Étiquette : Le livre de poche

 

Isolation par G. Egan

Fiche de Isolation

Titre : Isolation (Tome 1 sur 3 – Cosmology)
Auteur : Greg Egan
Date de parution : 1992
Traduction : F. Lustman
Editeur : Le livre de poche

Première page de Isolation

« Seuls mes clients les plus paranoïaques me téléphonent en plein sommeil.

Bien évidemment, personne ne désire qu’un appel sensible soit décodé et affiché sur l’écran d’un vidéophone ordinaire ; même si la pièce n’est pas sous écoute, on peut capter dans tout le voisinage le bruit radioélectrique engendré par l’affichage du message décrypté. La plupart des gens se contentent néanmoins de la solution habituelle : une modification neurale permettant au cerveau d’effectuer lui-même le décodage et de transmettre directement le résultat aux centres visuels et auditifs. Le mod que j’utilise, Maître-Chiffre (NeuroComm, 5 999 $), fournit également un larynx virtuel en option pour une sécurité bidirectionnelle totale…

… ou presque. Même le cerveau laisse échapper des champs électriques et magnétiques minimes. »

Extrait de : G. Egan. « Isolation – Cosmology. »

Les feux de l’Eden par D. Simmons

Fiche de Les feux de l’Eden

Titre : Les feux de l’Eden
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1994
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les feux de l’Eden

« D’abord, seul le vent hurle.

Le vent d’ouest a soufflé sans contrainte sur six mille kilomètres d’océan, il n’a rencontré que des vagues coiffées de blanc et quelques mouettes déroutées avant de se heurter aux escarpements de lave noire et aux rochers en forme de gargouilles qui bordent la côte sud-ouest presque déserte de la Grande île d’Hawaii. Mais en se heurtant à cet obstacle, le vent crie et hurle entre les rocs noirs, il étouffe presque le bruit constant de la houle qui s’écrase contre les falaises et le bruissement des feuilles tourmentées de la palmeraie, oasis artificielle nichée dans les culbutis de basalte.

Il y a deux sortes de laves sur ces îles et leurs noms hawaiiens les décrivent bien : la pahoehoe, plus ancienne et plus lisse, s’est durcie en faibles ondulations ou en « cordes » doucement enroulées ; l’a’a, récente et déchiquetée, aux bords coupants, s’est refroidie en tours grotesques et en gargouilles renversées. »

Extrait de : D. Simmons. « Les feux de l’Eden. »

Les fils des ténèbres par D. Simmons

Fiche de Les fils des ténèbres

Titre : Les fils des ténèbres (Tome 2 sur 3 – Elm Haven)
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1992
Traduction : M. Lebailly
Editeur : Le livre de poche

Première page de Les fils des ténèbres

« Nous sommes partis pour Bucarest peu après la fin des coups de feu et avons atterri à l’aéroport d’Otopeni à minuit et quelques, le 29 décembre 1989. En tant que semi-officiels du « Contingent international d’évaluation », on nous fit traverser, tous les six, l’attroupement confus qui tenait lieu de douane depuis la révolution, puis on nous enfourna à bord du car de l’Office national du tourisme réservé aux VIP, afin de parcourir les quinze kilomètres nous séparant de la ville. Un fauteuil roulant m’attendait au pied de la rampe de l’avion, mais l’ayant refusé d’un geste j’ai marché sans aide jusqu’au véhicule. Cela n’a pas été facile.

Donna Wexler, détachée pour nous de l’ambassade des États-Unis, montra du doigt deux impacts de balles sur le mur, près de l’endroit où était garé notre car, mais le Dr Aimslea nous impressionna davantage en nous faisant simplement signe de regarder par la vitre lorsque nous empruntâmes l’avenue
circulaire bien éclairée menant du terminal à l’autoroute. »

Extrait de : D. Simmons. « Les fils des ténèbres – Elm Haven. »

Nuit d’été par D. Simmons

Fiche de Nuit d’été

Titre : Nuit d’été (Tome 1 sur 3 – Elm Haven)
Auteur : Dan Simmons
Date de parution : 1991
Traduction : E. Gauthier
Editeur : Le livre de poche

Première page de Nuit d’été

« Old Central School  –  la Vieille Ecole du centre  – se dressait avec arrogance, protégeant jalousement ses secrets et ses silences. Quatre-vingt-quatre ans de poussière de craie flottaient dans les rares rayons de soleil et l’odeur du vernis, appliqué année après année sur les escaliers et les parquets, imprégnait l’air confiné d’une odeur de cercueil. Voilées et déformées par l’âge et la pesanteur, les vitres des hautes fenêtres teintaient l’atmosphère d’une lassitude couleur sépia et les murs étaient si épais qu’ils semblaient absorber tous les bruits. Les couloirs et les escaliers renvoyaient bien l’écho des pas mais, dans les ténèbres, les sons paraissaient assourdis et sans rapport possible avec quelque mouvement que ce soit. »

Extrait de : D. Simmons. « Nuit d’été – Elm Haven. »

Un tour sur le bolid’ par S. King

Fiche de Un tour sur le bolid’

Titre : Un tour sur le bolid’
Auteur : Stephen King
Date de parution : 2000
Traduction : W. O. Desmond
Editeur : Le livre de poche

Première page de Un tour sur le bolid’

« Je n’ai jamais raconté cette histoire, et je n’aurais jamais pensé que je la raconterais un jour : non par crainte de ne pas être cru, pas exactement, mais parce qu’elle me faisait honte… et qu’elle m’était arrivée, à moi. J’avais le sentiment qu’en la révélant, je la discréditerais et me discréditerais moi-même ; que je la rendrais médiocre, plus terre à terre ; que je la réduirais, en fin de compte, à l’une de ces histoires de fantômes que les chefs scouts aiment à raconter à leurs louveteaux, le soir, avant l’extinction des feux. Je crois que je craignais aussi que le fait de la raconter, c’est-à-dire de l’entendre dévidée à haute voix, la rende moins crédible à mes propres oreilles. Mais depuis la mort de ma mère, je ne dors plus très bien. Mes somnolences sont entrecoupées de brusques sursauts qui me laissent parfaitement réveillé et tout tremblant. Garder la lampe de chevet allumée m’aide certes un peu, mais pas autant qu’on pourrait le croire. Les ombres se multiplient aussi avec la tombée du jour – vous n’avez pas remarqué ? Même avec la lumière allumée, il y a beaucoup d’ombres, et on se dit que les plus longues pourraient être celles de n’importe quoi.

D’absolument n’importe quoi. »

Extrait de : S. King. « Un tour sur le Bolid’. »

Tout est fatal par S. King

Fiche de Tout est fatal

Titre : Tout est fatal
Auteur : Stephen King
Date de parution : 2002
Traduction : W. O. Desmond
Editeur : Le livre de poche

Sommaire de Tout est fatal

  • Salle d’autopsie quatre
  • L’homme au costume noir
  • Tout ce que vous aimez sera emporté
  • La mort de Jack Hamilton
  • Salle d’exécution
  • Les petites soeurs d’Eluria
  • Tout est fatal
  • L. T. et sa théorie des A. F.
  • Quand l’auto-virus met cap au nord
  • Déjeuner au Gotham Café
  • Cette impression qui n’a de nom qu’en français
  • 1408
  • Un tour de bolid’
  • Petite chansseuse

Première page de Salle d’autopsie quatre

« Il fait tellement noir que pendant un moment – moment d’une longueur indéterminée – je me crois encore inconscient. Puis, peu à peu, il me vient à l’esprit que lorsqu’on est inconscient, on n’éprouve pas la sensation d’un mouvement dans l’obscurité, sensation accompagnée d’un bruit léger et rythmé qui ne peut être qu’un grincement de roue. J’ai également une sensation de contact, de la nuque aux talons.

Je sens aussi une odeur, qui pourrait être de caoutchouc ou de vinyle.

Ce n’est pas être inconscient, ça ; il y a quelque chose de trop… de trop quoi ? De trop rationnel dans ces sensations pour que ce soit un rêve.

C’est quoi, alors ?

Qui suis-je ?

Et qu’est-ce qui m’arrive ? »

Extrait de : S. King. « Tout est fatal. »

Simetierre par S. King

Fiche de Simetierre

Titre : Simetierre
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1983
Traduction : F. Lasquin
Editeur : Le livre de poche

Première page de Simetierre

« Louis Creed, qui avait perdu son père à l’âge de trois ans et n’avait jamais connu aucun de ses deux grands-pères, ne se serait jamais attendu à se trouver un père aux approches de l’âge mûr, et pourtant c’est exactement ce qui lui arriva – quoiqu’il préférât donner à cet homme le nom d’ami, comme on est bien forcé de le faire lorsqu’on est adulte et qu’on découvre le père qu’on aurait voulu avoir dans une phase relativement tardive de l’existence. Louis fit la connaissance de cet homme le soir où, en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, il vint s’installer à Ludlow dans la grande maison en bois blanche où Winston Churchill (Church, le chat de sa fille Eileen) élit résidence avec eux. »

Extrait de : S. King. « Simetierre. »

Salem par S. King

Fiche de Salem

Titre : Salem
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1975
Traduction : C. Thiollier, J. Bernard
Editeur : Le livre de poche

Première page de Salem

« C’est le père et le fils, se disait-on en les voyant.

Ils traversaient le pays suivant une diagonale chaotique, du nord-est au sud-ouest, dans une vieille Citroën, empruntant de préférence les routes secondaires, s’arrêtant de-ci de-là…. Ils firent trois haltes dans leur périple, avant d’atteindre leur destination finale : la première à Rhode Island, où l’homme aux cheveux bruns trouva un travail dans une usiné textile ; puis à Youngstown dans l’Ohio, pendant trois mois, où il travailla comme OS sur une chaîne d’assemblage de tracteurs ; et enfin, dans une petite ville de Californie, à côté de la frontière mexicaine, comme pompiste, dans un garage où l’on réparait des petites voitures étrangères. Il s’était découvert, à cette occasion, un don pour la mécanique et il en tira une certaine fierté.

Partout où ils s’arrêtaient, l’homme achetait un journal du Maine, le Press-Herald de Portland, et regardait s’il s’y trouvait quelque nouvelle d’une petite ville du nom de Jérusalem’s Lot. Cela arrivait de temps en temps. »

Extrait de : S. King. « Salem. »

Sac d’os par S. King

Fiche de Sac d’os

Titre : Sac d’os
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1998
Traduction : W. O. Desmond
Editeur : Le livre de poche

Première page de Sac d’os

« Par une très chaude journée d’août 1994, ma femme me dit qu’elle devait se rendre à la pharmacie Rite Aid de Derry pour faire renouveler son traitement antiallergique – un médicament que l’on peut acheter aujourd’hui sans ordonnance, je crois. J’avais rempli mon objectif d’écriture pour la journée et lui offris d’aller le chercher à sa place. Elle me remercia, mais elle voulait en profiter pour passer prendre le poisson de notre repas du soir, au supermarché voisin de la pharmacie. Sur ce, elle souffla un baiser dans ma direction et sortit. Lorsque je la revis, ce fut sur un écran de télé. C’est ainsi qu’on identifie les morts ici, à Derry ; fini, de remonter un couloir souterrain dallé, carreaux verts sous vos pieds, tubes de néon audessus de la tête, terminé, le corps nu qui surgit sur sa glissière d’un placard glacial. »

Extrait de : S. King. « Sac D’Os. »

Rose Madder par S. King

Fiche de Rose Madder

Titre : Rose Madder
Auteur : Stephen King
Date de parution : 1995
Traduction : W. O. Desmond
Editeur : Le livre de poche

Première page de Rose Madder

« Assise dans le coin, elle essaie de respirer, laborieusement, un air qui semble s’être brusquement raréfié dans la pièce. Paraissant venir de très loin, lui parvient un faible woup-woup : elle sait que c’est de l’air qui descend et remonte dans sa gorge en une série de petits hoquets fiévreux, mais cela ne change rien, fondamentalement, à ce qu’elle ressent, à cette impression de se noyer dans un angle de la pièce avec sous les yeux les restes déchiquetés du livre de poche qu’elle lisait à l’arrivée de son mari.

Non pas qu’elle y attache beaucoup d’importance. La douleur est trop forte pour qu’elle se soucie de problèmes mineurs comme respirer, ou du fait qu’il n’y ait plus d’air, dirait-on, à respirer. La douleur l’a engloutie comme la baleine aurait englouti Jonas, le saint déserteur, d’après ce qu’on raconte. »

Extrait de : S. King. « Rose Madder. »