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Saison de mort par Jack Ketchum

Fiche de Saison de mort

Titre : Saison de mort
Auteur : Jack Ketchum
Traduction : A. Frezouls
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Saison de mort

« Ils la regardèrent traverser la prairie et s’enfoncer dans les bois. Elle avait l’air gauche. Elle serait facile à attraper.
Ils prirent tout leur temps pour casser de petites branches de bouleau et en enlever l’écorce. Ils se regardaient en souriant, sans rien dire. Ils finirent d’écorcer leurs baguettes puis partirent à ses trousses.
 
Elle courait dans l’herbe épaisse, au milieu des bouleaux et des pins. Elle entendait leurs voix derrière elle, légères et musicales; on aurait dit des enfants jouant dans le noir. Elle se souvenait de leurs mains sur elle. De petites mains fortes aux ongles crochus et sales qui l’avaient profondément griffée. Elle frissonna. Elle les entendait rire tout près. Devant elle, la forêt s’épaississait.
Elle allait moins vite à présent. Des branches s’accrochaient à ses cheveux et piquaient cruellement ses yeux. Elle croisa ses bras nus devant son visage pour le protéger. Ils furent rapidement en sang. Elle commença à pleurer. »

Extrait de : J. Ketchum. « Saison de mort. »

Morte saison par Jack Ketchum

Fiche de Morte saison

Titre : Morte saison
Auteur : Jack Ketchum
Traduction : B. Domis
Date de parution : 1980
Editeur : Bragelonne

Première page de Morte saison

« Ils la virent traverser le pré et enjamber le muret de pierre, se dirigeant vers la forêt. Elle paraissait désorientée. Une proie facile.

Ils prirent le temps d’arracher les branches de bouleau blanc, d’enlever l’écorce. Ils l’entendaient progresser dans le sous-bois. Ils échangèrent des sourires en silence. Une fois les baguettes dénudées, ils se lancèrent à sa poursuite.

Sans le clair de lune, elle serait tombée dans la bouche béante menant à la vieille cave – et celle-ci semblait profonde. Elle l’évita soigneusement et poursuivit sa course à travers les herbes hautes et les massettes (6), cernée par les pins noirs et les pins argentés, les bouleaux et les peupliers. Ses pieds foulaient un matelas de mousse et de lichen exhalant des odeurs de pourriture et de conifères. Dans son dos, elle les entendait gambader sur la piste qu’elle avait ouverte ; des voix légères et flûtées d’enfants qui jouent dans le noir. Elle se souvint de leurs petites mains, grossières et fortes, des ongles longs, sales et effilés sur sa peau, quand ils s’étaient agrippés à elle. Elle frissonna, distingua leurs rires de plus en plus proches. Devant elle, la forêt s’épaississait. »

Extrait de : J. Ketchum. « Morte saison. »

Fils unique par Jack Ketchum

Fiche de Fils unique

Titre : Fils unique
Auteur : Jack Ketchum
Traduction : B. Domis
Date de parution : 1985
Editeur : Bragelonne

Première page de Fils unique

« Assez, pensa-t-elle.
Ça suffit, bon sang !
Le bébé pleurait.
Le bébé voulait téter. Ou le bébé voulait être porté. Ou alors le bébé s’était chié ou pissé dessus ou peut-être voulait-il pisser ou chier sur elle, qu’il se retenait, emmagasinait tout ça, en attendant le bon moment, quand elle viendrait le changer et qu’il pourrait lui projeter sa merde en pleine figure. C’était déjà arrivé.
Elle sortit du lit et marcha jusqu’au berceau. L’homme continua à dormir.
Elle souleva le bébé et palpa sa couche. Sèche. Elle agita l’enfant de haut en bas. Il pleura de plus belle.
Pas question de lui donner le sein !
Ses mamelons étaient déjà bien assez endoloris comme cela. »

Extrait de : J. Ketchum. « Fils unique. »

Comme un chien par Jack Ketchum et Lucky McKee

Fiche de Comme un chien

Titre : Comme un chien
Auteur : Jack Ketchum et Lucky McKee
Traduction : N. Jaillet
Date de parution : 2017
Editeur : Bragelonne

Première page de Comme un chien

« Il est 6 heures du matin.

Delia dort encore, allongée sur le flanc. Elle ne rêve pas. Pour l’instant, elle est contente. Une brise s’insinue par la fenêtre entrebâillée et soulève une mèche de cheveux sur son front. Elle ne s’en trouble pas.

Caity dort auprès d’elle, enroulée sur elle-même. Delia laisse reposer son bras, léger, sur son ventre. Mais, comme tous les chiens, Caity reste en alerte même dans le plus profond sommeil. Ses oreilles pivotent. Elle ouvre les yeux. Elle a perçu un cliquetis en bas, dans le bureau. Un son familier. Elle se rendort.

Le frère jumeau de Delia, Robbie, dort aussi dans sa chambre. Il rêve d’un navire dont il est à la fois le capitaine et le garçon de cabine. Soudain, comme souvent dans les rêves, il est seul à bord d’un vaisseau spatial qui dérive dans le cosmos. Il s’y sent bien. Il n’a pas peur. Son esprit est au repos.

Son père Bart erre dans un monde à mi-chemin entre le sommeil et la veille, entre nuit et matin. Ses yeux se sont ouverts six fois déjà, pour se refermer aussitôt. »

Extrait de : J. Ketchum et L. McKee. « Comme un chien. »

Cache-cache effroyable par Jack Ketchum

Fiche de Cache-cache effroyable

Titre : Cache-cache effroyable
Auteur : Jack Ketchum
Traduction : F. Mondoloni
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Cache-cache effroyable

« Je ne suis pas de ceux qui croient aux mauvais présages. Par contre, je sais très bien reconnaître quand je suis dans la merde. Voyez plutôt.

Je m’activais sur un tas de petit bois de charpente. On recherchait des planchettes qui se trouvaient à deux mètres cinquante environ, en haut du tas. On avait presque descendu le tas suivant quand on s’aperçut qu’il en restait deux ou trois qui n’étaient pas trop abîmées. Je grimpai en récupérer une, mais au moment précis où je la saisis, le câble en acier vint se casser tout net sur le tas de bois qui me soutenait. Je faillis être décapité. Je perdis l’équilibre et me retrouvai trois mètres plus bas sur le bitume sous une pluie de lattes de bois.

Je m’en tirai sans égratignure. Un coup de pot. Mais je me fis incendier par le patron, car bien que tout le monde le fasse, c’était interdit de grimper là-haut sans emprunter l’élévateur. J’avais enfreint le règlement et ça posait un problème d’assurances.

Ça a donc commencé comme ça : manquer y passer pour une histoire de règlement. »

Extrait de : J. Ketchum. « Cache-cache effroyable. »

Les portes de l’effroi par Lewis Mallory

Fiche de Les portes de l’effroi

Titre : Les portes de l’effroi
Auteur : Lewis Mallory
Traduction : N. Monnin
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Les portes de l’effroi

« Il n’avait pas atteint le bout de la rue que déjà l’assurance dont il était gonflé l’abandonnait. Ça se passait toujours de cette façon à New York. Au milieu de ses amis, entouré de leurs sourires chaleureux, il avait oublié combien la nuit pouvait être hostile. Il aurait pu ainsi aller d’un endroit illuminé à un autre sans jamais voir l’envers du décor.

Martin se sentait inquiet. Il venait de passer outre la première règle de la cité, à savoir ne jamais s’aventurer seul dans les rues la nuit. Mais New York était un rêve dont il voulait profiter au maximum avant de partir. Il devait prendre l’avion le lendemain et cette pensée l’attristait. L’agréable mélange whisky-amitié irradiait de son estomac une chaleur réconfortante, il flottait sur un nuage de musique douce et de lumière tamisée. Dans l’ascenseur, il avait décidé de rentrer à pied à son hôtel, une façon de faire ses adieux à la ville. Au rez-de-chaussée, le portier de nuit s’était avancé pour lui ouvrir la porte.

— Je vous appelle un taxi  ? lui avait-il demandé.

Martin avait refusé d’un énergique mouvement de la tête.

L’homme avait jeté un coup d’œil à sa montre. »

Extrait de : L. Mallory. « Les portes de l’effroi. »

Fleurs d’épouvante par Lewis Mallory

Fiche de Fleurs d’épouvante

Titre : Fleurs d’épouvante
Auteur : Lewis Mallory
Traduction : J. Gary
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Fleurs d’épouvante

« La valise qu’elle tenait à la main était de plus en plus lourde, aussi la jeune fille n’avançait-elle que lentement. Le chemin était long et raide, qui menait loin du village. Elle ne put réprimer un soupir  ; tout était si différent de ce qu’elle avait pu imaginer. Elle repensa à son père, planté devant elle, son visage rouge de colère.

«  – Enceinte  !  » avait-il hurlé.

Elle posa la valise à terre, histoire de se reposer un peu.

«  – Bon. Je suppose qu’il va t’épouser  », avait-il ajouté sèchement.

Elle avait secoué la tête. Non. Elle sentit lui monter aux yeux ces mêmes larmes qui avaient alors coulé. Non, ce n’était pas là ce à quoi elle s’était attendue…

Elle reprit son bagage et sa marche pénible. Il y avait décidément quelque chose de trop drôle à devoir quitter le village par ce chemin… C’était là, précisément, que tout était arrivé.

En jetant un regard par-dessus son épaule, elle vit le clocher de l’église et l’éclat rouge des tuiles de quelques toits. Peut-être ne reverrait-elle jamais rien de tout cela. Une larme roula sur sa joue. »

Extrait de : L. Mallory. « Fleurs d’épouvante. »

Cauchemar qui tue par Lewis Mallory

Fiche de Cauchemar qui tue

Titre : Cauchemar qui tue
Auteur : Lewis Mallory
Traduction : N. Monnin
Date de parution : 1984
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Cauchemar qui tue

« Theresa avait huit ans quand elle fit des cauchemars. Elle s’éveillait la nuit en hurlant et le matin, lorsqu’elle ouvrait les yeux, les images terrifiantes étaient encore présentes à son esprit. Elle rêvait toujours des mêmes choses. De feu, d’eau et de sang.

Son père écarta les boucles brunes et déposa deux baisers sur ses joues.

— Bonne nuit, mon ange, dit-il en la soulevant à bout de bras. Tu es contente d’avoir une petite sœur  ?

— Ce sera peut-être un petit frère, intervint sa mère du fauteuil où elle était installée.

Elle paraissait satisfaite, malgré les cernes qui, sous ses yeux, traduisaient sa fatigue.

Theresa se tortilla dans les bras de son père, qui la déposa sur le tapis. Il s’assit et elle s’agenouilla près de lui. Elle observa sa mère. En regardant attentivement, elle pouvait voir bouger le tissu de la robe tendu sur son ventre. Parfois, le mouvement était lent, comme provoqué par la contorsion d’une étrange créature sous-marine. D’autres fois, il était brusque et ressemblait à une ruade. »

Extrait de : L. Mallory. « Cauchemar qui tue. »

La nuit des vers voraces par John Halkin

Fiche de La nuit des vers voraces

Titre : La nuit des vers voraces
Auteur : John Halkin
Traduction : B. Roques
Date de parution : 1980
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de La nuit des vers voraces

« Avec un claquement sec, trois vers firent brusquement demi-tour dans l’égout pour se précipiter vers la main de Matt. De vrais serpents qui mesuraient au moins trente centimètres, aussi gros que son poignet et qui fonçaient droit sur lui.

Ils avaient l’air aussi dangereux que des reptiles et leur peau gardait un étrange éclat, malgré la demi-obscurité.

Matt était en train de farfouiller dans la vase, à la recherche de son photomètre qu’il avait fait tomber. Il n’eut pas le temps de retirer sa main et sentit les dents du premier ver se planter dans son pouce. Il recula, chancelant  ; la douleur lui coupait le souffle.

Le ver ne lâchait pas prise. Il ne bougea pas, ne se mit même pas à se tortiller. Ses crocs acérés se resserraient comme un étau.

Matt essaya désespérément de se redresser sur l’étroit passage qui bordait le canal, mais en vain. Il était trop grand et le pilier qui soutenait la galerie s’incurvait vers la voûte. Les eaux de trois affluents se rejoignaient au pied du pilier, dans un tourbillon d’écume. Un seul faux pas et il se retrouverait dans le collecteur avec de l’eau jusqu’aux genoux. »

Extrait de : J. Halkin. « La nuit des vers voraces. »

Fureur cannibale par Glenn Chandler

Fiche de Fureur cannibale

Titre : Fureur cannibale
Auteur : Glenn Chandler
Traduction : P. Benita
Date de parution : 1981
Editeur : Fleuve noir / Gore

Première page de Fureur cannibale

« Parfois, pour soulager la douleur dans son dos, il roulait sur le côté gauche, une position qui lui permettait de contempler la blessure suppurante qui lui labourait l’épaule droite. Elle était d’un vert éclatant. Profondément enfoncé dans ses chairs se trouvait un nid d’œufs crémeux : la progéniture d’un insecte tropical depuis longtemps envolé. Il attendait qu’ils éclosent. Il ne pouvait rien faire d’autre. Il avait enfin abandonné l’idée de s’en débarrasser. C’était une source de fascination, la seule chose encore intéressante en ces ultimes moments de désespoir. Ces œufs étaient ses enfants, qui poussaient en lui et qui lui survivraient lorsqu’il serait mort. Ce qui ne tarderait pas à se produire.

Car l’homme blanc était sûr d’une chose : il allait mourir.

Il allait mourir dans cette jungle après sept jours d’une fièvre qui lui avait consumé le corps et l’esprit, qui avait brûlé ses dernières réserves. Il allait mourir parce qu’il était le grand cochon.

Puaka bulava.

Lui, l’homme blanc et sa peau rose formaient un morceau de choix. Et tous ses amis qui se réveillaient à présent là dehors allaient être contents. »

Extrait de : G. Chandler. « Fureur cannibale. »