement
- En apprenant à être moi
- Les douves
- La marche
- Le p’tit-mignon
- Vers les ténèbres
- Un amour approprié
- La morale et le virologue
- Plus près de toi
- Orbites instables dans la sphère des illusions
Première page de L’assassin infini
« Une chose est immuable : quand un mutant camé au S commence à brouiller la réalité, c’est toujours moi qu’ils envoient dans le vortex pour remettre les affaires en place.
Pourquoi ? Ils me disent que je suis stable. Fiable. Sûr. Après chaque compte rendu de mission, les psychologues de la Firme (de parfaits inconnus, toujours) secouent la tête d’étonnement à la lecture de leurs données, et me disent que je suis exactement la même personne que lorsque « je » suis entré.
Le nombre d’univers parallèles est un infini non dénombrable – infini comme les nombres réels, pas simplement comme les entiers – ce qui rend difficile la quantification de ces phénomènes en l’absence de définitions mathématiques élaborées mais, pour parler grossièrement, il semble que je sois inhabituellement invariant : plus semblable d’univers en univers que la plupart des gens. À quel point ? Dans combien d’univers ? Suffisamment pour être utile. Suffisamment pour faire le travail. »
Extrait de : G. Egan. « Axiomatique. »
L’énigme de l’univers par G. Egan

Fiche de L’énigme de l’univers
Titre : L’énigme de l’univers (Tome 3 sur 3 – Cosmology)
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1995
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Le livre de poche
Première page de L’énigme de l’univers
« — Très bien. Il est mort. Allez, parlez-lui.
Le bioéthicien était un(e) laconique jeune asexe avec des nattes rastas blondes et un T-shirt sur lequel, entre deux pubs payées, clignotait le slogan : DITES NON À LA TDT ! Ille contresigna le formulaire de décharge sur le minicom de la légiste puis se retira dans un coin de la salle. Le traumato et l’infirmier poussèrent sur le côté leur chariot de matériel résurrecteur et la légiste s’élança, seringue hypodermique au poing, pour administrer la première dose de neuropréservatif. Inutile avant la mort légale – massivement toxique pour plusieurs organes dans un intervalle de quelques heures –, ce cocktail d’antagonistes du glutamate, d’inhibiteurs calciques et d’antioxydants arrêterait presque immédiatement les changements biochimiques les plus destructeurs dans le cerveau de la victime. »
Extrait de : G. Egan. « L’Énigme de l’Univers – Cosmology. »
La cité des permutants par G. Egan

Fiche de La cité des permutants
Titre : La cité des permutants (Tome 2 sur 3 – Cosmology)
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1994
Traduction : B. Sigaud
Editeur : Le livre de poche
Première page de La cité des permutants
« Paul Durham ouvrit les yeux, cilla devant la clarté inattendue de la pièce puis tendit paresseusement la main pour la placer dans une flaque de soleil au coin du lit. Des poussières voltigeaient dans le rayon lumineux qui pénétrait obliquement entre les rideaux disjoints, et chaque particule semblait apparaître et disparaître comme par magie, évoquant un souvenir d’enfance de la dernière fois où il avait trouvé cette illusion si irrésistible, si hypnotique : Il se tenait sur le seuil de la cuisine, la lumière de l’après-midi sectionnait la pièce où poussières, grains de farine et volutes de vapeur tourbillonnaient dans la tranche d’air étincelante. L’esprit momentanément brouillé par le sommeil, il essayait encore de s’éveiller, de se ressaisir, de mettre de l’ordre dans sa vie, et il lui sembla tout aussi logique de juxtaposer ces deux fragments – de voir des poussières flotter dans le soleil à quarante ans de distance – que de suivre l’écoulement ordinaire du temps d’un instant au suivant. Puis il s’éveilla un peu plus, et la confusion se dissipa. »
Extrait de : G. Egan. « La Cité des permutants – Cosmology. »