Étiquette : Les hommes sans futur

 

Ce chasseur-là par Pierre Pelot

Fiche de Ce chasseur-là

Titre : Ce chasseur-là (Tome 6 sur 6 – Les hommes sans futur)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1985
Editeur : Pocket

Première page de Ce chasseur-là

« UNE expression de grande fragilité se répandit sur les traits de Nathan Berne. S’il avait pu tricher jusqu’alors et jouer sans faillir son personnage de roc, il abandonna. Il oublia. Pour quelques secondes, pas davantage, une simple lézarde, mais cela n’avait pas échappé à cette attention aiguisée que lui portait en coin, sur le bord d’un œil noir et plissé, Lok Deagless, l’assistant de labo. Nathan Berne grogna. Puis il recommença de mâcher son éternel chewing-gum, lentement, et porta à son visage sa grosse patte aux doigts courts. Il comprima durement ses muscles faciaux relâchés, imprimant de vraies traces sous ses pommettes et sur ses joues bleuies de barbe. Quand sa main retomba, il avait retrouvé son expression ordinaire, ce masque à la fois dur et tranquille que rien ne semblait pouvoir fissurer.
Mais il y avait eu fissure. Précisément. »

Extrait de : P. Pelot. « Ce chasseur-là – Les hommes sans futur. »

Le chien courait sur l’autoroute en criant son nom par Pierre Pelot

Fiche de Le chien courait sur l’autoroute en criant son nom

Titre : Le chien courait sur l’autoroute en criant son nom (Tome 5 sur 6 – Les hommes sans futur)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1984
Editeur : Pocket

Première page de Le chien courait sur l’autoroute en criant son nom

« C’ÉTAIT dans les derniers souffles d’un soir qui hésitait encore, au couchant, entre le rouge vineux de la coagulation et bientôt le noir de la mort. Quelques éclairs silencieux, bien loin, illuminaient de temps à autre, en flashes rasants, ces brumes qui s’enténébraient inexorablement, avalant ciel et mer, cassant tout horizon à jamais disparu au bout de l’océan.
Il faisait bon, pour l’heure. À peine si les haleines puantes des vents retombés se faisaient sentir. De nuit, la lourdeur glauque habituelle du ciel pesait moins aux épaules. La marée clapotait moyennement, ne donnant pas le moindre signe de colère brutale – dans la journée, il avait entendu plusieurs personnes affirmer que l’océan se tiendrait tranquille au moins jusqu’à la prochaine aube. Des personnes qui ne racontaient pas n’importe quoi, et dont la parole méritait quelque crédit : des guetteurs de longue expérience. »

Extrait de : P. Pelot. « Le chien courait sur l’autoroute en criant son nom – Les hommes sans futur. »

Le père de feu par Pierre Pelot

Fiche de Le père de feu

Titre : Le père de feu (Tome 4 sur 6 – Les hommes sans futur)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1984
Editeur : Denoël

Première page de Le père de feu

« Immobile, bras ballants, Digo regarda s’éloigner la Lando-V ferraillante. Ensuite, il fit un pas de côté, mit sa main gauche dans la poche de sa combinaison avachie, et de la droite s’appuya au pilier de ciment armé qui supportait de son mieux la véranda. La dernière secousse avait fissuré le béton en vrille, du bas jusqu’en haut ; Digo toucha les bords éclatés de la faille et le ciment s’effrita sous ses doigts. Il n’aurait pas fallu éternuer trop fort…
C’était mieux que Nieve ne soit pas là.
Le tourbillon de poussière rouge retomba sans se presser ; quand il fut tout à fait dissipé, la voiture avait disparu au creux d’une dénivellation, derrière les touffes d’épineux et de broussailles en bourrelets épars. »

Extrait de : P. Pelot. « Le père de feu – Les hommes sans futur. »

Soleils hurlants par Pierre Pelot

Fiche de Soleils hurlants

Titre : Soleils hurlants (Tome 3 sur 6 – Les hommes sans futur)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1983
Editeur : Presses Pocket

Première page de Soleils hurlants

« L’ENFANT venait du Nord, des banlieues de Barrow Creek. (On apercevait les premières maisons blanches à moins d’un mile, comme une barre de lumière sale, tremblante, fantomatique, posée sur l’étendue rousse.) Il devait savoir qu’il ne courait pas le moindre risque, que la route était à lui, pour un moment encore. Il roulait en plein centre du ruban d’asphalte rosâtre, soulevant derrière lui un maigre nuage de poussière, presque rien, aussitôt retombé. À cette distance, impossible de dire s’il s’agissait d’un garçon ou d’une fillette – d’ailleurs, quelle importance ? Il se propulsait sans bruit, pédalant tout ce qu’il savait, juché sur une espèce d’ahurissant tricycle à hautes pattes.

Le premier, l’Aviateur eut l’attention attirée par ce point mouvant. Il cessa de manipuler son Dawson Knife, ses mains s’immobilisèrent. »

Extrait de : P. Pelot. « Soleils hurlants – Les hommes sans futur. »

Saison de rouille par Pierre Pelot

Fiche de Saison de rouille

Titre : Saison de rouille (Tome 2 sur 6 – Les hommes sans futur)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1982
Editeur : Presses Pocket

Première page de Saison de rouille

« ELLE était revenue à elle une première fois, dans le courant de la nuit. Ensuite, elle avait dû retomber dans l’inconscience; à moins que la terreur et la tension nerveuse accumulées l’aient fait glisser dans le sommeil pour protéger sa raison…

Et voilà qu’elle refaisait surface.

Pour l’instant, la résurgence n’était que pénible – donc, supportable –, mais cela risquait de se déchirer quelque part et de l’engloutir si elle ne rassemblait pas rapidement toutes ses forces. Ses pauvres et maigres forces… Sensation d’étouffement, respiration difficile qui lui mettait la poitrine en feu, elle était là, recroquevillée, enchaînée au fond de quelque puits, avec ce tunnel de pierres noires lancé au-dessus d’elle et menaçant de s’effondrer à tout instant et de l’écrabouiller. »

Extrait de : P. Pelot. « Saison de rouille – Les hommes sans futur. »

Les mangeurs d’argile par Pierre Pelot

Fiche de Les mangeurs d’argile

Titre : Les mangeurs d’argile (Tome 1 sur 6 – Les hommes sans futur)
Auteur : Pierre Pelot
Date de parution : 1981
Editeur : Presses Pocket

Première page de Les mangeurs d’argile

« Il était vertébré, mammifère et placentaire. Son ancêtre lointain, là-bas, tout là-bas, plus de cent millions d’années avant, était un petit animal aux yeux globuleux qui avait appris à distinguer les couleurs de la jungle. À ce qu’on dit.

Il était singe.

Le temps coula sur une terre métamorphosée, avec de très brutales transformations qui s’opéraient en quelques dizaines de millions d’années seulement.

Ils étaient singes encore, les singes. Mais il avait changé, lui. Il n’avait pas encore de mots pour le dire. Son nouveau nom, « homo », serait trouvé longtemps après : avec des qualificatifs. On le dirait tour à tour « habilis », « erectus », et puis « sapiens ».

Il devint l’homme, mais les singes continuaient d’être singes. La cassure ne fut pas nette, ni la bifurcation évidente. Il y avait le temps. »

Extrait de : P. Pelot. « Les mangeurs d’argile – Les hommes sans futur. »